Les politiques sectorielles confrontées à la superposition des échelons de pouvoir

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Des espaces pour aménager la ville

Les premières intégrations de l’agriculture dans les conceptions de la ville remontent au XIXème siècle, avec E. Howard notamment, qui a introduit pour la première fois la notion de « green belt » en 1898 (Campaign to Protect Rural England et Natural England (Agency) 2010). L’espace rural périurbain reçoit alors la mission de contrer l’étalement urbain spontané (Fleury et Donadieu 1997). Les espaces agricoles périphériques ont connu au cours du temps un changement de statut. D’abord considéré comme un vivier de réserves foncières, ce qui sous-tend à terme la perte de ses fonctions caractéristiques, l’espace périurbain est aujourd’hui en cours de revalorisation. En Europe, le phénomène a débuté au début des années 60, lorsque la régression des biens et services de « nature » a commencé à poser problème dans la société. Les rapports sociaux à l’espace agricoles se sont progressivement modifiés (Ibid.). En France, la logique urbaine a dominé pendant plusieurs décennies, l’aménagement était envisagé sous l’angle de la ville et de ses besoins (Mathieu 1998; Poulot et Rouyres 2003). À partir des années 70, l’espace rural acquiert une nouvelle légitimité et devient « un antidote aux maux de la ville » (Hervieu et Viard 2001). Une population plus variée s’installe en périphérie, ayant fait le choix de vivre dans un contexte rural. Les plans d’occupation des sols intègrent pour la première fois les espaces agricoles en tant qu’espaces économiques. Dans les années 90 en Ile-de-France, les espaces ruraux périurbains sont reconnus pour leur valeur urbaine, ce qui justifie leur protection en tant que ressources d’espaces publics. Ce tournant amène les chercheurs à considérer l’espace périurbain comme un objet géographique à part entière (Poulot 2008). La prise en compte de l’objet périurbain témoigne d’une nouvelle appréhension des relations ville-campagne. L’espace rural périurbain s’impose parmi les outils d’aménagement et de protection de l’environnement.
Les connaissances sur le rôle de l’agriculture dans l’aménagement des périphéries sont minimes, et le rôle assigné à l’agriculture parmi les autres activités périphériques est encore peu défini. Beaucoup reste à faire en ce qui concerne les articulations entre les activités agricoles et les autres activités métropolitaines. Il apparaît dans tous les cas que la frontière urbain/rural s’estompe de plus en plus (Arlaud (ed.) 2005; Fleury et Donadieu 1997). Les élus changent de discours et établissent de nouveaux rôles pour l’agriculture : service soutenant l’emploi local, le cadre de vie et l’approvisionnement de proximité (Bertrand, Douillet et Faure 2005; Theys et Emelianoff 2001). De plus, les espaces agricoles ainsi que les espaces périphériques dans leur ensemble prennent part à un processus de requalification de la métropole, participant au projet de ville durable (Ibid.; Mathieu et Guermond 2010; Levy et Emelianoff 2012). L’agriculture en ville est devenu « un bien commun capable de générer du développement durable » (Dabat, Aubry et Ramamonjisoa 2006). En Amérique du Sud, la réflexion sur le périurbain est récente. A. Collin Delavaud souligne que tant les décideurs, que les urbanistes et les chercheurs manquent de connaissance concernant les périphéries (Collin Delavaud 1993). Le terme générique « afueras » domine pour désigner ce qui est en dehors de la ville construite. Ce n’est que très récemment que les espaces périurbains des métropoles du Sud sont étudiés aux prismes des problématiques développées dans les Nords (Chaléard 2011; Chaléard (ed.) 2014). Dans beaucoup de villes d’Amérique Latine, le périurbain constitue une « découverte » datant des années 2000, c’est le cas par exemple de Buenos Aires (Le Gall 2013). C’est aussi celui de Lima, où les espaces périphériques ont été abondamment étudiés, à la fois par des chercheurs péruviens et étrangers, mais quasi exclusivement sous l’angle de l’urbanisation galopante non planifiée et des difficultés qui en découlent (Matos Mar 2004; Calderón 1999; J. C. Driant 1991; Deler 1974). Longtemps perçus comme un déversoir de la croissance urbaine, les espaces périphériques sont aujourd’hui consolidés, et jouissent d’une nouvelle image, où se concentrent les visages d’un nouveau Pérou » (Matos Mar 2012). Les terrains agricoles sont perçus comme des espaces en voie de disparition, brutale ou progressive, mais dont les fonctions ne suscitent pas de réel intérêt. Seul l’exemple spécifique de Villa El Salvador fait cas du rôle des espaces agricoles avec précision dans le cadre de la participation de l’activité à l’auto-construction et l’autogestion du quartier (Peattle 1990). Il s’agit à Lima du premier exemple de prise en compte de l’activité agricole dans la planification urbaine dès les années 70. Dans des contextes où les contrôles sur l’urbanisation font défaut comme c’est le cas dans les villes d’Amérique latine, le maintien d’espaces agricoles permet d’opposer un frein à l’extension urbaine, à moindre coût (Tricaud, 1996 cité dans Mesclier et al. 2014). Ces espaces peuvent potentiellement jouer un rôle important dans l’aménagement des périphéries.
Cependant, A. Collin-Delavaud souligne les flous des situations foncières dans les métropoles d’Amérique latine. Elle insiste notamment sur le rôle ambigu de l’État, oscillant entre désintérêt, laissez-faire et politiques de protection (Collin Delavaud 1993). Cette absence de définition du rôle des pouvoirs publics fragilise les espaces périphériques, selon J. Le Gall, « la prégnance, la vigueur, la multiplicité des pressions métropolitaines sur les espaces agricoles appelées « cônes »13, sont aujourd’hui consolidées14 de proximité sont plus fortes encore lorsque le rôle de l’Etat et de ses instances politiques dans la gestion de l’aménagement n’est pas clairement défini » (Le Gall 2013). Lima se retrouve dans cette situation de flou, et la situation évolue peu au cours du temps (Wagner 1988; J. C. Driant 1991; Calderón 1999; Faliès et Montoya 2010). L’étude des espaces agricoles interroge donc la gestion de l’étalement urbain et le positionnement des autorités vis-à-vis des périphéries.
Ces questions de fonction d’aménagement des périphéries par les espaces agricoles sont peu étudiés dans les pays des Suds (Dabat, Aubry et Ramamonjisoa 2006; Le Gall 2011; Chaléard (ed.) 2014). Les interrogations concernant l’aménagement des périphéries qui seront abordées ici à partir de problématiques développées dans les Nords présentent un caractère encore exploratoire.

