Les pratiques audiovisuelles d’aujourd’hui et de demain
L’Espace audiovisuel
Histoire:
Le premier fonds audiovisuel de la Bibliothèque de l’Université de Genève a été créé en 1978.
Établi sur le site Uni Bastions, il est principalement constitué de documents destinés aux facultés des lettres et de théologie. A cette époque, aucun prêt n’est effectué mais les usagers ont la possibilité de visionner la collection sur place. Ce service avait également pour mission d’enregistrer quelques cours ex-cathedra et de les mettre à disposition des étudiants.
En 1997, la décision est prise de créer une médiathèque dans chacun des sites, mais finalement, seule la médiathèque d’Uni Mail verra le jour en 2000 et proposera de la documentation audiovisuelle concernant les sciences humaines en lien avec les domaines enseignés sur ce site. Jusqu’en 2010, la Bibliothèque de l’Université de Genève se compose ainsi de deux médiathèques présentes sur les sites Uni Bastions et Uni Mail. C’est en 2010, lors de travaux sur le site Uni Bastions que les deux médiathèques se réunissent pour n’en faire plus qu’une sur le site Uni Mail.
Fonctionnement et collection:
L’Espace audiovisuel actuel se situe dans la bibliothèque du site Uni Mail, dans une zone qui lui est dédiée. Ses collections se composent principalement de DVD, objet de notre étude, mais également de CD-Rom, CD audio et des ensembles multi-support. En outre, le fonds contient encore quelques films sur VHS. La collection met à disposition de la communauté universitaire et de la cité plus de 11’000 documents, dont 7300 DVD et 3800 repiquages d’émissions télévisées. On y trouve tant de la fiction que des documentaires. Les usagers ont la possibilité d’emprunter jusqu’à trois films pour une durée d’une semaine.
Il s’agit d’une collection interdisciplinaire couvrant les domaines des sciences humaines et des lettres, principalement ceux enseignés dans les facultés sises à Uni Mail et Uni Bastions (notamment lettres, théologie, droit, psychologie et sciences de l’éducation, traduction et interprétation, sciences de la société, économie et management). La collection a pour objectif de servir aux étudiants pour l’intégration des connaissances, comme référence à l’ensemble des usagers ou comme outil d’enseignement et de recherche pour les enseignants et les chercheurs (Bibliothèque de l’Université de Genève [2019]).
Valorisation du fonds
L’Espace audiovisuel a une page web qui lui est dédiée sur le portail de la bibliothèque lui permettant de transmettre diverses informations telles que le contenu de la collection ou encore les nouvelles acquisitions. La bibliothécaire a également la possibilité d’ajouter des actualités en lien par exemple avec les nouvelles ressources acquises.
Pour valoriser cette collection, celle-ci tenait également à jour un blog sur lequel elle proposait régulièrement des sélections thématiques de documentaires et de films de fiction. Bien que toujours accessible, la décision a été prise de ne plus alimenter ce blog et de les proposer directement dans le portail de l’EAV. Par ailleurs, au sein de l’espace dédié à ce fonds, les nouvelles acquisitions sont exposées et les ressources correspondant à la sélection thématique du mois sont affichées.
Afin de rendre la documentation audiovisuelle davantage visible au sein des différents fonds disciplinaires, chaque portail disciplinaire possède un onglet « Multimédia » dans lequel l’on trouve diverses informations relatives à l’Espace audiovisuel et aux collections que l’on peut y trouver. Par ailleurs, les récentes acquisitions liées à la branche en question sont mises en avant
La notion d’œuvre audiovisuelle
Le concept d’œuvre audiovisuelle peut être défini de plusieurs manières, allant d’une compréhension très large de cette notion jusqu’à une définition beaucoup plus restrictive.
