Les pratiques culturelles appréhendées à la lumière des droits culturels 

Des pratiques disparates, résultat de l’absence d’un projet de service

En l’absence de projet de service écrit et d’un cadre réglementaire, les disparités se créent et persistent, à la fois entre les centres, mais également entre les conceptions que se font les animateurs de leurs métiers. Les agents de la DASC étant chargés, entre autres missions, de la programmation culturelle du centre dans lequel ils travaillent se voient étiquetés « animateurs culturels » par leurs fiches de poste . Ils sont donc des animateurs culturels, au sein de la direction de l’animation socioculturelle. Si l’on reprend la définition que donnent Genevi ève Poujol et Michel Simonot, les métiers d’animateur socioculturel et d’animateur culturel se distinguent assez nettement : « l’animateur socioculturel propose des activités dont l’objet est le processus d’expression des participants. L’animateur culturel part des œuvres pour proposer à des populations, des groupes sociaux, une familiarisation, une sensibilisation, une diffusion à l’art. »
L’animatrice culturelle du centre d’animation de la Reynerie évoque la vision qu’elle se fait de son métier : « moi, je fais surtout en fonction…j’essaye de défendre ce qui, selon moi, a du sens. Finalement, tout le temps en me référant un peu au projet culturel qui avait été mis en place suite aux Assises de la culture [NDLR : sous la municipalité Cohen]. […] Je pense qu’à travers l’art, on peut créer du lien quoi. De la rencontre. Pas seulement à travers l’art, d’ailleurs, je pense qu’il y a d’autres formes de partage, de faire ensemble qui permettent aux gens de se rencontrer et de partager des choses quoi. D’aller…de se défaire de leurs préjugés et de leurs stéréotypes, c’est un peu là-dessus qu’on travaille quoi. […] Honnêtement, cette réflexion, je pense qu’elle se vit aussi. Je sais pas si beaucoup de mes collègues le portent, mais je pense que c’est une façon de vivre les choses, c’est comment tu le penses. »
Ce témoignage rejoint plutôt la définition du métier d’animateur socioculturel. De la même façon, l’animateur du service de l’Action culturelle estime que « la culture est une composante. C’est-à-dire qu’en fait, c’est un moyen de faire acquérir des compétences, de faire en sorte que le public acquiert des compétences, qu’elles soient artistiques,mais aussi sociales, de comportement même, de positionnement… La culture est un moyen. »
Ce qui n’est pas nécessairement le cas de l’animatrice culturelle en charge du jeune public à l’Espace Bonnefoy, pour qui l’accompagnement du public réside essentiellement dans la mise en place de partenariats avec les enseignants du quartier qui amènent leurs classes voir des spectacles. L’animatrice appelle cela « médiation », soulignant l’importance de l’échange avec les enseignants du fait de la place tenue par l’apprentissage artistique dans les programmes scolaires.
Chacun semble donc faire en fonction de ses possibilités, de ses capacités et de sa vision propre, même si les animateurs culturels de la DASC possèdent une base de travail commune : « avec à peu près tous mes collègues animateurs culturels, on travaille sur des activités de programmation, voilà, d’artistes, dans le cadre de spectacles jeune public et de la programmation tout public » , rappelle l’animatrice de la Reynerie. Mais, comme le soulignent les deux animateurs du service de l’Action culturelle : « du moment qu’il n’y a pas d’objectifs clairs, de missions claires, l’animateur il va quand même vers une programmation qui lui correspond, mais pas forcément une programmation qui correspond au territoire. […] L’animateur programme quelque chose qui correspond à lui, plus qu’à un projet de service. C’est pour ça que dans notre service, il y a une telle disparité… »