Des espaces de vie pour les producteurs et les citadins

La « campagne » est, en Europe occidentale du moins, et probablement dans l’ensemble des pays des Nords, rattachée par des enjeux de cadre de vie, en parallèle des enjeux alimentaires déjà évoqués. Elle est le lieu où se déroulent les pratiques rurales (Donadieu et Fleury 2003). En France, dans les années 60, les espaces périphériques ne sont plus considérés comme des réserves foncières, mais comme des espaces pourvoyeurs de nature. Grâce au développement des transports et au faible coût du foncier dans les périphéries, on a observé un déplacement des citadins vers la campagne (Cavailhès et Schmitt 2002). Les habitants choisissent de vivre à la campagne mais en tant que citadins : la multiplication des migrations pendulaires permettent de concilier vie à la campagne et travail salarié en ville. Les autorités locales elles-mêmes encouragent l’installation des habitants en proche campagne afin de soulager les villes et d’éviter de les densifier (Bertrand et Rousier 2003). L’espace périurbain n’est plus un lieu de rejet, ni un lieu réservé à des populations pauvres à faible ancrage territorial (Donadieu et Fleury 2003).
Terminologie utilisée pour désigner les périphéries populaires, aujourd’hui décriée car elle reste connotée par l’origine illégale de ces quartiers et stigmatise leur pauvreté et leur insécurité (Durand 2010).
Le phénomène de consolidation des quartiers spontanés de Lima commence dans les années 50 et se traduit à la fois par une légitimation des quartiers, mais aussi l’installation des services de base tels que l’électricité, l’eau économiquement dynamiques (Matos Mar 2012). On observe des ensembles de plus en plus hétérogènes socialement, les classes moyennes et aisées étant attirées par une offre de logement de haut standing, dans des territoires où les densités d’urbanisation sont parfois moindres que dans les centres (Bensús Talavera 2018). Dans un tel contexte, nous nous sommes penchés sur l’utilisation – ou non – des territoires agricoles pour créer dans les périphéries des nouveaux espaces de vie. Les nouveaux arrivants dans les districts les plus excentrés de la métropole sont-ils à la recherche d’un espace de ruralité, ou profitent-ils simplement d’une aubaine foncière ?
Mais les agricultures urbaines et périurbaines peuvent aussi intervenir au sein des espaces urbains centraux. Des questions relatives aux fonctions sociales émergent fortement (Aubry 2014): les espaces agricoles en ville sont-ils en capacité de créer ou de recréer des liens sociaux ; présentent-ils des intérêts pour éduquer les habitants à l’environnement et à la nutrition ; peuvent-ils faire face à des situations de pauvreté?

