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Dénominateurs communs des crises Malagasy
Dans la quasi-totalité des crises que la Grande Ilea traversées, nous pouvons constater des éléments statiques méritant une réflexion et pouvant servir de base dans notre analyse.
Le lieu des mouvements populaires, les martyrs, les cultes religieux ainsi que les acteurs sont certains éléments constants que nous diagnostiquerons. Ceci dit, les soi-disant « révolutions » ne sont qu’ « un éternel recommencement »27
L’épicentre
Le premier mouvement populaire post colonisation entrainait une émergence d’un lieu hautement symbolique, politiquement parlant. A l’origine, il y avait l’Hôtel de Ville d’Antananarivo et où le maire siégeait mais durant la manifestation du samedi 13 Mai 1972, cet Hôtel était incendié par les manifestants. Depuis, la place où se trouvait l’Hôtel de ville sert de podium pour les différents discours.
La place du 13 Mai sert toujours d’endroit pour tous les meetings politiques. Des régimes y succombent et naissent. C’est un lieu de construction et de destruction.
A un certain moment de l’histoire, la place du 13 Mai est devenue un lieu « sacré » parce que le régime l’avait déclaré zone rouge. Ce qui revient à dire que ce lieu a bien sa « puissance » et sa « force », le permettant de « contraindre » le régime. Il est alors isolé pour qu’il ne fasse pas du mal au dirigeant en place et pour que toutes menaces cessent.
Signalons que presque toutes les grèves à caractère politique se propageaient dans toute l’île à partir de ce lieu. Cette rue devient alors le centre du pouvoir des conquérants.
« Le sang qui mène au pouvoir »28
Sur les trois crises ci-dessus, les deux à savoir c elles du 1972 et du 1991 sont « mortelles ». Des pertes de vie humaines ont été bservéeso (13 Mai et Palais de Iavoloha le 10 Août 1991). Désormais, durant tous les mouvements à l’exception de 2002 29, les meneurs de grève donnent des vies à sacrifier tandis que ceux qui dirigent les prennent sans hésitation. La foule se trouve toujours instrumentalisée et manipulée.
Force est de constater que le fait de verser du sang accélère la chute d’un régime. Le régime Tsiranana chutait cinq jours après le 13 Mai 1972, celui de Ratsiraka deux mois après le 10 Août 1991. Cela pour tout dire qu’aucun régime ne persiste après avoir tué, même s’il a raison car dans la logique weberienne, l’Eta t a le monopole légitime de la force, donc il peut en user (surtout si le palais d’Etat ou les bâ timents administratifs stratégiques ou non sont menacés).
La sacralisation du pouvoir de la rue
Presque toutes les grèves sur la Place de 13 Mai débutent par des cultes œcuméniques en général. On voit alors le rôle prépondérant du phénomène religieux dans la société Malagasy. Politique et religion sont un couple où l’une n’att eint son objectif sans l’autre.
Ces cultes ont pour objectif de bénir le nouveau régime par les dirigeants des Eglises. Le nouveau dirigeant devient par conséquent « l’élu deDieu » et un homme que le peuple a aussi « choisit ». Durant ces cultes des versets bibliques sont utilisés pour mobiliser et pour exciter la foule. Ceux-ci deviennent par la suite des formules pour exciter la foule.
Les acteurs
De toutes les crises, les acteurs demeurent relativement constants. On observe rarement des hommes « nouveaux » dans les mouvements populaires. Habituellement, ce sont toujours les mêmes personnes qui portent un dirigeant à la tête de la Nation et le destituent par la suite.
Racines de ces instabilités chroniques
Bien que chaque crise ait ses « caractéristiques » spécifiques, beaucoup d’entre elles peuvent avoir les mêmes causes profondes.
Conception monarchique de l’Etat
Théoriquement, l’Etat Malagasy est un Etat Républicain depuis 1958 mais dans la pratique nous constatons certaine dissonance entre l’Etat moderne et la monarchie. Celle-ci peut être renforcée et cristallisée par les termesjuridico-politiques utilisés par les politiciens mais aussi par les « citoyens ».
Sous un regard psycholinguistique, quand les Malagasy ont recours au mot « Fanjakana » qui signifie Etat en français, son inconscient ou s on subconscient émet des groupes de mots qui ont un lien avec ce mot. Le mot Fanjakana véhicule alors une idée sur les royaumes Malagasy, le « Mpanjaka » (roi) qui est intouchable et qui, en effet, doit être obéit à la lettre. Le mot Fanjakana donc déclenche une succession d’idées telles que Mpanjaka (roi)-Tompoina31 (adorer, obéissance sans limite).
Le problème se pose donc à deux niveaux. D’abord, e ntre le rapport que les gouvernants entretiennent avec les gouvernés. Ces derniers considèrent les dirigeants comme des rois qui ne peuvent pas faire l’objet de critiques. Tout esprit critique devient alors interdit implicitement. La culture de silence arrange alors ceux qui dirigent car ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent faire. Ils sont libres dans ces actions. De plus, étant « sujets » des dirigeants, ils n’osent pas demander des comptes auprès de ses représentants, voire des dirigeants, mais acceptent tout simplement ce qu’ils font. Ensuite, l’autre niveau concerne les interactions au sein même du pouvoir. Si les conseillers ou les membres du cabinet de la présidence ou du cabinet des ministres ont le droit de pointer le doigt sur ce qui ne va pas dans la manière de gérer les affaires nationales, ils ne l’osent pas, par souci de perdre leurs postes. Ils ont d’ailleurs des familles à nourrir. La soumission de vient en effet, une carte de sécurité. Contredire donc le président, le chef du gouvernement, les ministres, etc. constitue un risque à courir auquel peu de personnes n’ose prendre. Il en résulte alors que l’inconscient collectif et la conscience collective Malagasy « fabriquent » des présidents monarques et/ou des présidents dictateurs.
