Les politiques du vieillissement et l’avènement de la question des migrants âgés

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Les fondations du projet de recherche, au croisement de l’immigration et du vieillissement.

La recherche initiée étant au croisement de l’immigration et du vieillissement, une contextualisation historique, démographique et politique de l’évolution de ces deux domaines est importante dans le cadre de la thèse. En effet, ces différents développements doivent permettre d’appréhender l’émergence de la question sociale des migrants vieillissants, sans pourtant dissocier ces publics des contextes sociopolitique, historique et territorial au sein desquels ils s’inscrivent. Avant d’amorcer la présentation de ces contextes (1.1.1.), il convenait dans un premier temps de revenir sur l’émergence du projet doctoral et de ses fondements initiaux. Après avoir décrit comment celui-ci a été amorcé et ce en regard de constats de départ, c’est l’ancrage(s) disciplinaire(s) de la thèse qui sera interrogé et présenté. Deuxièmement (1.1.2.), c’est un retour historique sur l’évolution de l’immigration en France qui sera proposé. Après avoir défini les notions associées à l’étude des migrations, les principales vagues migratoires qu’a connues la France dans son histoire seront développées. Ces connaissances permettront ensuite de (re)contextualiser les situations actuelles des immigrés en France, données importantes puisque les migrants âgés en font partie. Ces derniers sont également en position au vu de leur appartenance à une catégorie d’âge, de prétendre et bénéficier des politiques du vieillissement en France. Le projet de thèse souhaitant étudier leurs situations dans l’avancée en âge et dans la vieillesse, il est donc important dans un troisième temps (1.1.3.) de faire état de l’évolution des politiques du vieillissement en France et de l’avènement de la question du vieillissement des immigrés dans les champs politique et scientifique.

Constats de recherche, « filiations » scientifiques et positionnement(s) disciplinaire(s).

Un projet de thèse est rarement une expérience exclusivement personnelle, portée par un doctorant qui seul soutient et met en œuvre son projet de recherche doctoral. La thèse s’inscrit dans un environnement de recherche. En cela, il est souvent déterminé par les « filiations » qui lient le doctorant à son sujet de recherche, aux évènements qui précédent l’amorce de la thèse et aux scientifiques qui l’accompagnent. Le projet de recherche est également l’occasion de s’inscrire dans un champ disciplinaire, ce qu’il convient d’expliciter dans le cadre de la thèse.

Émergence du projet doctoral et constats de départ.