L’utilisation du concept de nature en ville dans une ville des Suds

Le XXème siècle a été marqué par la place croissante des villes, à tel point qu’il « restera dans l’histoire comme [le siècle] de la généralisation planétaire de l’urbain » (Pommelet 1991). La tendance de l’hégémonie urbaine se vérifie toujours, avec plus de la moitié de la population vivant en ville en 2014 (54%) selon un rapport des nations unies (http:// www.un.org/en/development/desa /news/population/ world-urbanization-prospects-2014.html). Très vite, cette accélération de l’urbanisation a montré ses limites. L’urbain attire, mais la ville est souvent placée en situation d’accusée (Metzger et Couret 2002), considérée responsable de nombreuses pollutions globales et locales. La ville est confrontée à une situation de crise, à la fois en tant que milieu de vie et comme objet de gestion de ses territoires (Metzger 1994). De plus en plus, on fait écho de l’incapacité à gérer l’urbain et d’un étalement de la ville qui échappe au contrôle des autorités en place. L’étalement urbain est au cœur des préoccupations (Berque, Bonnin et Ghorra-Gobin 2006). Il conduit à l’apparition de nouvelles formes de villes, dans lesquelles la nature prend une place inédite. M. Bouraoui évoque une ville qui s’étale sur un territoire sans limite, dominé par la présence de la nature et au sein duquel s’exprime un nouvel attachement des citadins à cette présence de la nature » (Bouraoui 2000).
La nature est donc en passe de devenir un élément constitutif de l’urbain, remettant la question des rapports société/nature au cœur des préoccupations des chercheurs (Mathieu 2000). Cette intégration de la nature dans le milieu urbain force à repenser l’idée même de nature et à la distinguer de la « belle nature » d’une part; et d’autre part à différencier « nature » et environnement » (Ibid.). L’intérêt pour la question des liens entre la nature et le monde urbain est de plus en plus présent dans les recherches, mais celles-ci sont centrées presque exclusivement sur les villes des pays développés (Fournet-Guérin 2008). En réponse aux nombreux problèmes générés par la ville (pollution des sols, de l’eau et de l’air ; conditions de transports ; bruit ; transformation des paysages ; dégradation des espaces verts), le concept de l’environnement urbain apporte des réponses, ou tout du moins des voies de réflexion, à l’amélioration des conditions de vie en ville.
Ma thèse propose d’étudier un des aspects de la nature en ville, dans un contexte de pays en voie de développement, où cette question est souvent supplantée par d’autres priorités telles que le logement, la mobilité ou la réduction de la pauvreté (Ibid.)
Il apparait dès lors indispensable d’établir quelle est la conception de la nature dans notre propos. Dans le milieu urbain, l’idée de nature correspond dans les grandes lignes à la conception moderne de celle-ci, à savoir une nature sur laquelle le regard de l’homme est primordial, forte d’un contenu culturel important. Selon A. Berque, « la nature est forcément traduite en termes propres à une culture ; elle est intégrée au monde que l’homme est capable de concevoir, de percevoir et d’aménager. Dans ce cas, la nature ne se définit pas sans ou contre l’homme mais par l’homme » (Berque 2000). R. Raymond distingue quatre types de nature, toutes profondément rattachées à leur utilité potentielle pour l’homme : une nature fonctionnelle composée d’agroécosystèmes, une nature originelle qui s’incarne dans des espaces marginaux perçus comme sauvages, une nature esthétique incarnée par des symboles qui illustre un passé paysan idéalisé, une nature cadre de vie de populations heureuses d’habiter à la campagne ou dans les espaces périurbains (Raymond 2005).
Dans chacune de ces catégories, c’est bien le regard de l’homme qui définit l’identité de la nature. En ville, ce sont les citadins qui modèlent la nature, elle est pensée pour satisfaire leurs besoins (Mayté Banzo 2009). Les demandes en termes de natures se font plus intenses (Bourdeau-Lepage 2013) et prennent des nouvelles formes, qui s’expriment notamment par un nouvel attrait du périurbain.

Récupération des communs par l’activité agricole

La littérature radicale (McClintock 2014; Allen 2010; Gottlieb et Joshi 2010) insiste sur l’aspect politique de l’agriculture en ville, et plus exactement sur les facultés de l’activité à réclamer les Communs41, en opposition à une « utilisation des espaces urbains d’une manière sélectivement exclusive » (Festa 2016).
Les communs ne désignent pas uniquement des biens, des ressources ou des richesses. Ils prennent part à un système dans lequel ce sont les arrangements sociaux, entre individus, qui régulent la maintenance et l’utilisation des ressources naturelles (Colding et Barthel 2013). Le contrôle et
l’encadrement des droits appliqués sur la ressource sont dans les mains d’un groupe, d’une communauté d’utilisateurs ou d’usagers identifiable ; ces groupes ont souvent dessiné eux-mêmes leurs propres règles de gestion (Ostrom et al. 1999; Berkes et Folke 1994). « Ce sont des ressources plus une communauté définie et des protocoles, valeurs et normes inventés par cette communauté pour gérer certaines ressources comme des communs » (Bollier 2014).
A Lima, cette récupération des communs peut s’exprimer par l’utilisation des espaces publics laissés inoccupés. Il peut s’agir de terrains de plusieurs m², mais aussi de terrains beaucoup plus réduits, micro-parcelles le long des routes, aux abords des trottoirs, exploités par les habitants pour y planter un arbre fruitier ou des produits maraîchers divers (plants de tomates, de pimets, laitues etc.). Contrairement à ce que l’on peut observer dans certaines villes des Nords, où ces espaces On utilise ici le terme de « Commun » plutôt que celui de « biens communs », à l’instar d’E. Le Roy, qui s’oppose à cette formule la qualifiant d’oxymore, « le bien étant discrétionnairement aliénable et le commun ne l’étant pas et ne pouvant l’être sans perdre sa qualité de commun » (Le Roy 2016). sont cultivés et laissés à l’usage de tous, à Lima on observe plutôt une privatisation de fait de l’espace public. Cette affirmation n’est perceptible qu’après avoir discuté avec les protagonistes de ces espaces, ceux qui les ont mis en place. Il apparaît alors des expressions telles que « mon arbre », « mes plants » pour désigner des éléments se développant sur des espaces publics. Or, cet aspect de propriété se place à l’opposé de l’idée de Communs (Le Roy 2016). La finalité de ces mises en valeurs d’espaces inoccupés et parfois laissés à l’abandon n’est pas de « faire commun » et de « réunir les conditions d’une bonne vie selon les critères locaux » (Ibid.) – ou selon l’expression de Bollier et Helfrish « commoning » (Bollier et Helfrich (eds.) 2015) –mais bien de marquer le territoire et d’imposer de la propriété sur des espaces publics.
Les intentions des habitants sont-elles de contrer le système alimentaire en place ? Il est peu probable que ce soit le cas, mais la démarche d’occuper des espaces publics, parfois très modestes, pour y cultiver des plantes comestibles est à rapprocher des « guerilla gardener », qui transgressent et valorisent les espaces urbains en créant des paysages comestibles.

