Les orthozoonoses

Les orthozoonoses

Les zoonoses bactériennes de localisation digestive

Les salmonelles agents de zoonoses et responsables d’une entrée dans la catégorie C dans la classification de l’infection VIH sont Salmonella enterica et Salmonella typhimurium. Leur fréquence, leur sévérité et le risque de rechute en font des infections particulièrement dangereuses (53). Salmonella typhimurium DT 104 représente un risque supplémentaire puisqu’il s’agit d’une souche ayant développé une résistance à de nombreux antibiotiques (ampicilline, streptomycine, tétracycline…) (60). Les symptômes associés aux salmonelles sont essentiellement digestifs et dépendent du type d’infection (105) : • Lors de toxi-infection (un aliment est devenu toxique suite à la multiplication des bactéries qui y ont libéré leurs toxines et catabolites toxiques), les symptômes surviennent après une incubation de 12 à 24 heures. Leur apparition est brutale. Il s’agit d’une gastro-entérite accompagnée ou suivie de fièvre. L’évolution est brève (de 2 à 5 jours) et généralement favorable. • Lors d’infection (multiplication in vivo des salmonelles), l’incubation est de quelques jours (4 – 5 jours). Le développement est progressif. Un syndrome fébrile initial, d’intensité variable, est suivi d’une gastro-entérite. Parfois, d’autres manifestations sont observées : hépatite, endocardite, méningite, arthrite… L’évolution a lieu sur une à trois semaines. Le pronostic est réservé, en particulier lors d’atteinte neurologique.
Campylobacter coli et C. jejuni (le plus fréquent) engendrent une maladie dont l’incidence est plus importante en cas de séropositivité au VIH, par rapport à la population générale (46, 53, 105). On observe alors une diarrhée sévère, souvent hémorragique, associée à une douleur abdominale aiguë, des nausées et de la fièvre (44). Une forme septicémique parfois accompagnée de symptômes locaux (endocardite, méningite…) est rare. La mortalité demeure faible. Shigella dysenteriae type 1 est responsable de la dysenterie bacillaire. Les autres shigelles (autres sérotypes de S. dysenteriae, S. flexneri, S. boydii, S. sonnei) entraînent des gastro-entérites. Les principaux symptômes sont de la fièvre, des nausées, une douleur abdominale, des ténesmes rectaux et une diarrhée muqueuse ou sanguinolente (105). Des complications sont fréquemment observées : • digestives : principalement des manifestations tissulaires toxiques.
• extra-digestives : bactériémie, troubles neurologiques, hématologiques, syndrome hémolytique et urémique, glomérulonéphrite aiguë.
Le SIDA est un facteur déterminant dans le développement d’une infection à Clostridium difficile. Les muqueuses coliques et rectales sont les principales concernées par cette pathologie, la principale manifestation clinique étant une diarrhée aqueuse ou muqueuse (colite pseudomembraneuse), rarement hémorragique (46, 61). Une arthrite, une ostéomyélite, une bactériémie ou des abcès abdominaux sont beaucoup plus rares. Les dernières bactéries agents de zoonoses et responsables de diarrhées chez les personnes séropositives au VIH sont les Escherichia coli entérohémorragiques et en particulier le sérotype O 157: H7. Selon une étude suisse réalisée en 1999, l’incidence annuelle des diarrhées dues à cet agent chez les malades VIH+ est de 14,2% (32). Une colite hémorragique chronique est rapportée (14), compliquée parfois par un syndrome urémique hémolytique (gravité des séquelles rénales et mortalité dans environ 35% des cas) (13, 34).
 Les zoonoses parasitaires de localisation digestive
Giardia duodenalis n’entraîne une maladie chronique que chez les personnes immunodéprimées. Les symptômes digestifs peu caractéristiques (diarrhée de malabsorption, hyperpéristaltisme intestinal, nausées, anorexie…) mettent rarement en jeu la vie du patient (74, 89). L’infection humaine à Cryptosporidium baileyi est observée occasionnellement. Peu de références bibliographiques y font référence. Ce protozoaire a néanmoins été isolé chez un patient séropositif au VIH ayant subi 4 ans auparavant une greffe de rein suivie d’un traitement immunosuppresseur (36). Les symptômes étaient essentiellement digestifs avec une diarrhée sévère. Le fait que l’homme ait pu être contaminé est certainement dû à l’association infection par le VIH – thérapie immunosuppressive. Toutefois, il est important de connaître ce risque infectieux.
Le protozoaire le plus fréquemment isolé est Cryptosporidium parvum, responsable de 10 à 30% des diarrhées observées chez les malades au stade SIDA (34), en particulier quand le taux de lymphocytes T CD4+ devient inférieur à 200/mm³ (32). Le SIDA est à l’origine
d’une recrudescence de cette maladie depuis 1990 (74). Les signes cliniques sont variables mais, en général, une diarrhée fulgurante de malabsorption est constatée (jusqu’à 3 litres par jour), avec stéatorrhée, douleur abdominale, perte de poids, hyperpéristaltisme intestinal, allergie et surtout déshydratation (53, 89). Le taux de mortalité est d’environ 19% (88), le problème majeur soulevé par ce protozoaire étant sa résistance aux traitements antiparasitaires connus, d’où l’installation d’une diarrhée chronique grave, de pronostic sombre.
La difficulté du diagnostic des infections digestives résulte du manque de spécificité des symptômes cliniques exprimés. C’est pourquoi la réalisation d’examens complémentaires s’avère essentielle.

