Les politiques étrangères française et turque à l’épreuve du Printemps arabe

OUVERTURE LIBYENNE DE LA TURQUIE

La Libye et la Turquie du coup d’Etat à nos jours

De la période ottomane à l’occupation italienne

La Libye est un pays qui a connu 2000 ans d’occupation jusqu’à la déclaration de son indépendance. En effet, après les Phéniciens la Libye a été dominée par les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Ottomans et les Italiens.
La Libye était une ancienne province de l’Empire ottoman. Elle a été conquise grâce à Turgut Reis en 1553. En effet il s’agissait d’une province appelée Tripolitaine, qui fut occupée militairement par la Porte et rattachée à l’administration d’Istanbul sous l’autorité d’un Beylerbey nommé par le sultan. Il était assisté par des janissaires et en 1609 ce fut une révolte qui engendra un changement de régime local. Toutefois, le sultan continua à envoyer à Tripoli un gouverneur au pouvoir limité. En 1711 Ahmed Karamanlı, un descendant d’un corsaire turc, fut porté au pouvoir et devint le Beylerbeyreconnu par le sultan par la suite . Ainsi, Ahmed Karamanlı avait la main sur le pouvoir central, sur l’armée et sur les provinces. En raison des troubles qui s’ensuivèrent dans la région, en 1835 un gouverneur turc prit en main la province et jusqu’à la conquête italienne, le pays fut placé sous l’administration directe ottomane . Mais depuis le XVIIIè siècle, la Tripolitaine avait acquis une quasi-indépendance, car la dynastie des Karamanlı s’était appuyée sur les Arabes de la Tripolitaine contre les Turcs. Le rattachement à l’empire n’était réduit qu’à une suzeraineté, sans conséquences sur l’autorité locale . C’est ainsi que les relations se sont dégradées entre la Turquie et la Libye, car lors du démantèlement de l’Empire, la Libye fut l’une des premières provinces à se soulever contre l’administration ottomane . La première guerre de résistance face à la volonté d’occupation italienne fut entamée dans cette région par Mustafa Kemal Atatürk et Enver Paşa mais ce fut un échec et en 1912 l’Empire ottoman reconnut l’autorité italienne par le traité d’Ouchy.

De l’indépendance à la République de Kadhafi

Lorsque la Libye accéda à son indépendance en 1952, le pouvoir était entre les mains du roi Idris 1er . Ce dernier était proche du gouvernement turc et lui demanda régulièrement de l’aide et lorsqu’en 1969 le roi fut délogé, il était en vacances en Turquie . L’accès au pouvoir de Mouammar Kadhafi en 1969 changea le cours de l’histoire de la Libye et in fineces relations avec la Turquie, car le gouvernement turc a toujours été l’alliée des Etats-Unis. Cependant lorsqu’en 1974 éclata la crise chypriote, la Turquie fit l’objet de sanctions économiques par la communauté internationale et elle se tourna alors vers l’Orient afin de chercher de nouveaux alliés. C’est dans cette atmosphère que le régime libyen lui vint en aide et fourni à la Turquie des armes et du pétrole . En effet, la Turquie était considérée pour la Libye comme un pays appartenant à la région méditerranéenne. Ainsi, le 5 janvier 1975 un accord de partenariat fut signé à Ankara entre les Turcs et les Libyens lors de la visite du Premier ministre libyen Abd-al-Salaam Jalud. Ce partenariat engloba différents domaines : l’économie et le commerce, la culture et la main d’œuvre. En marge de ce partenariat, les deux pays ont même entamé des démarches afin de permettre la création d’entreprise dans les deux pays à travers l’ouverture d’une banque au fonds commun . Ainsi, la Turquie bénéficiait d’un soutien politique de la part du régime de Kadhafi, mais aussi d’un soutien économique. En contre-partie, la Libye souhaitait l’envoi de main d’œuvre turque. Ainsi, six cent milles ouvriers turcs ont été demandé par la Libye, dont 150 000 (tout en chiffre ou tout en lettre) ont été effectivement envoyés. En effet, le début de l’exploitation des gisements d’hydrocarbures et la croissance des revenus pétroliers durant les années 70, ont transformé la Libye en un Etat rentier, c’est-à-dire un foyer d’immigration largement variable selon les relations que le régime libyen entretient avec les Etats dont les ressortissants vivent ou travaillent en Libye.
Par ailleurs, nous constatons que dans les discours officiels turcs sur la Libye publiés sur le site officiel du Ministère des Affaires étrangères, les ressortissants turcs expatriés en Libye font l’objet d’attention particulière. Cela s’explique en partie par le fait que les Turcs soient très présents en Libye depuis les accords de 1975, même si leur nombre a considérablement diminué en raison des différents embargos qu’à subit la Libye. Il est important de préciser qu’après l’Europe, la Libye compte un nombre considérable d’expatriés turcs, c’est-à-dire 25 000 selon les déclarations du ministre d’Etat Ahmet Çağlayan. Ces derniers sont installés principalement en Benghazi, Derne et Tobrouk et travaillent dans le secteur du bâtiment. Le ministre déclare également la présence de 200 entreprises principalement dans le secteur du bâtiment.
Les relations entre la Turquie et la Libye ont été très bonnes depuis les années 80 et se sont encore améliorées avec l’arrivée au pouvoir du Ak Parti en 2002 dans le cadre de la politique de bon voisinage élaborée par l’actuelle Ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu.

