Les offres autochtones d’ATEC

Les offres autochtones d’ATEC

Méthodologie

Ce travail a pour objectif d’analyser les offres touristiques autochtones d’ATEC afin d’établir des recommandations les rendant plus durables. Afin de répondre à la question de recherche, la méthodologie de ce travail se déroule en plusieurs étapes.
Premièrement, la construction d’une grille de critères d’évaluation a été réalisée en employant la méthode de desk research. Afin de caractériser ces critères, l’analyse croisée des définitions du tourisme durable ainsi que du CBT a été utilisée. Les données se sont basées sur des textes officiels provenant d’organismes touristiques ainsi que sur des articles scientifiques. Cette méthode a été inspirée de Tranquard et Gagnon (2012), qui l’ont employée pour rédiger des critères sur le développement durable et l’écotourisme.
Deuxièmement, huit entretiens semi-directifs avec différentes parties prenantes des offres autochtones touristiques ont été réalisés. L’élaboration de grilles d’entretien qui a été faite au préalable ainsi que la retranscription des interviews enregistrées se trouvent en annexe. Le report de ces entretiens pour l’analyse a été réalisé de manière à assurer l’authenticité des paroles des interviewés. Par conséquent, la traduction des discussions en espagnol a été reportée de façon à ne pas biaiser l’analyse tout en modifiant certaines tournures de phrase pour donner du sens en français. Au contraire, l’interview menée en français a été retranscrite mot pour mot, ce qui explique quelques erreurs de langue. Les observations de l’auteur qui a participé aux diverses offres seront également apportées.
Trois membres BriBri ont été interviewés concernant les critères directement liés à la communauté. Ces personnes font partie de deux communautés distinctes: premièrement, celle de Yorkín, dont l’association s’appelle Stibrawpa, et celle de Dururpe. La communauté Yorkín a su se faire connaître au niveau mondial et est pionnière du tourisme autochtone de Talamanca. Dans cette communauté, Bernarda, présidente de l’association et fondatrice de cette dernière, ainsi que Marlon, un étudiant, ont été questionnés. Miriam a été interviewée pour représenter la communauté de Dururpe. Elle est la sœur de Bernarda et a donc bénéficié des conseils de sa sœur pour développer le tourisme dans sa communauté depuis plus d’une année.
Le tourisme au sein de ces communautés indigènes poursuit les mêmes objectifs; la protection des forêts, l’amélioration de l’économie familiale ainsi que le renforcement et la préservation de la culture. Ces buts touchent chacun une dimension du développement durable.
Les entretiens ont été axés sur les points suivants:
– les activités proposées;
– la gestion de ces activités et la communication avec les revendeurs des offres;
– la croissance de l’offre et de la demande;
– les bénéfices de ces activités (économiques et sociaux);
– l’accès aux formations et aux emplois dans le tourisme;
– la conscience écologique;
Deux entretiens ont été menés avec le manager d’ATEC, Yeral Durón. Yeral est le directeur d’ATEC, ONG qui travaille depuis presque 30 ans avec les indigènes pour développer des offres touristiques dans ces territoires. Il est âgé de 28 ans et travaille au sein de l’ONG depuis environ 5 ans. Il connaît parfaitement les communautés et soutient celles qui souhaitent ouvrir leurs portes au tourisme. Il a contact avec tous les acteurs des offres indigènes, mais n’est pas pour autant nommé comme unique responsable de ces offres. Cet échange a été réalisé en deux temps car certaines informations avaient déjà été transmises à l’auteur lors d’un premier entretien pour son introduction au sein de l’ONG. La seconde rencontre a été faite pour compléter les informations manquantes.
Keysuar Hernandez est à la fois un guide touristique collaborant avec ATEC, et également le fondateur de Keshtour, petite organisation touristique qu’il gère seul en réalisant des treks et des tours dans les territoires indigènes. Ce jeune homme de 26 ans vit grâce au tourisme.
Lui et sa famille accueillent les touristes chez eux depuis plus de 30 ans, lorsque ses parents ont créé le projet de sauvegarde des iguanes verts à Keköldi car l’espèce était menacée dans tout le Costa Rica. En construisant une ferme pour ces animaux, la famille a involontairement introduit un aspect touristique à son projet. Actuellement, la «Ferme des Iguanes» fait partie des offres d’ATEC et Keysuar travaille comme guide pour plusieurs tours, essentiellement en lien avec la découverte de la nature. Keysuar parlant plusieurs langues, c’est la seule interview de ce travail qui a été réalisée en français.
Ces entretiens ont été orientés sur les points suivants:
– les activités proposées;
– la gestion des offres;
– la communication avec les communautés;
– la croissance de l’offre et de la demande;
– la conscience écologique;
– l’accès aux formations touristiques pour les communautés;
Enfin, deux touristes ont également été impliquées dans cette recherche. Rease est une blogueuse américaine invitée par une agence de voyages pour passer une nuit au sein de la communauté Stibrawpa à Yorkín. Cette voyageuse n’a pas pour habitude de faire du tourisme d’aventure ou de nature, elle est donc sortie de sa zone de confort pour explorer une autre façon de voyager. Anita, qui voyage avec sa fille, a passé une nuit au sein de la communauté de Dururpe. Elle y a été en tant que touriste mais également pour travailler avec la communauté comme bénévole. Cette visite dans cette communauté ne lui a donc pas été facturée. Elle a cependant l’habitude de ce genre d’expériences, ayant déjà visité une communauté indigène à Cuba.
Ces entretiens ont été axés sur les points suivants:
– les activités proposées;
– le professionnalisme des communautés;
– la conscience écologique;
Le but de tous ces entretiens a été d’obtenir des avis de chaque acteur de ces offres pour déterminer les forces et faiblesses de ces dernières. Une synthèse de ces impressions a été réalisée pour passer à la dernière étape de ce travail: les recommandations.
Les méthodes employées pour la rédaction des recommandations ont été les suivantes; premièrement, le suivi des conseils d’APEC qui a réalisé en 2010 un manuel des bonnes pratiques des projets de CBT ont été prises en compte. Ce document donne des conseils et des points cruciaux pour développer et faire perpétuer un modèle CBT dans un projet communautaire. Il aborde plusieurs thèmes dont les premiers points à travailler lors du commencement d’un projet, la structure et la gestion d’un projet, les fonds, le développement des compétences, le marketing et des conseils pour les relations avec les parties prenantes. Ce guide est donc autant intéressant pour un projet en phase de lancement que pour un projet déjà mis en place.
Deuxièmement, un entretien non directif écrit a été effectué avec Gavin Bate, créateur et directeur d’Adventure Alternative, entreprise sociale et responsable de tourisme. Cet échange s’est fait par e-mail. Il a eu pour but de requérir son opinion sur les différentes recommandations déjà établies des faiblesses des offres et leurs solutions possibles. Cet échange a permis de revoir mes recommandations afin qu’elles soient plus réalisables.
Toutefois, à la suite de cet échange, un cinquième challenge est apparu suite aux relectures du travail. Par conséquent, Gavin Bate n’a pas pu donner son opinion sur le dernier challenge.

