LES PLAIES PAR BALLE DES MEMBRES LORS DES EVENEMENTS POLITIQUES

Classification et législation Malagasy concernant les armes à feu et les munitions (5)

                La législation concernant la détention et le port d’arme est régie par la loi 69.011 (art. 106 1) du 22 Juillet 1969. L’armement est classé en cinq catégories :
1ère catégorie (armement militaire et assimilé) : toutes les armes pouvant tirer par rafales ainsi que les caractéristiques d’armes suivantes :
-Un magasin ou chargeur d’une contenance supérieure à dix cartouches,
-Une puissance à la bouche du canon, supérieure à 30 Kilogrammemètres,
-Un calibre supérieur ou égal à 9mm,
Toutes les autres armes quelles qu’en soient leurs calibres, la source d’énergie, et le type dont le mode de fonctionnement a été conçu pour un usage militaire.
2ème catégorie (armement dit de défense) : armement qui ne possède aucune des caractéristiques de celle de la 1ère catégorie à savoir : Armes de poing, pistolet automatique ou non, revolver, de calibre inférieur à 9 mm et dont la puissance à la bouche du canon est comprise entre 6 kilogramme-mètres inclus et 30 kilogramme-mètres exclus, Leurs munitions, parties constitutives, pièces et accessoires correspondant aux armes définies ci-dessus, à l’exception toutefois des munitions de 22 long riffle (classé en 3ème catégorie).
3ème catégorie (armement de chasse) : armement qui ne possède aucune des caractéristiques de celle de la 1ère et de la 2ème catégorie, à savoir : Armes d’épaule à canon rayé conçu pour : la chasse et le tir, quelque soit la source d’énergie propulsive, dont la bouche du canon est supérieure à 6 kilogrammemètres, Armes d’épaule à canon lisse de tous types et de tout calibre à percussion conçues pour la chasse ;Armes d’épaule comportant, à la fois canon lisse et rayé dont les caractéristiques correspondent à celles des armes citées ci-dessus ; Munitions, parties constitutives des munitions, pièces et accessoires correspondant aux armes ci-dessus à l’exception toutefois des projectiles d’arme à air comprimé (classée en 5ème catégorie).
4ème catégorie (armes blanches) : sabres, sagaies, hachettes.
5ème catégorie (armes de foire ou de salon) : armement qui ne possède aucune des caractéristiques des 1ère ,2ème ,3ème catégories, à savoir : Arme de foire et de salon de tous types, et de tous calibres quelle qu’en soit la source d’énergie propulsive, dont la puissance à la bouche du canon est inférieure à 6 kilogramme-mètres ; Arme de starter ou d’alarme à condition qu’elle ne puisse utiliser des munitions à balles, Armes historiques de collection, toute arme quelle qu’en soit la catégorie rendue définitivement et irrémédiablement  inutilisable. Seules les catégories 1 et 2 sont soumises à une réglementation. Les officiers et les sous-officiers en activité, les officiers de réserve, les fonctionnaires du service de police sont les seuls autorisés à détenir des armes de catégorie 1 et 2. En outre, les nationaux devraient, pour être autorisés à détenir une arme (2ème et 3ème catégorie), avoir honoré à leur obligation vis-à-vis du service national. Cette autorisation est obligatoirement limitée à 50 cartouches pour les armes de la 1ère et 2ème catégorie, 100 cartouches à balles ou à chevrotines pour les armes de 3ème catégorie.

Les différents types d’armes à feu (6)