On comprend alors pourquoi le mot « citoyen » est vide de sens à Madagascar, mais aussi pourquoi toute analyse qui prend en compte comme acquis la notion de citoyen est erronée. Comme le disait Joseph Randriamiarisoa, sans ce citoyen opérationnel, on n’a pas d’Etat opérationnel.
L’utilisation des termes Ray aman-dreny (Père et mère) et Zanaka (enfants) dans les relations entre gouverné et gouvernant complique en plus la situation, étant donné que la masse ou le peuple est relégué(e) au rang des enfants. Aussi, la norme –institutionnalisée par la hiérarchie- et la valeur Malagasy et chrétienneveulent que l’«enfant » obéisse à ses « parents ». De ce fait, il ou elle ne peut ni avoir des avis ni encore l’exposer.
Pour résumer, la notion d’Etat est importée tout comme le concept de citoyen. Les Malagasy n’évoluent pas encore dans ces concepts occidentaux mais procèdent à un greffe, c’est-à-dire qu’ils mélangent la notion de monarchie et celle d’un Etat Républicain. La République Malagasy est à moitié Etat moderne et à moitié traditionnel. A cet égard le greffe empoisonne le système politique Malagasy.
L’auto-verrouillage du débat contradictoire
En considérant le président comme un roi et le peuple comme le sujet, l’interaction entre eux devient de plus en plus à sens unique. Seul le président a le droit de faire ce qu’il compte faire tandis que le sujet contemple et admire ce qu’il fait. Ainsi, quand les Malagasy ont des critiques à émettre envers leurs dirigeants, ils procèdent à une autocensure. Dans la culture Malagasy d’ailleurs, le fait de critiquer ou de contredire signifie attaquer personnellement la personne à qui on émet des critiques. C’est pour cette raison qu’ils disent toujours « Oui » sans en être d’accord. La logique Malagasy veut qu’on se maintienne dans le rang au lieu de se démarquer du lot. Si on se fait remarquer, on devient l’ « ennemi public ou de la nation ».
Leur proverbe « Ny hazo avo halan-drivotra » (Littéralement : le plus long arbre est détesté par le vent) prouve ce fait.
Un autre obstacle à ce débat contradictoire est la faiblesse des partis politiques Malagasy. Ceux-ci n’ont ni idéologie ni encore une ligne directrice à défendre mais servent tout simplement à soutenir une personne pendant l’élection. Ce phénomène favorise le « retournement de veste » car une fois un membre d’un parti politique n’est pas privilégié, il se range tout d’un coup dans le rang de l’opposition.
Absence du contre pouvoir
Dans l’administration, toutes les entités ayant le pouvoir de contrôler l’Etat est dépendant de l’exécutif. L’Inspection Générale de l’Etat
sont par exemple rattachés à la présidence. Ce quicomplique leur tâche étant donné que l’Etat qu’il doit contrôler leur contrôle indirectement. T el est aussi le cas de la Cour des Comptes. Comment veut-on qu’on contrôle son patron ?
Talcott Parsons et les étapes de sa pensée :
Talcott Parsons est un sociologue Américain rejetéau début par ces collègues à cause de sa démarche scientifique qui privilégie plus la théorie que la pratique. A son époque, la sociologie Américaine est dominée par la rechercheempirique et par la quantophrénie , c’est-à-dire au recours excessif à la statistique. Avec Pitirim Sorokin de Harvard University, il condamne cette pratique de la sociologie Américaine.
Quand Parsons est allé étudier en Europe, particulièrement à Londres au London School of Economics et en Allemagne, à l’université d’Heidelberg, il a fait la redécouverte des fondateurs de la sociologie, à savoir Max Weber, V ilfredo Pareto, Emile Durkheim et Karl Marx. Son étude à la terre natale de la Sociologie lui a permis de se débarrasser des idées fausses sur la sociologie qui étaient répandues dans son pays. Plus tard, il sera séduit par le psychanalyste Freud et regrette de ne l’avoir pas connu très tôt. .
Freud dans sa théorie. A ce stade, il faut faire une remarque que Parsons a largement dépassé l’obstacle entre l’individu et la société qui posait et continue à poser des problèmes aux nombreux sociologues d’avant lui et à ceux d’après lui. Pour lui, il n’y a pas de contradiction entre Freud et Durkheim, au contraire tous les deux sont complémentaires.
Dans la première étape de l’évolution de sa pensée,Parsons a cru découvrir chez les pères fondateurs (Weber, Pareto et Durkheim) les axes centraux de la théorie de l’action. Dans la deuxième étape, il a systématisé cette théorie de’actionl en cherchant son fondement logique et scientifique et en lui donnant une plus grande universalité de manière à la faire une théorie générale de l’action humaine. Dans la troisième étape, Parsons a appliqué sa théorie aux différents champs de connaissance des sciences sociales et humaines (science politique, psychologie, économie). Celle-ci l’a conduit à la correction de sa théorie mais aussi à la compléter. Telles sont donc les trois grandes étapes de l’édification de la théorie générale de l’action.
Pièces maitresses de la théorie générale de l’action :
Comme toutes les théories, celle de Parsons a ses piliers que nous présenterons ci-dessous.
Le système :
Chez Parsons, la notion du système implique « l’interdépendance des éléments, qui forment un ensemble lié dans lequel les mouvements et les changements ne peuvent pas se produire d’une manière désordonnée et au hasard, mais sont le fruit d’une interaction complexe d’où résultent des structures et des processus ».