L’agriculture en tant qu’activité intégratrice à la ville

La recherche attribue à l’activité agricole en ville des capacités intégratrices. Au travers de l’agriculture, les producteurs trouveraient une place en ville, profiteraient d’un réseau leur permettant d’accéder plus facilement aux ressources de production et seraient ainsi susceptibles de créer des groupements capables de peser dans les décisions politiques.

Une activité rurale créatrice d’espaces inédits d’urbanité ?

L’agriculture en ville offre des possibilités de vie en ville, même si « urbanité42 » et activité rurale ne constituent pas un couple allant de soi. Toutefois, le corpus bibliographique aborde cette question sous l’angle économique en mettant en avant les possibilités offertes par l’activité agricole : accès à une activité rémunérée pour des populations parfois exclues du marché du travail, second revenu pour des ménages en difficulté, travail des femmes (Moustier et Mbaye 1999b).
On se réfère ici au terme « urbanité » tel que mobilisé par J.Monnet, rassemblant « les manières d’être en ville, les modes de territorialisation » (Monnet (ed.) 1999). L’urbanité désigne en fin de compte tous les caractères sociaux de l’espace urbanisé (Gervais-Lambony 2001).
D’autres recherches ont mis en évidence l’insertion de l’activité au sein u système global de la ville-marché (Moustier 1999). Enfin, on s’est intéressé aux travailleurs de l’activité, à leur intégration et à leur approche de la citadinité (Franck 2006).
Dans tous les cas, il est nécessaire de dépasser l’idée selon laquelle l’activité agricole n’est qu’un reliquat d’un passé rural de populations nouvellement arrivées en ville. À Kampala, B.Calas décrit l’agriculture clairement comme une activité qui contribue et facilite l’intégration à la ville. L’entrée au secteur n’est ni ouverte, ni libre. Au contraire, pour s’y intégrer, un apprentissage et une connaissance de la ville sont nécessaires. À Kampala, le champ participe à la définition d’une urbanité spécifique. Des travaux plus récents se sont efforcés de démontrer que l’agriculture urbaine dans les villes des Suds, bien que constituant une opportunité pour des populations pauvres d’obtenir des rétributions et permettant d’absorber des migrants ruraux ; n’est plus l’apanage des pauvres et représente aussi un investissement pour les riches citadins (Robineau 2013). Il est nécessaire d’aller au-delà des visions stéréotypées, et de comprendre l’activité agricole comme une activité urbaine comme une autre. Selon Fleury et Donadieu, « c’est ensemble qu’espaces cultivés et espaces bâtis participent au processus d’urbanisation et forment le territoire de la ville » (Fleury et Donadieu 1997). Il est possible de créer des nouveaux espaces d’urbanité grâce à l’intégration de l’agriculture au sein des territoires urbains.
Ces nouveaux espaces d’urbanité se constituent grâce aux réseaux tissés par les acteurs de l’activité agricole. L’intégration des producteurs à la citadinité est basée sur l’accès à la mobilité et à la complémentarité entre espaces acteurs et activités (Robineau, Tichit et Maillard 2014). L’exemple de Bobo au Burkina Faso évoque selon les cas des liens sociaux étendus ou au contraire concentrés, mais dans les deux cas ils témoignent d’une intégration particulière à la ville. A Saint-Louis, l’ancrage citadin est gage de pérennité de l’activité agricole : les savoirs et compétences accumulés et les réseaux de sociabilité citadine sont des éléments constitutifs de l’activité (Ibid.). À Buenos Aires, les populations boliviennes migrantes ont progressivement remplacés les acteurs traditionnels de la ceinture maraîchère (les italiens, portugais et japonais), pour devenir les figures incontournables de l’alimentation en légumes de la ville. L’installation de ces populations a provoqué une restructuration profonde des espaces de production et de commercialisation de la ville, posant ainsi leur empreinte sur la capitale argentine (Le Gall et García 2010).
Lima, ces relations entre activité agricole et intégration à la ville ne sont pas des plus évidentes. En effet, les travailleurs agricoles émettent peu de demandes quant à l’intégration en ville. Nous le verrons au cours des chapitres suivants, on est parfois confronté à une négation de l’appartenance
à la ville. Au contraire, si l’on se penche du côté des urbains, on peut déceler des attentes autour de la création de nouveaux espaces de sociabilité dans des espaces agricoles. Les Liméniens, souffrant du manque d’espaces verts, sont à la recherche d’espaces récréatifs ouverts, leur permettant pendant un temps d’échapper au stress et à la grisaille de la capitale. Pour les familles, cet éloignement ponctuel de la ville s’exprime avec plus d’intensité, la campagne pouvant dans certains cas revêtir des vertus éducatives.
Mes enfants à Lima n’avaient jamais touché un animal, ils ne savaient même pas à quoi ressemblait une poule alors qu’on en mange tous les jours. Tu aurais dû voir la tête de ma fille la première fois qu’elle a vu une chèvre ! C’est important de ne pas couper tous les liens avec la nature, surtout pour nos enfants. Moi j’ai grandi à la campagne, ça me rend triste de savoir que ma fille ne joue pas avec des animaux »43
Ces deux témoignages indiquent certaines des attentes autour des espaces agricoles. Le premier témoignage atteste de l’importance des espaces ruraux dans l’éducation des enfants, alors que le second met en évidence la recherche d’espaces récréatifs, tout en assurant la sécurité de tous. Les
demandes sont variées, certains urbains insisteront sur un idéal bucolique des espaces agricoles, alors que d’autres sont avant tout à la recherche d’espaces ouverts, les caractéristiques agricoles étant secondaires voire superflues.
Les demandes de sociabilité autour des espaces agricoles sont bien à apprécier du côté des citadins plutôt que de celui des producteurs, qui ne se reconnaissent pas forcément dans la figure de l’urbain. Un des défis se présentant aux exploitants agricoles est de s’approprier ces demandes pour créer des espaces promouvant les liens sociaux avec des urbains exigeants et protéiformes.