Selon la Bibliothèque nationale de France (2010), on appelle document audiovisuel « tous les documents dont au moins une partie est constituée par la fixation d’une séquence de son ou d’une séquence d’images, fixes ou animées, sonorisées ou non, et n’est consultable qu’à l’aide d’un appareil de lecture ». Cette définition est très large et recouvre de nombreux supports tels que les enregistrements sonores, les DVD, les CD, les VHS, les documents multi-supports ou encore les images numérisées (Bonhomme [sans date]).
Selon SUISSIMAGE ([sans date]), Coopérative suisse pour les droits d’auteur d’œuvres audiovisuelles, « sont considérées comme œuvres audiovisuelles, des séries d’images, sonores ou non, constituant une création, indépendamment du processus technique de réalisation ». Lors de ce travail nous retiendrons davantage cette définition plus stricte, englobant à la fois les œuvres cinématographiques, les séries télévisées, les documentaires de toutes sortes, les productions indépendantes et les œuvres d’artistes, peu importe leur support (Caron, Chantereau 2010).
Les bibliothèques universitaires et académiques
Ce travail traitant du contexte académique et universitaire, il est important d’en définir la signification. Ces deux adjectifs sont synonymes (Académique [sans date]) et désigne « ce qui est relatif à l’université, à l’enseignement supérieur » (CNRTL 2012). Dans le cadre de notre étude, nous ferons néanmoins une légère distinction et nous utiliserons le terme « bibliothèque académique » pour décrire l’ensemble des services d’information documentaire présents dans les institutions d’enseignement de degré tertiaire telles que les universités, les hautes écoles spécialisées (HES), les écoles polytechniques fédérales (EPF) ou encore les écoles supérieures (ES) (République et canton de Genève [sans date]). Lorsque nous évoquons la notion de «bibliothèque universitaire », seuls les centres de documentation universitaires sont concernés.
Le passé des collections audiovisuelles en bibliothèques
L’image en bibliothèques, que ce soit l’image fixe puis également l’image animée, a toujours peiné à s’y intégrer. Il est parfois encore des croyances que « les bibliothèques sont faites pour les livres» (Collar, Melot 2011, p.11).
Au milieu des années 70, quelques bibliothèques, notamment en France, organisent des projections de films au format super 8, 8mm ou 16 mm, mais très peu possèdent leur propre fonds audiovisuel. La plupart louait ou se faisait prêter des films pour des animations ponctuelles (Caron, Chantereau 2010). Les œuvres projetées sont principalement des films documentaires et scientifiques. La fiction est mise de côté d’une part, car les coûts de projection sont élevés et il existe des salles d’art destinées au grand public diffusant ce type de film, et d’autre part, car ce genre n’est pas considéré comme un produit de même valeur culturelle qu’un film scientifique ou documentaire. A noter qu’à cette période, la fiction est considérée comme n’ayant pas sa place en bibliothèques (Caron, Chantereau 2010). Plus tard, certaines bibliothèques ont commencé à acquérir leurs propres collections audiovisuelles au format U-Matic mais en proposant toujours uniquement des documentaires consultables sur place, la fiction exigeant l’achat de droits compliqués à obtenir (Caron, Chantereau 2010).
Les collections audiovisuelles en bibliothèques aujourd’hui
Depuis les années 2000, le développement des technologies numériques modifie le paysage audiovisuel. On assiste à la dématérialisation des documents, à la disparition des supports et à l’accès à distance des œuvres rendu possible avec les accès Internet à très haut débit (De Lépinay, Palesse 2012 ; Prée 2016). Ainsi, apparaissent les plateformes de téléchargement, de streaming et les premières plateformes de vidéo à la demande (Prée 2016). Peu après, le format Blu-ray fait son apparition mais ne réussit pas à s’imposer face au DVD (Prée 2016).
Les deux formats se développent ainsi parallèlement. Les bibliothèques, subissant depuis tous temps les conséquences des évolutions technologiques, se sont adaptées à ce nouvel environnement (Schmel Hines 2014). A l’heure actuelle, elles continuent tout de même de développer leurs collections audiovisuelles, alliant DVD et parfois Blu-ray, et proposent chaque année davantage de films sur ce type de support (Images en bibliothèques 2015 ; OFS 2017a). Parallèlement à ces collections sur support physique, on observe depuis quelques années le déploiement d’offres de vidéo à la demande.
