Les pratiques de l’autorité en entreprise sont -elles transposables et efficaces à l’école élémentaire ?

L’autorité dans la société

Historique L’autorité est un mot polysémique, victime des évolutions de notre société. « Le temps est la matrice de l’autorité comme l’espace est la matrice du pouvoir ». Dans un article paru dans Les sciences de l’éducation en 2009, Myriam Revault d’Allonnes, relie directement l’autorité au temps. En effet, afin de comprendre le rapport à l’autorité dans les différentes composantes de la société contemporaine, il convient de l’inscrire dans une perspective temporelle, sans toutefois remonter trop loin dans le temps.
• La monarchie de droit divin : La monarchie de droit divin est un régime dans lequel le pouvoir du monarque est considéré comme provenant de la volonté d’une divinité. En se présentant comme investi par Dieu et n’ayant de compte à rendre qu’à celui-ci, le monarque peut ainsi justifier le caractère absolu de son pouvoir qui n’est partagé avec personne et n’admet comme limites que celles fixées par la divinité. L’autorité est alors dominée par les textes religieux. Celle-ci s’appliquera jusqu’à la Renaissance.
• La Renaissance (XVème-XVIème siècle) : : L’imprimerie (1455), l’essor du protestantisme (1520-1560) et des libres penseurs vont profondément modifier les fondements de l’autorité. Ceux-ci vont désormais reposer sur le principe de rationalité, sur la cohérence des propos énoncés par le détenteur du pouvoir plutôt que sur le seul fait de sa détention du pouvoir.
• Les années 1680-1720 : Selon le sociologue Gérard Leclerc (1996), les années 1680-1720marquent un tournant dans les principes d’autorité. Cette période serait « Le point de passage progressif d’une culture de l’autorité dominé par les textes religieux et classiques à une culture de la libre pensée et de la libre création, dominée par la littérature et la science ».
• 1789. La révolution française : De nouvelles modalités de légitimité du pouvoir vont se mettre en place. En effet, l’autorité n’apparaît plus comme l’émanation d’un droit divin mais comme la mise en œuvre des droits de l’homme, par « l’application d’un contrat » passé entre les responsables au pouvoir et le peuple. C’est donc le consentement du peuple qui conditionne alors l’exercice de l’autorité. C’est ce sur quoi s’appuie le contrat social de Rousseau : « Se mettre d’accord pour s’obliger sans se contraindre »
• La révolution industrielle (Fin du 19ème siècle – début du 20ème siècle) : Les progrès technologiques modifient les outils et techniques de production. Le Taylorisme (du nom de son inventeur américain Frederik Taylor) vise à produire en masse, ce qui nécessite d’organiser, de rationnaliser la production industrielle et de renforcer les contrôles et la discipline. Puis, l’essor du capitalisme économique accentue ce rapport à l’autorité. Le sociologue et économiste allemand Max Weber élabore alors une typologie de l’autorité en trois catégories qui influencera les différents milieux, tant politique qu’économique et social :
* l’autorité légale : elle est légitimée par la loi et régit l’organisation bureaucratique
* l’autorité traditionnelle : elle découle de la tradition, de l’histoire
* l’autorité charismatique : elle est intimement liée au style d’une personne sans prendre en compte son statut social ou légal. Cette dernière autorité est nouvelle et serait une conséquence d’un affaiblissement de l’autorité politique : le libéralisme économique prendrait le pas sur l’autorité politique car les autorités se révèlent incapables de protéger et d’aider les salariés.
C’est alors que les personnes se sentant exploitées se réunissent en organisations politiques, syndicales et associatives. L’idéologie bourgeoise est par ailleurs critiquée. Selon Mendel et Voigt (1973) ces signaux « révèlent l’exploitation économique et la prise de conscience des effets de l’autorité » Les modes de relations traditionnels laissent ainsi la place à la promotion de la personne contre le principe d’autorité.
• L’après-guerre : Les années 1950 marquent de nouveau une profonde remise en question de l’autorité. Elle ne cessera de s’amplifier à tel point que l’on parle depuis d’une crise de l’autorité. En 1968, l’autorité traditionnelle et les institutions sont contestées sous toutes leurs formes et dans toutes les composantes de la société : politique, armée, entreprise, famille, école… On observe alors une dégradation très forte des relations entre les individus et les institutions et en particulier de l’autorité qui régissait ces relations.