Les armes d’épaule On distingue les armes à canon lisse et les armes à canon rayé.
Les armes à canon lisse : Les fusils et carabines de chasse qui ont généralement un ou plusieurs canons basculant, mesurent plus de 80 cm, tirent en général des cartouches à projectiles multiples (grenaille, chevrotine). Les fusils à pompe qui ont un chargement des cartouches (disposées les unes derrière les autres dans un magasin tubulaire) par mouvement de translation d’une poignée. Les fusils à canon scié, artificiel, augmentant la dispersion à courte distance. En «pratique civile», à l’exception des armes de chasse, les fusils les plus courants sont les fusils à pompe qui tire une cartouche de 18,2 mm et le fusil 22 long rifle qui tire une balle de 5,5 mm. Armes de «monsieur tout le monde» pratiquement en vente libre, ils sont responsables de la majorité des traumatismes balistiques en temps de paix.
Les armes à canon rayé : Elles sont caractérisées par la stabilisation gyroscopique de la balle donc augmentation de la précision. Avec un seul canon, l’armement se fait par une action manuelle (Winchester) ou automatique (fusil d’assaut : Kalachnikov, M-16, Famas) Les revolvers sont caractérisés par leur barillet, contiennent 6 chambres à cartouche. Le barillet peut tourner dans le sens des aiguilles d’une montre ou inversement. La longueur du canon est variable et influence la vitesse du projectile. Les pistolets sont caractérisés par un magasin contenant une ou plusieurs balles. L’étui est automatiquement éjecté contrairement au revolver chez lequel il faut vider le barillet. Tous tirent des munitions de calibre 9 mm pesant 8 à 10 g, de vitesse initiale subsonique.

BALISTIQUE PROPREMENT DITE

                 Le comportement balistique varie d’une phase à l’autre : on distingue trois phases (9).
1. Balistique intérieure (9) : La percussion de la capsule produit la combustion instantanée de la poudre. Cela s’accompagne d’un dégagement de gaz ( gaz carbonique, oxyde de carbone, azote et gaz nitreux, hydrogène) dont l’énorme pression à cette température de combustion et sous un volume aussi limité que celui qui sépare le fond de la douille, de la balle, provoque une expansion telle que la balle ou les plombs sont éjectés à grande vitesse, parfois supersonique. Les projectiles sont animés d’une grande vitesse et aussi d’une rotation sur son grand axe, imprimée par les rayures hélicoïdales du canon.
2. Balistique extérieure (9) : Dans un trajet aérien, la balle est animée d’une vitesse qui diminue en fonction de la portée du tir. Elle est stabilisée sur la trajectoire par sa masse et surtout par l’effet gyroscopique des rayures du canon ; cet effet maintient la balle dans son grand axe et lui permet de toujours toucher la cible, la pointe en avant.
3. Balistique terminale (10) (11) (12) : Le comportement balistique d’un projectile en milieu homogène mou, tel que le muscle vivant, est relativement bien défini à la suite des travaux de Fackler sur blocs de gélatine. Chaque agent vulnérant est ainsi caractérisé par (Figure 1) : une onde de choc sonique transmise par l’impact et précédant le passage du projectile, dotée d’une capacité de transfert énergétique quasi-nulle, sans effet local ni à distance ; une zone d’attrition résiduelle dite zone de cavitation permanente (crushing), faite de tissus broyés définitivement détruits, de dimensions variables proportionnelles au pouvoir vulnérant de chaque projectile et formant le lit idéal au développement de l’infection ; un phénomène de cavitation temporaire plus ou moins important correspondant à un refoulement tissulaire élastique bref de l’ordre de quelques millisecondes et très brutal (stretching). Celui-ci est plus marqué en cas de bascule, fragmentation ou déformation projectilaires après un trajet rectiligne plus ou moins long appelé neck. Ce phénomène plus ou moins intense est capable à courte distance, de fracturer des éléments osseux tel que le rachis ou la scapula, voire de léser des organes tels que le cœur, les gros vaisseaux ou le diaphragme, voire le foie ou la rate. Il s’agit en pratique d’un risque potentiel en fonction de l’élasticité des tissus rencontrés ; le poumon, tissu élastique, est ainsi très tolérant au phénomène de cavitation temporaire ; l’effet calorique des projectiles est difficile à mesurer d’un point de vue expérimental et quoiqu’il en soit ne permet pas de stériliser l’agent vulnérant. L’association des phénomènes de cavité permanente et temporaire, variable en fonction des propriétés balistiques de l’agent vulnérant permet de définir pour chaque type de projectile : un profil lésionnel ou « wound profile », en milieu homogène mou. On distingue ainsi plusieurs types de profil lésionnel (Figure 2) : Le tournoiement correspond à des retournements successifs du projectile responsable de cavitations temporaires dont la taille est proportionnelle à celle du projectile. C’est le cas des éclats et de tout projectile ayant perdu son aérodynamisme, tel qu’une balle ayant ricoché (Figure 2-A). Les éclats ajoutent au crushing et stretching, le cutting, avec effet coupant jusqu’en fin de course susceptible de léser nerfs et vaisseaux à la différence des balles qui ont tendance à refouler les éléments en fin de trajectoire. La bascule caractérise les balles blindées des fusils d’assaut (Figure 2-B) les balles blindées d’armes de poing, courtes, arrondies et homogènes sont des projectiles à basse vitesse (< 450 m/s) caractérisés par leur stabilité avec pour profil lésionnel : un simple tunnel d’attrition sans cavitation temporaire importante (Figure 2-C). Les profils lésionnels des balles non blindées (munitions des forces de l’ordre et des fusils de chasse) sont de 2 types : le champignonnage, le plus fréquent et la fragmentation. Le champignonnage (Figure 2-D) correspond à des projectiles conçus pour s’écraser dès l’impact avec un tunnel d’attrition de diamètre augmenté par rapport au calibre initial et une cavitation temporaire immédiate d’autant plus importante que le diamètre apparent du projectile augmente rapidement (calibre 38 spécial pointe creuse, calibre 357 magnum, balles de grande chasse). Ces projectiles, sans neck, provoquent donc des lésions importantes dès l’orifice d’entrée. Le pouvoir vulnérant particulier des projectiles à haute vélocité, tel que la balle de calibre 5,56 mm qui équipe divers fusils d’assaut modernes (Famas, M16, Sig, Gallil) n’est pas lié au mythe de l’onde de choc, mais s’explique par un effet de fragmentation associé. Bien qu’il s’agisse d’une balle blindée censée répondre aux conventions de la Haye, cette munition (950 m/s, 3,5 g) est en effet caractérisée par un neck moyen de 12 cm en parties molles (4 à 18 cm) avec un effet de fragmentation incomplète (à 36 %) à courte distance (Figure 2-E). Les plombs de chasse ou chevrotines sont plus ou moins groupés selon la distance de tir, obéissant à la loi du tout ou rien. Á très courte distance (3 à 4 m), ils peuvent entraîner un volumineux cratère de 10 cm de diamètre accompagnés de la pénétration de la bourre qui sépare la charge de poudre, des plombs. Á distance de tir plus importante, il pourra s’agir d’un polycriblage, pénétrant ou non (Figure 2-F).

