LES OUVRIERES DES INDUSTRIES ALIMENTAIRES DANS LES ZONE URBAINE

L’ ANALYSE COMPREHENSIVE DE MAX WEBER

     L’auteur de ce modèle commence avec la grande question de son temps, le capitalisme. Son explication n’exclut pas la physiologie et la psychologie dans l’interprétation des actions et des comportements humains et admet parfaitement qu’il est nécessaire et même indispensable de faire intervenir les explications causales. En effet, ce qui fait le noyau et la spécificité de la sociologie, c’est la compréhension de l’action rationnelle, comprendre les comportements humains, individuels, sociaux . « La sociologie, selon Max Weber, est la science de l’action sociale qu’elle veut comprendre en l’interprétant et dont elle veut expliquer socialement le déroulement. Les trois termes décisifs sont ici comprendre, c’est à dire saisir les significations, interpréter, c’est à dire organiser en concepts le sens subjectif, expliquer, c’est à dire mettre au jour les régularités des conduites » (1967 :550) Il faut en quelque sorte les saisir comme des stratégies rationnelles, déployées en vue d’atteindre certaines fins. Ce n’est pas la cause uniquement qui doit être étudiée mais les raisons qui sous-tendent l’action. Selon lui, il faut chercher à comprendre objectivement comment les hommes évoluent, apprécient, utilisent, créent et détruisent les diverses relations sociales . Ce qui l’intéresse surtout c’est comment l’homme se comporte dans la communauté et la société, comment il forme s es relations et les transforme. « En effet, le développement d’une relation sociale s’explique également par les intentions que l’être humain y met, les intérêts qu’il y trouve et le sens différent qu’il lui donne au cours du temps » (1968 :76). Il s’agira d’interpréter le sens que l’homme vise à chaque fois qu’il se trouve dans une situation, quand il entreprend une action ou se plie à une relation sociale. « La psychologie de Max Weber repose sur la notion d’activité individuelle significative et sur celle de conduites typiques, elle se donne pour tâche de nous aider à comprendre sur la base de l’histoire et de l’expérience générale en quel sens nous pouvons nous attendre à une certaine probabilité, à de telles conséquences plutôt qu’à d’autres, au regard des conditions qui sont données concrètement », (1990 :135). Nous avons décidé d’emprunter cette méthode parce que nous avions bien précisé dans la rubrique « p e r t i n e n c e d u s u j e t » que nous voudrions comprendre le pourquoi et le comment des choses et des actions. Il nous permettra de savoir le sens que les ouvrières donnent à leur acte, leur initiative, leur mouvement, leur œuvre. Nous essayerons de déceler le sens que les femmes donnent à leur activité, leurs relations. Nous avons trouvé également intéressant ce modèle vu l’importance qu’accorde l’auteur à la notion d’action traditionnelle « elle est celle qui est dictée par des habitudes, des coutumes, des croyances devenues comme une deuxième nature. L’auteur pour agir selon la tradition n’a besoin ni de se présenter un but ni de concevoir une valeur, ni d’être agité par une émotion, il obéit simplement aux réflexes enracinés par une longue pratique », (1967 :501). Cela nous donnera l’occasion de montrer l’influence de la culture sur le comportement de ces femmes car on a l’impression que les femmes continuent d’occuper les postes qu’elles occupaient traditionnellement. Mais nous pouvons apporter une petite remarque à Weber sur sa définition de l’action traditionnelle. Certes le traditionnel occupe une place importante dans le comportement de ces femmes, il faut dire qu’elles ce sont fixée un but, un motif de leur travail. La théorie de Max Weber en elle même comporte des limites. Bien qu’il ne soit pas contre l’analyse quantitative, ne lui accorde pas une importance particulière. En effet , pour comprendre un fait ou son sens, il faudrait d’abord une grandeur alarmante pouvant attirer l’attention du chercheur. L’intensité et la fréquence des données statistiques jouent un rôle important dans la compréhension des phénomènes. De même , lorsque l’auteur nous dit de comprendre, comment on peut savoir qu’on a réellement compris ? « La compréhension de Weber est mal comprise . Elle est difficile, ses fondements incertains, de plus, elle apparaît surtout dans des controverses, c’est -à-dire de façon négative en s’opposant aux autres théories . En fait, Weber caractérise la compréhension mais il ne l a définit pas. On peut dire pour résumer et simplifier que Weber s’oppose aux positivistes en reconnaissant la particularité des faits sociaux qui , non seulement existent objectivement, mais ont de plus une signification pour ceux qui les vivent », (1990 :135) Mais c’est surtout avec ce dernier auteur que nous pouvons expliquer de fond en comble tout ce qui se rattache à l’environnement du travail et de ses structures. L’entreprise étant un système bien tracé où des individus de nature différente, avec des besoins communs ou divergents se rencontrent et interagissent. Pour comprendre l’organisation, le développement, le déroulement, le fonctionnement de ces entités, il nous est nécessaire et même indispensable de faire recours à ce modèle, lequel sera complété par l’ analyse stratégique de Michel Crozier.

