Les philosophes de la nature ou physiologues

LES PHILOSOPHES DE LA NATURE OU PHYSIOLOGUES 

Première génération de philosophes, les physiologues ou philosophes de la nature pour expliquer l’origine du monde, ont rompu avec la tradition mythologique où tout émanait des dieux. Ils cherchent avant tout à connaitre la nature de la substance première afin de tout expliquer. Ces philosophes s’appliquaient dans tous les domaines de connaissance. Ils ignoraient les distinctions que nous faisons aujourd’hui entre les différents domaines d’application du savoir. Ainsi, chez eux, cohabitaient l’astronomie, la physique, les mathématiques, la géométrie et cætera, ils s’occupaient exclusivement du monde physique. Ce qui leur a d’ailleurs valu le nom de physiologues ou philosophes de la nature.

Ils ont tous su dessiner un discours argumentatif et démonstratif de la philosophie marquant ainsi un travail considérable dans tous les domaines du savoir. Ce qui leur importait dans leur quête, c’était de trouver un principe premier fondateur, ce à quoi toutes choses existent. Mais sur ce point, ils différent les uns des autres quant à la recherche de ce principe premier. Ils furent les premiers à avoir rompu avec tous types d’explications du monde qui relevait du mythe. Car avant eux, toutes explications des phénomènes étaient assimilées à une divinité. Cette rupture avec toute explication mythologique des phénomènes observés était la première émancipation intellectuelle de ces philosophes.

LE PASSAGE DU MYTHE (MUTHOS) À LA RAISON ( LOGOS)

Autrefois, les poètes expliquaient l’origine du cosmos par des mythes, des narrations dans lesquelles les dieux étaient la cause et la dynamique des faits naturels et des phénomènes : Zeus pour la foudre et les tonnerres, Poséidon pour la mer et les tremblements de mer, Apollon pour le soleil et sa lumière faisant vivre plantes et animaux, Déméter déesse de la fertilité, mère nourricière présidant à la germination des céréales. Face à ces explications mythologiques du cosmos, les philosophes du VIème siècle avant Jésus Christ apportent une révolution, une innovation radicale tant bien au niveau du fond que de la forme ; ni chanteurs, ni poètes, ni conteurs comme autrefois, ils s’expriment désormais en prose, dans des textes écrits, qui ne visent plus à dérouler un récit, mais plutôt à exposer une théorie explicative concernant certains phénomènes naturels et l’organisation du cosmos. De l’oral à l’écrit, du chant poétique à la prose, de la narration à l’explication, le changement de registre répond à un type d’enquête entièrement neuf, neuf par l’objet qu’elle désigne: la nature ; neuf par la forme de pensée qui s’y manifeste et qui est toute positive. On peut ainsi dire d’eux, qu’ils sont les créateurs de la rationalité philosophique et scientifique. Car dans leurs œuvres, la Raison (logos) se serait tout à coup incarnée. Descendant du ciel sur la terre, elle aurait pour la première fois, fait irruption sur la scène de l’histoire quant à l’explication des origines du cosmos . L’explication du cosmos qui se faisait jadis par chant poétique et par narration a connu un changement considérable.

Les premiers philosophes n’ont pas voulu adopter la même méthode que leurs prédécesseurs pour le même but qui est celui de l’explication du cosmos. Ils marqueront leur empreinte dans ce domaine non seulement en rompant d’avec le récit, mais aussi en refusant d’impliquer les dieux. Ils ont pris leur distance vis-à-vis de la mythologie en la substituant avec des explications phénoménales, rationnelles. Ce changement de registre de l’oral à l’écrit, de la narration à l’explication, de la mythologie à la raison a fait d’eux les précurseurs de la science. Ainsi, nous remarquons que chez les premiers philosophes, les recherches étaient orientées vers la nature afin d’expliquer de façon rationnelle l’origine du cosmos. Ils ont inauguré une nouvelle démarche intellectuelle en envisageant une cosmologie sans dieux, régie par un principe, une origine, une certaine nature.