Le projet doctoral ici réalisé a pour fondation la proposition initiale de mon futur directeur de thèse. Ce dernier souhaitait engager un projet de recherche dans le cadre d’une thèse portant sur les conditions de vieillissement des personnes immigrées en France. Le choix de ce sujet de recherche a été envisagé au regard de différentes observations et constats de départ réalisés par S. Fleuret en tant que directeur de recherche au CNRS. En effet, il a eu dans le cadre de ses activités différents échanges avec des travailleurs sociaux en Maine-et-Loire qui lui ont fait part d’interventions auprès de personnes immigrées vieillissantes rencontrant des problématiques singulières dans leurs vies quotidiennes (isolement, précarité financière, non-recours aux solutions gérontologiques). Le partage de ces observations a été le premier élément déclencheur, permettant d’envisager la mise en œuvre d’une recherche en Maine-et-Loire. De plus, ce territoire était à cet instant dépourvu d’étude sur le sujet. Il y avait donc un intérêt certain à se positionner sur ce thème de recherche au regard des activités scientifiques de l’UMR ESO et de son ancrage en géographie sociale et de la santé. Un examen rapide de la littérature permettait effectivement de prendre conscience de la quasi-absence de travaux inscrits en géographie ou portant une attention spécifique aux enjeux socio-spatiaux existant dans ce thème de recherche.
Second élément déterminant, la présence dans l’UMR ESO-Angers de ma future co-encadrante de thèse, M. Plard. En effet, après avoir soutenu sa thèse en géographie sociale en 2012 portant sur le vieillissement et le care au sein des familles transnationales indiennes (Plard, 2012), M. Plard a été recrutée en 2013 comme chercheuse, chargée de recherche au CNRS au sein de l’UMR ESOAngers. Le projet scientifique qu’elle a porté et qui a été retenu par le CNRS s’intitule : Fin de vie et migration, « territoire de la vieillesse » (Plard, 2013). Ce projet scientifique est relié à la thèse mise en œuvre, puisqu’il s’intéresse à l’étude des « interactions entre vieillesses et migrations pour comprendre comment l’expérience de la fin de vie est vécue par les aînés lorsqu’elle est associée aux champs migratoires » (Plard, 2013, p 81). Au sein des deux focus groups retenus dans le cadre de son projet, l’un est directement en lien avec le projet de thèse puisqu’il est question des personnes vieillissant au Nord. Ainsi, en complément des observations de S. Fleuret, la présence de M. Plard au sein de l’UMR permettait de bénéficier de l’encadrement d’une chercheuse ancrée en géographie, ouverte aux apports disciplinaires d’autres courants de recherche (gérontologie sociale) et propice à l’étude des situations des migrants âgés.
Enfin a posteriori, l’amorce de la thèse s’est inscrite dans la continuité d’un agenda politique témoignant de l’intérêt croissant des pouvoirs publics aux enjeux de l’avancée en âge des immigrés en France. En effet, l’année 2013 avait été marquée par la mise en œuvre d’une mission d’information parlementaire sur les immigrés âgés en France par l’Assemblée nationale (Jacquat et Bachelay, 2013). Cette mission a représenté, en complément des résultats de recherche présents dans la littérature scientifique, l’une des principales sources d’informations pour se documenter et faire état des connaissances relatives aux immigrés vieillissants sur le territoire national.
Lors de l’année universitaire 2014-2015, le futur encadrement de thèse et moi-même avons proposé un dossier de candidature pour l’obtention d’un financement doctoral auprès de l’agglomération d’Angers Loire Métropole. Le projet de thèse soumis s’intitulait : « Les immigrés au seuil du grand âge », il avait pour finalité d’analyser les parcours de vieillissement des immigré(e)s âgé(e)s tout en portant un regard croisé sur des espaces distincts aux contextes spatiaux différents (Pays de la Loire et Île-de-France). En miroir des territoires français, il paraissait initialement intéressant d’envisager la réalisation d’un terrain d’étude à l’étranger (Québec), ce qui dans les faits n’a pu être mis en œuvre pour des raisons pratiques, financières et temporelles4. Deux axes de recherche étaient développés dans la réponse à l’appel à candidatures pour étudier le thème de recherche, tant auprès des migrants âgés (Axe 1 : Grand âge et dépendance, quelles expériences pour les personnes immigrées ?), qu’auprès des acteurs médico-sociaux, associatifs et gérontologiques intervenant auprès de ces publics (Axe 2 : Santé et territoire, quelles réponses territoriales aux enjeux du grand âge des immigrés ?). Ce projet s’inscrivait directement dans les objectifs de recherche du l’UMR ESO en développant une prise en compte globale des individus dans leurs contextes sociaux et spatiaux. Par le prisme des expériences de ces personnes, le travail doctoral souhaitait interroger les processus de vieillissement d’une population dite vulnérable et potentiellement plus exposée aux situations de risques et de vulnérabilité (Fleuret, Martineau et Plard, 2015). En mai 2015, l’agglomération d’Angers Loire Métropole a donné une réponse favorable permettant l’obtention d’un financement de trois années pour réaliser la thèse en géographie sociale. Le doctorat a alors officiellement débuté en octobre 2015.

Retour historique sur l’immigration en France.

L’histoire passée offre des clés de compréhension sur l’objet de recherche qu’il importe d’explorer et de présenter dans le cadre de la thèse, cela apparaît primordial au regard du vieillissement des immigrés. Ces derniers, s’ils vieillissent aujourd’hui en France, ont contribué dans un passé plus ou moins lointain en fonction du contexte de leur migration à l’histoire de l’immigration française. À cet égard pour appréhender leurs situations actuelles, il convient de développer diverses connaissances et données historiques. Après avoir proposé des définitions préalables consubstantielles de l’objet d’étude, les différentes vagues migratoires qu’a connu la France seront développées. Les migrants âgés ayant pu connaître une migration tardive au 21ème siècle, il était également important dans un troisième temps de faire état de données actualisées sur les immigrés en France.