Une disparité qui n’a pas toujours existée et qui s’expliquerait notamment par le refus de certains d’être assimilés au secteur socioculturel : « [NDLR : à propos des animateurs culturels au sein de la DASC] ils veulent surtout ne pas être des animateurs socioculturels, mais des animateurs culturels, avoir une reconnaissance… [Au passage à la direction générale adjointe à la culture], il y a eu un glissement, justement, dans un désir de reconnaissance, à la fois du service et à la fois des personnes. […] Le personnel s’est dit « Ha ! Maintenant ça y’est, on va dans la Culture, on est reconnu ! » […] Il y a une reconnaissance culturelle pour eux ! Et maintenant, leur dire, revenir, leur dire « vous êtes des animateurs socioculturels, vous devez travailler avec les habitants, vous devez travaillez sur votre territoire », c’est-à-dire que, pour eux, de revenir sur une fête de quartier ou un carnaval… […] Pour eux, c’est de la régression ! »
Ainsi, un besoin de reconnaissance aurait conduit la plupart des agents de la DASC en charge de la programmation à glisser progressivement vers de la diffusion et à abandonner l’aspect d’accompagnement du public, à passer d’animateur socioculturel à animateur culturel : « quand on diffuse des œuvres, on est reconnu, même si y’a pas de public ou que le public n’a pas de compétences, mais quand on accompagne un public avec la culture comme moyen pour de l’acquisition social, de la transformation sociale, on n’est pas reconnu. »
Créer du lien avec les habitants et les structures associatives implantées sur un territoire n’est pas, semble-t-il, la priorité absolue de la plupart des animateurs de la DASC, qui revendiquent leur légitimité à programmer et à diffuser des œuvres, comme symbole de la reconnaissance de leur profession. Mais ce n’est évidemment pas le cas de tous, certains trouvent la richesse de leur activité précisément dans le fait d’utiliser les œuvres et les activités culturelles comme levier pour créer des liens : « il s’agit beaucoup de lien de confiance, de relations, de rencontres… D’humain, en fait, finalement. Moi je crois beaucoup en ça et c’est pour ça que cette dimension là elle est hyper importante dans mon boulot. Je fais pas juste de la programmation, enfin, y’a tout un travail de lien avec les partenaires associatifs et avec les habitants […]. On peut aller plus loin que la programmation culturelle et la pratique artistique en tant que loisir, quand celle-ci devient une aventure humaine et que ça devient un support à l’expression identitaire des publics. »
Pour les deux animateurs du service de l’Action culturelle, la manière dont les agents envisagent leurs métiers, de l’animateur au responsable de structure, impacte fortement la façon dont les centres parviennent, ou non, à s’implanter sur leur secteur. Ils regrettent notamment l’absence de remise en question sur leur façon de travailler, lorsqu’est constaté le manque de renouvellement des publics : « quand ils n’arrivent pas à remplir, entre guillemets, c’est-à-dire à attirer du public dans leurs équipements, ils vont toujours mettre la faute sur la communication, mettre la faute sur la médiation… Mais jamais une remise en question pour savoir si c’est leur programmation, leur façon de travailler qui correspond pas vraiment aux attentes des habitants. »
Mais en l’absence de missions claires découlant d’orientations politiques précises, il semble difficile de donner des directives aux agents de la DASC : « en fait, c’est difficile d’évaluer le travail des gens, puisqu’il n’y a pas de projet de service, tu peux pas évaluer l’écart entre ce qui est fait et ce qui serait. Sinon, tu pourrais envisager le moyen de réduire cet écart, soit de la formation, soit de l’accompagnement un peu plus, tu vois, du management… Des réorientations d’objectifs, tu vois, tu réduis l’écart petit à petit mais là, sans objectif… »

