LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET LEUR IMPACT SUR L’ARMEE SENEGALAISE

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UNE INTERDEPENDANCE

Le contexte actuel est marqué par un phén omène dénommé mondialisation dont on fait souvent remonté l’avènement au début des années 1 990. En réalité , ce phénomène est l’aboutissement d’un long processus socio-économique et politique débuté au XV IIème siècle.
Celle-ci a profondément transformé les relations interétatiques. Pierre Weil , reprenant la « Déclaration des responsabilités humaines pour la paix et le développement durable »15, a rendu compte de ces transformations en soutenant que « tout ce qui existe fait partie d’un univers interdépendant. Toutes les créatures vivantes dépendent les unes des autres pour leur existence, leur bien-être et leur développement »16. Celui-ci a peut-être inspiré Y. J. CHOI, qui a été r eprésentant spé cial du secrétaire général en république de Côte d’Ivoire. Il a, cependant, confiné sa réflexion sur les humains. Il nous fait comprendre que le « nouvel ordre mondial » est caractérisé par la dépendance et l’interdépendance entre les nations et que « la guerre et la conquête ne sont plus comme avant sources d’acquisition de richesses et de gloire mais plutôt un fardeau »17. Les pays devenant de plus en plus réticents à intervenir individuellement parce que n’y trouvant aucun profit se sont tournés vers les mécanismes des Nations Unies dont le mécanisme de maintien de la paix. Celui-ci est adapté à l’interdépendance car il prône « l’universalité, la légitimité, l’impartialité et l’objectivité ». L’ONU a arrêté que l’échec des éventuelles tentatives de règlement pacifique des différends (chapitre VI) doit conduire à l’activation du système de sécurité collective, entendue comme étant « l’engagement pris par chaque Etat d’apporter son appui à une décision collective de s’opposer à tout Etat coupable, au jugement de la majorité, d’une agression ou d’une menace à la paix ». C’est ainsi qu’il faut comprendre la fin de l’unilatéralisme.
Cependant, ce mécanisme parfait des Nations Unies était plus facile à écr ire qu’à appliquer car il a buté sur l’hypocrisie des grandes puissances. Il n’a jamais été question pour ces dernières de mettre à la disposition du Conseil de Sécurité des forces armées comme l’avait stipulé les articles 43 et suivants de la Charte. On a même pensé que la guerre froide a été à l’origine de la désuétude de cet article. Qu’en est – il aujourd’hui ? Bertrand Badie et Marie Claude Smout dans l’ouvrage « Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale » ont indiqué que si, « Le comité d’Etat-major n’a pas été réactivé malgré les sollicitations pressantes de l’URSS depuis 1987, et notamment pendant la guerre du golfe alors que la conjoncture politique y était propice, c’est parce que les cinq membres permanents devraient mettre sous contrôle commun une partie d e leurs capacités militaires, de leurs instruments de détection et de leur technologie (…). La guerre froide était terminée, pas la compétition technologique »18.
Cette affirmation est toujours d’actualité. La sécurité collective n’a été appliquée à la lettre, qu’à quelques exceptions près.