Conséquences médico-judiciaires des plaies par balle (5)

                 Pour affirmer qu’il s’agit d’une plaie par balle, il faut avoir quelques notions concernant : Les caractéristiques des lésions : présence d’orifice d’entrée et d’orifice de sortie très caractéristique ou affirmé par diagnostique radiologique par découverte d’un ou des projectiles dans l’organisme. La distance de tir : tir à bout touchant ou tir à courte distance, tir à grande distance. La direction du tir donnée par la connaissance de la porte d’entrée et de sortie ou sa trajectoire. Distinction de suicide, simple accident ou accident à responsabilité civile.Pour un suicide, les sièges de prédilection sont le cœur, la tempe, le front, la voute du palais et l’arme reste à la main de la victime avec présence de poudre sur la main du sujet. Pour l’accident à responsabilité civile, les sièges sont affirmés par la multiplicité de l’orifice, ou présence de zone de tatouage, de zone d’estompage, ou collerette d’essuyage, collerette érosive

Facteurs balistiques (8)

                 Un traumatisme balistique correspond à un transfert d’énergie entre un projectile en mouvement et l’organisme. Ce transfert est fonction de l’énergie initiale du projectile, proportionnelle à la moitié de sa masse et au carré de sa vitesse (E = 1/2 mV2). Les projectiles à haute vitesse, c’est-à-dire supersonique, ont donc théoriquement le pouvoir vulnérant le plus important. La vitesse du projectile décroît avec la distance du fait de la résistance de l’air à sa progression. Cette donnée joue un rôle lors d’une explosion car les fragments projetés sont irréguliers et leur vitesse initiale décroît rapidement. Dans les traumatismes par arme à feu, cet élément est moins important du fait de l’aérodynamisme des balles et des faibles distances de tir le plus souvent constatées. Indépendamment de la vitesse du projectile, le transfert d’énergie va dépendre de la nature du projectile (balle, éclats, plombs), de sa composition (capacité à s’écraser, à se fragmenter), de sa stabilité (effet de bascule, de rotation). Tous ces éléments en augmentant la surface de transfert d’énergie du projectile à l’organisme vont aggraver les lésions observées.