De là nous pouvons tirer que le système véhicule lanotion de totalité (holisme) qui entraîne que la modification d’un élément entraine obligatoirement la modification des autres éléments.
Force est de noter que le système d’action est un mode de reconstruction mentale de la réalité et en ce sens, c’est un procédé purement heuristiqu.
Ci-dessous, nous allons exposer les éléments du système social tel que Parsons l’a élaboré.
L’action sociale :
L’action sociale est définie comme « toute conduite humaine qui est motivée et guidée par les significations que l’acteur découvre dans le monde extérieur, significations dont il tient compte et auxquelles il répond »
Pour qu’une action ait lieu, il faut qu’il y ait un acteur qui est important chez le sociologue Américain. Pour lui, ce concept d’acteur n’est pas seulement limité à un individu mais peut désigner un groupe, une organisation, une région, neu société globale, une nation, une classe, une caste, une tribu, une ethnie. Ce concept va donc au-delà d’un seul palier des relations interpersonnelles et permet d’étendre son application dans le schéma parsonien de l’interaction à tous les niveaux. Notons aussi que chez Parsons, l’ « acteur est un être-en-situation, car son action est toujours la lecture d’un ensemble de signes qu’il perçoit da ns son environnement et auxquels il répond ». Par environnement, Parsons entend l’environnement géographique, l’environnement biologique et l’environnement social.
Le « prince » Marc Ravalomanana et sa pratique politique de 2002 à 2006
Après sa victoire et après que Ravalomanana avait contrôlé tout l’étendue du territoire Malagasy, Ravalomanana a essayé de créer un environement stable, solide et rassurant pour son régime en nommant à la tête des départements sensibles« » des hommes de confiance plus connus sous le nom des Tiko-boys. Ainsi, Ravalomanana a autour de lui une équipe solide et sécurisante pour ses actions à venir. Soulignons que l’environnement de cette époque est très instable. Pour illustrer ce fait, nous pouvons observer le nombre élevé des sénateurs A.R.E.MA par rapport au T.I.M au sein dela chambre haute. Avec les « hommes de confiance », en plus de quelques hommes et femmes compétents, la machine administrative Malagasy reprend fonction dans un bref délai et ce, malgré la crise que le pays venait de traverser. Madagascar est revenu rapidement à l’état où il se trouvait avant la crise.
Avec cette action, Ravalomanana tue d’un côté, « la race du prince qui était maître » du pays à savoir Ratsiraka et ses acolytes, rendant e n même temps le partisan de ce dernier qui décidait de rester au pays inoffensif. De l’autre côté, il maitrise la quasi-totalité des points clefs du pays. Encore une fois, il est à l’abri de tout danger qui peut venir de l’extérieur.
Ravalomanana était donc largement entouré par des echnocrates lui assurant le bon dynamisme de son équipe gouvernementale. Son régimeétait comme une transposition de l’entreprise privée vers le milieu public. C’est dans cette optique qu’il entend mettre en œuvre la bonne gouvernance. La bonne gouvernance étant une pratique dans les entreprises privées mais rapportée et appliquée dans la façon de gérer un pays. Elle signifie que ce que les dirigeants font doit être communiqué pour que le peuple soit au courant des moindres faits et actes des gouvernants. La transparence est alors l’idée la plus véhiculéepar ce concept.
En toute logique, Ravalomanana est en position de force et a toute l’expérience pour rendre effective cette norme de politique mondiale à Madagascar. Il est l’homme que le peuple a besoin vu son expérience réussie dans sonentreprise. Gérer rationnellement les affaires de ce pays était l’attente et l’aspiration de la population.
Après avoir installé des hommes de confiance ou des« esclaves » selon le concept de Machiavel, Ravalomanana se débarrassait des hommes qui lui avaient porté au pouvoir. Pour ce faire, il a donné des titres honorifiques et symboliques à certains hommes comme Ratsirahonana Norbert, Marson Evariste 41 , Rakotonirina Manandafy, Rabetsintota Tovonanahary, etc. sans qu’ils ne possèdent pas trop de pouvoir pour lui rivaliser. Cela dans le but de ne pas perdre la face devant le peuple car il est monnaie courante de rendre l’ascenseur, c’est-à-dire que Ravalomanana une fois au pouvoir devrait récompenser ceux qui lui avaient aidé à conquérir le pouvoir. Une question se pose alors : pourquoi Ravalomanana n’a donné qu’une portion de pouvoir inoffensif à ceux qui lui ont porté au pouvoir ? Pourquoi les avoir gardés dans le circuit du pouvoir ? La réponse à cette question réside dans le passé de ces personnes.
D’abord , Rakotonirina Manandafy et Ratsirahonana Norbert sont très connus comme les « faiseurs »42 et défaiseurs de rois. Ces deux personnes sont en effet, considérées par le journal Express Afrique du 14 Mars 2002, n° 246 com me « les têtes pensantes de l’entourage de Ravalomanana, lors de son élection au premier tour en 2002 ». Grâce à eux en une partie, Ratsiraka est tombé mais grâce aussi à ces deux fai seurs de roi, Ravalomanana est consacré président de la République. Examinons de près ces euxd politiciens.
