Les prémices de l’opération des « Portes du Temps »

Les « Portes du Temps » 2006, des bribes de l’expérimentation nationale à l’expérimentation au musée national du château de Pau

Suite à la réussite de l’opération au château de Fontainebleau en 2005, le Ministère de la Culture et de la Communication a décidé de la poursuivre et de l’étendre à d’autres lieux culturels. Afin d’établir précisément la règlementation de l’opération, de consolider sa mise en œuvre et de pouvoir par la suite informer les sites sur les exigences de l’opération, un séminaire des « Portes du Temps » a été réalisé quelques mois après la fin d la première édition et un compte rendu envoyé aux directeurs des nouveaux sites participants en 2006 entre autres. Ceci justifiant de l’importance de l’événement et des fondements sous-jacents que les sites se doivent de garder en ligne directrice. En 2006, dix-sept sites issus de onze régions différentes se sont vus attirés par l’opération, devoir l’adapter à leur patrimoine et à leur fonctionnement habituel. Si la plupart des sites ont pris l’initiative de déposer leur candidature pour participer, ce n’est pas le cas du château de Pau. En effet, à l’automne 2005, la directrice des musées de France de l’époque informe le directeur du musée national du château de Pau, Paul Mironneau, qu’il est choisi comme l’un des sites qui accueillera l’opération après Fontainebleau. Plusieurs facteurs expliquent ce choix. Lors de cette deuxième édition, les sites préconisés étaient plus particulièrement des musées-châteaux : l’opération était centrée sur l’aspect « monument » et sur des sites qui allient l’identité d’un château, des collections et un domaine. Critères auquel correspond totalement le château palois. Si le château s’est vu inscrit sur la liste de reconduction des « Portes du Temps », c’est également car il était repéré comme novateur en matière d’accueil des publics issus du champ social puisque des actions étaient réalisées envers ceux qui étaient appelés les « non-publics ». Il était très dynamique sur ce point et incluait notamment des actions avec la Maison des Femmes du Hédas depuis 1999. C’est donc de par son titre de « musée-château » ainsi que de l’existence des liens qu’il entretenait avec ce « non-public » qui correspond au public-cible des quartiers prioritaires qu’il lui a été demandé de participer. En définitive l’édition de 2006 s’est imposée au château dans la mesure où il lui était difficile de refuser la sollicitation du Ministère.

L’opérateur des « Portes du Temps » : l’agence de Communication événementielle Avant-Scène

Le premier de ces acteurs est l’opérateur élu pour prendre en charge la conduite de l’événement. Pour ce faire, un appel d’offre est lancé par l’organisme émetteur qui est la Réunion des musées nationaux et du Grand palais. Cet appel d’offre décrit le marché des « Portes du Temps ». Il stipule la « conception, mise en œuvre et coordination d’ateliers artistiques et culturels en lien avec des visites thématiques, visant à faire découvrir le patrimoine aux enfants et adolescents, notamment ceux issus de territoires défavorisés, et fréquentant des structures d’accueil pendant les congés d’été ». Les éventuels opérateurs n’ont que peu de temps pour préparer et envoyer leurs projets à la Rmn qui notifiera ou non le prestataire. Ce choix se fait suivant des critères précis et ne sont gardés que ceux qui correspondent le mieux.
Celui qui a l’offre économiquement plus adaptée, la meilleure stratégie de recherche des publics, la proposition la plus pertinente et originale, remporte le marché. Si un opérateur veut être choisi il doit se montrer ambitieux, novateur, créatif, savoir s’adapter aux exigences qualitatives de l’opération et aux spécificités d’un site : tout simplement être le plus à même de remporter le marché des «Portes du Temps». Dès que l’opérateur est notifié, le lien entre le lieu patrimonial et l’opérateur est instauré, les premiers échanges et ajustements peuvent alors être apportés.

