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La qualité de vie et le bien-être, des notions différentes
Qualité de vie et bien-être, deux notions liées mais bien différentes: La qualité de vie et le bien-être sont différents. Les deux se rattachent néanmoins à des thèmes quantifiables que sont : l’autonomie, l’équité, la santé, la cohésion sociale et l’état de l’environnement. Or «La qualité de la vie va renvoyer à un état de choses, alors que le bien-être sera articulé à un état d’esprit » (Territoires Sites et Cités, 2005, p.19). Aujourd’hui la qualité de vie « se définit par rapport au degré de satisfaction d’un ensemble de besoins et de désirs déterminés à partir d’un point de vue, qui, idéalement, devrait être celui des sujets eux-mêmes. » (Leplège, 1999, p124). La qualité de vie n’est pas seulement restreinte à une bonne santé et un bon salaire, elle prend également en compte la notion de plaisir et de bien-être.
Donc pour distinguer les deux notions, on peut également dire qu’il y a bien-être lorsque l’individu est satisfait (aspect subjectif) de la qualité de son cadre de vie (aspect objectif).
Il est donc évident que les choix des acteurs locaux cherchent à satisfaire les populations, tout en assurant la pérennité de la commune. Cependant la volonté d’améliorer la qualité de vie est une volonté objective qui de façon standardisée cherche à améliorer la santé, l’éducation, la sécurité etc… des habitants.
Or on vient de le voir, le bien-être des populations ne dépend pas seulement de la qualité de vie au sein des communes. Il est clair que cela joue un grand rôle, or il est primordial que les habitants s’identifient dans les choix faits par les acteurs locaux. Le jugement de valeur est très important, c’est la clef de voute du bien-être et ces valeurs sont notamment développées en lien avec le patrimoine local.
C’est en sens, que les dynamiques paysagères peuvent améliorer la qualité de vie des habitants, tout en dégradant le sentiment de bien-être vis-à-vis des valeurs perdues. Il existe donc une balance instable entre qualité de vie et bien-être, qui est guidée par les dynamiques paysagères. Bien sûr il est aussi possible que l’amélioration de la qualité de vie améliore le bien-être.
Le bien-être, une notion subjective et personnelle: Comme vu précédemment, le bien-être s’obtient avec le plaisir, la satisfaction. «Le bien-être est le résultat d’une relation subjective entre une personne et les valeurs auxquelles elle aspire, valeurs morales, culturelles, politiques, économiques». Bailly (1981).
Le bien-être éprouvé dans un espace à un moment donné dépend de trois composantes : le bien-être corporel, le bien-être relationnel et le bien-être esthétique. (Pezeu-Massabuau, 2002, p. 15-34). C’est essentiellement pour cela que les facteurs affectants le bien-être sont essentiellement locaux. De plus, il est aisé de remarquer qu’un paysage, un patrimoine, entre au moins dans l’une de ces composantes. En effet, On associe la nature et le vert à un environnement de bien-être, à un lieu pour se ressourcer. De nombreuses études ont notamment prouvé les bienfaits d’un environnement naturel sur la santé mentale.
Cependant, la subjectivité du bien-être rend sa mesure difficile. En effet, à ce jour, les indicateurs n’appréhendent la qualité de vie et le bien être que sous l’angle d’indices standardisés, laissant le plus souvent de côté quelques valeurs fondamentales génératrices de satisfaction pour les individus, à des échelles plus fines : l’art, la culture, la beauté, l’environnement… Ces initiatives sont ainsi encore largement orientées dans le sens de «qualités objectivables».
De là se pose la question du choix des indicateurs capables de mettre en lumière le bien-être des individus au sein d’un espace. D’une part, les ressentis diffèrent en fonction du vécu et d’autre part les émotions aussi différentes soient-elles, sont difficilement mesurables et généralisables.
C’est pour cela qu’il est indispensable de donner la parole aux populations locales, afin de réussir à cerner les éléments source de bien-être ou de mal-être.
Etat des lieux des différentes méthodologies
Les limites des indicateurs économiques: L’objectif de l’étude FEDER est donc de concevoir un indicateur permettant de prendre en compte la notion subjective du bien-être plutôt que des contingences économiques. Nous savons que les indicateurs classiques attribués aux paysages ou à tout autre objet sont souvent de nature économique (directement ou indirectement). L’avantage c’est qu’il est aisé de le quantifier et donc de l’analyser. (Monica Brezzi, « Au-delà du PIB en-deçà du PIB »). Le bien-être, lui, fait appel aux personnalités des individus, c’est une richesse intrinsèque à chacun, c’est par conséquent une matière difficilement calculable et juxtaposable (puisque on part du postulat que chaque individu est unique). Il existe dans la littérature de nombreuses méthodes permettant de déterminer des indicateurs économiques de l’environnement, des paysages, du patrimoine, et aussi quelques indicateurs composites permettant de calculer le bien-être des populations. Dans cet état des lieux, nous allons chercher des concepts constitutifs de ces méthodes pour essayer de les adapter ou de s’en inspirer pour concevoir nos propres indicateurs.