L’ECHEC DE LA SECURITE COLLECTIVE

UNE TENTATIVE D’EXPLICATION

L’ONU a été créée, nous di t-on, au lendemain de la guerre mondiale par les Etats et pour les Etats. Si on se réfère à la définition donnée par Virally Michel d’une organisation internationale, on sera moins critique envers l’ONU quant à sa capacité à gérer et à résoudre des conflits. D’après Virally, une organisation internationale est une « association d’Etats, établie par accord entre ses membres et dotée d’un appareil permanent d’organes assurant leur coopération dans la poursuite des objectifs d’intérêts communs qui les ont déterminés à s’associer »19.Compte tenu de cette définition, des questions nous viennent à l’esprit : l’ONU est-elle susceptible de jouer un rôle spécifique dans les relations internationales indépendamment des Etats ? Est-elle un acteur ou un instrument des Etats qui la composent ? L’ONU est plutôt une organisation supranationale20 dominée par les Etats membres, notamment les plus puissants. L’ONU ne joue le rôle le plus important que dans les conflits jugés moins importants par les membres permanents du Conseil de sécurité . Tous les conflits survenus après la seconde guerre mondiale, mettant en jeux les intérêts des grandes puissances, ont été réglés par des alliances militaires.
Il ne fait pas de doute que la sécurité collective n’a pu fonctionner pendant la Guerre Froide, et aujourd’hui encore, à cause des vetos des membres permanents du Conseil de sécurité. A cette cause s’ajoutent d’autres comme le moment choisi pour la création de l’organisation. En effet, la création était prématurée. Celle -ci s’est constituée entre 1943 et 1945, juste après le renversemen de la tendance en faveur des « alliés ». Or, pendant cette période, la priorité était 18Badie (B.), Smout (M-C), Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, Presses des autre21. La cause suivante n’est que la suite logique de cette précipitation . La carence de réflexion sur les causes de l’échec de la SDN : ces dernières étaient d’ordres politique et juridique, alors, qu’on s’est seulement limité« d’une critique juridico-procédurale du texte du Pacte »22 négligeant, du coup, les causes politiques de l’échec de la SDN.Et, enfin, les hommes choisis pour mener cette réflexion qui auraient dû être « des assistants bien intentionnés qui furent plus souvent juristes ou fonctionnaires routiniers que des historiens ou des sociologues politiques ayant quelque imagination »23. Ils devaient prévoir que le monde allait continuer à changer, que les conceptions libérales et communistes du monde allaient entrer en confrontation24. De cette confrontation, est issue la Force d’Urgence des Nations Unies (FUNU)déployée au Canal de Suez en 1956 . C’est ainsi qu’ont né les casques bleus ou soldats de la paix.

LES OPERATION DE MAINTIEN DE LA PAIX

Malgré les obstacles dressés sur son chemin, l’Onu a joué un rôle dans la g estion des affaires de ce monde. Elle l’a surtout fait avec des opérations de maintien de la paix. Celles-ci englobent deux types de missions : les missions d’observation et les forces de maintien de la paix.
Les opérations d’observation sont apparues en 1948. Leur base juridique est le chapitre VI de la Charte des Nations Unies. Les missions d’observation sont assurées uniquement par des officiers non armés. Ces derniers s’occupent principalement de la surveillance du cessez-le-feu signé par les belligérants, de la supervision d’un processus électoral, et à rendre compte. Ces missions n’étaient donc déployées qu’après consentement des parties au conflit.
Quant aux Forces de maintien de la paix, elles sont armées, leur nombre plus important. Ellesont été créées à partir des pouvoirs du Conseil de Sécurité transférés à l’Assemblée Générale à travers la fameuse résolution 377 (V) du 3 novembre 1950 dite « Union pour le maintien de la paix ». Elles n’étaient pas prévues par la Charte. Pour les légitimer, on fait appel à un chapitre VI bis virtuel. La Force d’Urgence des Nations Unies (FUNU) en est la première. Non prévues par la Charte, les opérations de maintien de la paix n’ont pas une définition standard. Elles sont un mécani sme dicté par les circonstances en vue de contenir les conflits internationaux et faciliter leur règlement par des moyens pacifiques. Ces premières forces de maintien de la paix s’interposaient entre les belligérants en vue d’empêcher la reprise des hostilités. Elles étaient neutres et impartiales et ne pouvaient utiliser la force que sous légitime défense. Celle -ci est comprise comme « le droit de résister à ceux qui tenteraient, par la force, d’empêcher la mission de maintien de la paix d’exécuter le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité »25.
Ce qui est appelé aujourd’hui opération de maintien de la paix était donc essentiellement le fruit d’une improvisation. Celle-ci, dans le but de répondre aux tensions grandissantes existant entre les Etats. Celles – ci ont commencé en 1948 pour les opérations de surveillance de la paix, et en 1956 pour les forces d’interposition. Cependant le Département des Opérations de Maintien de la Paix (DOMP), qui dirige les opérations de maintien de la paix , lui n’a été créé qu’en 1992 à New York où, il est actuellement dirigé par un Secrétaire Général adjoint dépendant directement du Secrétaire Général de l’ONU. De leur création à nos jours, l’ONU a eu à déployer 69 opérations de maintien de la paix dont 16 opérations sont en cours. Les premières opérations sontdites « opérations traditionnelles » ou de « premières générations ».
Leurs ambitions étaient très modestes. La principale consistait en une interposition entre lesbelligérants en attente d’un accord politique. Elles jouissaient d’un faible crédit. Le nombre de ces opérations de maintien de la paix mises en place entre 1947 et 1988 est de 13. Les opérations de maintien de la paix ne sont pas figées. Elles évoluent, et , du coup, certains principes directeurs comme le consentement des parties, ne sont plus respectés à la lettre.