Il ne s’agit plus d’une histoire, mais plutôt d’une représentation du cosmos. Une véritable révolution intellectuelle mettant en avant le logos est annoncée. Voici le grand tournant….Voici l’entrée en scène de la science, conçue dans son universalité, sous son aspect logique et rationnel . Une période cruciale dans l’histoire de la pensée grecque s’affiche quand des philosophes ont décidé de renverser la traditionnelle explication de l’origine du cosmos, une époque pouvant être considérée d’âge d’or de la philosophie grecque. S’intéressant à tous les domaines de connaissances, le monde phénoménal reste leur domaine d’étude en adoptant une méthode rationnelle basée sur observation, démonstration et déduction.

Nous constatons le début de la science. Ainsi, des explications mythologiques du monde sont mises de côté pour essayer de lui apporter une explication plus rationnelle basée sur l’observation de la nature et précisément sur ses phénomènes.

L’APPARITION DES PREMIÈRES ÉCOLES PHILOSOPHIQUES

Au VIème avant Jésus Christ, on note un nombre pléthorique de maîtres et de disciples. Des écoles de pensée s’implantent un peu partout en Grèce. La première est celle d’Ion. Elle est la première école importante de la philosophie grecque. Originaire de Milet, Thalès fut le fondateur. Il est le premier philosophe mentionné par l’histoire. Cette école regroupait en son sein Thalès de Milet, Anaximandre et Anaximène. On note aussi la présence d’une école philosophique à Elée qu’on désignait par un groupe de penseurs qui auraient tous en commun d’avoir vécu à Elée (Italie du sud) et d’être soit des disciples, soit des interlocuteurs de Parménide. Les figures emblématiques qui la représentaient furent Parménide, Xénophane de Colophon et Zénon d’Elée. Nous avons également l’école des Atomistes qui regroupait entre autres Démocrite d’Abdère, Leucippe. À Crotone, apparait une école: l’école Pythagoricienne. C’était une communauté, une secte à la fois philosophique, scientifique, politique, religieuse et initiatique. Cette école parvint en premier à unir deux formes d’esprits qui, généralement, s’excluaient, à savoir d’une part l’esprit scientifique et d’autre part l’esprit mystique. Elle était dirigée par Pythagore qui recrutait ses disciples selon certains critères.

Bref, Les premiers philosophes se regroupaient en plusieurs écoles presque isolées dans les différentes colonies de la Grèce. Ce sont l’école Ionienne, l’école Eléatique, l’école Atomistique et en fin l’école Pythagoricienne. Chacune de ces écoles a suivi sa propre direction concernant la recherche de l’origine des phénomènes. On note même des divergences d’opinions sur cette même question au sein même d’une même école.

LA RECHERCHE DU PRINCIPE PREMIER (ἀρχή)

Faisant du cosmos, de la nature leur objet d’étude, les premiers philosophes se lanceront dans une entreprise de recherches de l’origine de toutes choses. Ils vont chercher le principe de toutes choses parmi les éléments constitutifs du monde physique dans le souci de répondre à la question comment rendre compte de la nature sans sortir de la nature. Une multitude de réponses découleront de ces recherches. Chacun apportera une réponse différente de celle des autres. Ayant tous le même objectif qui est celui de la recherche de l’archè ; principe matériel de l’univers, les philosophes de Milet ne s’accorderont pas sur cette matière première. C’est ainsi que Thalès enseignera que l’Eau est la cause matérielle de toutes choses et la terre flotte sur l’Eau. Selon lui, tous les phénomènes naturels constituent des formes diverses d’une substance fondamentale qu’il considère comme le principe premier de toutes choses ; à savoir l’Eau. Il considère aussi que l’évaporation et la condensation sont des processus. Cette théorie de l’Eau origine de toutes choses selon Thalès est attestée par un témoignage d’Aristote, qui, exposant sa théorie, affirme : Thalès, le fondateur de cette philosophie dit que le principe premier est l’Eau (c’est pourquoi il déclarait que la terre flottait sur l’eau) ; il fut conduit sans doute à cette croyance en observant que toutes choses se nourrissaient d’humide et que le chaud lui-même en procède et en vit. Telle est l’observation qui lui fut adopté cette manière de voir, et aussi cet autre fait que les spermes de toutes choses ont une nature humide et que l’Eau est à l’origine de la nature des choses .