Classiquement, les méthodes consistent à évaluer l’impact économique d’un objet. Cela se fait par exemple pour évaluer l’impact économique (et social) du patrimoine. C’est une quantification chiffrée d’un patrimoine humain essentiellement, en analysant des données sur les emplois, revenus, exploitation, restauration etc… (Agence PACA, « Guide méthodologique pour l’analyse de l’impact du patrimoine »). Il n’y a pas de lien direct avec le bien-être dans cette méthode, toutefois on peut imaginer qu’il existe une relation entre la santé économique d’un territoire et la qualité de vie des populations qui lui sont associées (résidents, touristes, travailleurs…). Or nous avons vu précédemment que la qualité de vie et le bien-être sont deux notions différentes (Territoires, Sites et Cités, 2005 p.19). Les indicateurs économiques pourraient avoir un rôle complémentaire à d’autres indicateurs.
Dans la continuité des indicateurs économiques, on retrouve aussi des méthodes permettant d’évaluer économiquement le patrimoine urbain, mais selon une approche par la soutenabilité. Le patrimoine est considéré comme multidimensionnel (capital physique et technique/ capital naturel/ capital culturel/ capital humain et social) et se divise en trois types : les monuments, les sites et les ensembles. Il émerge dans cette méthode la prise en compte de tous les aspects gravitant autour d’un patrimoine. Les indicateurs de soutenabilité visent alors à « comptabiliser l’ensemble des flux d’investissement et de dépréciation des capitaux : pour le patrimoine urbain cela revient à repérer les flux d’investissement de ces éléments constitutifs et de les comparer aux flux d’investissement aux dégradations subies de ces mêmes éléments. » (Michel Vernires, « Méthodologies d’évaluation économique du patrimoine urbain : une approche par la soutenabilité »). Le patrimoine naturel peut être comptabilisé avec sa VET (valeur éco totale) qui est égale à la somme de sa valeur d’usage et de sa valeur de non usage. Cependant, la notion de valeur culturelle et identitaire ne peut pas être idéalement calculée par le VET. Les valeurs de non usage peuvent être évaluées par des questionnaires faisant appel au CAP (Consentement à payer) et au CAR (Consentement à renoncer), puisque les individus sont les mieux placés pour évaluer leur propre bien être.
Le contexte d’étude
Afin de s’éloigner des limites imposées par le PIB et ainsi proposer de nouveaux outils d’aide à la prise de décision dans l’aménagement du territoire, le projet d’étude FEDER souhaite étudier les conséquences des dynamiques paysagères (engendrées par l’économie et le choix politiques) sur le patrimoine, qui lui peut contribuer au bien-être social.
Pour cela, il a fallu choisir un territoire au fort patrimoine, où les dynamiques paysagères sont plus aisément remarquées. C’est en ce sens qu’il a été décidé d’évaluer le bien-être ou le mal-être éprouvés par les populations du Val de Loire afin d’en tirer des conclusions sur le rôle joué par ces dynamiques économiques. Le Val de Loire s’étend de Sully-sur-Loire dans le Loiret à Chalonnes-sur-Loire dans le Maine-et-Loire et est inscrit au patrimoine mondiale UNESCO au titre des paysages culturels. Le paysage ligérien du val de Loire est notamment reconnu pour la présence de nombreux châteaux (Chambord, Amboise, Villandry…).
Afin de concentrer les recherches, deux sites ont été choisis au sein du Val de Loire, un à chaque extrémité. Ces deux sites au patrimoine riche ont notamment été marqués par des dynamiques économiques fortes. Par exemple l’importance de l’ardoise dans l’économie autour de Trélazé a impacté significativement le paysage. Le premier site est situé en Région Centre, à l’est d’Orléans, composé des communes de Châteauneuf-sur-Loire, Sigloy, Ouvrouer-les-Champs, Germigny- des-Prés, Guilly, Saint-Benoit-sur Loire, Saint-Père-sur Loire et Sully-sur-Loire. Le deuxième situé proche d’Angers en Région Pays de la Loire composé des communes de Trélazé, La Daguenière, Juigné-sur-Loire, Saint-Jean-des-Mauves, Saint-Saturnin et Saint-Sulpice.
