Le monde urbanisรฉ, ร lโimage des grandes, moyennes et petites villes, est en train de triompher de la campagne affirmant ainsi une tendance qui prend de plus en plus de lโampleur. En effet, sur lโensemble de notre planรจte ne cessent de se dรฉvelopper des agglomรฉrations oรน logent, vivent, travaillent, et circulent des millions de personnes. La transition urbaine effectuรฉe, en 2008 , prouve si besoin en รฉtait que le monde est rรฉsolument urbain avec une population des villes estimรฉe ร 3,3 milliards dโhabitants. Amorcรฉ dans les pays dรฉveloppรฉs au XIXรจme siรจcle, le fait urbain connaรฎt derniรจrement un dynamisme certain dans les pays en dรฉveloppement, notamment dโAmรฉrique, dโAsie et surtout dโAfrique. Ce dernier voit sa population urbaine croรฎtre de plus en plus et devrait selon toutes les estimations rรฉaliser sa transition urbaine , en 2030, avec 742 millions dโhabitants dans les villes.
Cependant, lโurbanisation du continent noir prรฉsente des caractรฉristiques rรฉdhibitoires qui dรฉtermineront pour une grande part son futur : rapiditรฉ et spontanรฉitรฉ. Ces particularitรฉs vont dรฉterminer le dรฉveloppement de la quasi-totalitรฉ des villes du continent ร lโinstar de Dakar qui a vu sa population passรฉe de 799 000 habitants en 1976 ร 3 137 196 habitants, en 2013 . Cette croissance spectaculaire pose la question de la capacitรฉ dโaccueil de la ville de Dakar en matiรจre de logement, dโemplois, dโaccรจs ร la santรฉ et ร lโรฉducation pour ses millions de nouveaux citadins. La non-satisfaction de ces besoins essentiels pour des raisons multiples entraรฎne la survenue de difficultรฉs de fonctionnement (chรดmage, habitat spontanรฉ, accรจs ร lโeau et lโรฉnergie, etc.) qui rendent ardues les conditions de vie des citadins. Cette situation de dรฉsรฉquilibre entre lโoffre et la demande en services sociaux, รฉconomiques, voire environnementaux, constitue ce que dโaucuns appellent la ยซ crise urbaine ยป.
Cette derniรจre met toute la population dakaroise en lโoccurrence les hommes, les jeunes et les femmes ร lโรฉpreuve. En effet, pour faire face aux difficultรฉs quotidiennes de la vie, les femmes dรฉveloppent, tout comme les autres groupes sociaux , des organisations qui sont inspirรฉes des structures traditionnelles qui รฉtaient ร lโลuvre dans leur milieu dโorigine. Ces organisations servent de cadre de rencontre pour les femmes qui y dรฉveloppent le sens des relations sociales par le biais de la solidaritรฉ et de lโentraide. ร lโorigine, les organisations fรฉminines (OF) รฉtaient destinรฉes ร permettre ร leurs membres de faire face ร des รฉvรจnements sociaux induisant dโimportantes charges financiรจres . Mais, du fait dโun environnement socio-รฉconomique difficile, les OF cherchent ร participer de plus en plus au processus de dรฉveloppement en ville. Ce changement dโorientation consacre la crรฉation dโactivitรฉs gรฉnรฉratrices de revenus et lโentreprise dโactions de dรฉveloppement communautaire au sein de ces organisations. Dรฉsormais, les OF constituent la rampe de lancement de la participation des femmes ร lโimpรฉrieuse tรขche de la production du dรฉveloppement en milieu urbain aux cรดtรฉs des acteurs traditionnels que sont les collectivitรฉs locales, lโEtat, les organisations non gouvernementales (ONG), les services techniques dรฉconcentrรฉs, etc.