Rakotonirina Manandafy avec son parti, le M.F.M est un spécialiste d’organisation de grèves, de mouvements de la rue. Dans ce sens, il est un grand manipulateur de la foule, Il est à l’origine du mot « rotaka » (désordre ou affrontement) en 1972, et son fameux slogan « ndao, lasa izao » (venez, on y va). Ses concepts sont captivants et ont un certain impact sur l’inconscient collectif Malagasy. Rakotonirina est un bon communicateur capable de convaincre une personne ou une foule. De ce fait, il peut être une source de grand danger pour Ravalomanana. Mais comme le disait Ratsiraka, « Aleo Manandafy toy izay manandratsy »
(Littéralement : mieux vaut avoir Manandafy qu’avoir un mauvais (homme)), Ravalomanana suivait ce que Ratsiraka disait à son époque. En plus de son talent de bon communicateur, Rakotonirina Manandafy a aussi une grande culture et expérience politique très utile à Ravalomanana. Son analyse pendant des années s’avère d’ailleurs très pertinente. Comme Raharizatovo le décrivait, Rakotonirina Manandafy est un « érudit et un stratège redoutable »43 . Sa matière grise est donc très utile pour Ravalomanana.
Quant à Ratsirahonana Norbert, c’est un homme rusé, voire futé. Il n’hésite pas d’un instant à l’autre de passer d’un camp à un autre. A u début, il était avec Ratsiraka pendant la IIème république, puis avec Zafy Albert, pour êtrede nouveau à côté de Ratsiraka encore une fois après son retour au pouvoir et enfin avec Ravalomanana (Pendant la crise de 2009, il retournait encore sa veste pour être près de Rajoelina). Nous pouvons extrapoler à partir de ce changement de camp de Ratsirahonana, qui est très constant, qu’il est un homme qui n’a qu’un seul principe qui le guide : « le pouvoir ». Un homme presque dépourvu d’éthique. Raharizatovo Gilbert le classait dans les « émergences ratées ». En tant que tel, il s’efforce de se positionner dans le centre du pouvoir pour « savourer » le pouvoir auquel il n’a pas pu s’agripper.
Ces deux hommes sont donc à la fois un atout pour R avalomanana tant qu’ils sont avec lui, et un danger s’ils sont écartés du pouvoir (surtout pour Ratsirahonana). La seule solution possible pour Ravalomanana paraît alors d’appliquer le principe de Machiavel44 : gardez ces deux personnes tout près pour pouvoir les contrôler .
Ensuite, ces personnels politiques cités sont tous habituésaux choses politiques. Dans cette optique, ils peuvent avoir une grande influence sur la politique de Ravalomanana qui veut réorganiser sur une nouvelle base la politique Malagasy. Ils pourraient alors être un obstacle à la réalisation de sa réforme étant donné qu’ils ont une habitude (cf. au concept d’ habitus de Bourdieu) que Ravalomanana veut changer. En quelque sorte, ces anciens sont vus par Ravalomanana comme infectés par la mauvaisepratique, or, il veut redorer le blason de la pratique politique à Madagascar.
Puis, Ravalomanana a fait tout pour que ses « esclaves » ne lui mettent pas dans l’ombre pour qu’il demeure le seul et unique « héros ». Le but était que seul Ravalomanana restait dans la bouche du peuple. Ce qui revient à dire que Ravalomanana doit être l’unique vedette à Madagascar. Il doit être le seul capitaine à bord.
Nombreux sont les exemples illustrant ce fait.
Nous pouvons constater le cas de Ramiaramanana Patrick qui était à l’époque le Président de la Délégation Spéciale d’Antananarivo. Quand il avait la réputation d’être un des grands bosseurs et que le public d’Antananarivo commençait à l’aimer et à l’admirer, le président lui avait nommé comme ministre du sport pour qu’il s’éclipse devant la scène et pour que sa réputation soit remise en question. Quand l’équipenationale de football essuie une défaite, c’est au ministre de sport que revient la faute. Son image sera alors ternie.
Il y avait aussi, Lahiniriko Jean qui était à l’époque le ministre des travaux publics. Lahiniriko avait ainsi remis opérationnel en peu de temps tousles ponts dynamités lors de la crise tout en réalisant des grands travaux routiers. Le présidentl’a envoyé à l’Assemblée Nationale pour que les députés se débarrassent de lui un peu plustard.
Rajemison Rakotomaharo était aussi l’autre figure emblématique du pouvoir de Ravalomanana. Il avait su gérer les sénateurs A.R.E.MA et contrôlait parfaitement cette institution bien que le parti présidentiel n’étaitpas majoritaire dans cette chambre à l’époque. Comme son travail devient très remarquable, Ravalomanana l’a muté à Genève loin de tout le public et où il resterait discret et devient hors circuit.
Sur le plan diplomatico-économique, il est primordial d’analyser la grande ouverture de Ravalomanana. Nous pouvons avancer une hypothèse selon laquelle Madagascar s’est désenclavé du monde entier à son époque.
Pour dynamiser l’économie Malagasy, Ravalomanana a invité les opérateurs économiques étrangers à investir dans la Grande Ile. Dans sa logique, il s’est tourné surtout vers les Anglo-saxons, les Scandinaves et les Germaniques. Force est de constater que la France est quasi-totalement délaissée par Ravalomanana. Si cette dernière était toujours le premier partenaire économique, Ravalomanana l’a remis dans l’ombre. Son époque pourrait alors être appelée comme une autre indépendance ourupture économique avec la France. On se demande alors pourquoi Ravalomanana a carrément tourné le dos à la France pour s’ouvrir au reste du monde ? Deux explications peuvent êtreapportées.