EVOLUTION DES MISSIONS ONUSIENNES

DE NOVEAUX CONCEPTS

Une évolution du concept employé est notée. On a donc l’apparition d’une nouvelle gamme de notions. Elles sont contenues dans « l’Agenda pour la paix » du secrétaire général Boutros – Boutros Ghali publié en juin 1992 et dans le « supplément à l’Agenda pour la paix » de 1995 et le « Rapport du Groupe d’Etude sur les Opérations de Maintien de la Paix de l’Organisation des Nations Unies » qui date de 2002, plus connu sous le nom de « rapport Brahimi ». C’est un travail d’évaluation des opérations de maintien de la paix en vue de recommandations « franches, précises et réalistes »26. Le but recherché est la réorientation stratégique de décisions, la rapidité du déploiement, de planification et du soutien des opérations.L’Agenda pour la paix propose des notions comme la « diplomatie préventive », le « rétablissement de la paix », l’« imposition de la paix »et la « consolidation de la paix ». Ces instruments vont permettre à l’ONU de répondre aux différents types de conflits intervenus après la Guerre froide. Dans l’Agenda, elles sont définies ainsi qu’il suit : « La diplomatie préventive a pour objet d’éviter que des différends ne surgissent entre les parties, d’empêcher qu’un différend existant ne se transforme en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu’il s’étende le moins possible.
Le rétablissement de la paix vise à rapprocher des parties hostiles par la diplomatie, la négociation et des moyens pacifiques tels que ceux prévus au chapitre VI de la charte des Nations Unies. L’imposition de la paix peut être nécessaire lorsque tous les autres moyens ont échoué. Prévue au chapitre VII de la charte, elle inclut l’emploi de la force armée pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales, dans les cas où le Conseil de Sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression.
La consolidation de la paix est essentielle dès la fin du conflit. Elle consiste à appuyer les mesures et les structures qui favoriseront la paix et restaureront la confiance et la coopération entre les anciens ennemis, afin d’éviter une reprise du conflit »27.
Par sa nature, la consolidation de la paix est orientée vers les causes profondes des conflits. Elle poursuit des buts cruciaux tels que « promotion des droits de l’homme et le développement économique et social »28. Une précision sur l’imposition de la paix. Par celle-ci, l’ONU dirige des « opérations de police internationale »29. L’utilisation de la force par les Nations Unies, n’a pas pour but de détruire complètement l’adversaire. Elle vise à l’anéantir pour le contraindre à la négociation. La pratique la plus fréquente est la légitimation de coalitions militaires dirigées par une grande puissance. La guerre de Corée en 1950, la Guerre du Golfe en 1991 étaient dirigées par les Etats Unis. L’opération Serval de la France au Mali est la plus récente. Avec les conflits internes, il y a les opérations de soutien à la paix (OSP) comme en témoigne le cas de la Mission de Soutien au Mali (MISMA)30.
Ces concepts annoncent les interventions à caractère humanitaire (opérations de deuxième génération ou opérations multidimensionnel les). Les opérations de maintien de la paix peuvent être déployées avant, durant et après les conflits , avec ou sans consentement des parties au conflit. Leur rôle ne se ramène plu s à la simple interposition. Elles visent aussi le rétablissement, voire l’édification d’une paix ferme et durable par la résolution de questions politiques et économiques.

LES CATEGORIES D’OPERATIONS

On a parlé des différents types d’opérations de maintien de la paix : les missions d’observation et les forces de maintien de la paix. Ces opérations peuvent être classées en quatre catégories.
Les premières résultent des conflits nés de la décolonisation (guerre israélo -arabe de 1948, guerre entre l’Inde et Pakistan à propos d’une Cachemire, la crise congolaise de 1960…), les secondes, des conflits interétatiques(conflit du canal de Suez opposant l’Egypte et la coalition militaire de la France, de la Grande Bretagne et d’Israël), les troisièmes des conflits internes aux Etats (guerres civiles du Liberia, de la Sierra Léone de la Côte d’Ivoire etc.), et, enfin, celles lancées à la faveur des conflits dus à l’irruption de groupes terroristes, et des narcotrafiquants (Mali)31.
S’agissant du conflit du canal de Suez au cours duquel la première force de maintien de la paix a été créée, les soldats sénégalais étaient présents. Ils n’étaient pas membres de la Force d’Urgence des Nations Unies, mais éléments de la force d’occupation franco-anglaise. Il s’agissait des Paras du 2ème la guerre coloniale française en Indochine. Le général Lamine Cissé sout ient que les soldats sénégalais déploy és au Vietnam dans le cadre d’une opération onusienne, y ont trouvé sur
place des traces de leurs anciens.
Les opérations de maintien de la paix constituent un outil indispensable pour faire face aux défis touchant à la paix et à la sé curité internationale. Mais l’Onu n’est pas la seule institution internationale à s’occuper de la gestion des conflits. Elle est secondée dans cette tâche par d’autres organisations dites régionales et sous régionales.

