Bon nombre de théoriciens pédagogiques comme Avanzini, et bien d’autres avant lui, dont Socrate, Platon, J.-J. Rousseau, Pestalozzi, Montessori et Montaigne, n’ont cessé de consolider les principes de la conduite pédagogique dans sa progression. Il est à remarquer cependant que les premiers systèmes d’éducation connus se sont développés à partir du IVème millénaire avant notre ère dans la civilisation indienne et égyptienne. L’activité éducative mettait autrefois l’accent sur deux points essentiels pour la formation des élèves :
1-l’accumulation des connaissances destinées à être mémorisées,
2-l’exercice lié à l’art du dessin. Alors qu’en Inde, sous l’impulsion du Bouddha, des professeurs se rendirent de ville en ville pour faire apprendre des chants sacrés. Point sur lequel insistera l’éducation musicale chez Platon, la musique étant chez Rousseau un principe de l’âme tempérante. Sans minimiser l’importance de l’art musical, les pédagogues contemporains estiment également nécessaire la pratique virtuelle de la profession dès le jeune âge [initiation au travail].
A cela, s’ajoute l’apprentissage de la vie civique. Ce que Roger Gal exprime clairement dans son ouvrage intitulé : L’histoire de l’éducation où il écrit :
« Si l’éducation est dans son sens large que mène les adultes sur les jeunes générations, on peut dire, me semble-t-il, que ce sont les sociétés primitives qui peuvent le mieux nous montrer l’ampleur et la puissance de cette action qui s’étend à tous et prépare à toute la vie. Elles nous rappellent qu’entre aussi dans son domaine l’initiation au travail, aux coutumes, aux mœurs, aux institutions. Elles nous montrent son importance pour l’individu et pour la société. » .
Par ailleurs, l’étude de l’éducation n’est pas aussi facile, étant indissociable des diverses disciplines qui ont pour objet l’homme. Cette étude a exploité son essor et, plus profondément, les questions qu’elle pose ou qu’elle a posé ont fortement stimulé son progrès et nourri son dynamisme. En effet, l’intense mouvement de controverses philosophiques et, singulièrement, les conflits sociopolitiques dont l’éducation est l’occasion à toutes les recherches constituent un enjeu qui la place au cœur du mouvement des sciences humaines. C’est ainsi qu’avant le XVIIIème siècle, l’éducation était conçue avec des méthodes dites anciennes ou traditionnelles, fondées sur l’autorité intellectuelle et disciplinaire de l’enseignant. C’est un enseignement dominé par la parole de l’enseignant conduisant à une passivité et à une immobilité de la part des élèves. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Frère Macaire fait constater l’inconvénient de l’esprit conservateur quand il écrit :
« Elle a l’inconvénient de conserver souvent, par routine, des méthodes dont la valeur ne se justifie pas faisant une part important à l’intuition, combinant l’apport du présent avec celui du passé, mais elle n’est pas rejetée en bloc. » .
LES PORTEES DE LA PSYCHOLOGIE DANS LA PEDAGOGIE
LA PSYCHOLOGIE ET L’ENFANT
La connaissance de l’enfant
Pour certains théoriciens de l’éducation, dont Jean Jacques Rousseau et Jean Piaget, l’art d’enseigner est inséparable du processus psychologique chez l’enfant. Aux yeux de ces penseurs, la psychologie rend de précieux services aux enseignants dans le choix des moyens à réaliser les buts de l’enseignement. Partant de cette idée, la question reste de savoir : en quoi la psychologie peut-elle enrichir la connaissance sur l’enfant ? Pour mieux cerner ce problème, il nous paraît plus indiqué de comprendre d’abord le sens du mot psychologie. L’étymologie grecque du terme « psychologie » traduit l’unité conceptuelle et sémantique de deux mots : « psyché » qui signifie âme et « logos », parole ou discours. Logos vient du verbe « legein » synonyme de : dire, parler. De ce fait, la psychologie est l’étude de l’âme, des manifestations constitutives de ce qu’on appelle aujourd’hui « fait psychique » .