La Libye et la Turquie sous AK Parti

Lorsque Ak Parti (Parti du Développement et de la Justice) est arrivé au pouvoir, la politique étrangère de la Turquie a considérablement changé. Il ne s’agissait plus d’être exclusivement préoccupé par l’Occident et en particulier de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, mais bien au-delà. La nouvelle diplomatie turque était désormais orientée vers les voisins proches et plus particulièrement vers les voisins arabes. Même si les relations de la Turquie aveccertains pays arabes n’étaient pas au beau fixe, avec la Libye les relations étaient, globalement, continues et bonnes.
Nonobstant le désastre de Necmettin Erbakan lors sa visite en Libye en 1996, au cours delaquelle il fut humilié par le colonel Kadhafi. Erbakan souhaitait mettre en place un grand marché commun musulman dont la Turquie serait le cœur. Kadhafi l’aurait humilié et rappelé sa fidélité à l’OTAN et à l’Occident tout particulièrement . Cette situation a engendré un gel des relations entre les deux pays, mais ce fut de courte durée, puisque Ak Parti les reprit dès 2000.Recep Tayip Erdoğan et le colonel Mouammar Kadhafi ont toujours entretenu de bonnes relations. Pour preuve, le Premier Ministre turc en visite en Libye pour le sommet Union européenneLibye, dont il a été l’invité d’honneur, a même reçu le prix international al-Kadhafi pour les droits de l’homme le 30 novembre 2010. Le prix en question est attribué/décerné chaque année depuis 1989 aux politiciens, hommes d’affaires ou encore personnes de la société civile, à travers le monde . Lors de son discours de remerciement, Erdoğan ajoute que « la Libye est un pays frère avec lequel la Turquie partage une culture commune, une histoire commune et des sensibilités communes. La Turquie a partagé au cours de l’histoire avec la Libye les mêmes maux et malheurs et joies, qui se traduisent aujourd’hui par des accords principalement économiques. Ce prix est un moyen supplémentaire pour rapprocher davantage le peuple turc du peuple libyen» . Rappelons tout de même qu’après la visite
de Necmettin Erbakan en 1996, Erdoğan est le premier à se rendre en Libye. Selon, Marc Semo, le cas libyen représente alors, pour la diplomatie turque, la parfaite illustration de ses choix insoutenable, car ils s’expliquent avant tout par des priorités économiques.
En effet, lors de sa première visite en Libye, en novembre 2009, Recep Tayip Erdoğan fut accompagné par 200 d’hommes d’affaires et s’en est suivit la signature de contrats dans différents secteurs. Le projet de zone de libre échange (Serbest Ticaret Antlaşması) fut négocié lors de cette visite et mis en œuvre début 2010 . Ce rapprochement s’est donc poursuivi à travers la signature d’accords d’association, ouvrant la voie à la suppression des visas entre les deux pays. L’objectif est, à terme, d’augmenter les investissements turcs en Libye et inversement, mais aussi augmenter le nombre de touriste libyen en Turquie et inversement. Ces négociations ont permis à la Turquie dès 2010-2011 d’augmenter les investissements, pour atteindre 15 milliards de dollars. Les exportations atteignaient déjà en 2009, 1,8 milliards de dollars . Selon Ahmet Davutoğlu, «cette région ne doit pas être vueuniquement en tant que producteur de pétrole, car dans la période de l’Antiquité, il s’agissait d’unerégion connue pour l’agriculture et le commerce. Ce qui faisait l’importance de cette région, c’était sa position stratégique, puisque c’était un point de passage important du commerce entre l’Asie et l’Europe» . Ainsi la politique du «zéro problème avec les voisins» est au point culminant avec la Libye, qui semble essentiellement, être un partenaire économique.