Les obstacles rencontrés

     Le travail qui a conduit à la collecte des informations et à la rédaction de ce mémoire n’a pas été réalisé facilement. En réalité nous avons rencontré d’énormes difficultés dans tous les aspects de la vie. Mais pour ne pas entrer dans l es détails, nous nous limiterons à l’aspect purement méthodologique de ce travail . Lorsque nous avions décidé d’écrire sur le sujet « les ouvrières des industries alimentaires dans la zone urbaine dakaroise, nous nous sommes d’abord rendus au ministère de l’industrie et de l’artisanat pour avoir la liste exhaustive de toutes les unités de production qui évoluent dans ce domaine. Le bibliothécaire n’avait que des données de l’année 1992. Or, entre temps il est évident que certaines n’étaient plus dans le peloton de la production, d’autres ont fait leur apparition. Il fallait donc aller chercher ailleurs comme la direction de l’océanographie, l’inspection et la direction du travail, les archives nationales le ministère du travail et de la fonction publique etc. Après le recensement de ces manufactures nous avions constitué un dossier de stage contenant la photocopie légalisée de la carte nationale d’identité, la carte d’étudiant, un formulaire de demande d’enquête signé par le chef de département de sociologie, le questionnaire est une demande manuscrite expliquant nos motivations. Il faut aussi préciser que nous avons jugé imprudent de mettre l’intitulé du sujet qui a été changé par un autre libellé : « m o n o g r a p h i e d ’ u n e i n d u s t r i e d e p ê c h e » car avec ce premier sujet, nos chances étaient à coup sûr limitées. Et puis nous nous sommes dite que ce mémoire ne pouvait avoir de crédibilité et être validé qu’à condition d’être réalisé dans les locaux où évoluent ces employés afin de mieux décrire leurs conditions de travail. Mais l’obtention de ce stage a été un véritable calvaire. Un e seule parmi toutes ces structures sept (07) avaient accepté de nous prendre pour un mois. Elle se nomme Africamer. Malheureusement vingt et un (21) jours après, la direction nous a demandé de tout arrêter sans motif convaincant. La seule explication que nous avions pu avoir c’est que « la décision venait d’en haut » d’après l’agent de sécurité. Pendant tout ce temps, nous n’avions rien fait de concret. Il fallait avoir des entretiens avec des responsables ou cadre de l’usine et comme par hasard personne n’avait le temps. Nous passions des journées entières à attendre un interlocuteur qui, parfois remettait les rendez vous au lendemain. Ce qui fait que des informations concernant le fonct ionnement de l’entreprise ont été recueillies. Mais nous n’avons pas pu avoir accès au côté production et c’est précisément cette partie qui nous intéressait le plus. Ce qui caractérise ces types d’industries c’est que l’administration et la production ont l’impression d’évoluer dans deux champs différents. Quand on effectuait un stage dans l’administration, il fallait tant un protocole pour accéder à l’autre côté qui n’est d’ailleurs pas autorisé à « toute personne étrangère à la structure » d’après leur vocabulaire. Après cet échec donc, nous avions changé de stratégie. Nous sommes faites recruter comme ouvrière dans la section emballage de la Société « SENEPESCA » grâce à la complicité d’une tante. Là aussi nous avions souffert. Non seulement le travail était dur, mais nous étions tout le temps stressées . Le plan pouvait avorter à tout moment. Après l’arrêt biologique imposé aux industries de pêche par le gouvernement sénégalais, l’usine était obligée d’arrêter la production, nous voilà retourné e au point de départ. Aussi dans ces différentes structures, nous remplissions les questionnaires et les guides d’entretien en même temps. Et à chaque fois que le contrat était rempli, il fallait éliminer ces instruments, faire un nouveau tirage avec d’autres frais. C’est par la suite que nous avons obtenu un contrat à SénégaL – Pêche grâce à un oncle qui est ami avec le directeur général. Nous avons obtenu le stage un peu tardivement parce qu’il a débuté le 13 octobre 2004 et se déroulait dans la direction administrative jusqu’au 2 novembre. Par la suite nous avons négocié pour accéder à la partie production afin d’être en contact avec les ouvrières et leur milieu de travail. Jusqu’au 20 de ce mois, nous continuons à effectuer l’investigation alors que le document devait être déposé le 30 novembre 2004. Un manque terrible de temps s’était posé. Les femmes arrêtaient le travail à dix huit heures. Nous partions chez elles ensemble pour faire l’enquête. Une fois sur les lieux, elles demandaient à prendre un bain, faire l es travaux urgents avant de répondre aux questions. Ce qui fait que nous rentrions parfois trop tard la nuit par le biais d’un taxi. Ce qui mobilisait des moyens financiers énormes. Elles étaient toutes disposées à nous aider malgré quelles soient occupées . Nous avions le même problème au sein de l’entreprise. Les chefs de service étaient tous cordiaux mais leurs responsabilités ne leur permettaient pas une grande disponibilité. C’ est pourquoi un travail qui pouvait se réaliser en une semaine s’est étendu sur une durée de vingt jours. Vient ensuite le facteur distance. L’usine était trop éloignée par rapport à notre lieu de résidence. Les femmes bien que majoritairement logent à Yarakh, étaient séparées par une distance non négligeable. D’ailleurs le reste de l’échantillon habitait des quartiers comme Thiaroye, Damagueune, Guédiawaye, Grand Yoff etc. De même la recherche documentaire ne s’est pas réalisée facilement. Les documents, même s’ils existent, sont dispersés un peu partout dans les centres de recherche, bibliothèques, instituts de recherche, ONG, ministères, etc. Un document d’archives peut exister dans un lieu bien déterminé mais dans un état défectueux, au pire introuvable ou prêté à un lecteur. Le dépouillement des questionnaires nous prenait des nuits entières parce que pendant les journées on pouvait être déconcentré à tout moment. En somme cette investigation nous a énormément coûté en temps, en énergie, en fortune. Cependant, nous ne regrettons pas d’avoir choisi ce thème car nous avons beaucoup appris pendant tout ce temps, mais aussi nous avons fait la connaissance de personnes fabuleuses. Nous voulons citer messieurs Saër Dièye Seck, Coulibaly, Assane Niang, Bou my Mbengue Alioune Diané, Malick Mangane mais également madame Anna Mbengue etc.