La volontรฉ des OF de contribuer ร la gouvernance urbaine dรฉcoule de lโavรจnement dโengagements et de mesures pris ร des niveaux diffรฉrents en vue de promouvoir leur participation. Au niveau international des chartes et conventions ont รฉtรฉ signรฉes en faveur dโune meilleure participation des OF au processus de dรฉveloppement de leurs localitรฉs. Ces chartes et conventions qui ont รฉtรฉ ratifiรฉes par beaucoup de pays, notamment le Sรฉnรฉgal exigent, au-delร dโune rรฉalitรฉ de la participation populaire, quโune place soit accordรฉe aux femmes quant ร lโรฉlaboration et la mise en ลuvre des politiques et programmes de dรฉveloppement. Elles veulent dรฉsormais que soit instaurรฉ de par le monde des politiques et programmes de dรฉveloppement sensibles aux besoins, attentes et aspirations des femmes. Lesdites chartes et conventions veulent รฉgalement que les รtats ainsi que les exรฉcutifs locaux considรจrent les femmes comme des acteurs de dรฉveloppement et par consรฉquent les impliquent et les soutiennent dans leurs actions รฉconomiques, sociales et environnementales. Les chartes et conventions qui ont รฉtรฉ signรฉes au niveau international visent en substance ร asseoir le droit des femmes ร participer au processus de dรฉveloppement des pays, notamment ceux dโAfrique au regard de leur contribution ร la vie sociale et รฉconomique comme le relรจve la Charte africaine de la participation populaire au dรฉveloppement et ร la transformation dโArusha pour qui ยซ compte tenu de la contribution des femmes aux sociรฉtรฉs et aux รฉconomies africaines [โฆ], lโavis unanime de la confรฉrence est que la sociรฉtรฉ dans son ensemble et les gouvernements africains en particulier doivent accorder la prioritรฉ absolue ร la pleine participation des femmes ยป .
ร lโรฉchelle nationale, dans le cadre de la dรฉcentralisation, une รฉgalitรฉ de participation pour les OF a รฉtรฉ inscrite dans la lรฉgislation portant code gรฉnรฉral des collectivitรฉs locales oรน il est affirmรฉ quโ ยซ elles (les collectivitรฉs locales) associent en partenariat, le cas รฉchรฉant, ร la rรฉalisation des projets de dรฉveloppement รฉconomique, social et environnemental, les mouvementsassociatifs et les groupements ร caractรจre communautaire dans le respect de lโรฉquitรฉ de genre ยป. La volontรฉ dโinstaurer la participation des OF au processus de dรฉveloppement ร lโรฉchelle nationale dรฉcoule รฉgalement de la constitution du Sรฉnรฉgal qui dans son prรฉambule ยซ affirme son adhรฉsion ร la convention sur lโรฉlimination de toutes les formes de discriminations ร lโรฉgard des femmes du 18 dรฉcembre 1979, (โฆ) et la Charte Africaine des Droits de lโHomme et des Peuples du 27 juin 1981 ยป . Cette prise en compte de la participation des OF au niveau national est en phase avec les conventions et chartes internationales. Elle constitue le socle qui doit favoriser la participation citoyenne des OF ร lโimpulsion de la dynamique de dรฉveloppement, notamment ร lโรฉchelle des collectivitรฉs locales rurales ou urbaines.
La lรฉgislation nationale ainsi que les chartes et conventions internationales institutionnalisent la participation des OF ร la gouvernance urbaine et incitent les diffรฉrents acteurs de dรฉveloppement ร contribuer ร sa mise en ลuvre . Elles constituent le cadre lรฉgal ร travers lequel les OF peuvent revendiquer une participation aux activitรฉs et projets รฉlaborรฉs par les exรฉcutifs locaux. Ces diffรฉrentes dispositions rรฉglementaires ouvrent par la mรชme occasion lโopportunitรฉ pour ces femmes dโentreprendre des actions citoyennes de dรฉveloppement. Les OF fondent leur droit de participation au processus de gouvernance urbaine dans le respect des lois, chartes et conventions.
Problรฉmatique
Contexte
La ville de Dakar est le thรฉรขtre dโune urbanisation spectaculaire depuis lโindรฉpendance du Sรฉnรฉgal. Les taux dโurbanisation trรจs รฉlevรฉs notรฉs au cours des diffรฉrentes opรฉrations de recensement en sont une bonne attestation : 96,3% en 1976, 96,5% en 1988, 97,2% en 2002 et 96,4% en 2013 . Cette urbanisation forte et constante se fait sur le fond dโun accroissement dรฉmographique important ร lโรฉchelle nationale (environ 3% par an). En effet, lโurbanisation de la ville de Dakar se fait dans un premier temps au grรฉ des migrations des populations de lโintรฉrieur du pays.