La vallée du Chillón, un réservoir de terres marqué par une urbanisation forte

La vallée du Chillón, au nord de la ville, est à l’heure actuelle une des dernières réserves foncières de la capitale, et celle où la transformation des terrains agricoles pour l’urbanisation est la plus marquée (INEI 2014a). Mais malgré ces pressions fortes, l’agriculture continue à y être une activité dynamique, voire rentable pour ses acteurs (Leloup 2012).
Carabayllo est incontestablement le district de la partie basse de la vallée du Chillón qui concentre la part la plus importante de surfaces agricoles. En parallèle, Puente Piedra et Comas sont les deux autres districts de la vallée où l’on retrouve des exploitations agricoles, mais de façon beaucoup plus éparse, ces districts ayant été urbanisés précocement. En dehors de Lima métropole, la province de Canta, voisine directe du district de Carabayllo, qui s’étend au sein de la partie médiane de la vallée, est marquée par l’importance des activités agricoles et d’élevage (Moquillaza 2000). On observe donc un gradient de présence de l’activité agro-pastorale le long du fleuve Chillón, depuis la partie basse où l’activité agricole est absente ou très fragilisée (Ventanilla, Puente Piedra, Comas), jusqu’aux parties médianes et hautes (Carabayllo puis Canta), où l’activité
est primordiale.

La vallée du Rímac, des espaces agricoles transformés par l’urbanisation

L’activité agropastorale connaît des difficultés dans la partie est de la ville. On y retrouve des traces d’une activité agricole au travers des étendues de gazon et de quelques parcelles horticoles. Des espaces verts se maintiennent cependant grâce à l’installation de populations aisées dans les districts longeant le fleuve. Mais ces espaces sont quasiment invisibles pour le visiteur, et ils ne répondent pas à des logiques productives. Quelques zones spécifiques (Carapongo, Nieveria, Naña) demeurent productives et une poignée d’exploitants continuent de vivre de l’activité, dans des conditions contraignantes. La zone est logiquement devenue une zone d’intervention privilégiée pour les ONG et autres projets de soutien à l’activité agricole. Cela ne suffit pas pour autant à redynamiser la zone et à lutter durablement contre la perte des terrains.
Cet affaiblissement peut se lire dans les bases de données également. Pour les vallées du Chillón et de Lurín, nous avons pu profiter du recensement géographiquement référencé des parcelles mis en place par les acteurs institutionnels de ces vallées. Pour la vallée du Rímac cependant, il était impossible d’accéder à ces données détaillées, nos informateurs nous signalant qu’elles n’existaient pas. Ainsi, l’activité apparaît tellement affaiblie que le géoréférencement des parcelles ne semble pas utile aux spécialistes de l’activité.