Age et sexe

               Nos patients sont essentiellement des jeunes de sexe masculin avec un âge moyen 28ans et 4 mois avec un pic de fréquence entre 20 et 29 ans comme dans la série de Kouame (35) où ils notaient un âge moyen de 32,5 ans avec un pic de fréquence entre 25 et 30 ans. Une étude de série de 56 cas de traumatisme balistique effectuée sur une période de 12 ans à Auckland City Hospital (36) a retrouvé également une prédominance masculine dans 91% avec un âge moyen de 32 ans. En Bosnie Herzégovine, en 1993, pendant 3 mois, 43 blessés par balle avaient pu être enregistrées dont 32 de sexe masculin (74,50%), 11 de sexe féminin (25,50%) (37). Bref les sujets jeunes de sexe masculin sont donc les plus souvent victimes de ces lésions par balle. Il s’agit d’une population jeune donc active, même si la majorité des patients dans notre série est chômeur, créant ainsi un important impact socio-économique ; quand on sait qu’en Afrique, comme dans notre pays, habituellement, c’est l’homme jeune qui nourrit toute la famille (35).

SUGGESTIONS

                   Dans le but d’améliorer la prise en charge des lésions par balle des membres, nos suggestions concernent quatre volets :
1. En pré-hospitalier :
– prise en charge médicale appropriée,
– instruction des personnels médicaux en matière de premiers soins et de secourisme tels que les techniques de ramassage, d’hémostase et d’immobilisation,
– mise en place d’un transport médicalisé genre ambulance SAMU.
2. Au niveau hospitalier :
– formation médicale continue des personnels médicaux sur les principes de balistique lésionnelle,
– approvisionnement en matériels et surtout en fixateurs externes dans les grands hôpitaux.
3. Au niveau de la population
– communication pour le changement de comportement devant la curiosité impensée des gens à assister aux manifestations politiques.
4. Au niveau national
– contrôle rigoureux des ports d’armes.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. NOTION DE BALISTIQUE GENERALE 
1. Classification et législation Malagasy concernant les armes à feu et les munitions
2. Les armes et leurs munitions
2.1. Les différents types d’armes à feu
2.2. Quelques types d’armes utilisés à Madagascar
2.3. Les munitions
2.4. Les engins explosifs
3. Caractéristiques dynamiques des projectiles
II. BALISTIQUE PROPREMENT DITE 
1. Balistique intérieure
2. Balistique extérieure
3. Balistique terminale
III. CLASSIFICATION LESIONNELLE 
IV. NOTION DE MEDECINE LEGALE 
1. Conséquences médico-judiciaires des plaies par balle
2. Caractère des plaies par balle
2.1. L’orifice d’entrée
2.2. Le trajet
2.3. L’orifice de sortie
V. PHYSIOPATHOLOGIE DES TRAUMATISMES BALISTIQUES 
1. Facteurs balistiques
2. Facteurs anatomiques
VI. PRISE EN CHARGE DES PLAIES PAR BALLE 
1. Organisation des premiers secours
1.1. Ramassage du blessé
1.2. Triage
1.3. Prise en charge initiale des lésions plus graves
1.4. Evacuation du blessé par balle, mise en condition du transport
2. Prise en charge hospitalière
2.1. Prise en charge de la douleur
2.2. Prise en charge des lésions des parties molles
VII. PRONOSTIC 
1. Gravité et mortalité
2. Morbidité
DEUXIEME PARTIE
I. PATIENTS ET METHODE 
II. NOS RESULTATS 
1. Nombre des cas
2. Age
3. Sexe
4. Profession
5. Délai de prise en charge
6. Localisation de la plaie
7. Côté blessé
8. Type de lésion
9. Autres lésions associées qu’osseuses
10. Type d’agent vulnérant visible à la radiographie des membres blessés
11. Type de traitement effectué
12. Séjour hospitalier
13. Evolution
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION 
SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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