Table des matières

Introduction
I- Importance médicale des zoonoses dans l’évolution clinique de l’infection par le VIH
  A- Les trois phases de l’infection par le VIH
1- La primo-infection
2- La phase chronique
3- La phase finale symptomatique : le stade SIDA
B- Les infections susceptibles d’être des zoonoses
1- Manifestations dermatologiques et des tissus mous
2- Manifestations neurologiques
3- Manifestations digestives
a- Les zoonoses bactériennes de localisation digestive
b- Les zoonoses parasitaires de localisation digestive
4- Manifestations respiratoires
5- Infections disséminées
a- Les infections disséminées d’origine bactérienne
b- Les parasites et les champignons responsables d’infections disséminées
II- Sources et voies de contamination des différents agents de zoonoses
A- Les orthozoonoses
1- Les zoonoses confirmées
a- Les dermatophytoses
b- Les staphylococcies
c- Les streptococcies
d- La pasteurellose à Pasteurella multocida
e- L’infection par Bartonella henselae
f- Les infections dues aux mycobactéries tuberculeuses
g- Les infections dues aux  mycobactéries autres que les mycobactéries de la tuberculose (MAMT)
2- Les zoonoses potentielles
a- Le muguet dû à Candida albicans
b-Les infections à Malassezia spp
c- Les mycobactérioses atypiques
       B- Les principales cyclozoonoses
1- Métacestodose à Taenia crassiceps
2- La toxoplasmose
       C- Les principales métazoonoses
1- Les babésioses
2- La leishmaniose
  D- Les saprozoonoses
1- Les zoonoses confirmées
a- Infection par Cryptosporidium baileyi
b- Les shigellosesp
c- Histoplasmose à Histoplasma capsulatum capsulatum
d- L’encéphalitozoonose des mammifères
e- L’infection par Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia enterocolitica
f- Larva migrans viscérale due à Toxocara canis
2- Les agents de zoonoses potentiels
a- La cryptococcosep
b- L’infection par Rhodococcus equipE
c- L’infection à Clostridium difficile
d- La giardiose
e- L’anguillulose
  E- Les zoonoses mixtes
1- La cryptosporidiose
2- La fièvre Q
3- La listériose
4- L’infection par Escherichia coli
5- La campylobactériose
6- Les salmonelloses
III- Prophylaxie des zoonoses rencontrées chez les patients contaminés par le Virus de l’Immunodéficience Humaine
A- Risques représentés par les carnivores domestiques
1- Les infections transmises par morsure ou griffure
2- Les infections transmises par l’intermédiaire des matières fécales et des urines animales
3- Les infections transmises par la peau
4- Les infections transmises par l’intermédiaire d’aérosols
        B- Risques représentés par les rongeurs et les lagomorphes
C- Risques représentés par les primates
  D- Risques représentés par les reptiles
E- Risques représentés par les oiseaux et les chauves-souris
F- Risques représentés par les poissons
  G- Risques représentés par les herbivores
H- Risques représentés par les arthropodes
  I- Risques représentés par l’alimentation d’origine animale ou végétale, l’eau
  J- Le sol
  K- Les soins vétérinaires
Conclusion.p 105 Bibliographie
Résumé français Résumé anglais

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