Une activité éloignée des marchés urbains

Le marché des consommateurs de Lima métropole représente à première vue une aubaine pour des producteurs de denrées agricoles situés aux abords de la ville. La première partie de ce travail mettait en avant des besoins clairement définis, notamment en termes de nourriture de qualité et d’aliments précis (forte demande en chair de poulet par exemple). Mais les potentialités, même fortes, ne parviennent pas toujours à se transformer en réalisations concrètes. Cette section a pour but de présenter l’organisation actuelle de la filière commerciale des exploitations agricoles liméniennes. Plusieurs points seront considérés : le poids actuels des producteurs de proximité dans l’approvisionnement de la ville (III.1), les nouvelles directions prises par les exploitants (III.2) et enfin les structures des réseaux d’acteurs (III.3 et III.4). Concernant ce dernier point, il s’agit à la fois des réseaux créés entre producteurs et commerçants et des réseaux réunissant les producteurs entre eux. III.1. Participation secondaire de l’agriculture de proximité à l’approvisionnement de Lima La partie précédente mettait en évidence l’immense marché de consommateurs que représentait Lima métropole : plus de 9 millions d’habitants en 2017 à qui il faut procurer de la nourriture quotidiennement. Dans cette optique, les espaces agricoles de proximité ont potentiellement un rôle à jouer dans l’approvisionnement quotidien et la sécurité alimentaire de la métropole.
Il est possible de vérifier dans quelle mesure l’activité agricole présente aux abords de Lima remplit ces fonctions alimentaires, grâce à un outil mis en place par le ministère de l’agriculture péruvien, le SIEA (Sistema Integrado de Estadisticas Agrarias – Système intégré de statistiques agraires) qui fournit régulièrement des informations concernant les productions agricoles et d’élevage, et les prix du marché. Les annuaires du SIEA sont publiés tous les ans et permettent d’avoir une idée de l’évolution de l’activité au cours du temps. Ils donnent des informations sur les quantités produites chaque année et sur l’évolution des prix des produits au moment d’arriver sur les marchés de gros. Il est possible de désagréger ces données, isoler les chiffres concernant Lima région et Lima métropole et analyser ainsi les participations de ces ensembles dans la production nationale, et leurs caractéristiques propres.
En 2014, le volume annuel de production agricole issu de Lima métropole (tous types de produits confondus, commerciaux comme vivrier) atteignait 454 187 tonnes, soit autour de 0,77% de la production péruvienne pour la même année (Minagri 2015). Pour les produits maraîchers, une étude de 2010 met en évidence que seuls 3% des légumes maraîchers approvisionnant la capitale proviennent des vallées de Lima métropolitaine (Anicama 2010).

Des collaborations avec des entreprises agroindustrielles installées dans les périphéries

On a vu apparaître ainsi des phénomènes de « coordination verticale » (Ágreda 1999), ou des cas
d’agriculture sous contrat entre exploitants et entreprises agroindustrielles. Traditionnellement, l’agro-industrie produit des « biens supérieurs », non atteignables par les petits producteurs qui produisent des « biens inférieurs » (Ibid.). Les entreprises cherchent à coordonner les petites exploitations pour répondre à leurs besoins en matières premières pour des produits transformés. Deux cas particuliers illustrent ces liens, celui de la ciboulette lyophilisée et de la pomme de terre chips Lay’s, tous deux observés dans le district de Carabayllo.
Le premier cas de coordination verticale concerne la production de pommes de terre à frire pour l’entreprise Lay’s. Un contrat est mis en place entre les agriculteurs de Carabayllo et l’entreprise, sous l’appui d’une ONG locale (Covida) qui facilite la prise de contact entre ces deux acteurs, ainsi que l’ensemble des démarches administratives. Cette association a débuté en 2004, en 2012 30 exploitants étaient concernés par cette association, pour un total de 200 ha, et en 2016 un retour sur les lieux clés du projet nous a permis de confirmer la poursuite de cette alliance. Les agriculteurs fournissent des pommes de terre de la variété capiru ou cachan à l’entreprise, qui les transformera par la suite en chips pour le marché national. Les contrats sont valables pour une seule campagne agricole, et ne sont pas renouvelés automatiquement. C’est au moment de la vente que le producteur décide ou non de continuer la collaboration. Aussi, chaque année, de nouveaux agriculteurs peuvent prendre part à la collaboration, après inspection de terrain et présentation du titre de propriété (condition nécessaire à la signature du contrat ; assurant à l‘entreprise que les producteurs sont en mesure de lancer une campagne agricole). L’entreprise propose aux agriculteurs des prix d’achat de la pomme de terre fixes, quels que soit les prix du marché. C’est un avantage déterminant face à l’instabilité des prix, et un gage de sécurité pour les membres de cette association.
Covida est une ONG unique dans le territoire liménien, et tout particulièrement dans la vallée du Chillón où peu de projets sont mis en place pour soutenir l’activité agricole. Il s’agit du seul exemple d’organisme d’aide aux agriculteurs que nous avons pu recenser dans la zone. Selon les termes de Luisa Mendez, responsable du suivi de cette association, l’objectif de l’ONG était à travers ce partenariat « d’appuyer les zones périphériques à la capitale, souvent délaissées par les aides au développement, alors qu’elles sont totalement en marge du dynamisme économique de la ville ». C’est pour cette raison que le contrat s’applique dans une zone particulièrement enclavée de Carabayllo (Hurangal).
Le deuxième exemple de coordination verticale relevé prend également place dans la vallée du Chillón. Il s’agit de l’entreprise « Liofilisadora del Pacifico » produisant des herbes séchées et lyophilisées à destination de l’exportation, que nous avons repéré en 2012. En 2016 cependant, on nous informait que l’entreprise avait fermé ses portes, après plus de 15 ans d’activité, suite à des dysfonctionnements internes. Contrairement à l’entreprise Lay’s, le contact entre l’entreprise et les agriculteurs se réalisait sans le soutien d’organismes intermédiaires ; les exploitants étaient seuls à négocier face à l’entreprise, et ne prenaient part à aucun groupement. L’aire d’influence de l’entreprise, se situait à Santa Rosa de Quives, aux portes de Lima métropole dans la province de Canta. Les agriculteurs produisaient pour l’entreprise de la ciboulette et du basilic principalement, qui étaient par la suite destinés aux marchés européens et étatsuniens.
Dans les deux cas évoqués ici, les productions mises en place par les exploitants ne dépendent pas du marché urbain, mais sont directement liées au contexte urbain du fait de l’implantation en ville des entreprises citées. En effet, ces entreprises s’installent à proximité de Lima pour profiter des infrastructures de transports, indispensables pour toucher le marché nationale et surtout international (Gasselin 1997).