Primo, Ravalomanana ignorait voire snobait les français pour une raison personnelle. Il ne faut pas oublier que la France traînait pour reconnaître son pouvoir en 200245. Selon le sociologue et économiste italien Vilfredo Pareto, cette action de Ravalomanana est catégorisée dans ce qu’il appelle da l’Action Non Logique46 (A.N.L). L’A.N.L est guidée par la haine, l’amour, rancune, vengeance, passion, habitudes, routine, stéréotype, etc. c’est-à-dire des choses non rationnelles, mais qui sera rationnalisée ou revêtue par la raison, pour ne pas avoir l’air bête.
Secundo, cette ouverture envers ces pays non habituels pour Madagascar est un apport de son expérience au sein de son entreprise/empireTiko. Ainsi, les biens utilisés dans celle-ci viennent essentiellement de l’Afrique du Sud (partenaire de Tiko, fournisseur des gardes du corps et pilotes), de l’Allemagne (Mercedes), de Norvège ; mais les techniciens qui l’ont beaucoup aidé dans son entreprise venaient majoritairement aussi de Norvège, des Etats-Unis, de Canada, de l’Allemagne, de Grande-Bretagne. En quelque sorte donc, il s’agit d’un transfert de compétence (technique, intellectuelle, savoir faire, savoir vivre) allant de Tiko vers l’Etat Malagasy.
Ravalomanana : Trop indépendant et trop puissant (2006 à 2009)
Dans ce paragraphe nous diagnostiquerons le second mandat inachevé de Ravalomanana. Si son premier mandat (2002- 2006) a été consacré l’économie,à il décidait de se pencher plus sur le social. Dans un de ces discours pour le nouvel an, il a fait illusion au schéma semblable à la théorie de Karl Marx. Son premier mandat disait-il était destiné à la bonne fondation de la base de la maison de Madagascar (économie), le second mandat consistera à bâtir une bonne maison sur cette base [qu’est l’économie].
Si le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (D.S.R.P) était le principal guide de Ravalomanana pendant sa première année au pouvoir,le Madagascar Action Plan (M.A.P) devient la bible pour la politique Malagasy. Il faut remarquer que même le nom de ce document est en Anglais. Cela signifie que Madagascar entre et évolue progressivement dans le monde Anglo-saxon. Ce qui est une grande première dans l’histoire sociopolitique Malagasy.
Comme son prédécesseur Ratsiraka, à force de côtoyer avec le pouvoir, Ravalomanana commençait à prendre goût au pouvoir. Il est alors atteint par la maladie du pouvoir. Aussi, il a organisé un référendum constitutionnel en vue demodifier et introduire certains articles.
Encore une fois, la Constitution est instrumentalisée et manipulée.
Les rites politiques pour s’accaparer du pouvoir
Dans ce chapitre, nous examinerons le Mouvement Orange du 2009 mené par le maire de la capitale. Dans cette optique, il importe d’analyser le rapport entretenu entre le pouvoir central et le pouvoir local. Deux pouvoirs qui coexistent difficilement vu que la capitale est un lieu de surconcentration de pouvoir, ce qui revient à dire implicitement qu’elle est le fief du pouvoir central.
Ainsi, nous analyserons en premier lieu les conditions nécessaires et fertiles pour faire intrusion au sein du pouvoir central, c’est après qu’on analysera en détail les raisons latentes de ce Mouvement Orange.
La mobilisation des objets sociaux
Dans sa théorie, le sociologue Américain Talcott Parsons privilégie deux objets sociaux (à part la relation sociale) tels que la culture et les symboles. C’est dans ce sens parsonien que nous entendons effectuer et étudier les rites du Mouvement Orange en particulier, et les rites de tout mouvement de rue à Madagascar en général.
Le lieu de mémoire pour concevoir un régime parallèle
A Antananarivo, pour mener à terme une manifestatio n, il faut bien choisir l’endroit. Cet endroit doit avoir une certaine légitimité aussi bien aux yeux du public qu’aux yeux du régime. En plus, il doit avoir une forte signification symbolique.
La place du 13 Mai répond à ce critère et joue un rôle très important dans la mémoire collective des Malagasy. Celle-ci se transmet de génération en génération grâce à des manifestations (1972, 1991, 2002, 2009). Avec ces « rendez-vous » cycliques sur la rue, il est quasi-impossible d’oublier un tel endroit truffé de significations. Les grèves sur la place de 13 Mai ont alors pour vocation de revivifier la mémoire.
Quelle est donc l’importance d’un endroit dans une manifestation ? Et pourquoi certaines manifestations n’ont pas de grands impacts ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous allons voir la façon dans laquelle Rajoelina avait construit un endroit symbolique mais insuffisant pour renverser le régime Ravalomanana.
Suite à la fermeture de la station de la télévisionViva le mois de Décembre 2008, et face à l’intransigeance de Ravalomanana, Rajoelina décidait de rassembler la foule (Samedi 17 Janvier 2009)59 pour inaugurer la Place de la Démocratie à Ambohijatovo. Avec un endroit fraîchement inauguré et qui plus est dans un endroit clos et dépourvu de symbole, Rajoelina décidait de descendre sur la place de 13 Mai sous prétexte que la Place de la Démocratie qu’il venait d’inaugurer ne peut pas contenir sa foule. Avec une telle action, il menaçait et déstabilisait le régime en place.
Emmener de la foule sur la Place de 13 Mai consiste à envoyer un message envers le régime en place. En général, le contenu de ce message veut le départ du président en exercice et en effet, la naissance d’un autre régime60.
Trois régimes sont tombés sur cet endroit entraînan en même temps la naissance d’un nouveau régime. On peut dire que tout embryon de régime à Madagascar est conçu à partir de la Place de 13 Mai.
On se demande alors quelle(s) est/sont la/les signification(s) de la place de 13 Mai ?