Le management : des techniques au service de la performance

     Le petit Larousse définit le management comme l’ensemble des techniques de direction, d’organisation et de gestion de l’entreprise permettant d’obtenir une performance. « Sur le terrain » et dans un langage entrepreneurial, cela se traduit traditionnellement par une formule empruntée au marketing : positionner les bonnes personnes aux bons postes pour obtenir les meilleurs résultats et atteindre, voire dépasser les objectifs fixés. Le manager applique et fait appliquer la stratégie définie par la Direction Générale. Il décide, tranche et assume les responsabilités de ses décisions. Il est un chef d’équipe, un meneur au service de la performance afin d’atteindre les objectifs. Le management implique de fait une responsabilité qui se traduit nécessairement par une autorité auprès des collaborateurs. Le management n’est pas inné, et le manager apprend à expérimenter et à appliquer des techniques lui permettant d’obtenir le meilleur du groupe collaborateurs (performances personnelles, de groupe, système d’information, initiatives et innovations, fixation des objectifs…). Pour mieux comprendre ce qu’est le management en entreprise, il est utile d’identifier les principales tâches du manager :
• Elaborer et veiller à l’application de la stratégie d’entreprise,
• Organiser et répartir le travail entre les équipes,
• Planifier le travail et s’assurer du respect des délais fixés,
• Atteindre et dépasser les objectifs fixés
• Gérer le budget et les négociations avec les clients et les fournisseurs,
• Assurer la coordination et la communication entre la direction et les salariés,
• Assurer le contact et les relations avec les administrations, les pouvoirs publics, etc.
• Motiver ses troupes de travail, désamorcer les éventuels conflits et veiller à ce qu’il y ait une bonne ambiance de travail,
• Se porter garant de la qualité des prestations et services rendus, etc.
A la lecture de ces tâches, on s’aperçoit tout de suite qu’une partie d’entre elles sont sans objet lorsqu’on les transpose au domaine scolaire. En revanche, d’autres poursuivent les mêmes objectifs : organiser, planifier le travail, motiver, désamorcer les conflits, instaurer une bonne ambiance de travail, atteindre les objectifs… Rappelons par ailleurs quelques synonymes du terme manager : orchestrer, conduire, emmener, entraîner, commander, guider, mener, organiser… C’est pourquoi certaines techniques dont disposent les managers paraissent à priori adaptables au milieu scolaire. En revanche, compte tenu des différences évidentes des deux systèmes, d’autres méthodes sont tout à fait inapplicables.