Le secteur socioculturel associatif : la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées

Histoire et présentation de la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées

Des fédérations régionales réunies en confédération

Jusqu’en 1936, les mouvements d’éducation populaire ne sont pas institutionnalisés : ils sont largement le fait d’initiatives privées et ont des natures très variées. Au cours du XX e siècle, ces mouvements rentrent dans un processus d’institutionnalisation. Dynamisés sous le Front populaire, ils sont reliés au sous-secrétariat des Loisirs et des Sports, dirigé par Léo Lagrange. Le régime de Vichy voit se développer deux secteurs distincts dans l’éducation : le premier regroupe les mouvements officiels, le second ceux issus de la résistance. Après la Libération, l’Etat confirme son rôle grandissant dans les milieux de l’éducation populaire, notamment en développant des centres régionaux d’éducation populaire et de sport (CREPS) et un Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP).
En 1994, André Philip fonde la République des Jeunes, à Lyon, qui devient ensuite fédération française des Maisons des Jeunes et de la Culture (FFMJC). A la fin des années soixante, une Union des fédérations régionales de MJC (UNIREG), distincte de la FFMJC, voit le jour, suivie par l’Association de recherche, d’études et de gestion social du champ socioculturel et des MJC (AREGES-MJC) qui naît au début des années quatre-vingt-dix. Deux ans après cette nouvelle scission, l’UNIREG et l’AREGES signent la Déclaration des principes , à Toulouse, et créent la confédération des Maisons des Jeunes et de la Culture de France (CMJCF). « Tête de réseau, force de réflexion et centre de ressources, la CMJCF porte les orientations stratégiques communes, aide les associations affiliées à partager leurs pratiques et ainsi mieux identifier les nouveaux besoins de leurs différents publics. Elle les soutient et les accompagne dans la réalisation de projets éducatifs, sociaux et culturels qu’elles construisent au plus près des habitants, dans une perspective de développement local. Fonctionnant en réseau, la CMJCF organise les échanges de savoir-faire entre toutes les structures. »
Les fédérations régionales se structurent au sein de la CMJCF autour de valeurs communes, réunies en une déclaration des principes qui rappelle plusieurs points : le principe d’ouverture à tous, sans discrimination ; le respect du « pluralisme des idées et du principe de laïcité » ; la vocation commune « de favoriser l’autonomie et l’épanouissement des personnes » ; la volonté de permettre « à tous d’accéder à l’éducation et à la culture, afin que chacun participe à la construction d’une société plus solidaire » ; l’affirmation de « l’action éducative des MJC en direction et avec les jeunes » et de la favorisation du « transfert des savoirs et des expériences entre générations »etc.
La confédération, les fédérations, qu’elles soient régionales ou départementales, et les MJC se structurent de la même façon : un conseil d’administration élu et une équipe salariée (ou bénévole, dans le cas de MJC de petites tailles).
La CMJCF est constituée de neuf-cents associations regroupées en treize fédérations régionales ; la moitié de ces associations est située en milieu rural. Elles fédèrent plus de quatre cent-soixante mille adhérents et touchent près de quatre millions de personnes par les manifestations développées. Chaque année, le réseau de la CMJCF propose treize-mille programmes d’activités culturelles, artistiques, sportives et de loisirs, trois-mille-deux-cents actions jeunes spécifiques, deux-mille-cinq-cents activités enfants spécifiques et cinq-mille troiscents programmations de manifestations culturelles et sportives . « Installées au cœur de la cité, dans les villes, les quartiers et les villages, les Maisons des Jeunes et de la Culture et les associations locales du réseau de la CMJCF tissent jour après jour, par les act ions qu’elles mènent avec les habitants, les jeunes, les associations, les collectivités locales et les institutions, ce lien social qui s’est peu à peu brisé, notamment dans certains quartiers de nos villes. Bâties sur des valeurs républicaines, d’éducation populaire, de laïcité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité, les MJC intègrent aujourd’hui les attentes d’une société en évolution constante. » Les évolutions sociétales conduisent actuellement la confédération des MJC de France à repenser son projet fédéral, à interroger ses valeurs au regard des enjeux nouveaux, à réécrire ses orientations politiques pour soutenir au mieux les fédérations régionales adhérentes. Au cours de mon stage, j’ai pu être intégrée à cette démarche, à travers des groupes de travail de la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées ou à travers des réunions du comité de pilotage.

La fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées : une organisation en réseau