13 Mai est une dénomination attribuée à une portion de place sur l’Avenue de l’indépendance. 13 Mai est aussi une date que la mémoire collective de tous les Malagasy retient. Primo, il évoque le sang qui a coulé sur etc endroit suite aux tirs des Forces Républicaines de Sécurité sous l’ordre de Tsirananaqui voulait à tout prix défendre son régime. Secundo, c’est un symbole de la libération.A l’époque (1972), les manifestations voulaient une rupture avec la colonisatrice. La chute du régime Tsiranana signifiait pour le peuple que Madagascar n’est plus sous le joug des français. Un peu comme s’il est libéré pour une seconde fois après la proclamation de l’indépendance en 1960. Tertio, la place de 13 Mai est un lieu pour se rivaliser avec l’ordre établi. En général, l’Etat a le monopole de la force et peut en user pour remettre l’ordre. Avec ce principe weberien, la force de l’ordre intervient pour disperser les manifestants et les menacer. Deux forces s’interposent alors : celle de l’Etat légitime et celle de la foule qui est censée être lsouverain. Par conséquent, cet endroit est devenu un lieu de confrontation de force entre les protagonistes.
Dans une logique de manifestation, la place de 13 Mai devient le substitut de Tsimbazaza, l’endroit où le dirigeant et les porte-paroles du peuple devraient se communiquer. 13 Mai devient alors un espace (de dialogue) pour se faire entendre. Quarto, la Place de 13 Mai est le lieu de la défaite pour les régimes.
La mobilisation du background culturel et les actes oraux
Dans presque tous les mouvements populaires, les meneurs essayent toujours d’évoquer le patriotisme pour mobiliser les gens. Mener un mouvement sous l’habit du « patriotisme » permet de toucher la fibre émotionnelle sur le Tanindrazana. En effet, par cette noble cause, on peut défier et destituer le régime en place. Cephénomène est appuyé souvent par le chant patriotique du M.D.R.M61 pour mettre le baume sur le cœur et pour inciter i mplicitement les manifestants à passer à l’acte. Ce chant patriotiqu e a aussi un caractère provocateur. Ainsi, tout mouvement de la rue doit mettre en scène ce patriotisme.
Lors du Mouvement Orange les éléments évoqués pourdémontrer le soi-disant patriotisme des meneurs de grève sont au moins au nombre de trois.
Dénonciation du monopole de Ravalomanana.
Par là, ce que les meneurs et certains manifestants entendent est l’idée de partage. Un partage qui explique la philosophie Malagasy. Ainsi, pour eux, il faut partager tout (même si c’est en petite quantité. Ceci est inscrit dans leur proverbe « Valala iray ifanapahana » Littéralement : « partager une sauterelle »).
démontre qu’il y a deux types de partage. L’un a une « résonance altruiste » tandis que l’autre relève de la justice. L’idée de partage chez les Malagasy correspond au premier sens. Cela montre qu’ils sont des êtres qui sont pour autrui et vivent au sein de la communauté.
Cette idée de partage (au sens altruiste du terme) explique en partie le pillage du 26 Janvier 2009. Celui-ci autorise aux manifestants d’accéder aux richesses du président Ravalomanana vu qu’il ne partage pas ses surplus. Ainsi, Rajoelina leur offre l’occasion de prendre en toute impunité. Il s’agit de donner à partir des capitaux des autres. Une vraie idée machiavélique. En même temps, Rajoelina joue aussi le rôle d’un justicier. Il décide à qui donner ces richesses du président.
Diabolisation de l’ennemi
Ce paragraphe consiste à analyser la manière dont Rajoelina et compagnie ont créé l’image de son ennemi.
Soulignons que par diabolisation nous entendons une construction mentale collective faite par la société du diable. Celle-ci peut avoir une connotation religieuse.
Victimisation
Suite à la fermeture de sa station le 13 Décembre 2008 à cause des propos émis par l’ancien président Ratsiraka qui étaient « susceptibles de troubler l’ordre et la sécurité publique », Rajoelina entrait dans la peau d’une victime. Ceci le permit d’avoir la sympathie et l’empathie de la population d’Antananarivo. Fair e semblant d’être la victime est un jeu favori des politiciens Malagasy vu que la population est toujours du côté des victimes66 . Rajoelina est d’ailleurs avantagé par les obstacles érigés par Ravalomanana et les « règlements de compte entre eux ».
Parmi les moyens de faire appel à l’affection du pu blic, nous avons observé des propos (fondés ou non) propagés dans les média. Pendant slemoments forts du Mouvement Orange par exemple, nous voyons presque toutes les semaines certains journaux et radios qui mettent à la Une que la vie de Rajoelina est en danger, on veut le tuer, etc.
Tout en sachant que les Malagasy sont des « olon’ny fo » (Littérallement : hommes de cœur), ils défendent les faibles et ont une grande empathie pour eux. Faire semblant d’être faible est alors une manière d’être en relation symbiotique avec la foule.
Souiller les mains du président
A Madagascar, tout changement de régime est une machine de fabrication de martyrs. Comme toutes les « révolutions » précédentes, Rajoelina n’avait qu’à refaire ce que les meneurs de grève ont procédé jusqu’à maintenant pour ternir l’image du régime. D’ailleurs, il est entouré par des anciens qui savent exactement ce qu’ils font.
Le 26 Janvier 2009, Rajoelina voulait provoquer67 Ravalomanana en pillant son entreprise et sa station médiatique à Anosipatrana. La réaction que Rajoelina avait certainement attendue était que le président mobilisait les forces de l’ordre pour défendre ses avoirs mais tel n’était pas le cas. Le président ne réagissait pas à cetteaction, il n’entrait pas dans le jeu dans lequel il serait très facile de l’étiqueter d’être un monstre affamé de pouvoir et de richesse. Il fallait une autre action plus osée et plus agressive pour montrer sa « face cachée ».