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Table des matières

Introduction générale
A. Aux origines de ma recherche, un intérêt partant des périphéries jusqu’au centre 
B. Une problématique qui s’insère dans un champ de recherche dynamique, mêlant ville et agriculture
B.1. Etude de l’agriculture urbaine sous le prisme d’une revalorisation de l’activité
B.2. L’agriculture urbaine à Lima, cas d’école ou cas désespéré ?
C. Des outils théoriques pour construire et traiter la problématique
C.1. Une thèse s’appuyant sur les travaux portant sur les relations ville-campagne
C.2. Un travail inscrit dans la géographie sociale
C.3. L’utilisation du concept de nature en ville dans une ville des Suds
D. Hypothèses et méthodes
D.1. Trois hypothèses guidant ma recherche
D.2. Le repérage des fonctions actuelles de l’agriculture à Lima
D.3. Les repérages des attentes placées dans l’agriculture par les acteurs exogènes
D.4. Le repérage des lieux de l’agriculture
E. Présentation du plan
Première partie: Les attentes d’une métropole des Suds autour de l’agriculture en ville
Chapitre 1: LIMA METROPOLE, 9 MILLIONS DE CITADINS A NOURRIR
I. Les habitudes alimentaires des Liméniens
I.1. La part de l’alimentation dans les dépenses liméniennes
I.2. Une offre diverse pour une population fragmentée
II. Les spécificités de l’alimentation liménienne
II.1. Des demandes carnées satisfaites par un marché spécialisé
II.2. Le lait, une opportunité manquée pour les productions locales
II.3. Une consommation de fruits et légumes semblables aux moyennes nationales
II.4. Des tubercules boudés sur le marché liménien
III. Des demandes de plus en plus exigeantes
Conclusion du chapitre 1 :
Chapitre 2: UNE AGRICULTURE POUR PALLIER UN AMENAGEMENT DEFAILLANT?
I. L’agriculture pour pallier les manques d’une ville peu pourvue en espaces verts.
I.1. Lima métropole, une ville grise et sans limites ?
I.2. Les espaces verts peinent à trouver leur place au sein de la ville et des usages des citadins
II. L’agriculture comme outil des politiques publiques : quels objectifs, quels acteurs cibles ?
II.1. Contenir l’avancée du front urbain : (sur)valorisation des attributs ruraux de territoires agricoles
II.2. Les injonctions autour de la durabilité de l’agriculture urbaine, urgence ou gageure dans une ville des Suds ?
Conclusion du Chapitre 2 :
Chapitre 3: LES ESPACES AGRICOLES, QUELS LIEUX DE SOCIALISATION POUR LES URBAINS?
I. L’agriculture au centre des préoccupations urbaines des habitants et producteurs.
I.1. Des liens à recréer dans les quartiers marginaux comme dans les quartiers plus nantis
I.2. Récupération des communs par l’activité agricole
I.3. L’agriculture en tant qu’activité intégratrice à la ville
II. Participation de l’agriculture de proximité à la création d’une identité gastronomique
II.1. Des Liméniens rassemblés autour de la gastronomie
II.2. Un dynamisme économique insufflé par le secteur culinaire
Conclusion du chapitre 3 :
Conclusion de la premiere partie
Deuxième partie Une agriculture qui se défend de la ville
Chapitre 4: UNE ACTIVITE TOURNANT LE DOS A LA VILLE
I. Construction de vallées agricoles : un socle commun aboutissant à des évolutions différenciées
I.1. Une agriculture traditionnellement tournée vers un marché lointain
I.2. Des zones productives éloignées et concentrées
I.3. Trois vallées agricoles aux évolutions propres
II. Les liens avec les territoires environnants : des territoires moins liméniens que provinciaux
II.1. Des espaces transversaux, appartenant à l’entre deux
II.2. Des habitants des périphéries qui s’identifient peu à la ville
II.3. Les relations villes-campagnes consolidées par une activité agropastorale mobile
III. Une activité éloignée des marchés urbains
III.1. Participation secondaire de l’agriculture de proximité à l’approvisionnement de Lima
III.2. Des changements de production tournés vers d’autres débouchés, non urbains
III.3. Des circuits de commercialisation déconnectés de la ville largement répandus
