L’édentement est un handicap d’autant plus préoccupant que la longévité connait aujourd’hui une évolution graduelle. L’édentation est le processus physiologique ou pathologique de remaniement par lequel on aboutit à la perte des dents. Elle est souvent employée abusivement à la place de l’édentement. L’édentement total se définit par la perte de toutes les dents au niveau d’une arcade ou au niveau da la bouche. Il désigne l’état d’une denture sur laquelle il manque une, plusieurs ou toutes les dents par suite d’avulsions provoquées ou spontanées [7]. Outre les facteurs socio-économiques spécifiques à certaines populations, la perte des dents est la conséquence de traumatismes, maladies parodontales ou atteintes carieuses. Par conséquent, le nombre de personnes totalement édentées ou ayant une arcade édentée augmente avec l’âge [23].
En Suisse, le taux d’édentement total est actuellement d’environ 50 % chez les personnes de plus de 65 ans, alors qu’il est inexistant chez les moins de 20 ans. Par contre, dans les pays scandinaves, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, 50 à 70 % des personnes de plus de 65 ans étaient édentées en 1988 et 60 à 85 % d’entre elles portaient au moins une prothèse totale. L’édentement total était plus fréquent chez les femmes que chez les hommes et parmi les classes sociales les plus défavorisées [14]. Dans nos pays, la prévention au sens strict n’est pas entièrement adoptée. Ce qui fait que le plus souvent le praticien est appelé à intervenir au stade de la limitation des dégâts (extraction). L’activité principale de la santé dentaire dans les pays en voie de développement devient alors l’extraction dentaire et sa conséquence, l’édentement, un véritable problème de santé publique [23]. Un rapport sur l’état de la santé bucco-dentaire en France rapporte que sur une population âgée de 65 à 74 ans, 61,1 % sont porteurs de prothèses adjointes [20]. Les mêmes tendances sont observées dans les pays en voie de développement. En effet, au Sénégal, une étude faite par Dieng et al. [16] sur 405 sujets âgés de 18 à 70 ans a révélé que 10,1 % de la population urbaine de Dakar sont porteurs de prothèses.
L’intégration des prothèses est un processus complexe influencé par plusieurs facteurs dont le vieillissement qui se manifeste à des niveaux physiologique, pathologique et pharmacologique. Il provoque des conditions orales défavorables qui participent à l’échec de la réhabilitation prothétique conventionnelle [37]. De même, quand la prothèse amovible est inadaptée, elle occasionne des doléances. En effet, une étude réalisée par Bah sur une population de 60 patients édentés totaux [6] rapporte que 63,3 % des patients exprimaient des doléances immédiates suite au port de leur prothèse amovible complète (PAC). Ces plaintes relatives à des manifestations douloureuses ou à des troubles fonctionnels peuvent entrainer le patient et le praticien dans une spirale de séances longues et infructueuses, susceptibles selon Pouysségur et al. [40] de détériorer la relation thérapeutique et à l’extrême de provoquer le rejet total de la prothèse. Paradoxalement, la tolérance vis à-vis d’une PAC inadaptée peut augmenter avec l’âge [34] parce que les patients acceptent inconsciemment la réduction de leurs capacités fonctionnelles comme une des manifestations de leur processus de vieillissement [33]. Leurs besoins réels sont alors de loin plus importants que leurs doléances. L’absence de prise en charge peut alors occasionner des lésions non négligeables des tissus ostéo-muqueux de soutien.
ETIOLOGIE DE L’EDENTEMENT
Les pathologies bucco-dentaires les plus fréquemment rencontrées sont dominées par la carie dentaire et les maladies parodontales selon l’OMS [42]. Le nombre de personnes présentant des caries dentaires dans le monde s’élève à cinq milliards avec une tendance à l’augmentation dans de nombreux pays en développement. Dans ces pays, la prévention au sens strict n’est pas entièrement adoptée. Ce qui fait que le plus souvent, le praticien est appelé à intervenir au stade de la limitation des dégâts (extraction). L’activité principale de la santé dentaire, devient alors l’extraction dentaire et sa conséquence, l’édentement, un véritable problème de santé publique [23]. Plusieurs études ont montré que la qualité de l’alimentation pouvait influer sur la résistance ou la vulnérabilité des tissus mous ou durs de la bouche. Il en est de même pour la consommation de certains produits d’addition comme le tabac ou l’alcool qui entrainent dans bien des cas une détérioration de la santé orale [42]. L’édentement pose de véritables problèmes psycho-sociaux d’insertion. Les pathologies bucco-dentaires (la carie dentaire, les parodontopathies, les pathologies des tissus mous), les traumatismes et la sénescence sont les principaux facteurs étiologies de l’édentement. Ces facteurs entrainent la perte des dents provoquant à leur tour l’édentement.
Les pathologies bucco-dentaires
La carie dentaire
La carie dentaire est une maladie bactérienne chronique multifactorielle à germes non spécifiques qui affecte les tissus durs de la dent. Son évolution est marquée par une destruction progressive des tissus minéralisés de la dent par un processus de déminéralisation plus ou moins rapide et centripète. Elle est due à un processus physico-chimique qui se déroule entre la plaque bactérienne, les hydrates de carbone et l’hydroxy-apatite de l’émail dentaire [13]. La qualité de l’alimentation pouvait influer sur la résistance ou la vulnérabilité des tissus mous ou durs de la bouche. Il en est de même pour la consommation de certains produits d’addiction comme le tabac ou l’alcool qui entrainent dans bien des cas une détérioration de la santé orale [42]. La conséquence de l’absence de traitement entraine la perte des dents.