Du problème kurde au projet Gap

Au début des années 80 la Turquie a dut faire face au problème des terroristes PKK (Parti Karkeren Kürdistan), qui revendiquent leur autonomie et une partie des territoires turcs . Des opérations de lutte contre le terrorisme ont été lancées dans le Sud Est de la Turquie. Mais les membres du PKK étaient largement soutenus par la Syrie, qui leur fournissait des armes et leur permettait de s’installer sur les frontières turco-syriennes. Selon Baskın Oran, le régime de Hafez al-Assad avait une certaine sympathie pour le mouvement terroriste et entretenait des liens directs avec le leader Öcalan. Nous devons rappeler que le problème kurde remonte à une profonde angoisse turque en ce qui concerne ses frontières. En effet, lors de l’effondrement de l’Empire, les Occidentaux avaient partagé l’Anatolie en plusieurs entités et promis aux Kurdes un Etat kurde à cheval entre la Turquie, l’Irak et la Syrie . Lors de la guerre d’indépendance, la Turquie n’a jamais fait aucune concession sur ces territoires et la lutte contre le PKK est devenue le principal objectif de la politique intérieure turque. C’est pourquoi dans les années 90, les revendications du mouvement PKK soutenues par la Syrie, étaient non négociables pour le gouvernement turc. Par conséquent les relations avec le voisin syrien ne pouvaient être que mauvaises, en raison de l’impasse kurde. Vers la fin des années 90, la Turquie était sur le bord d’intervenir militairement en Syrie car elle aidait ce mouvement terroriste.
L’Etat-major avait exprimé les limites de la patience turque envers la Syrie lors d’une conférence de presse le 16 septembre 1998 en soulignant : «la Turquie a fait tout son possible pour maintenir de bonnes relations avec la Syrie, mais notre patiente a des limites. Toutes les dépravations proviennent de la Syrie et la Turquie est en mesure d’y riposter. Si la Turquie n’obtient pas ce qu’elle attend, toute action qu’elle entreprendra seront alors légitimes» . Selon Çağrı Erhan, la Syrie avait élaboré la théorie de «la guerre de deux et demi», c’est-à-dire nuire à la Turquie par des moyens indirects. Cette théorie ne fonctionnera que jusqu’à la fin des années 90 lorsque le leader du PKK fut arrêté au Kenya en 1999 après avoir été «chassé» de Damas. Après cet événement, les représentants turcs et syriens se sont rencontrés à Adana le 20 octobre 1998 afin de signer un accord, dans lequel la Syrie s’engageait à empêcher l’entrée de terroristes sur son sol, éliminer tous les camps du PKK établis en Syrie et enfin ne pas soutenir des mouvements séparatistes pouvant mettre en danger l’intégrité du territoire turc. Ce fut également l’occasion pour les deux pays de s’engager à améliorer leurs relations diplomatiques.
Selon Baskın Oran, il y a un lien incontestable entre le problème du mouvement PKK et le problème de l’eau dans la région, car les deux ont surgit au même moment, c’est-à-dire vers les années 80. Il semblait clair que la Syrie voulait mettre Ankara sous pression en jouant la carte kurde. Arrêter de soutenir le mouvement terroriste engendrait une contrepartie, c’est-à-dire que la Turquie devait faciliter l’acheminement de l’eau provenant du Tigre et de l’Euphrate. Rappelons qu’à la même période, le gouvernement turc avait entreprit un projet de construction d’une dizaine de barrages dans la région, appelé Güneydoğu Anadolu Projesi (GAP, en français Projet d’Anatolie du Sud-Est) . Un projet qui rendait directement les pays voisins dépendants de la politique turque et plus particulièrement la Syrie . De son côté le gouvernement turc n’avait d’autres choix que de coopérer avec les pays voisins afin de solutionner le problème du terrorisme, car le problème de l’eau et celui des Kurdes était interdépendant. C’est pourquoi en 1980 un protocole mixte fut signé entre l’Irak, la Turquie et la Syrie. Le protocole prévoyait un comité commun, destiné à coordonner le projet . Par la suite avec la présidence de Turgut Özal ce protocole s’est amélioré, car la Syrie contestait ce projet et considérait que les deux fleuves étaient des ressources naturelles que les deux pays devaient utiliser en partenariat . Malgré cela, le projet n’a pas été abandonné mais a profondément marqué les relations turco-syriennes dans les années 90. Un compromis fut tout de même trouvé avec la Syrie, puisque le projet réduisait de 35% le débit de l’eau privant ainsi la Syrie d’une ressource rare dans la région.