La Direction commerciale

   La direction commerciale travaille e n association avec la direction administrative, la direction chambre froide, la direction de la production. Elle regroupe les services tels que le service transit commercial, le service vente locale, le service suivi et contrôle,, le service caisse et le service facturation. Au niveau de ce département on vend les produits de Sénégal -pêche en suivant une certaine procédure (revue de commande, suite à l’envoi d’une offre au client suivie des commandes, demande administrative c’est-à-dire établissement d’un certificat sanitaire, facturation, traitement d’un avenant à la commande, élaboration et revue d’offre). Deux cas peuvent ainsi se présenter : soit l’usine reçoit la commande d’un client, soit elle lui fait une offre. Si la première possibilité se présente, celle-ci est obligée de voir la possibilité de le satisfaire, en étudiant la faisabilité de la commande. Si la denrée existe dans le stock on procède à la livraison sans demander auparavant le préavis des autres directions partenaires. Au cas échéant, cet te dernière fait un bon de production qu’elle adresse au département concerné qui s’occupera des modalités de livraison. De même il existe une spécificité à Sénégal -pêche. La vente peut se faire au niveau de son siège de Las Palmas. Celui -ci envoie le bon et la société s’occupera de la livraison. Aussi il y a des aliments dont Sénégal -pêche Las Palmas a le monopole de la vente en Europe. Les produits destinés à la consommation locale n’ont pas besoin de l’avis du siège de Las Palmas pour être vendus (Monsieur Sall, adjoint au directeur commercial).

Le travail des femmes dans l’entreprise

      Quand on parle du travail des femmes au Sénégal, la première banalité qu’on peut affirmer sans exagération, c’est qu’il se manifeste par leur sous représentativité dans le marché de l’emploi et leur concentration dans les industries alimentaires, la restauration, le secteur informel en général. Cependant, même dans les fabriques, les femmes ne sont pas part out. L’exemple de SENEGAL -PECHE en est une parfaite illustration. Dans les autres directions visitées, une seule femme est assistante au directeur général, une est directrice de qualité, une est chef de laboratoire, une est informaticienne, les autres sont soit secrétaires, soit infirmières, soit standardistes et leur somme ne dépasse pas la vingtaine. D’ailleurs il y a des directions où leur présence n’est pas du tout souhaitable. Elles sont regroupées à la production et effectuent un travail à la chaîne dans deux grandes salles organisées de telle sorte que les tâches deviennent indissociablement liées et interdépendantes.