Les parodontopathies
Les parodontopathies ou maladies parodontales sont des affections bactériennes de nature inflammatoire ou dégénérative affectant les tissus de soutien de la dent ou parodonte (gencive, cément, desmodonte et os alvéolaire). Les maladies parodontales peuvent entrainer des mobilités dentaires et par la suite la perte spontanée de dents. Elles ont été désignées par plusieurs auteurs comme la principale cause des pertes dentaires dans les populations démunies et malnutries [6]. Diouf [17] à réalisé, en 1997, au niveau de la région de Dakar, une étude descriptive de l’état parodontal à propos de 1000 cas et les résultats ont montré que 23,5 % de l’échantillon sont justiciables d’une prothèse dentaire contre 0,4 % qui en porte.
Les pathologies des tissus mous
Certaines affections des tissus mous de la cavité buccale peuvent être à l’origine de perte dentaire par un processus inflammatoire, infectieux ou tumoral. Ce sont entre autres : le lymphome de Burkitt, les candidoses, les tumeurs, les manifestations buccales de VIH/SIDA etc [6].
Les traumatismes
Les traumatismes peuvent être définis comme l’ensemble des lésions d’un tissu ou d’un organe provoquées par un agent vulnérant. Ils peuvent intéresser les dents, les maxillaires ou les tissus de soutien. Ces traumatismes peuvent être causés par un accident de la voie publique, de la cour d’école ou du travail, par des violences diverses (rixes ou agression), par des mutilations dentaires ou des fautes iatrogènes (lors d’extractions difficiles mal gérées par exemple) [6]. Ces traumatismes peuvent entrainer des mobilités irréversibles qui vont justifier les extractions dentaires et l’édentement.
La sénescence
Elle est définie comme étant la détérioration des tissus par un processus de vieillissement qui peut être normal en rapport avec l’âge ou pathologique (prématuré). Pour certains auteurs, l’augmentation de la sénescence, pourrait être due à une hyper résorption par conséquent entrainait une perte des dents .
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. Etiologie de l’édentement
1.1 . Les pathologies bucco-dentaires
1.1.1. La carie dentaire
1.1.2. Les parodontopathies
1.1.3. Les pathologies des tissus mous
1.2 . Les traumatismes
1.3 . La sénescence
1.4 . Autres pathologies
II. La prothèse dentaire
2.1 . Définition
2.2 . Historique
2.3 . Classification des prothèses
2.3.1 .La prothèse dentaire fixe
2.3.1.1 . Les prothèses fixes sur dents naturelles
2.3.1.2 . Les prothèses fixes sur implants dentaires
2.3.2 . La prothèse dentaire amovible
2.3.2.1 . La prothèse amovible partielle
2.3.2.2 . La prothèse amovible complète
III. Les étapes de réalisation de la prothèse amovible
3.1 . Observation clinique
3.1.1. Présentation, premier contact
3.1.1.1 . Le sexe
3.1.1.2 . L’âge
3.1.1.3 . Le niveau socio-économique et professionnel
3.1.1.4 . L’attitude, le comportement, le type constitutionnel, et le tempérament
3.1.2. Interrogatoire, anamnèse
3.1.2.1 . Facteurs généraux
3.1.2.2 . Facteurs locaux
3.1.3 Examen clinique
3.2 La prise des empreintes primaires
3.3 L’ajustage clinique des portes empreintes individuels
3.4 La prise des empreintes secondaires
3.5 La réalisation du châssis métallique ou des maquettes d’occlusion
3.6 La détermination de la Dimension Verticale d’Occlusion (DVO)
3.7 Le choix et montage des dents
3.7.2 . Le montage esthétique
3.7.3 Le montage fonctionnel
3.8 L’essayage des maquettes
3.9 L’insertion des prothèses
3.9.1. . Définition
3.9.2 . L’insertion en bouche
3.9.2.1 L’insertion proprement dite
3.9.2.2 Contrôle des prothèses
3.9.2.3 Contrôle de l’occlusion
3.9.2.4 Contrôle de l’esthétique
3.9.2.5 Contrôle phonétique
3.9.2.6 Les conseils
3.10 Suivi des prothèses
IV. Esthétique en prothèse
4.1 Définition
4.2 Le patient et l’esthétique
3.9.2. L’édenté et l’image du corps
3.9.3. La société et les médias
3.9.4. La collaboration du patient
4.3 . Le praticien et l’esthétique
V. Equilibre biomécanique des prothèses
5.1 . La sustentation
4.1.1. Les forces nuisibles
4.1.2. La surface d’appui
5.1.2.1 . Aire de sustentation
5.1.2.2 .Orientation
5.1.2.3 .Résistance
5.2 La stabilisation
5.2.2 Les forces nuisibles
5.2.3 Les surfaces utiles
5.3 La rétention
VI. Rapport périphériques des prothèses
6.1 . Eléments anatomiques et physiologiques en relation avec l’intrados de la prothèse
4.1.3. Le tissu osseux
4.1.4. Les tissus de revêtement de la surface d’appui
6.2 . Eléments anatomiques et physiologiques en relation avec les bords des prothèses
6.3 . Eléments anatomiques et physiologiques en relation avec l’extrados de la prothèse
6.4 . Eléments d’anatomie et de physiologie neuromusculaire
VII. Fonction chez l’édenté
7.1 . La cinématique mandibulaire
7.2 . La déglutition
7.3 . La mastication
CONCLUSION