Les fédérations régionales « animent leur réseau de MJC et d’associations locales ou départementales, veillent au développement d’actions communes et proposent des services adaptés aux besoins et attentes de leurs adhérents. Elles s’engagent, et à travers elles leurs MJC et associations locales adhérentes, à pratiquer une réelle démocratie, susciter le débat d’idées, favoriser la créativité et l’expérimentation. »
La fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées abritent en son sein cent-trois MJC, réparties en huit départements. Pour les départements les plus importants, des fédérations départementales ont également été mises en place : les fédérations départementales de HauteGaronne et du Tarn. Elles travaillent en lien étroit avec la fédération régionale ; leurs équipes ne sont pas salariées de la fédération régionale et elles ont des missions qui relèvent la plupart du temps également des compétences de la FRMJC MiPy.
Dans son rapport d’Assemblée générale relatif à l’exercice 2014, il est rappelé que la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées intervient sur plusieurs points : la mobilisation des acteurs du réseau, bien sûr, mais également la gestion des relations avec les collectivités publiques, l’accompagnement des MJC face à la baisse des subventions ou encore une action de veille face à un risque de fragilisation.
Dans ses relations avec les collectivités, la FRMJC MiPy fait le constat « que l’arrivée de nouvelles équipes s’accompagnait parfois d’une méconnaissance du milieu associatif, des valeurs et des missions portées par les MJC. […] Le plus important pour nous a été de maintenir ou derétablir un dialogue constructif avec les collectivités concernées. […] Très souvent, il a fallu rappeler l’intérêt et la pertinence d’une démarche partenariale, afin de répondre avec plus de cohérence et d’efficacité à des problématiques locales. Nous avons toujours défendu l’idée que des associations comme les nôtres participaient à l’intérêt général tout en affirmant une identité autour d’un projet d’éducation populaire original. »
La FRMJC profite de ce rapport pour souligner la persévérance dont ont fait preuve les MJC face à la réduction des subventions municipales, pouvant aller de 10% à 30% selon les communes : « au-delà des premières réactions, des déceptions et des sentiments d’abandon, les MJC ont su faire preuve de ténacité et d’une volonté affirmée de trouver des solutions sans compromettre leur projet associatif. »
La tâche fût difficile, au début, notamment du fait de ma présence nouvelle au sein de l’équipe de la fédération et de fait, de mon absence de légitimité. Je devais leur rappeler l’importance de leur participation à un tel événement, les formes d’implication possible dans la construction et le déroulement de la Convention mais aussi, très souvent, leur redonner des informations pratiques qui leur avaient été envoyées en amont, essuyer des critiques quant à la participation financière demandée, écouter et conseiller ceux qui jugeaient que la période n’était pas appropriée pour s’engager sur un événement pareil etc. Cela a été très utile : cela m’a non seulement permis de me présenter aux acteurs du réseau des MJC et de dynamiser les projets des uns et des autres sur cette Convention. La plupart des acteurs m’ont remercié a posteriori de l’intérêt que la fédération portait à leurs projets, notant que cela leur avait donné envie de se mobiliser. Au total, la FRMJC MiPy sera représentée à la Convention par cent-dix-huit jeunes, trente-et-un animateurs et dix-huit directeurs et administrateurs. Le jeudi soir, douze représentations scéniques seront assurées par des jeunes de Midi-Pyrénées : les pratiques musicales, les formes théâtrales, les formes dansées et la vidéo seront représentées. Pour cette partie, mon travail a notamment consisté à mobiliser les acteurs du réseau, à les encourager à proposer aux jeunes de leurs MJC de valoriser leurs pratiques en amateur. Pour la journée du vendredi, la tâche s’est révélée être plus complexe. En effet, nombre de MJC avaient des envies, des idées mais aucune n’avait de projet défini. En outre, pour éviter une multiplication des ateliers, la CMJCF a fixé le chiffre maximal d’ateliers par fédération à neuf. J’ai donc entrepris, avec les acteurs des MJC, de réfléchir à des projets plus concrets, en essayant de comprendre qu’elles étaient leurs envies de base et comment ces envies pouvaient s’articuler en un atelier cohérent. Je me suis également rendue compte que certaines MJC souhaitaient s’exprimer sur des thèmes communs : j’ai alors dû faire tout un travail de mise en réseau de ces MJC, qui n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble, pour les encourager à s’interroger sur un atelier en commun.
Nous avons également organisé une rencontre, le 9 juillet dernier, afin de permettre à ceux qui partiront à la Convention de faire connaissance et de construire au mieux les ateliers du vendredi. J’ai été chargée de préparer cette journée : imaginer des temps d’accueil, d’animations, préparer les supports numériques pour les tables rondes, organiser les groupes de travail sur les ateliers etc. Cette rencontre fût très enrichissante, pour l’équipe de la FRMJC MiPy comme pour les MJC présentes : nous avons pu percevoir les ateliers dont il faudrait soutenir la construction, certaines des MJC en présence ont pu avancer leurs ateliers en se rencontrant physiquement etc. Jusqu’à la Convention, mes missions sont et seront multiples. Je suis en interaction avec l’équipe de la CMJCF pour faire le lien entre eux et les MJC de la région Midi-Pyrénées : pour la soirée de valorisation des pratiques amateurs, pour la journée dédiée aux ateliers, pour la constitution d’un « groupe média » avec les MJC qui ont une pratique autour de l’information… Je gère également des aspects logistiques : les relations avec le prestataire pour la location du bus, les réservations de billets de trains et d’avion pour les administrateurs, les questions d’hébergement sur place… J’assure également le relais de la communication faite par la CMJCF et je fournis aux personnes en charge des éléments qu’ils peuvent mettre en valeur. Le mois de septembre sera particulièrement chargé : je vais devoir suivre la constitution des ateliers pour m’assurer qu’ils aient du contenu, fournir aux MJC toutes les informations pratiques dont elles vont avoir besoin, assurer la répartition des groupes dans les transports et les hôtels etc.
En parallèle du travail que je fournis sur la Convention nationale, Jacques Le Montagner et Emmanuel Fouriaud ont également tenu à m’associer à la réflexion autour de la refondation du projet fédéral. Nous avons commencé à préparer un document-cadre pour les groupes de travail issus de Midi-Pyrénées, dont les réflexions et les préconisations seront intégrées au projet par le comité de pilotage ; les trois groupes travailleront chacun sur une piste de réflexion : valeurs et enjeux, pratiques pédagogiques et appropriation des domaines d’activité.
En septembre, j’assisterai Emmanuel Fouriaud et/ou Jacques Le Montagner à l’animation de ces ateliers.
Jusqu’ici, mon stage à la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées a été très formateur. Emmanuel Fouriaud et Jacques Le Montagner m’ont laissé en très grande autonomie sur le projet de la Convention 2015, ce qui m’a permis de faire mes preuves, aussi bien auprès des acteurs du réseau des MJC de Midi-Pyrénées qu’auprès de l’équipe de la CMJCF.
L’articulation de missions très opérationnelles avec un cadre de réflexion autour du projet fédéral est également très enrichissante.