Dans cette perspective, le concept de psychologie a évolué comme étant une étude portant sur la vie intérieure de l’homme se manifestant à travers ses comportements intérieurs. Ces derniers sont des caractéristiques de la personnalité de l’individu. Dans ce cas, cette personnalité évolue avec le temps et l’espace. Son étude intéresse notamment les psychopédagogues, cherchant à mieux comprendre les comportements des enfants à travers leurs phénomènes psychiques. De là s’explique le développement de la psychologie comme science de la personnalité de l’enfant avec Jean Piaget dont l’étude repose sur celle déjà effectuée par les anciens comme Aristote [384-322 av. J.C]. Pour Aristote :
« Il faut nécessairement que le soin (épimélera) du corps précède le soin de l’âme, ensuite doit intervenir le soin du désir (oréxis) ; néanmoins le soin du désir doit être en vue (énèka) de l’intellect (noûs) et celui du corps en vue de l’âme. » .
Ce passage fait suite à la remarque faite par le même auteur à l’égard des opérations de l’âme dans son rapport avec le corps :
« L’âme ne subit, ni ne fait rien sans le corps. Ainsi, se mettre en colère, s’emporter, désirer ou, d’une manière globale, sentir. Et c’est surtout l’opération de l’intelligence qui semble à un phénomène propre. Néanmoins, si cette dernière constitue encore une sorte de représentation ou ne va pas sans représentation, il ne saurait être question d’admettre non plus qu’elle se passa du corps. » .
Aussi la psychologie a-t-elle évolué, passant de l’étude de l’âme, de l’esprit et de la conscience pour arriver finalement à une partie de l’étude du comportement et de l’activité de l’homme. C’est ce que Pierre Naville nous exprime dans ce passage en disant que ,
« Se comporter, c’est agir, ou se conduire, d’une certaine manière. Etudier la conduite, le comportement, voilà l’objet de la psychologie. La psychologie est ainsi devenue une véritable science du comportement non seulement des êtres humains, mais aussi des animaux et en général des êtres qualifiés des vivants. » .
Dans ce passage, l’auteur définit la psychologie comme étant une étude concernant le comportement humain ou d’un être animé. Dans son étude, Piaget montre que ce comportement change selon l’évolution de la personnalité humaine, située dans des contextes différents . C’est pourquoi, en matière de psychologie sociale, la recherche effectuée concerne l’adaptation du sujet au milieu, là où se révèlent d’ailleurs des tendances psychoaffectives de l’enfant dans son rapport avec son environnement naturel et culturel. De ces tendances s’explique son comportement, sa conduite qui devient le champ de manifestation de sa personnalité. Voilà pourquoi Christian Rabaudy définit la conduite comme « la manifestation d’une personnalité dans une situation donnée, tel est le champ de bataille de la psychologie. » .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES PORTEES DE LA PSYCHOLOGIE DANS LA PEDAGOGIE
CHAPITRE 1 : LA PSYCHOLOGIE ET L’ENFANT
I-1.1. La connaissance de l’enfant
I.1.2- L’amélioration de la capacité intellectuelle de l’apprenant
I.1.3 L’adaptation de l’enfant
CHAPITRE2 : LA COMPREHENSION DU GROUPE CLASSE
I.2.1.La psychologie de la classe
I.2.2.La gestion de la classe
1.2.3 La communication en classe
DEUXIEME PARTIE : LE STATUT DE LA PHILOSOPHIE DE L’EDUCATION DANS LA PEDAGOGIE
CHAPITRE I LES FINS DE LA PHILOSOPHIE DE L’EDUCATION
II 1.1 La philosophie de l’éducation
II 1.2. Philosophie et science de l’éducation
II.1.3 Rapport de la philosophie et de la pédagogie
CHAPITRE II : PHILOSOPHIE ET LES TECHNIQUES PEDAGOGIQUES
II. 2.1 La maïeutique socratique
II. 2.2. Le respect de la liberté et de la nature de l’enfant chez Jean. Jacques. ROUSSEAU
II. 2.3 Le perfectionnement de l’humanité de l’enfant chez KANT
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DE MATIERES