LEPARTAGE DES TACHES DE MAINTIEN DE LA PAIX ENTRE L’ONU ET LES ACTEURS REGIONAUX

L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE /UNION AFRICAINE

A la fin des années 1980 et au début des années 1990, prend fin au monopole quasi exclusif de l’ONU dans la conduite et la gestion des opérations de maintien de la paix. Au lendemain de la 2éme Guerre du Golfe, l’annonce du « nouvel ordre mondial » par le président des Etats Unis pousse l’Organisation des Nations Unies à une réforme institutionnelle sous forme de coopération avec les organisations régionales et sous régionales. Ce que dit le chapitre VIII.
Cette réforme permet de rapprocher les décideur s des populations et de faciliter une prise de décisions, fondées sur une meilleure connaissance du terrain.
L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) dont la marge de manœuvre a été limitée pendant la Guerre froide relance sa coopération avec l’ONU dans le domaine du maintien de la paix. Cela est validé par l’accord de coopération du 9 octobre 199032. En juin 1993, lors du 29éme sommet des chefs d’Etats et de Gouvernement qui s’est tenu au Caire, elle institue un « Mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des différends » qui prend en compte les conflits internes. Mais ce mécanisme ne prévoit pas un déploiement de troupes pour mener des opérations de maintien de la paix. Dans ce domaine, la priorité était accordée à la diplomatie préventive des conflits. Les raisons : manque de moyens financiers. N’empêche quelques missions d’interposition et d’observation ont été créées. Il s’agit de la force de maintien de la paix au Tchad et les missions d’observation au Burundi et aux Comores. En conséquence, le bilan fut plutôt mitigé.
A la suite de la transformation de l’OUA en Union Africaine (U.A.) en 2002, est créé e l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA). Structure dirigée par le Conseil de régionales. Dix opérations de maintien de la paix ont ainsi été déployées depuis 1989 : au Libéria (1990 – 1993), en Sierra Léone (1997-1999), en Guinée Bissau (1999), en Centrafrique (2002 – 2008), en Côte d’Ivoire (2003 – 2004), au Burundi (2003 – 2004), aux Comores (2008), en Somalie (depuis 2007)33. Cette implication de plus en plus soutenue des forces africaines au maintien de la paix est une sorte « d’africanisation du maintien de la paix » sur le continent même si les puissances occidentales ont mis en place des programmes de soutien et de renforcement des capacités africaines au maintien de la paix . Nous reviendrons sur ce point au cours de ce travail. Aujourd’hui, plus de 85% des forces de maintien de la paix œuvrant en Afrique sont constituées d’Africains. La démocratisation du maintien de la paix a ouvert la voie à d’autres acteurs.

LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

Des organisations économiques régionales s’impliquent aussi dans le maintien de la paix. C’est le cas notamment de la CEDEAO. Elle s’illustre lors de la crise libérienne de 1990 avec la création d’une force d’interposition l’ECOWAS MONITORING GROUP (ECOMOG). Au départ, elle était conçue pour une intervention ponctuelle et non comme force permanente de maintien de la paix ouest africaine.En 1999, la CEDEAO adopte, un protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Il est communément appeléMécanisme de l a CEDEAO. Il est composé de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres, le Conseil de Médiation et de Sécurité (CMS) et la Présidence de la Commission. Le CMS travaille de concert avec laCommission de Défense et de Sécurité , le Conseil des Sages et le Groupe de Contrôle du Cessez-le-feu de la CEDEAO qu’estl’ECOMOG. Actuellement, ce groupe, ECOMOG, est « composé de plusieurs modules polyvalents » (civils et militaires) en attente dans leurs pays d’origine et prêts àêtre déployés 34.