Un rapprochement déjà entamé dans les années 2000

Il semble important de rappeler que le rapprochement entre la Turquie et la Syrie ne s’est pas fait exclusivement après l’arrivée au pouvoir de Ak Parti. En effet, nous constatons un timide rapprochement avant l’arrivée de AK Parti après la signature de l’accord d’Adana en 1998. Le Président de la République turque Ahmet Necdet Sezer avait même fait sa première visite d’Etat en Syrie pour assister aux funérailles de Hafez al-Assad décédé en 2000. Au cours de cette visite des accords de coopération sur la sécurité, lutte contre le terrorisme, trafic de drogue sont signés entre les deux pays . En réalité, il s’agissait d’une «amélioration contrôlée» par Ankara, c’est-à-dire une tactique qui consistait à coopérer avec le voisin syrien mais il ne s’agissait pas d’une coopération et confiance totale . En réalité, il fallait toujours se méfier de la Syrie, car il y avait «entre la Syrie et la Turquie une guerre non déclarée». Selon Yasin Altinoğlu, la Syrie tant avec Hafez al-Assad qu’avec le fils, a suivi une politique étrangère réaliste, basée sur la recherche d’intérêt et le pouvoir. La Syrie est un pays hautement stratégique, car elle est voisine avec l’Irak à l’est, la Jordanie dans le sud, Israël au sud-ouest, le Liban à l’ouest et la Turquie au nord. Ainsi à partir de 2000, Bachar al-Assad a choisi de suivre une stratégie, qui avait déjà été entamée par le père. Cette politique consistait à éviter le conflit avec les grandes puissances occidentales, favoriser une politique pragmatique basée sur la diplomatie, utiliser son pouvoir de manière indirecte (utiliser davantage le pouvoir de nuisance indirecte tel que le Hezbollah), puis recherche d’alliance avec la Russie et l’Iran . Dans cette optique, la Syrie améliora ses relations
avec la Turquie dès le début des années 2000. Néanmoins pour comprendre les rapports de la Turquie avec la Syrie Mehmet Aydoğdu propose de l’analyser selon trois facteurs : facteurs historiques, l’influence occidentale et l’influence soviétique. De plus, la politique turque vis-à-vis de la Syrie est identique à celle qu’elle opère avec le Moyen-Orient, donc il propose d’analyser le Moyen-Orient avant d’analyser la Syrie. Étant donné que la Turquie au cours de son histoire a profondément modifié ses relations avec le Moyen-Orient, pour s’en rapprocher ces dernières années, la Syrie est alors devenue plus qu’un simple pays voisin, mais un partenaire stratégique.

La Syrie et la Turquie sous Ak Parti

Abbullah Gül déclara que «la porte d’accès à l’Orient pour la Turquie est la Syrie et la porte d’accès à l’Europe pour la Syrie est la Turquie» . En 2002, lorsque Ak Parti pris le pouvoir, l’objectif était de donner une nouvelle dynamique à la politique étrangère turque. Cela devait passer par la reprise des relations avec les pays voisins. Parmi ces pays, nous observons le spectaculaire rapprochement – même si cela avait déjà commencé quelques années auparavant – avec la Syrie. En effet, la Syrie n’est plus qu’un simple voisin, mais un pays «ami et frère» (Dost ve kardeşSuriye) avec laquelle une simple coopération ne suffisait plus.