Partenaires et financements : des contributions qui font vivre les « Portes du Temps »

Tout projet, exposition, festival, événement culturel, amène à s’interroger sur les sources de financement possibles car sans elles, l’opération ne pourra pas avoir lieu. Pour certains projets, il peut être nécessaire d’avoir recours à des soutiens extérieurs pour aboutir à une opération de plus grande envergure. Il est donc capital de créer des partenariats et de rechercher des modes de subventions diversifiés. Les «Portes du Temps» en sont un bon exemple : cette opération met en œuvre de multiples partenariats. Au niveau national les « Portes du Temps » sont soutenues par le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction générale des patrimoines, service des musées de France, centre des monuments nationaux, Réunion des musées nationaux et du Grand-Palais). Suivant les sites, les interlocuteurs et relais sont différents au sein de ce Ministère. L’Acsé est aussi avec le Ministère de la Culture à l’initiative de l’opération et reste un partenaire incontournable qui suit l’opération en lien avec le Ministère.
Elle transmet l’information auprès de ses réseaux territoriaux et octroie des financements à l’opérateur au titre de la politique de la ville. L’opération bénéficie également d’importants financements de la Délégation interministérielle à la ville. Sur le plan strictement financier, des mécènes nationaux appuient l’opération : TOTAL, Michelin, Fondation EDF Diversiterre, Fondation Crédit Coopératif, Fond MAIF pour l’Education, Fondation Auchan et plusieurs Caisses d’Epargne dans le cadre des Projets d’Economie Locale et Sociale. Ils peuvent varier selon les années et les sites. C’est la Direction générale des patrimoines qui décide l’attribution des subventions du mécénat en fonction des projets. D’autres partenariats ont été créés avec la Fondation Wyeth, la Fédération des Centres Sociaux et Socioculturels de France, la Confédération Nationale des Foyers ruraux, ou encore la CMJCF. Enfin les collectivités territoriales, les préfectures et la DRAC de la région du site peuvent s’impliquer à des titres divers (financements, apports en espaces et matériels, relais et communication etc.). Les partenaires nationaux et locaux sont donc nombreux et divers, cela montre la légitimité de l’opération, son ampleur et les bienfaits que chacun de ces acteurs voient en elle.

Préparer la venue des animateurs et des structures de loisirs aux « Portes du Temps » : le module de formation

Les « Portes du Temps » peuvent être pour les jeunes la première approche de leur vie avec le patrimoine. Les journées et les activités en elles-mêmes se doivent d’être parfaitement bien ficelées. Le travail du musée national du château de Pau, de l’opérateur, de l’Association départementale des Francas et des intervenants dépend de cet objectif. Cependant, même si le contenu et la forme sont longuement étudiés par les acteurs de l’opération, la réussite du projet dépend de ceux qui vont le recevoir : les jeunes et plus particulièrement les animateurs des structures de loisirs qui les accompagnent. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de les préparer à franchir les « Portes du Temps ».
Dès la première année des « Portes du Temps » au château de Fontainebleau, la place de l’animateur des structures de loisirs est définie comme capitale et totalement liée au bon déroulement de ces journées. Les animateurs qui viennent participer aux « Portes du Temps » n’ont pas forcément tous les «compétences» pour aborder une sortie culturelle . Ainsi, l’animateur doit bénéficier d’un temps de travail avec les acteurs de l’opération pour être formés à ce projet culturel. Il revient aux trois acteurs de l’opération de travailler ensemble pour préparer ces animateurs. Ils élaborent d’une part le dossier pédagogique. En plus des informations sur le déroulement des journées, celui-ci donne des bases historiques sur les sujets qui vont être traités durant l’opération : la vie d’Henri IV ou Gaston Fébus par exemple. Il rappelle le rôle que doit tenir l’animateur pendant les « Portes du Temps » et donne des bribes d’idées d’ateliers en lien avec l’opération à réaliser avant de venir sur le site. Il sert également d’invitation pour les directeurs et animateurs des structures de loisirs à participer au module de sensibilisation. Ce module existe depuis l’année 2006, il est une initiative de la Fédération nationale des Francas qui fait aujourd’hui partie intégrante du projet des « Portes du Temps ».

La fréquentation quantitative des « Portes du Temps »