Les pratiques culturelles appréhendées à la lumière des droits culturels

En 1959, le décret fondateur du ministère de la Culture donne à ce dernier la « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français. »
Ce décret ancre la démocratisation culturelle au cœur de la politique culturelle française, dans une conception malrausienne de la culture – bien que Malraux lui-même n’ait jamais prononcé les mots « démocratisation culturelle ». Trois objectifs auraient été fixés : la croissance du nombre de participants à la vie artistique et culturelle – « le public » –, la diminution des disparités entre les catégories de population qui participent à la vie artistique et culturelle – modification de la composition sociodémographique du public – et la fidélisation des nouveaux pratiquants en un public de connaisseurs . Outre l’étude des statistiques, qui nous révèlent qu’il n’y a eu que très peu de renouvellement des publics de la culture ces cinquante dernières années en dépit des efforts de démocratisation culturelle, cette conception de la politique culturelle est critiquée en son sens même. « Le Ministère de la culture doit en priorité expliciter la manière de distinguer les « œuvres » des « non-œuvres », c’est-à-dire de séparer les produits culturels n’ayant pas de valeur pour l’ambition publique et ceux qui ont une « valeur capitale » justifiant l’effort financier de la Nation. ».
Cela reviendrait à dire que certains auraient le savoir nécessaire à la désignation des bonnes références culturelles qui doivent être intégrées par l’ensemble de la civilisation : « certains êtres humains [disposeraient] des codes de lecture de ce qui est capital pour l’humanité, en les opposant à d’autres dont les manières de valoriser leur existence seraient sans intérêt pour le genre humain. »
Les personnes « à conduire vers la culture » sont définies sur la base d’un manque ; d’une absence de participation à une vie artistique et culturelle qui serait légitime. Une vision (con)descendante de la culture qui reste donc très élitiste.
De la même manière, le concept de développement culturel est remis en cause : « le développement culturel [fait] « harmonie », là où [sourde] la tension entre le peuple à émanciper et l’élite. Le modèle moderne de l’institution [est], ainsi, préservé puisque l’individu [est] reconnu dans son passé mais, grâce au choix des références artistiques communes à l’humanité que lui propose l’institution, il [accède] à une meilleure maîtrise de son destin. […] La politique publique reconnaît les pratiques culturelles de l’individu mais elle offre à chacun des possibilités de dépasser son histoire (singulière et territorialisée) en associant sa pratique contingente aux valeurs de l’artistique qui, on le rappelle, sont des valeurs supérieures de l’humain (universelles et en plus déterritorialisées). »
Nombreux sont ceux qui appellent à dépasser cette conception descendante de la politique culturelle française, défendant une « obligation politique de débattre publiquement de la valeur des cultures dans leurs relations avec la construction d’une société plus humaine » et de « débattre de ce qui fait valeur pour les uns et aucunement pour les autres, pour nourrir notre humanité commune » , dans un mouvement de réflexion généralisée autour des droits culturels.
En effet, depuis quelques années, de nombreux acteurs culturels et/ou institutionnels s’interrogent sur l’articulation de leurs pratiques autour des droits culturels, consacrés par la Déclaration de Fribourg en 2011. En France également, la discussion est lancée ; certains dénoncent toutefois une lenteur politique à mettre en place un débat public : « la politique culturelle à la française sera bientôt la seule à vivre sur le modèle du despotisme éclairé ! Elle sera bientôt la seule à refuser obstinément, comme un tabou, de mettre le citoyen autour de la table de négociation pour dialoguer et se confronter, autour des valeurs, des finalités, des objectifs, des missions publiques et des moyens. Elle sera la seule à s’opposer à une dynamique de co-construction capable d’organiser, selon des règles transparentes connues de tous, les dispositifs, les procédures, les lieux, les moments et les modalités de rendre compte de l’action culturelle. »