Disciple de Thalès, Anaximandre soutient pour sa part que l’univers n’est rien de définissable. Cependant, il affirme que le principe premier dont dérivent toutes choses est une substance intangible, infinie, insaisissable, indéfinie qu’il appelle « Non-fini » (ἄπειρον) : L’infini est le principe et l’élément des êtres . Ce principe est à l’origine de toutes les réalités, il est leur fondement commun et unique, il est le commencement absolu à en croire Anaximandre. L’Air sera le premier élément pour Anaximène. Disciple d’Anaximandre, il considère l’Air comme étant un principe infini et animateur universel. Il est l’origine de toutes choses. Tout comme notre âme qui est de l’air nous domine et nous conserve, ainsi, un souffle et un air enveloppent et contiennent le monde entier . Ainsi, l’Air, serait la cause de tous les phénomènes observables de l’univers. Les Milésiens Thalès, Anaximandre et Anaximène ont pris respectivement l’Eau, l’Infini et l’Air comme étant le principe premier de toutes choses. Du même moment, les Pythagoriciens tentent d’expliquer le monde à partir des nombres qu’ils faisaient correspondre à des formes. Les philosophes Atomistes, quant à  eux, expliquent le monde à partir des atomes qui, prétendent-ils, s’accrochent et forment tous les corps de la nature. Selon leur théorie, la nature est composée de deux principes : les atomes (l’être ou le plein) et le néant (le non-être ou le vide). Refusant d’aller dans le même sens que les autres, les penseurs de l’école d’Elée introduiront une rupture dans la réflexion scientifique. Contrairement aux autres qui scrutent la nature afin d’y apercevoir le principe du tout, les Eléates affirment que la réalité se situe par- delà la nature et ne peut être aperçue que par l’usage de la raison.

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Table des matières

INTRODUCTION
A. CHAPITRE1 : LES PHILOSOPHES DE LA NATURE OU PHYSIOLOGUES
1. PASSAGE DU MYTHE (μῠθος) A LA RAISON (λόγοϛ)
2. L’APPARITION DES PREMIERES ECOLES PHILOSOPHIQUES
3. LA RECHERCHE D’UN PRINCIPE PREMIER (ἀρχή)
B. CHAPITRE2 : LA RUPTURE APPORTEE AU –Vème SIECLE PAR SOCRATE ET LES SOPHISTES
1. CONTEXTE HISTORIQUE
2. UNE PHILOSOPHIE CENTREE SUR L’HOMME
3. THEMES DE REFLEXION
a) REFLEXION SUR LA RELIGION
b) REFLEXION SUR LA POLITIQUE
c) REFLEXION SUR LE DROIT ET LA JUSTICE
d) REFLEXION SUR LA VERTU-LE RELATIVISME ET LE SCEPTICISME
C. CHAPITRE3 : SOCRATISME ET SOPHISTIQUE
1. DIALECTIQUE SOCRATIQUE ET RHETORIQUE SOPHISTIQUE
2. LA METHODE SOCRATIQUE ET L’ENSEIGNEMENT SOPHISTIQUE
a) LA MAIEUTIQUE SOCRATIQUE
b) L’ENSEIGNEMENT SOPHISTIQUE
3. L’IDEALISME SOCRATIQUE ET LE PRAGMATISME SOPHISTIQUE
CONCLUSION

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