Au niveau national, la fréquentation des « Portes du Temps » est en hausse constante. En 2006 l’opération a rassemblé environ 20 000 jeunes et animateurs sur les 16 sites participants à l’opération. En 2012, pour un nombre total de 56 sites ce ne sont pas moins de 32 857 jeunes qui sont venus découvrir un site culturel via les « Portes du Temps » ce qui prouve l’intérêt qui est trouvé par les structures de loisirs. Depuis 2006, le musée national du château de Pau a ouvert les « Portes du Temps » à 5788 jeunes entre les journées de l’opérateur et celles des Francas. Pour les journées d’Avant-Scène le château peut «seulement» accueillir 80 enfants par jour. Chaque année, l’opérateur a comme objectif de se rapprocher un maximum de ce chiffre. En faisant la moyenne des fréquentations de chaque année, on se rend compte qu’Avant-Scène accueille entre 52 et 72 jeunes pour chaque journée . Pour analyser les évolutions de la fréquentation des journées des « Portes du Temps » de 2006 à 2012 nous pouvons dans un premier temps prendre les données qui concernent seulement Avant-Scène. En effet, étant donné qu’elle est l’opérateur avec un budget attribué notamment par la Rmn et des règles à respecter, ce sont ses taux de fréquentation qui comptent plus particulièrement pour le Ministère. Chaque année la fréquentation des journées des « Portes du Temps » semble assez aléatoire. D’autant plus que face aux chiffres faire une comparaison de l’évolution d’une année sur l’autre ne peut-être qu’approximatif étant donné que le nombre de jours ouvrables n’est jamais le même. La toute première année a connu une fréquentation de 726 personnes pour quatorze jours tandis que l’année suivante avec douze jours ouvrables 760 enfants sont venus participer à l’opération. A la vue de de cette évolution, on remarque que l’édition de la première année a effectivement connu son succès au château, réussi à convaincre les accompagnateurs des structures de loisirs et à faire parler d’elle positivement pour l’année suivante. C’est en 2009 que la fréquentation a été la plus élevée avec 795 participants. La programmation y est pour beaucoup. En effet, l’année 2009 est celle du camp médiéval qui a attiré les structures de loisirs.

Table des matières

Introduction
Chapitre I – De l’invention des « Portes du Temps » au château de Fontainebleau à leur mise en place au musée national du château de Pau
I- Les prémices de l’opération des « Portes du Temps »
1- Une action expérimentale à Fontainebleau : « Il était une fois, un château… vieux de 800 ans »
2- Les grands principes de l’opération des « Portes du Temps »
3- Les « Portes du Temps » 2006, des bribes de l’expérimentation nationale à l’expérimentation au musée national du château de Pau
II- Une opération, des acteurs : la mise en commun de professionnalismes pour la construction d’un projet collectif
1- Le site d’accueil de l’opération : le musée national du château de Pau
2- L’opérateur des « Portes du Temps » : l’agence de Communication événementielle Avant-Scène
3- De la Fédération nationale des Francas à l’Association départementale des Francas des Pyrénées-Atlantiques
III- Des préparatifs permettant la bonne conduite de l’opération
1- Partenaires et financements : des contributions qui font vivre les « Portes du Temps »
2- La recherche des publics : la condition des jeunes défavorisés
3- Préparer la venue des animateurs et des structures de loisirs aux « Portes du Temps » : le module de formation
Chapitre II – Vivre les « Portes du Temps » au musée national du château de Pau : une réponse aux critères de l’opération ? 
I- L’entrée dans les « Portes du Temps » : un moment clé de la journée
1- L’accueil des « Portes du Temps » au château, un site avec des qualités et des défauts
2- Comment enseigner le patrimoine aux jeunes ?
II- Les « Portes du Temps » une découverte interactive du patrimoine
1- Les thèmes, le point de départ du contenu des journées
2- Les visites et les ateliers d’Avant-Scène la découverte du château de Pau autour de nouvelles disciplines
3- Les grands jeux des Francas : de la transmission du patrimoine par le jeu à la construction de l’enfant
III- Une opération animée par des professionnels, un composant de l’opération non négligeable
1- La présence des intervenants et leur rôle : des éléments garants de la qualité de l’opération
2- Le spectacle et la restitution des journées des « Portes du Temps » ou comment instaurer un moment de partage entre les enfants et leurs parents
Chapitre III- Les « Portes du Temps » : un bilan mitigé et des améliorations à apporter
I- La fréquentation des « Portes du Temps » au musée national du château de Pau (2006-2012)
1- La fréquentation quantitative des « Portes du Temps »
2- Les différentes tranches d’âges accueillis lors de l’opération
3- La fréquentation des structures de loisirs
II- Des apports constructifs pour les jeunes
1- L’apport des « Portes du Temps » chez le jeune public
2- Le retour au château après les « Portes du Temps » : l’invitation des familles
III- Une opération qui contribue à la dynamique du musée national du château de Pau, à renforcer pour les années à venir
1- L’apport des « Portes du Temps » au musée national du château de Pau
2- Les « Portes du Temps » au musée national du château de Pau, des perspectives pour les éditions à venir
Conclusion

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