Du droit à la culture aux droits culturels

« Aujourd’hui, l’enjeu est de passer du « droit à la culture » aux « droits culturels » qui ont pour caractéristiques de considérer chaque personne à égalité avec les autres et non à hiérarchiser les personnes selon leur catégorie sociale et leur place dans la société. »

Origines et définitions des droits culturels

Dès les années soixante, les acteurs de l’animation socioculturelle réfléchissent au sens à donner à leurs métiers : il s’agissait de « permettre l’épanouissement des individus ou des groupes dans leur vie individuelle ou sociale, grâce à une meilleure vie relationnelle ou une meilleure prise en main de leurs responsabilités singulières ou collectives. »
On retrouve dans cette vision très idéologique de l’animation socioculturelle certains des fondements que se donne le courant autour de la promotion des droits culturels. Mais cette réflexion a été engloutie par les grands concepts de démocratisation et de développement culturels.
Dans les années quatre-vingts, le lien entre la culture, le domaine social et la politique de la ville se renforce, ce qui conduit notamment à un tournant dans la démocratisation culturelle : on parle désormais de démocratie culturelle, de la « contestation des hiérarchies culturelles traditionnelles par la valorisation des cultures dites « populaires ». »
Les expressions artistiques et les pratiques culturelles portées par les populations, notamment des « quartiers », sont mises en avant, on favorise l’initiative des acteurs locaux, on valorise le rôle des structures de proximité etc. Cependant, comme sous la démocratisation culturelle, on reste dans une logique d’élargissement des publics : non plus seulement pour les amener vers la culture « légitime » mais en reconnaissant leurs cultures « populaires » comme inclues dans cette culture « légitime », qui touche, de fait, un plus large public. Le lien qui est fait entre culture et politique de la ville conserve la distinction négative de la démocratisation culturelle : si l’on tente de ne plus désigner les populations concernées par le « manque », par les difficultés d’accès à la culture, les risques de stigmatisation persistent. « La politique de la ville est en effet confrontée à un risque considérable, celui de renforcer la stigmatisation des quartiers et des villes dans lesquels elle est mise en œuvre, précisément à cause du ciblage territorial qu’elle implique. »

 

 

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Table des matières
Introduction 
I. Etude du territoire toulousain : une ville culturelle en mouvement 
1. La culture à l’honneur à Toulouse…mais pas seulement
2. Toulouse, une volonté d’innovation en termes de gouvernance : la culture en mouvement
a) L’attente d’un changement sur plusieurs plans
b) Les Assises de la culture, une innovation en termes de gouvernance
c) Une réflexion partagée entre les directions de l’animation socioculturelle et des affaires culturelles
d) Les difficiles conditions des secteurs culturels et socioculturels municipaux
II. Deux expériences de stage complémentaires : du municipal à l’associatif 
1. Le secteur socioculturel municipal : la direction de l’animation socioculturelle
a) La direction de l’animation socioculturelle de la Ville de Toulouse en quête d’identité
b) Un stage de quatre mois au sein de la direction de l’animation socioculturelle
2. Le secteur socioculturel associatif : la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées
a) Histoire et présentation de la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées
b) Un stage de quatre mois au sein de la fédération régionale des MJC de Midi-Pyrénées
III. Les pratiques culturelles appréhendées à la lumière des droits culturels 
1. Du droit à la culture aux droits culturels
a) Origines et définitions des droits culturels
b) Fondements et principes des droits culturels
2. Repenser les pratiques culturelles
a) Des droits culturels intimement liés aux principes de l’éducation populaire
b) Réflexion sur l’évolution des pratiques culturelles à la lumière des droits culturels
Conclusion 
Bibliographie
Annexes

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