Définitions préalables : étranger, immigré et migrant.

Avant d’amorcer la présentation des données historiques et démographiques sur l’immigration en France, il est essentiel d’expliciter et de définir les notions qui vont être mobilisées. Premièrement, la notion d’immigré doit être distinguée de celle d’étranger.
Selon la définition de l’INSEE, « un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française (…) Un étranger n’est pas forcément immigré, il peut être né en France » (Insee, 2016a).
Le terme d’immigré quant à lui, a représenté depuis près d’un siècle dans le langage courant une notion floue (Spire, 1999). C’est d’ailleurs souvent à la figure du travailleur étranger que la notion d’immigré était associée. Cette figure sociale de l’immigré s’est pourtant peu à peu diversifiée comme cela sera développé ultérieurement au vu des crises économiques qu’a rencontrées la France et également par le développement progressif du regroupement familial (Ibidem). Depuis 1990, cette notion correspond à une catégorie statistique à la suite de la définition qui a été officialisée par le Haut Conseil à l’Intégration (H.C.I). En effet, en 1991, le H.C.I. en tant qu’instance de réflexion et de propositions pour le gouvernement a défini la catégorie d’immigré. Selon la définition adoptée, le terme immigré correspond à une « personne née étrangère à l’étranger et entrée en France en cette qualité en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable » (Archive HCI, 2007). Trois critères caractérisent l’appartenance à la catégorie d’immigré : 1. Juridique, la nationalité de l’individu en amont de la migration, 2. Géopolitique, la traversée d’une frontière nationale et 3. Temporelle, s’installer pour une durée au moins égale à un an dans le pays d’accueil (Héran, 2016). Deux caractéristiques sont donc dans la définition d’immigré invariable, le lieu et la nationalité à la naissance (INSEE, 2012). Par rapport à la nationalité, la définition de la catégorie d’immigré implique qu’une partie des immigrés sont français puisqu’ils ont pu acquérir la nationalité française. En ce sens, la qualité d’immigré est permanente, puisqu’un immigré ayant acquis la nationalité française continue d’appartenir à la population immigrée.
Les concepts d’immigré et d’étranger ne sont donc pas synonymes. Selon le géographe G. Simon, le premier est géographique « fondé sur la mobilité de la personne qui change de pays de résidence » (Simon, 1995, p.12) alors que le concept d’étranger est juridique et « repose sur un statut politique et administratif particulier » (Ibidem).
Dans l’usage de la notion d’immigré, il faut aussi garder à l’esprit qu’elle correspond à une catégorie institutionnelle. En ce sens, elle ne traduit pas la réalité et la complexité des parcours et trajectoires12 dans la migration des immigrés. Le terme de migrant est ainsi fréquemment préféré dans la littérature au terme d’immigré, car l’immigration « ce n’est pas seulement la traversée d’une frontière, ce sont des allers-retours, des déplacements, des mobilités, des relations familiales et aussi un [ou des] ancrage[s] dans un [des] lieu[x] » (Imbert, 2016, p.39).
La notion de migrant pour l’ONU correspond à « toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels que soient les moyens, réguliers ou irréguliers, utilisés pour migrer » (ONU, 2018a). Bien que l’ONU ait proposé cette définition, il n’y a pas selon l’organisation internationale de définition qui soit unanimement reconnue juridiquement du terme migrant. Les définitions développées dans le champ scientifique permettent de préciser les différences existantes, la migration pour G. Simon correspond ainsi à « un déplacement de la population avec changement de résidence, d’une unité géographique à une autre. En élargissant l’approche, on peut considérer la migration comme le passage d’un « espace de vie » à un autre » (Simon, 1995, p.10). La migration lorsqu’elle est internationale, implique le fait de franchir une frontière, pour s’installer temporairement ou de manière permanente dans un autre pays (Perruchoud, 2007, p.49), Il y a ainsi un transfert de résidence d’un État à un autre (Simon, 1995) ce qui renvoie par le franchissement d’une frontière internationale à un moment donné du parcours de vie à la définition d’immigré en France. La migration internationale s’inscrit cependant géographiquement dans des espaces aux dimensions très disparates, que la migration soit régionale, intracontinentale ou intercontinentale (Simon, 1995).