Selon une étude menée en 2014 auprès d’environ 300 bibliothèques françaises de différents types, 29% d’entre elles fournissent ce type de service contre seulement 12.3% en 2011 (Images en bibliothèques 2015). Il va sans dire que cette proportion a certainement encore augmenté durant ces trois dernières années.
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Table des matières
1. Introduction
1.1 Contexte
1.2 Mandat
1.3 But de la recherche
1.3.1Objectifs
1.3.2Questions de recherche
2. La Bibliothèque de l’Université de Genève : état des lieux
2.1 Informations générales
2.1.1Structure et gouvernance
2.1.2Mission et vision
2.1.3Plan d’action stratégique de la DIS
2.1.4Collections et politique documentaire
2.2 L’Espace audiovisuel
2.2.1Histoire
2.2.2Fonctionnement et collection
2.2.3Usages du fonds
2.2.4Valorisation du fonds
3. Revue de la littérature
3.1 Cadre conceptuel
3.1.1La notion d’œuvre audiovisuelle
3.1.2Les bibliothèques universitaires et académiques
3.2 Les bibliothèques académiques : les usagers et leurs usages
3.2.1Le public étudiant
3.2.2Les enseignants et chercheurs
3.3 L’audiovisuel en bibliothèques
3.3.1Le passé des collections audiovisuelles en bibliothèques
3.3.2Les collections audiovisuelles en bibliothèques aujourd’hui
3.3.3Les collections audiovisuelles en bibliothèques académiques
3.3.4La vidéo à la demande en bibliothèques
3.4 Les pratiques audiovisuelles d’aujourd’hui et de demain
3.4.1Les pratiques des suisses en matière de documentation audiovisuelle
3.4.2L’avenir des supports audiovisuels
3.4.3Les enjeux pour les bibliothèques
3.5 L’audiovisuel et le droit d’auteur suisse
3.5.1Le droit d’auteur en Suisse
3.5.2Le titulaire des droits
3.5.3Les sociétés de gestion
3.5.4Les droits des bibliothèques en matière de documentation audiovisuelle
4. Méthodologie
4.1 Approche méthodologique générale
4.2 Méthode de recherche
4.3 Collecte des données
4.3.1Entretiens
4.3.2Questionnaire
4.4 Méthode d’analyse des données
4.4.1L’analyse des données des entretiens
4.4.2L’analyse des données du questionnaire
4.5 Limites de la méthodologie
5. Présentation et discussion des résultats
5.1 Question de recherche no 1 : Les bibliothèques académiques face à la
5.1.1 mise à disposition d’une offre audiovisuelle
5.1.2 Le contexte
5.1.3 Les collections
5.1.4 Les usages de la collection
5.1.5 Les espaces
5.1.6 La valorisation de la collection
5.1.6 Le futur des collections audiovisuelles
5.1.7 Synthèse des données récoltées par les entretiens
5.2 Question de recherche no 2 : Les usages et besoins des publics de la BUNIGE en matière de documentation audiovisuelle
5.2.1 Accès au questionnaire
5.2.2 Données personnelles
5.2.3 Pratique audiovisuelle
5.2.4 Usage de la collection audiovisuelle d’Uni Mail
5.2.5 Synthèse des données récoltées par le questionnaire
5.3 Question de recherche no 3 : Recommandations quant à l’orientation stratégique à donner à la collection audiovisuelle
5.3.1Un positionnement de la bibliothèque à définir
5.3.2Une transition vers un accès en ligne et à distance
5.3.3Une meilleure valorisation des ressources
5.3.4Une évaluation régulière de l’ensemble de l’offre
5.3.5Synthèse des recommandations
6. Conclusion
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