Table des matières

Introduction
Première partie
Chapitre I : cadre théorique
Section I-1 : problématique
Section I-2 : objectifs de l’étude
Section I-3 : pertinence du sujet
Section I-4 : hypothèse principale
Section I-5 : hypothèse secondaire
Section I-6 : Modèle d’analyse
Paragraphe I-6-1 : l’analyse compréhensive
Paragraphe I-6-2 : l’analyse stratégique
Section I-7 revue critique de la littérature
Section I-6 définition des concepts
Chapitre II méthodologies de la recherche
Section II-1 les instruments de collectes de donnée
Paragraphe II-1-1 : la recherche des documentaires
Paragraphe II-1-2 : l’enquête pour le questionnaire
Paragraphe II-1-3 : l’enquête pou interview
Paragraphe II-1-4 : l’observation directe
Section II-2 Echantillonnage & population ciblée
Paragraphe II-2-1 Echantillonnage
Paragraphe II-2-2 la population ciblée
Section II-3 : les obstacles rencontrés
Deuxième partie : le cadre d’étude
Chapitre I : présentation générale du Sénégal pêche
Section I-1 le cadre d’étude
Section I-2 Sénégal-pêche
Paragraphe 1-2-1 : date de création
Paragraphe 1-2-2 superficies
Section 3 : fonctionnement de l’entreprise
Paragraphe I-3-1 : types de produits employés
Paragraphe I-3-2 : les marchés d’approvisionnement
Paragraphe I-3-3 : les débouchés
Section I-4-1 : organigramme de l’entreprise
Paragraphe I-4-1 : les différentes directions
Paragraphe I-4-2 : la direction administrative
Paragraphe I-4-3 : la direction financière
Paragraphe I-4-4 : la direction commerciale
Paragraphe I-4-5 : la direction technique
Paragraphe I-4-6 : la direction chambre froide
Paragraphe I-4-7 : la direction hygiène et qualité
Paragraphe I-4-8 : la direction de la production
Section I-5 : le travail des femmes dans l’entreprise
Paragraphe I-5-1 : la section de congélation
Paragraphe I-5-2 : la section plage
Paragraphe I-5-3 : la section filetage
Paragraphe I-5-4 : la section tirage ou calibrage
Paragraphe I-5-6 : la section congélation
Paragraphe I-5-7 : la section seiche
Paragraphe I-5-8 : la section démoulage et mise en carton
Section I-6 : le travail à l’usine
Section I-7 : les acteurs de la production
Section I-8 : le chef d’équipe
Section I-8 : le chef de production
Chapitre II : les avantages sociaux
Section II-1 : le transport
Section II-2 : la garderie d’enfants
Section II-3: le restaurant
Section II-4 : la formation
Section II-5 : les infrastructures sanitaires
Section II-6 : les toilettes
Section II-7 : les loisirs et récompenses
Section II-8 : le syndicat
Section II-9 : les délégués du personnel
Section II-10 : les associations d’entre aide
Paragraphe II-10-1 : le dahira mouride
Paragraphe II-10-2 : le dahira Tidjane
Section II-3 : les associations d’entraide financières ou tontine
Troisième partie
Chapitre I : les conditions de travail
Section I-1 le mode de recrutement
Section I-2 : l’embauche
Section I-3: le salaire
Section I-4 : une concentration dans le travail
Section I-5 : les difficultés au travail
Section I-6 : le stress au travail
Section I-7: la discipline
Section I-8 : les accidents de travail
Section I-9 : les relations entre les différents acteurs
Chapitre II : situation sociale et mutuelle
Section II-1 : identification sociologique
Paragraphe II-1 : l’âge
Paragraphe II-2: l’ethnie
Paragraphe II-3 : la religion
Paragraphe II-4 : la confrérie
Paragraphe II-5 : situation matrimoniale
Paragraphe II-6: diplômes obtenus
Paragraphe II-7 : nombre d’enfants qui vont à l’école
Paragraphe II-9: religion d’origine
Paragraphe II-10 : profession du père
Paragraphe II-11 : profession du mari
Chapitre II : l’ouvrière et son milieu social
Section II-1 : le quartier
Section II-2 : les installations en eau et électricité
Section II-3 : les équipements sanitaires
Section II-4 : la participation aux manifestations
Section II-5 : la somme d’information
Section II-6 : les loisible
Section II-7 : ma vie familiale
Paragraphe 3-1 : le poids du travail domestique
Paragraphe 3-2 : prise en charge des factures
Conclusion
Bibliographie générale
Annexes

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