Évolution des principales vagues migratoires successives en France.

Composante ordinaire de la dynamique des sociétés selon F. Héran (2018), les migrations font partie de l’histoire humaine, et ce depuis tout temps. Selon la définition du Haut Conseil à l’Intégration, l’immigration correspond à un « phénomène désignant des mouvements de population d’un territoire vers un autre. Somme théorique, à un moment donné, des flux d’immigrés et des « stocks » de personnes immigrés depuis un temps déterminé sur le territoire » (Archive, HCI, 2007). En regard de cette définition, on perçoit que l’immigration implique ce que G. Noiriel (2010) qualifie de double processus, c’est-à-dire premièrement un déplacement dans l’espace, et deuxièmement le franchissement d’une frontière. Pour ce chercheur, parler d’immigration, et non pas seulement de mobilité a été possible à partir de la constitution d’État-nation. « Lorsque l’on parle d’immigration, on se place du point de vue du pays d’accueil. Le terme d’immigration a été forgé par la bureaucratie et les politiques : ce n’est pas un terme neutre » (Noiriel, 2010, p.32).
Au XIXe siècle, la France est l’un des premiers pays d’Europe à mettre en pratique l’immigration dite massive notamment au regard de la précocité de sa transition démographique (Simon, 2015). Conjointement à l’émergence de la révolution industrielle qui engendre des besoins nouveaux de main-d’œuvre, la France voit sa natalité diminuer. Les naissances deviennent même inférieures au décès en amont de la Première Guerre mondiale. La main-d’œuvre étrangère va dès lors se substituer à la population nationale « dans les secteurs délaissés : dans l’agriculture, où sévissent les effets de l’exode rural, dans les industries urbaines et dans les services domestiques également » (Simon, 2015, p. 39).

Les politiques du vieillissement et l’avènement de la question des migrants âgés.

S’ils sont immigrés, les publics étudiés sont également à première vue « âgés » en regard des catégories existantes. En cela, il importe de pouvoir inscrire leurs situations, comme partie prenante de la population française et dans le contexte tant sociodémographique, que politique du pays d’immigration dans lesquels ils poursuivent aujourd’hui leur vie. Car en tant que personnes « âgées », les immigrés vieillissants bénéficient des dispositifs et de la législation en direction des personnes retraitées, âgées, immigrées ou non, mises en œuvre par l’État français (sous certaines conditions de résidence parfois). Il importe donc de contextualiser en France les principales évolutions tant démographiques que politiques qui ont jalonné l’histoire de la vieillesse. Dans le cadre de cette sous partie, premièrement les données présentées permettront d’interroger en quoi le vieillissement démographique est devenu une préoccupation majeure de notre époque et de questionner les usages notionnels associés à l’âge et la vieillesse. Dans un second temps, les principales évolutions des politiques publiques du vieillissement en France seront exposées pour introduire les paradigmes ayant marqué ce champ d’action politique. Cela permettra dans un troisième et dernier temps, d’interroger comment la problématique du vieillissement des migrants a émergé en France, mais également d’introduire comment cette question sociale a été prise en considération par les pouvoirs publics et les politiques du vieillissement, mais également par le champ scientifique en France en regard des données présentées en amont.

Vieillissement, perspectives démographiques et enjeux notionnels.