La communication verbale

   La voix, par son débit, son ton et sa puissance, peut être exploitée pour faire passer des messages (d’autorité), même en décalage avec les mots associés (contenu d’apprentissages). Par ailleurs, la parole du maître est d’or. Plus elle mise au service de la discipline, moins elle est crédible dans les enseignements. Aussi les mots doivent-ils être réservés à la transmission du savoir plutôt qu’au rappel à l’ordre. Où sont la pédagogie et le sens à demander à une classe de se taire, en hurlant « Taisezvous ! » ?
La voix : La voix est l’outil principal de la prise de parole, que ce soit en public, lors de réunions, d’un appel téléphonique prospectif ou d’un recadrage managérial. En particulier, la prise de parole devant un auditoire est un exercice très difficile, où l’on s’expose pour délivrer un message. La voix se travaille. Un contenu fascinant délivré avec une mise en scène et une conviction intime, de l’humour, des sourires, un ton interactif et modulé capte l’auditoire. A l’inverse, le même contenu, tout aussi fascinant, présenté d’une voix monocorde, non convaincue et stressée perd l’auditoire en quelques instants. Lors de conférences, on peut observer l’auditoire se précipiter sur les smartphones pour répondre aux mails professionnels reçus. A l’école élémentaire, on peut observer les élèves discuter entre eux et faire tout autre chose…. Bon courage pour les récupérer ! Pour moi, c’est, bien sûr, dans la lecture d’histoires, les consignes et l’institutionnalisation que j’apporte le plus d’attention à ma voix, c’est à dire lorsque je cherche particulièrement à capter l’attention des élèves. Mais c’est plus encore dans le cadre de l’affirmation de mon autorité, de rappels à l’ordre que je mets à profit mes acquis. Par exemple, lorsque qu’un élève perturbe, je prends très souvent le parti de ne pas interrompre ce que les autres élèves et moi-même faisons. J’augmente alors très nettement le niveau sonore de ma voix sur cinq ou six mots, avec un ton sec et un débit lent, en ajoutant systématiquement un élément de la communication non verbale : ce peut être en fixant le perturbateur droit dans les yeux, ou en m’approchant de lui pour rentrer dans sa zone d’inconfort, ou encore en lui posant la main sur l’épaule. Le bénéfice est clair et double : ni les autres élèves ni moi-même n’avons interrompu notre activité ; donc pas de perte de temps ni de concentration. Au surplus, j’ai capté l’attention de l’ensemble de la classe (y compris ceux qui auraient décroché sans pour autant perturber), laquelle a bien repéré ma manœuvre. Mon autorité s’est ainsi affirmée non par une menace ni un cri ni un « chut » mais par une capacité, reconnue par les élèves, à « reprendre la main » sur un élève perturbateur, sans rien lui dire de particulier. Ainsi, varier de façon appropriée le ton, le débit et la puissance de ma voix me permet d’obtenir des retours rapides au calme, sans traumatisme ni pour les élèves ni pour moi.
Les mots : Je crois que le lexique autoritaire doit être employé le plus rarement possible. En effet, les termes employés sont souvent plus ou moins porteurs de menaces, ce qui n’est ni constructif ni pédagogique. (« Je te préviens, si tu… alors…»). Sans être naïf, l’emploi de ces termes est parfois inévitable. Je me méfie cependant beaucoup de leur usage car ils ont pour effet de me mettre mal à l’aise et de me positionner dans l’autoritarisme. Par ailleurs, un message d’autorité trop souvent répété perd complètement son sens. Plus il est rare, plus il est porteur de sens. Plus il est violent, plus il est traumatisant. Plus il est faible, moins il a de sens. C’est donc un exercice très difficile que d’obtenir l’autorité avec des mots. Il faut également se méfier du sens des mots. Celui-ci ne trouve parfois pas la même résonnance chez les enfants. Par exemple : le terme « problème » en mathématiques. J’ai remarqué qu’il est générateur de stress chez les élèves, donc d’anxiété et de démotivation. Je ne l’utilise donc plus mais décris l’activité comme un jeu visant à résoudre une énigme. Cela dédramatise l’activité qui se déroule depuis dans une ambiance plus sereine.
Le silence : Le silence peut porter différents messages : le recueillement, la réflexion, le bien-être, la concentration, le malaise… En dehors du recueillement, je m’efforce de faire vivre ces différents messages du silence en classe. (Par exemple : temps calme après une écoute de musique). Mais j’observe aussi le silence en classe dans différentes situations de gestion de l’autorité. Ce peut être, par exemple, après avoir réprimandé un élève. Ce temps de silence lui permet, ainsi qu’aux autres élèves, de méditer sur ce pourquoi il vient d’être réprimandé. Ce peut être aussi pour créer un sentiment de malaise de groupe : je m’interromps dans ma locution puis ne reprends que lorsque le silence est revenu en classe. Cela fonctionne surtout le matin mais moins l‘après-midi, en fin de semaine, quand les élèves sont fatigués et dissipés.

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Table des matières

INTRODUCTION
1ère PARTIE : L’autorité à travers l’histoire
L’autorité dans la société
Historique
L’autorité dans la société actuelle
L’autorité à l’école
Historique depuis le 19ème siècle, état des lieux et problématique
Qu’est ce réellement que l’autorité ?
L’autorité éducative : les caractéristiques d’une nouvelle conception
Les acteurs de l’autorité à l’école
Le cadre règlementaire de l’autorité à l’école
L’autorité en entreprise
Historique : les fondements de l’autorité selon Max Weber
Le management : des techniques au service de la performance
Faire autorité en entreprise
2ème PARTIE : Transposition de pratiques de l’autorité : méthodologie et analyse
Préambule
Deux institutions très différentes : l’école et l’entreprise
Les piliers de la crédibilité dans l’autorité
Identification des pratiques de l’autorité en entreprise
Identification des situations qui provoquent le désordre en classe
Analyse des pratiques en entreprise transposables à l’école élémentaire
La communication verbale
La communication non verbale
Le maintien de la cohésion du groupe classe
Les styles de management
Le système DEM : Délégation è Evolution è Motivation
3ème PARTIE : Bilan des actions menées. Liens entre la théorie et la pratique
Bilan des actions menées
Evaluation de l’efficacité des pratiques
Au delà des pratiques de l’autorité : les facteurs clés de réussite
Les limites
Liens entre la théorie et la pratique
Liens entre l’entreprise et l’école : des différences lexicales ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE
ANNEXES

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