III.4. Des réseaux de producteurs fragiles et évanescents
Conclusion du chapitre 4 :
Chapitre 5: DES ACTEURS AUX MOYENS LIMITES
I. Les limites des exploitations à devenir « urbaines »
I.1. Les structures des exploitations liméniennes sont-elles propices à s’intégrer au système urbain ?
I.2. Des itinéraires techniques tournés vers la sécurisation des revenus
I.3. Des revenus suffisants pour se maintenir, insuffisants pour s’adapter ?
II. Des pratiques qui découlent d’une activité en permanence sur la défensive
II.1. Des cultures peu rémunératrices pour s’assurer une trésorerie
II.2. Des changements d’usage des terrains encouragés par les producteurs euxmêmes
II.3. Spéculation et autres activités de transition, aux dépends de l’activité agropastorale ?
Conclusion du chapitre 5 :
Chapitre 6: DES POLITIQUES EN DECALAGE, PEU TOURNEES VERS L’AGRICULTURE DES VILLES
I. Les politiques sectorielles confrontées à la superposition des échelons de pouvoir
I.1. L’implication difficile des représentants du ministère de l’agriculture
I.2. Les acteurs de la ressource hydrique : des interlocuteurs privilégiés pour les producteurs liméniens.
II. Des politiques trop tournées vers la demande au détriment de l’offre ?
II.1. Les ONG dans le territoire liménien et leur influence sur les politiques locales
II.2. Des municipalités entre dynamisme et indifférence
Conclusion du Chapitre 6
Troisième partie: Des demandes urbaines satisfaites, à l’origine de dynamiques innovantes et complexes 
Chapitre 7: DES AGRICULTEURS FACE AUX DEMANDES URBAINES
I. Des réponses à des besoins alimentaires spécifiques
I.1. Des productions urbaines qui se développent pour le marché urbain
I.2. Modification des circuits de commercialisation au profit de plus de proximité
II. Des réponses aux besoins de distraction : une offre adaptée à la diversité des liméniens
II.1. Transformation des terrains agricoles pour les citadins
II.2. Des espaces ouverts peu enclins à recevoir les populations citadines
Chapitre 8: DES URBAINS QUI S’EMPARENT DE L’ACTIVITE POUR SATISFAIRE LEURS DESIRS D’AGRICULTURE
I. Une activité des interstices qui s’expose et se dérobe à la ville
I.1. Une activité inhérente à la ville
I.2. Des expériences anciennes issues des quartiers auto-construits ouvrant la voie à l’institutionnalisation
I.3. Une agriculture qui s’insère dans des districts centraux pour un glissement des fonctions ?
I.4. Des espaces entre surexposition et invisibilité selon les liens à la ville
II. Les nouvelles appropriations des espaces verts et agricoles par les citadins
II.1. Les néoruraux dans une ville du Sud : quels ancrages et appropriations d’un territoire populaire ?
II.2. Conflits d’intérêts entre producteurs commerciaux et citadins agricolisés ?
Conclusion du chapitre 8 :
Chapitre 9: DES RELATIONS AGRICULTEURS/CITADINS AUX AMBIVALENCES SYSTEMATIQUES
I. Des interactions entre ville et espaces ruraux plus fortes, au profit des exploitants ?
I.1. L’éducation croissante des exploitants agricoles, vers une plus grande intégration des exploitations à la ville ?
I.2. Les opportunités de pluriactivité des producteurs
II. Des activités renouvelées, toujours au profit des producteurs ?
II.1. Le gazon, opportunité ou pis-aller
II.2. Le bio, conditions d’entrée et limites
II.3. Les circuits courts : « local trap » et inégalités d’accès
Conclusion du chapitre 9 :
Conclusion générale
ANNEXE 1 : Organisation des commissions d’irrigateurs sur le territoire liménien .
ANNEXE 2: Récapitulatif de la répartition des producteurs liméniens sur différents échelons administratifs
ANNEXE 3 : Récapitulatif des entretiens menés aupres des producteurs
ANNEXE 4 : Récapitulatif des entretiens menés auprès des institutions
ANNEXE 5 : Exemples de grilles d’entretiens
ANNEXE 6: Détail des dépenses de la population liménienne, 2013.
ANNEXE 7 : Répartition des marchés détaillants selon les aires géographiques de Lima métropole.
Bibliographie

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