Le vieillissement est un phénomène mondial et la majorité des pays du monde connaît une croissance de sa population de personnes âgées. Si le 20e siècle a marqué la création de la vieillesse (Léandre et Colette, 2004), le 21e siècle sera celui du vieillissement (Dumont, 2005). Le vieillissement en cours représente ainsi l’une des plus grandes transformations sociales de notre époque et les projections démographiques du rapport « Perspectives démographiques mondiales : révisions 2017 » des Nations Unies confirment ce constat. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus continue de croître dans la majorité des régions du monde, cette augmentation devant se poursuivre dans les prochaines décennies (United Nations, 2017). Ainsi, en 2017, le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus dans le monde est estimé à 962 millions de personnes, soit près de 13% de la population mondiale (avec une augmentation de 3% par an). Les projections démographiques des Nations-Unis estiment que d’ici 2030, le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus devrait atteindre 1,4 milliard de personnes, et plus de 2 milliards en 2050. L’augmentation de la population âgée à l’échelle du globe est donc presque inévitable selon l’instance intergouvernementale (Ibidem).
En Europe et en France, le vieillissement démographique est phénomène présent depuis longtemps, la population du continent européen étant l’une des plus âgées de la planète (l’Europe a la proportion de personnes âgées de 60 ans ou plus la plus élevée : 25% (United, Nations, 2017)). La France se positionne à la 14ème place sur 28 des populations les plus âgées en Europe, les enjeux associés au vieillissement sont pour autant relativement moins prégnants que pour d’autres nations européennes (Albertini, 2017). La baisse de la mortalité aux premiers âges de la vie, la vaccination, les progrès dans la lutte contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers, etc. (INED, 2018) sont autant d’éléments qui ont permis l’augmentation de l’espérance de vie (Figure 9). Si jusqu’en 1960, l’amélioration de l’espérance de vie était principalement la conséquence de la diminution de la mortalité infantile, depuis son augmentation est liée majoritairement aux évolutions et améliorations de la médecine en direction des populations âgées et à la baisse de la natalité observée depuis 1974. (Albertini, 2017 ; Parant, 2007). L’espérance de vie en France a presque doublé au cours du vingtième siècle15 pour atteindre en 2017 sur le territoire national une espérance de vie à la naissance de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes (INSEE, 2018a). À des âges plus avancés, l’espérance de vie est même plus importante pour les individus. En effet, en l’espérance de vie était inférieure à 25 ans et près de la moitié des enfants décédaient avant l’âge de 10 ans.
L’augmentation de l’espérance de vie va ensuite être progressive, mais relativement lente (45 ans en 1900) (INED, 2017a). « La durée de vie moyenne a plus que triplé en France en deux siècles et demi, passant de 25 ans en 1740 à plus de 80 ans aujourd’hui » (Pison, 2018) 2017, les données provisoires de l’INSEE estiment que les femmes âgées de 60 ans ont une espérance de vie de 27,5 ans et les hommes du même âge de 23,2 ans (INSEE, 2018b). Au-delà de l’espérance de vie, c’est l’espérance de vie en bonne santé qui représente un indicateur pertinent. En 2015, l’espérance de vie en bonne santé était de 64,6 ans pour les femmes et de 62,6 ans pour les hommes (INSEE, 2017)

Et les migrants âgés dans tout ça ? Préoccupation scientifique, attention politique.