Ces populations fuyaient la campagne et lโintรฉrieur du pays oรน les opportunitรฉs dโรฉpanouissement socioรฉconomique รฉtaient rares. Les populations rurales voient en Dakar, avec ses nombreuses infrastructures et ses services administratifs, sociales et รฉconomiques liรฉs ร son statut de capitale nationale, de meilleures chances de rรฉussite. Lโexode rural explique de ce fait dโune part la rapide croissance de la population de la ville de Dakar qui est passรฉe de 100 000 habitants, en 1945, selon Pierre vennetier (1991)ย ร 3 117 196 habitants, en 2013. Dโautre part, la croissance dรฉmographique de Dakar tient de plus en plus ร lโaccroissement de la population interne. Ainsi, la population de la ville augmente sous lโinfluence simultanรฉe de la croissance interne et de lโexode des populations de lโintรฉrieur du pays.
Par ailleurs, lโurbanisation galopante de la ville de Dakar se fait concurremment avec un affaiblissement de son principal amรฉnageur que constitue lโรtat du Sรฉnรฉgal. ร partir des annรฉes 1980, en effet, lโรtat รฉtait soumis par la Banque mondiale aux politiques dโajustements structurel (PAS) en vue de rรฉsorber la dette publique. Ces PAS constituaient un ensemble de mesures que lโรtat sรฉnรฉgalais devait mettre en ลuvre pour rรฉduire ses charges et faire des รฉconomies en investissant moins dans lโรฉducation, la santรฉ, lโhabitat, lโagriculture, etc. Lโรtat faisait face ร la rรฉduction de son pouvoir dโaction et de commandement en matiรจre de dรฉveloppement dans une pรฉriode oรน il yโavait une accรฉlรฉration de la croissance dรฉmographique particuliรจrement en milieu urbain. Les politiques dโajustement structurel, (qui ont รฉtรฉ mis en ลuvre sous les injonctions des bailleurs de fonds)ย ont rรฉduit les capacitรฉs de lโรtat en termes dโinvestissement et de financement, ce qui sโest traduit par une insuffisance des politiques publiques urbaines malgrรฉ les besoins รฉnormes des citadins comme le souligne Alvergne (2008) : ยซ lโarrivรฉe des populations dans les villes ne sโest pas accompagnรฉe ici (en Afrique) dโun appui en termes de politiques publiques. Au contraire, cet exode a correspondu ร une phase de dรฉsengagement de lโรtat et ร lโajustement structurel, centrรฉ sur la gestion et lโattรฉnuation de la dette ยป.
De ce fait, lโรtat ajustรฉ (sous ajustement structurel) avait du mal ร rรฉpondre efficacement aux besoins dโune population urbaine de plus en plus importante. Dรจs lors, il en rรฉsulte un dรฉsรฉquilibre entre lโoffre et la demande en services sociaux de base. La majeure partie des citadins sont confrontรฉs au problรจme de lโemploi qui รฉtait censรฉ รชtre accessible en ville et aux difficultรฉs dโaccรจs ร lโeau, ร lโรฉlectricitรฉ, au logement, ร lโรฉducation, etc. La prรฉcaritรฉ des conditions dโexistence dans la ville constitue ce que dโaucuns appellent la ยซ crise urbaine ยป.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
SIGLES ET ACRONYMES
1 Problรฉmatique
2 Mรฉthodologie
PREMIERE PARTIE LES PARCELLES ASSAINIES, UNE COMMUNE AUX MULTIPLES BESOINS SOCIOECONOMIQUES
CHAPITRE 1 : ยซ LES PARCELLES ASSAINIES ยป, UNE COMMUNE FACE AUX DEFIS DE LA VIE URBAINE
DEUXIEME PARTIE LES MODALITES DE LA PARTICIPATION DES ORGANISATIONS FEMININES A LA GOUVERNANCE URBAINE DANS LA CPA
CHAPITRE 1 : LโETAT DE LA PARTICIPATION DES OF AUX ACTIVITES OU PROJETS DE DEVELOPPEMENT INITIES PAR LES ACTEURS INSTITUTIONNELS DANS LA CPA
CHAPITRE 2 : LES ACTIONS CITOYENNES ENTREPRISES PAR LES ORGANISATIONS FEMININES DANS LA CPA
TROISIEME PARTIE OBSTACLES A LA PARTICIPATION DES ORGANISATIONS FEMININES A LA GOUVERNANCE URBAINE DANS LA CPA
CHAPITRE 1 : LA PARTICIPATION DES OF A LA GESTION DU CONSEIL MUNICIPAL DE LA CPA
CHAPITRE 2 : LES LIMITES DES ORGANISATIONS FEMININES
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
Liste des tableaux
Liste des photos
Liste des figures
Liste des Encadrรฉs
ANNEXES