LES TIRAILLEURSSENEGALAIS

Cette force est créée en 1857 sous l’égide du Gouverneur Faidherbe. En réalité, le concept est un terme générique désignant l es soldats venus de tous les pays d’Afrique noire francophone. Donc, de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F) et de l’Afrique Occidentale Française (A.O.F.). D’après le professeur Iba DerThiam38, les soldats issus de la colonie du Sénégal étaient les plus gradés des troupes c oloniales. Ces hauts gradés étaient souvent issus des familles des chefs religieux. Echenberglui emboîte le pas en citantles noms de deux officiers sénéga lais, « Mamadou Racine Sy et son neveu AbdelkaderMademba (…) membres de la famille Sy originaire du Futa-Toro dans la vallée du Sénégal »39.
Ces Africains auraient permis à la France de se doter d’un empire qui lui conférait autorité, influence et un rôle inte rnational important. En effet, les Tirailleurs sénégalais ont joué un rôle important dans la conquête coloniale et la pacifica tion des territoires conquis, futur empire coloniale français. Ils ont défendu la France à chaque fois que ces intérêts étaient en jeu, sa sécurité menacée, sa souveraineté atteinte et son indépendance remise en cause 40. Les troupes noires ont combattu en Indochine où la France fut vaincue en 1954. Leur présence est notée à l’opération franco-anglaise au canal de Suez en 1956 et ont joué, auparavant, un rôle important à la libération de la France pendant la seconde guerre mondiale.
Après les échecs des tentatives d’unité des pays composant l’AOF pour parer au danger que constituait aux yeux de certains leaders, la « balkanisation de l’AOF » initiée par la loi-cadre de 1956, ces pays africains indépendants pour la plupart au début des années 1960, ont constitué leurs propres armées nationales. L’armée sénégalaise est constituée de l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine nationale. En 2013, elle comptait 18 200 hommes dont 4000 dans les services41. (Pour plus d’infos, voir annexe n°1). Parmi les rôl es dévolus à l’armée, on a : la défense de l’intégrité du territoire nationale, l’assurance de la sécurité des personnes et des biens, mais aussi, l’intervention au-delà des frontières, au service d’une politique extérieure. Ainsi, le Sénégal enverra ses fils partout en Afrique et dans le monde sous le sceau des organisations habilitées à conduire des opérations de maintien de la paix notamment des Nations unies, de l’OUA / l’UAet de la CEDEAO. Le maintien de la paix dans le monde mobilise une grande partie de l’armée sénégalaise. Comment cette dernière aborde et entreprend les opérations de maintien de la paix.

UNE PRESENCE CONSTANTE SUR LE TERRAIN DU MAINTIEN DE LA PAIX

Les forces armées sénégalaises sont connues à travers le monde grâce à leur engagement dans différents théâtres d’opérations. Une présence de plus de cinquante ans n’a souffert d’aucune ambigüité malgré les risques et les difficultés qui en découlent. C’est le lieu de souligner le rôle important joué par les forces armées dans le prolongement de l’action diplomatique de l’Etat. Leur participation remarquée au maintien de la paixest faite aussi bien sous la bannière onusienne de l’Union africaine ou de la CEDEAO.