Avant d’amorcer la présentation des résultats de l’état de l’art, il est primordial de recontextualiser l’émergence de ce thème comme objet de recherche pour la communauté scientifique, mais également l’appropriation des problématiques de ces publics comme domaine d’intervention pour les pouvoirs publics et de la société civile. Cet exercice s’ancre également pleinement dans les développements précédents proposés inscrivant l’émergence de la « problématique » du vieillissement des immigrés en regard de l’évolution historique, démographique et politique de la question du vieillissement en France.
– Le vieillissement des immigrés, une question récente ?
Si le vieillissement démographique est un enjeu central en France, il concerne tout autant les non-immigrés que les immigrés. Ces derniers vieillissent eux aussi et l’enjeu de leur avancée en âge a recueilli l’attention des pouvoirs publics tardivement. La prise en considération du vieillissement des populations immigrées par le champ politique est une préoccupation extrêmement récente, et ce en regard de l’ancienneté de la présence de la population immigrée en France.
Pour autant, le vieillissement des personnes immigrées n’est pas un « problème » nouveau (Noiriel, Guichard et Lechien 1992). L’évolution dans le temps des données démographiques permet d’appréhender que la part des personnes âgées dans l’ensemble de la population étrangère n’a pas changé depuis un siècle. « En 1891, 7,3% de la population étrangère étaient constitués d’individus âgés de 60 ans et plus. En 1982, 8% de la population étrangère étaient âgés de plus de 65 ans. La proportion des étrangers âgés a même diminué depuis le recensement de 1954 : 11,4% des étrangers en France étaient alors âgés de 65 ans et plus » (Ibid., p.9). Comme l’affirme G. Noiriel, « ce n’est donc pas le vieillissement des immigrés qui est nouveau, mais le fait que jusqu’ici les pouvoirs publics se désintéressaient du problème » (Ibidem). Il y a plus de 25 ans, M-H. Lechien (1992) exprimait que la raison de ce nouvel attrait relevait de la conjonction de deux éléments au croisement du vieillissement des immigrés, l’institutionnalisation de la gérontologie et de l’immigration.
Le constat de la nécessité d’étudier ce nouveau « problème social » s’imposait alors pour la communauté scientifique à l’instar de cet extrait du rapport du Fonds d’Action et de Soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) datant de 1992 : « Les chercheurs qui se consacrent depuis peu à l’analyse du vieillissement et de la vieillesse des immigrés arrivés en France dans les années 1950–1960 soulignent leur caractère « inédit », et l’urgence de mesures adaptées à une population qui arrive progressivement et bientôt massivement au terme de sa vie active, oubliée, usée, menacée par la précarité, et porteuse d’une culture ou d’une histoire nationale incorporée susceptible d’aggraver l’isolement que connaissent les personnes âgées en France » (Lechien, 1992, p. 69-70).

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Table des matières

AVANT-PROPOS – PARCOURS DE RECHERCHE ET CHOIX DE LA THESE PAR ARTICLES.
0.1. Cheminement personnel : du travail social à une immersion dans le champ scientifique.
0.2. Le choix de la thèse par article : valorisation et diffusion des données de recherche.
Présentation du plan de la thèse
PARTIE 1) LES MIGRANTS AGES – CONTEXTUALISATION.
1.1. Les fondations du projet de recherche, au croisement de l’immigration et du vieillissement.
1.1.1. Constats de recherche, « filiations » scientifiques et positionnement(s) disciplinaire(s).
1.1.2. Retour historique sur l’immigration en France.
1.1.3. Les politiques du vieillissement et l’avènement de la question des migrants âgés
1.2. Un panorama introductif des migrants âgés, méthodologie, données et résultat
1.2.1. L’état de l’art, méthodologie et données exploitées.
1.2.2. Immigrés âgés, quelles réalités démographiques et sociales en France.
1.3. Problématique, terrains et méthodologies de recherche.
1.3.1. À la recherche de l’originalité. Question et terrains de recherche.
1.3.2. Approche méthodologique des entretiens et limites des terrains d’étude.
PARTIE 2) – LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE COMME DONNEES DE RECHERCHE.
2.1. Article 1 – Les immigrés au seuil du grand âge : un questionnement à ancrer dans les territoires de vie Présentation de l’article.
Article développé :
2.2. Article 2 – Successful Aging ou vieillissement réussi, analyse d’un paradigme gérontologique
Présentation de l’article.
Article développé :
2.3. Article 3 – Les personnes âgées immigrées à l’épreuve du Successful Aging
Présentation de l’article.
Article développé :
CONCLUSION
PARTIE II – DISCUSSIONS AU REGARD DES HYPOTHESES DE RECHERCHE.
PARTIE 3) PRODUCTION DE DONNEES ORIGINALES ET NOUVEAUX TERRAINS EMPIRIQUES.
3.1. Article 4 – Le vieillissement des personnes immigrées en Maine et Loire.
Présentation de l’article.
Article développé
3.2. Article 5 – Vieillissement, migration et territoire, une approche territorialisée des enjeux du vieillissement des immigrés à Montreuil
Présentation de l’article.
Article développé :
3.3. Article 6 – Récits biographiques, témoignage des trajectoires plurielles des immigrés vieillissants. Situations en Maine-et-Loire
Présentation de l’article.
Article développé :
CONCLUSION
PARTIE III – DISCUSSIONS AU REGARD DES HYPOTHESES DE RECHERCHE.

DISCUSSIONS
BIBLIOGRAPHIE GENERALE

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