Ce « lundi noir » a comme effet pervers un formatage de la mémoire collective. Il s’agit de déraciner dans la conscience collective tout ce quifait Ravalomanana et tout ce qui permet de le remémorer.
Le 7 février 2009, après avoir déclaré quelques jours plutôt (le 31 Janvier 2009) qu’il est aux commandes du pays, il nommait son Premier Ministre Monja Roindefo Zafitsimivalo. A peine nommé, Rajoelina l’autorisait à s’installer à Ambohitsirohitra vu que ce bâtiment appartient à la Commune Urbaine d’Antananarivo, dis ait-il. On constate alors ce paradoxe dans les paroles et les circonstances dans lequel évolue la logique Rajoelina. S’il est à la tête de l’Etat pourquoi investir un bâtiment de la Commu ne d’Antananarivo? A quel statut se réfère-t-il quand il « autorise » son Premier Ministre à s’installer dans ce palais ? En tant que Maire ou en tant que chef d’Etat ?
Rajoelina voulait simplement justifier la prise du palais d’Etat qui serait une zone rouge. Le but implicite était de sacrifier des martyrs pour montrer aux yeux des Malagasy et aux yeux du monde entier que le régime est un régime sanguinaire qui assassine son peuple. Le psychologue Américain Lee Aronson ne disait-il pasque les comportements agressifs peuvent être la plus dramatique manière pour une minorité ppriméeo d’attirer l’attention de la puissante majorité ? “(…) aggresive behavior might be the most dramatic way for an oppressed minority to attract the attention of the powerful majority »68 P. 209) L’évènement du 7 février 2009 pourrait alors être vu sous un angle d’un rite sacrificiel effectué par Rajoelina. Pourquoi alors un tel rite ?
Il est universellement reconnu que la vie d’un homme est importante. Tuer est en effet un acte criminel et interdit. Rajoelina poussait alors Ravalomanana à commettre l’irréparable. Le faire entrer dans le groupe de présidents qui ont du sangsur leurs mains.
Dans ce jeu, Rajoelina voulait intégrer le peuple parmi les victimes du régime Ravalomanana afin qu’il puisse agir en sa faveur. Nous entendons souvent dans la discussion ou interview : « volam-bahoaka no nampiasain’i Ravalomanana » (Littéralement : c’est le denier public que Ravalomanana a utilisé). Du coup, Rajoelina et le peuple sont tous des victimes.
Le rite consiste à créer un autre lieu de mémoire qui sera gravé dans la conscience collective des Malagasy. Quand on évoquera le 7 Février et laplace d’Ambohitsirohitra, cela entraînera un élément déclencheur d’un souvenir lié à Ravaloman na.
Transformer une personne en diable en personne
Pendant presque tous les mouvements populaires à An tananarivo, le culte est toujours au rendez-vous. Il est souvent mis en exergue et devant la scène. Pendant les prises des ministères, comme celui de l’Intérieur par exemple, ce sont les Mpiandry (littéralement : Gardiens) qui exorcisent les bâtiments publics. Dan s ce jeu, on fait passer Ravalomanana et ses collaborateurs comme le mal dont le pays doit s’en débarrasser. L’acte oral (prière) et l’acte gestuel ne sont que des symboles recourus pour faire naître dans l’esprit des gens que le diable est repoussé.
Un autre cas de figure de cette transformation est la fouille effectuée au sein du palais d’Ambohitsirohitra. Quand Rajoelina, avec l’aide du C.A.P.S.A.T, a envahi le palais, des talismans utilisés dans les rites sataniques sont bradés aux yeux des médias et du public venus pour assister aux évènements. Avec un tel acte, lebut est atteint. Ravalomanana qui est vice-président du F.J.K.M et qui fait toujours appel à Dieu n’est en fait qu’un serviteur du diable, un hypocrite : tel est le message qu’on veut faire passer. L’image est d’ailleurs un appui très convaincant que les mots69. « Une image vaut dix milles mots » disait les chinois. Du côté des partisans de Ravalomanana le but consiste à faire p laner le doute.
Les causes du Mouvement Orange
Le conflit entre Ravalomanana et Rajoelina
Propriétaire de l’Injet, Rajoelina concurrençait le marché de panneaux publicitaires à Antananarivo. Il entre en rivalité avec Ravalomanana vu qu’un de ses proches possédait aussi des panneaux publicitaires (iMada). Bénéficiant desa position, Ravalomanana ordonne à Ramiaramanana Patrick, P.D.S d’Antananarivo d’inter venir. Toute installation de panneau publicitaire est alors interdite et/ou retirée, en 2004. Cela soi-disant entre dans le cadre de l’amélioration de l’image de la capitale. Ce harcèlement à son encontre devenait alors une source de motivation majeure pour Rajoelina afin de régler ce que Matthieu Pellerin appelle « conflit d’entrepreneurs ». Pour ce faire, il s’es t porté candidat à la mairie d’Antananarivo. A l’époque, le camp Ravalomanana était victime de disensions internes et de sa politique de parachutage. Profitant de cette confusion au sein du parti présidentiel, et du mécontentement de la population d’Antananarivo, Rajoelina a pu facilement accéder à la Mairie.
La tension entre Ravalomanana et Rajoelina montait alors d’un cran. Le premier mettait des obstacles comme la nomination des chefs fokontany par le préfet de police, le blocage du compte de la commune, la gestion du S.A.M.V.A qui est désormais rattaché au ministère de l’eau.