PERIODISATION

L’étude de la participation sénégala ise au terrain du maintien de la paix fait ressortir deux phases essentielles :la première phase va de 1960 à la fin des années 1980 . Cette phase sur laquelle nous n’allons pas nousappesantir, se caractérise par une participation modeste en termes d’effectifs, faite presque exclusivement sous bannière onusienne, à part la mission de l’Organisation de l’Unité Africaine au Tchad en 1981.La Force interafricaine (FIA) a été créée le 13 janvier 1982. Celle-ci regroupait des Sénégalais , Zaïrois et Nigérians sous les ordres du général nigérian Geoffroy Ejiga. Le contingent sénégalais fort de 650 hommes était scindé en deux : un état-major basé à Ndjamena composé de 7 officiers, 16 sous -officiers et 27 militaires du rang ; un autre basé à M ongo fort de 20 officiers, 102 sous-officiers et 475 militaires du rang48. La FIA avait comme mission de maintenir la paix et la sécurité au Tchad sans intervenir dans les affaires du pays. Cette mission s’est d’ailleurs soldée par un échec. Celui-ci est dû à p lusieurs facteurs. D’abord, une controverse intervenue entre le commandant nigérian de la force et le Gouvernement d’Union Nationale du Tchad (GUNT) au sujet de l’interprétation des accords de Lagos (août 1979) qui contenaient le mandat de la fore. Ensuite, le Sénégal et le Zaïre maintenaient une hostilité manifeste à l’endroit du Président GoukouniWeddeye, président du GUNT49, allié du colonel Kadhafi taxé d’impérialiste et de communiste et donc menaçant les intérêts des occidentaux et des français en particulier en Afrique.
En plus de la mission symbolique du Congo (1960 -1964), le Sénégal a déployé de 1973 à 1976 au sein de la FUNU II près de 4 contingents de 400 hommes et 12 contingents de 600 hommes dans la FINUL de 1978 à 198450. L’armée sénégalaise est intervenue également au Zaïre, plus précisément au Shaba en 1978 au sein de la Force interafricaine. Le contingent sénégalais de 15 officiers, 109 sous-officiers et 456 hommes de troupes dont un détachement prévôtal et l’antenne médicale était à Kolwezi avec les troupes marocaines . Les deux compagnies provenant du « Groupement Para et la 3eme compagnie était relevée du Groupement Sénégal Oriental »51. A cela s’ajouteront les opérations « Fodé Kaba » I et II menées en Gambie (1980 – 1981) dont le fondement juridique repose sur l’accord de défense bilatéral signé entre les deux pays enfévrier 1965. « Fodé Kaba I » consistait en une manœuvre de gesticulation pour déjouer une tentative de coup d’Etat. « Fodé Kaba II » était une opération héliporté e qui fut exécutée par les officiers de l’état-major et le groupement parachutiste.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : BASES ET ENJEUX DE LA PARTICIPATION AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
CHAPITRE I : BASES ET EVOLUTION DU MAINTIEN DE LA PAIX
I. Bases du maintien de la paix
1. La Société Des Nations (SDN) et l’Organisation des Nations Unies (ONU)
2. L’interdépendance
II. L’échec de la sécurité collective
1- Une tentative d’explication
2- Les opérations de maintien de la paix
III. Evolution des opérations de maintien de la paix
1- De nouveaux concepts
2 – Les catégories d’opérations
IV. Le partage des tâches entre l’ONU et les acteurs régionaux
1- L’OUA/ UA
2- La CEDEAO
CHAPITRE II. DES CAPACITES OPERATIVES DE L’ARMEE SENEGALAISE
I Historique de l’armée sénégalaise
1- Les laptots
2 – Les tirailleurs
II. Les piliers de la performance de l’armée sénégalaise
1- La Formation
2 – L’entraînement
III. Un présence constante sur le terrain du maintien de la paix
1. Périodisation d’une contribution aux opérations de maintien de la paix
2- Tâches et Techniques sur le terrain
3- Dérives et difficultés sur le terrain
CHAPITRE III. DES ENJEUX DE LA PARTICIPATION AU MAINTIEN DE LA PAIX
I. Les enjeux d’ordre militaire
1- Les impératifs de sécurité
2- Les intérêts professionnels
II. Une activité à but lucratif
1- Les retombées financières
2- Les intérêts économiques
III. La quête du rayonnement international
1- Une visibilité internationale
2 – La promotion des capacités des institutions internationales
DEUXIEME PARTIE : LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET LEUR IMPACT SUR L’ARMEE SENEGALAISE
CHAPITRE I. QUELQUES THEATRES D’OPERATIONS SITUES EN AFRIQUE
I. Les opérations sous mandat ONU
1- La République Démocratique du Congo (RDC)
2- Le Mali
II. Les opérations sous l’égide de la CEDEAO
1- Le Libéria
2- La Guinée Bissau
III. Les opérations conjointes ONU/UA
1- Le Rwanda
2- Le Darfour
CHAPITRE II. L’EVALUATION DE LA PARTICIPATION AU MAINTIEN DE LA PAIX
I. Perception d’ensemble
1- Un grand pays contributeur de troupes
2- Le débat sur l’engagement de l’armée sénégalaise au maintien de la paix
II. Le bilan humain
1. Morts et blessés
2. Autres aspects du bilan
III. Les acquis
1. Sur le plan matériel
2. Sur le plan opérationnel
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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