La crise irakienne cause du rapprochement turco-syrien

Pour certains spécialistes, la crise irakienne est un événement clé qui a permis ce rapprochement, car les deux pays étaient contre le projet d’un Etat kurde . En effet, la Turquie avait certes combattu le terrorisme kurde face à la Syrie qui l’a soutenu pendant des années ;mais lors de l’invasion de l’Irak en 2003 par les Américains, les kurdes d’Irak ont massivement fuit vers les pays frontaliers, dont la Syrie qui était la première destination . Actuellement deux millions de kurdes y vivent mais sans avoir de droits politiques et culturels. En effet, lorsque nous observons de près les régions dans lesquelles vivent les Kurdes en Syrie, tout comme en Turquie, nous constatons qu’elles sont en sous-développement par rapport au reste du pays. Les partis politiques y sont interdits. Même si en Turquie un parti kurde existe , il n’en est pas moins qu’il est étroitement contrôlé et fait régulièrement l’objet de polémique et de fermeture. Ainsi, il en va sans dire que la Turquie et la Syrie mènent toutes les deux le même combat: la lutte contre la création d’un grand Etat Kurde, connu sous le nom du grand Kurdistan . Désormais les Kurdes qui étaient la cause ? de l’altération des relations turco-syriennes, semble être devenues – sous Ak Parti – l’objet de rapprochement.

Le rôle de médiation turque dans le processus de paix avec Israël

Le rapprochement entre la Turquie et la Syrie est tel que les Turcs sont autorisés à jouer le rôle de médiateur dans le processus de paix entre Israël et la Syrie. En effet, la nouvelle politique étrangère turque est basée sur le rejet d’une politique réactionnaire. La Turquie souhaite développer ses propres positions dans les crises régionales et internationales en conservant ses propres conditions. Ahmet Davutoğlu nous rappelle ces conditions dans un article publié récemment sur le site du Ministère des Affaires étrangères. Il souligne que «La Turquie souhaite agir avec confidence face aux bouleversements mondiaux» . Pour cela, selon le ministre, la politique turque doit également se transformer et mettre en place des mécanismes qu’elle n’avait pas auparavant. Cette transformation a commencé par la formation des diplomates, puis par l’augmentation des représentants turcs à l’étranger avec l’ouverture d’une trentaine d’ambassades en l’espace de deux ans à travers le monde. Ou encore dans des domaines tels que l’assistance, paix et la médiation. À ce titre, la Turquie a présidé de nombreuses conférences, ou réunions internationales destinées à promouvoir la paix et la sécurité . Le rôle de médiation que la Turquie avait commencé à jouer au début de l’année 2008 entre Israël et la Syrie dans le processus de paix fut une illustration de cette nouvelle politique étrangère a la turca. En effet, lors d’une visite de Recep Tayip Erdoğan à Damas en mai 2008, le Président Bachar alAssad a officiellement reconnu l’existence d’une médiation turque entre la Syrie et Israël. L’objectif était de pacifier les relations entre les deux pays et ainsi pouvoir régler le problème du Golan.

Signature des accords de coopération

La question est avant tout de savoir jusqu’où Ankara est prête à aller dans son rapprochement avec Damas. La solidarité «islamique» de Recep Tayip Erdoğan illustrée lors du sommet de Davos en 2009, nous incite à poser cette question. En effet, la nouvelle politique étrangère turque semble s’ouvrir à l’Orient tout en se refermant à l’Occident. Cette ouverture n’est pas uniquement politique, mais aussi économique et financière puisque la Turquie a signé des accords de libre-échange avec tous les voisins proches. La Syrie fut l’un des premiers pays avec lesquels Ankara a signé des accords de tous types. En effet, en septembre 2009 un Conseil de coopération stratégique de haut niveau (Yüksek Düzeyli Stratejik Işbirliği Konseyi) est mis en place entre les deux pays puis un forum des entrepreneurs (Türkiye-Suriye İşadamları Forumu). L’objectif est de faciliter les échanges de tous types entre les deux pays et rapprocher les deux partenaires. Cela a également donné naissance à la suppression des visas entre les deux pays dès septembre 2009.