L’objectif second de cette étude, après avoir pris connaissance de l’impact des dynamiques paysagères sur le patrimoine et le bien-être, est de mettre en place des indicateurs nouveaux qui serviront d’outils d’aide à la décision pour les acteurs locaux. Cette étude financée par le FEDER est orchestrée par le laboratoire CITERES de l’Université de Tours qui sera le laboratoire coordinateur et le laboratoire ESO de l’Université d’Angers, ainsi que deux laboratoires de la région Ile-de-France (CEMOTEV, université de St-Quentin-en-Yvelines et LADYSS, CNRS et Université de Paris1, 7, 8 et 10) ainsi que la Mission Val de Loire, organe de gestion du site inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
La phase du recueil de données
Les bases de la méthode reposent sur la confrontation de données variées relatives aux populations, aux paysages, à l’économie, biodiversité… d’un territoire avec les discours tenus par ces populations locales. L’enquête par analyse de contenu exige d’identifier « les significations diverses d’un objet pour un groupe donné, plus ou moins hétérogène ». En clair, c’est la très grande variété dans les réponses qui va être intéressante à analyser. Il faut donc impérativement passer par une phase faisant l’état des lieux des territoires, mais également qui permette de distinguer des évolutions au cours de son histoire, que ce soit au niveau économique, patrimonial, paysager ou humain. Il est impératif de prendre en compte les dynamiques paysagères et économiques pour se représenter le territoire avant même de s’y rendre pour interviewer, notamment pour recueillir in situ des données manquantes (plus particulièrement relatives aux documents d’urbanismes, souvent peu disponibles en dehors des mairies).
Marre de la Belette
Cette marre est située dans la forêt domaniale d’Orléans, à un peu plus de 7 km au Nord-Ouest de Châteauneuf sur Loire, et son régime de protection est identique à une ZPS. C’est un point d’eau restauré par l’ONF, abritant la végétation de « tourbière de transition ». L’habitat est rare dans la région, mais en bon état de conservation.
Pelouses et lits mineurs d’entre les levées
S’étend sur 162 ha, et passe par Sully-sur-Loire, Saint-Père-sur-Loire et Saint-Benoît-sur-Loire. Elle est Composée de terrains acquis par le CPN région Centre sur près de 20 ha. Le reste de la zone (lit mineur Loire), comprend une île boisée et une étendue importante de grèves alluviales exondées lors de l’étiage. L’Intérêt est surtout floristique et paysager : des pelouses sablo-calcaires particulièrement riches avec plus de 20 espèces déterminantes sont recensées et sont en bon état de conservation. Comme pour la plupart des milieux aquatiques, la fermeture des milieux est une menace pour sa préservation.
C’est pour cela qu’il existe de nombreuses mesures de protection : le terrain est acquis par un conservatoire d’espaces naturels et d’espace classé. Il y a aussi une réserve de chasse et de faune sauvage. Le site est également considéré comme ZPS et ZSC.
Pelouses de l’Ile aux canes et aux milieux annexes
Les terrains de cette ZNIEFF (507 ha) ont été acquis par un Conservatoire d’espaces naturels. Il s’agit d’un espace classé boisé inscrit selon la loi de 1930 et soumis à arrêté préfectoral de Biotope. En outre il y a une réserve de chasse et de faune sauvage du domaine public fluvial. C’est également une zone sous convention de gestion bénéficiant de mesures agro-environnementales. Elle est aussi classée en ZPS/ZSC.
Les dangers pour ce site sont le débroussaillage, la suppression des haies et des bosquets, le remembrement et les travaux connexes. L’Abandon des systèmes culturaux et pastoraux engendre l’apparition de friches. Il y a aussi un risque potentiel de submersion. Les communes devant être vigilants face à ces menaces sont Saint-Benoit, Guilly et Germigny.
La zone est localisée au Nord-Ouest du bourg de Guilly, celui de l’Ile aux Canes est constitué de dépôts alluviaux traversés par trois anciens bras temporaires orientés Est/Ouest. Elle est occupée par un ensemble complexe de boisements et de fourrés alluviaux à bois tendres et durs, ainsi que de prairies mésophiles, de pelouses et d’une végétation amphibie. Les milieux aquatiques représentés par lit mineur Loire/mares localisées dans les bras morts. C’est un site naturel majeur de la région, sa diversité dans l’occupation du sol permet le développement d’une faune diversifiée. On rencontre 11 espèces animales classées dans l’annexe II de la Directive Habitat, 5 espèces d’oiseaux classées en annexe I de la directive Oiseaux.
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Table des matières
Introduction
I-Une approche inédite : des indicateurs de bien-être pour le paysage
a) Les paysages comme entités dynamiques et économiques
b) La qualité de vie et le bien-être, des notions différentes
c) Etat des lieux des différentes méthodologies
II-Une méthodologie à définir…
a) Le contexte d’étude
b) La phase du recueil de données
1) Le site du Loiret
1.1- RGP
1.2- Documents d’urbanismes
1.3- Sites inscrits et classés
1.4- Biodiversité et nature
2) Site Maine et Loire
2.1 – RGP
2.2 – Biodiversité et nature
2.3 – Documents d’urbanisme :
c) Les enquêtes de terrain
III-…Pour aboutir à des indicateurs fiables
a) Les tendances qui se dessinent
b) Les indicateurs possibles :
c) Commentaires sur la méthode :
IV-Conclusion
V-Bilan personnel
VI-Bibliographie
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