L’anglophobie de la France
Nous venons de constater ci-dessus que Ravalomanana était trop proche des Anglo-saxons et des germaniques.
Au début du mois de Janvier 2009 par exemple, Ravalomanana annonçait la création d’une banque malagasy avec la coopération de l’Allemagne. Une telle initiative mettrait sans doute les banques françaises en rogne. Ces dernières contrôlent le secteur financier du pays et bloquent le développement de Madagascar à cause de leur taux d’intérêt très élevé. Avec celui-ci, seuls les riches pouvaient emprunter et investir tandis que les pauvres sont exclus du système.
Une banque avec un capital Malagasy pourrait donc être grandement utile et efficace pour mener Madagascar sur la bonne voie. Ainsi, avec un taux d’intérêt moins élevé, le prêt bancaire augmenterait. Ce qui impliquerait une hausse d’investissement et une croissance économique. Il en résultera que les banques françaises seront dans l’obligation de diminuer ses taux d’intérêts, impliquant la baisse de ses surplus.
Cette anglophobie se manifeste par la Constitution du 17 Novembre 2010 qui définit deux principales langues nationales : Malagasy et Français. On remarque tout de suite que la langue Anglaise est exclue de la langue officielle à Madagascar.
Le règlement de compte entre la grande famille puissante et Ravalomanana
La décision économique de Ravalomanana avait des revers. Certaines décisions ne protégeaient pas les intérêts économiques de granombred de familles, entre autres la famille Ramanandraibe, Rasolondraibe, Rajabali, Danil Ismael, Ramaroson.
Ayant un intérêt, certaines familles rejoignent Rajoelina en espérant profiter de sa période pour augmenter leur surplus économique.
Phobie de la puissance de Ravalomanana
Sur le plan international, le régime Ravalomanana était sur le point d’être reconnu pour ses efforts et ses réalisations. L’accueil du Sommet de l’Union Africaine aurait probablement un impact diplomatique tout comme l’accueil du sommet de la francophonie que Bernard.
En hébergeant ces sommets, Madagascar en général etRavalomanana en particulier se trouve au sommet du monde entier. Son prestige et son honneur augmentent progressivement. Un tel accueil est une forme d’atteinte du besoin d’estime et un besoin d’accomplissement de soi71 sur l’échelle de Maslow. Sous un regard psychologique de Maslow, c’est une forme de respect. Maslow distingue deux sous-ensembles de ce besoin d’estime : « (…), le désir de la puissance, de performance, d’ adéquation, de confiance au regard du monde et d’indépendance et de liberté. »P.65
(…), le désir de réputation ou prestige, de reconna issance, d’attention, d’importance et d’appréciation. »P.6572
Accueillir donc ces deux sommets procure à la fois à Ravalomanana une puissance mais aussi une réputation (qui vont probablement renforcer son pouvoir et ses atouts auprès des électeurs). Ce qui confirmerait au stéréotype quiitdqu’il est un grand bosseur, un génie.
Force est alors de remarquer la présence de l’A.N.L telle que la jalousie de la classe politique anti-Ravalomanana. C’est en partie un moteur qui leur motive à destituer Ravalomanana vu que ces réalisations sont palpables.
Visiblement donc, Ravalomanana menait des luttes 73 sur tous les fronts qui entraînaient des réactions de la part des acteurs. A force de trop réagir, il provoque des échos négatifs et beaucoup de variables qu’il doit maîtriser.
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Table des matières
Partie I: Les Républiques de Madagascar dans une crise cyclique
Chapitre I : Les crises cyclique
A- La crise de Mai 1972
B- La crise de 1991
C- La crise de 2002
D- Dénominateurs communs des crises Malagasy
1) L’épicentre
2) « Le sang qui mène au pouvoir »
3) La sacralisation du pouvoir de la rue
4) Les acteurs
E- Les racines de ces instabilités chroniques
1) Conception monarchique de l’Etat
2) Auto-verrouillage du débat contradictoire
3) Absence du contre pouvoir
Chapitre II : Concepts et théorie générale de l’action
A- Concepts
1- Crise
2- Pratique politique
B- Théorie générale de l’action
a- Talcott Parsons et les étapes de sa pensée
b- Les pièces maitresses de la théorie générale de l’action
c- Système d’action sociale
d- Hiérarchie cybernétique
e- Système d’échange
f- Distinction de niveau
g- Synthèse de la théorie parsonienne
Partie II : La conquête du pouvoir par Andry Rajoelina
Chapitre I : La pratique politique du président Ravalomanana
A- Le prince Ravalomanana et sa pratique politique de 2002 à 2006
B- Ravalomanana : Trop indépendant et trop puissant (2006 à 2009)
C- Perception et jugement de la période Ravalomanana par la microsociété
Chapitre II : Les rites politiques pour s’accaparer du pouvoir
A- La mobilisation des objets sociaux
B- Les causes du Mouvement Orange
C- Perception et jugement de la période Rajoelina par la microsociété
Partie III : Le processus interminable de la mise en place de la Transition
Chapitre I : Les actions sociales dans la transition
A- Les principaux rivaux
B- La Haute Autorité de la Transition
C- Les forces armées
D- Les Eglises
E- La Communauté Internationale C.I
F- La société civile
G- Les partis politiques
H- Le pouvoir judiciaire
I- Les médias
Chapitre II : Chevauchement du champ politique et du champ économique
A- Rentes étatiques : objets de compétition
B- Politique : facteur d’ascension sociale
C- Essai de proposition d’issu à la crise
Conclusion générale
Bibliographie
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