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Table des matières
Remerciements 
Liste des sigles et abréviations 
Lexique turco-français 
Prononciation 
Introduction 
Chapitre introductif – choix du corpus et méthodologie 
SECTION 1 – DESCRIPTION DU CORPUS
A – Un corpus : délimitation et justification
1 – Définition et choix du corpus dans notre travail
2 – L’aspect spatio-temporel du corpus
B – Les limites d’un corpus
SECTION 2 – L’ANALYSE DU DISCOURS POLITIQUE
A – La nature du discours politique
B – Les limites du discours politique
Chapitre 1 – Une Diplomatie Renouvelée 
I – LES MUTATIONS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE
A – La nouvelle approche française du monde arabe
1 – Définition de la politique arabe
2 – De lʼinstauration de la Vème République et les bases mises en place par de Gaulle
3 – Lʼère Sarkozy et lʼambition réformatrice
B – Les initiatives en direction de la Libye
1 – Lʼhistoire de la Libye
2 – La Libye et la France du coup dʼEtat à nos jours
3 – La Libye et la France sous Nicolas Sarkozy
C – Les initiatives en direction de la Syrie
1 – Lʼhistoire de la Syrie
2 – La Syrie et la France du coup dʼEtat à nos jours
3 – La Syrie et la France sous Nicolas Sarkozy
II – LES MUTATIONS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE TURQUE
A – La nouvelle politique étrangère de la Turquie
1 – La politique étrangère turque avant lʼarrivée au pouvoir dʼAK Parti
2 – La politique étrangère turque après lʼarrivée de AK Parti au pouvoir
B – Ouverture libyenne de la Turquie
1 – La Libye et la Turquie du coup dʼEtat à nos jours
2 – La Libye et la Turquie sous AK Parti
C – Lʼouverture turque en Syrie
1 – Du coup dʼEtat à nos jours
2 – La Syrie et la Turquie sous Ak Parti
III – CONSÉQUENCES DE LʼOUVERTURE : DOUBLE RIVALITÉ FRANCO-TURQUE
1 – Rivalité politique
2 – Rivalité économique
Chapitre 2 – Les politiques étrangères française et turque à l’épreuve du Printemps arabe
I – LES RÉGIMES ARABES EN SURSIS
A – L’origine du printemps arabe
1 – Pourquoi parle-t-on de «printemps arabe» ?
2 – Les origines des soulèvements populaires
B – La crise libyenne : état des lieux
1 – Le déclenchement
2 – La réaction de l’Occident
3 – La fin d’une dictature
C – La Syrie : le début d’une tempête sans fin
1 – Le déclenchement
2 – La gestion de la crise par la Communauté internationale
II – LA DIFFÉRENCE D’APPROCHE DANS LA CRISE LIBYENNE
A – La Turquie gardienne des valeurs humanitaires ?
1 – Longe période d’atoirement turque
2 – Rôle médiateur et appel à une intervention humanitaire
3 – Le volte-face et la récupération du terrain perdu
B – La France combat pour une intervention militaire
1 – Le volontarisme français suscite des interrogations
2 – La France aux avant-postes, l’Union européenne à l’arrière
3 – La mission universaliste française remise à l’ordre du jour
C – L’apogée de la débâcle franco-turc
1 – Montée de la crise pendant les révoltes
2 – L’après Kadhafi : quelle place pour la France et la Turquie ?
III – LA DÉROUTE FRANCO-TURQUE DANS LA CRISE SYRIENNE
A – La poursuite d’une politique de deux poids et mesures de la France
1 – Manque de réactivité et ambiguïté du comportement français
2 – La méthode est identique mais le résultat diffère
3 – Un timide rapprochement avec le ‘rival’ turc
B – Les déboires de la politique du zéro problème
1 – Le dialogue et la coopération comme principale ligne de conduite
2 – Un ami transformé en ennemi
3 – La position géographique de la Turquie et les risques de son engagement
C – Une rivalité transformée en coalition par l’impasse syrienne ?
1 – Les raisons de l’impasse en Syrie
2 – La France et la Turquie unies dans la recherche d’alternative
2 – Ambiguïté du comportement franco-turc
3 – La remise en cause profonde de l’ONU
Conclusion 
Bibliographie 
Annexes 

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