Analyse

Puerto Viejo de Talamanca

Puerto Viejo est un petit village de pêcheurs situé au sud-est du Costa Rica, à la frontière du Panama. Ce village était également appelé Old Harbour jusqu’à ce que l’espagnol soit imposé comme langue officielle par le gouvernement. De ce fait, Puerto Viejo propose une culture très diversifiée entre les Afro-Caribéens, les ticos ou costaricain, les indigènes de Talamanca et les immigrés d’autres pays. En plus de l’espagnol, la plupart des habitants parlent parfaitement l’anglais.
L’économie de Puerto Viejo a longtemps été basée sur la culture du cacao puis, sur le tourisme dès l’arrivée de l’électricité et l’amélioration des routes dans la fin des années 1980 (Bautista, 2006). Puerto Viejo est dorénavant un village bien développé qui propose un large choix d’activités touristiques. Son rapprochement avec la mer des Caraïbes et les forêts tropicales permet aux touristes de découvrir tant les loisirs nautiques que terrestres. Puerto Viejo est donc connu pour ses spots de surfs, son ambiance reggae, sa proximité avec la nature et sa culture très vaste.

ATEC

Asociación Talamanqueña Ecoturismo y Conservacion est une ONG de la région de Talamanca au Costa Rica fondée en 1990 par plusieurs habitants de Puerto Viejo (Bautista, 2006). ATEC est composée d’un comité de cinq personnes, responsables de toutes les questions radicales concernant l’association, ainsi que de deux employées qui gèrent le bureau accueillant les touristes. Le directeur fait le lien entre les deux parties (Yeral, CP, 4 février 2019). Cette association offre non seulement des éco-tours pour ses visiteurs, mais elle soutient des projets ou en crée pour la conservation de Talamanca. Pour ces projets, ATEC compte sur des volontaires qui collaborent avec l’ONG pour une durée de trois à six mois. Ces volontaires viennent du monde entier avec des projets variés dans l’optique d’aider l’ONG à maintenir ses valeurs et ses apports envers les communautés. Les actions d’ATEC sont bénéfiques pour les acteurs tels que les communautés indigènes, les communautés locales ainsi que pour la biodiversité de la région au travers des projets de conservation. ATEC est de ce fait appréciée par les touristes et les habitants de la région de Talamanca grâce à sa vision sociale. En effet, les prestations de cette association sont basées sur le modèle du community-based tourism, ce qui lui donne une réputation d’entreprise durable et responsable. Concernant son financement, l’ONG peut compter sur le soutien des entreprises de la région pour des projets spécifiques ou encore sur de plus grandes ONG nationales et internationales. Toutefois, selon le directeur, ces soutiens ne sont pas suffisants pour conduire tous les projets et les actions (Yeral, CP, 16 avril 2019). Située au centre de Puerto Viejo, ATEC bénéficie de son rapprochement avec les communautés indigènes de Keköldi et Alta Talamanca, ce qui lui permet de promouvoir les offres touristiques autochtones ou encore des deux parcs.

Les indigènes

Les membres des communautés indigènes sont appelés BriBri et Cabécares; ils vivent principalement au sud du Costa Rica, dans la région de Talamanca depuis plus de 3’000 ans.
Ils sont issus des peuples autochtones qui habitaient déjà la région avant l’arrivée des Européens et des Africains (Meri, 2016, p. 32). Selon les derniers chiffres de l’Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), la population indigène totale du Costa Rica vivant dans les territoires indigènes s’élevait à 35’493 personnes en 2011. Les deux grands peuples disposent de leur propre dialecte; le Cabécar et le BriBri, cependant, de nos jours, presque tous les membres parlent également l’espagnol parfaitement. Lors de création de projet basé sur le modèle du CBT, la place de la femme est souvent présentée comme un point important pour éviter toute inégalité. Cependant, dans la culture BriBri, la société est matriarcale. Les femmes détiennent les mêmes droits que les hommes et disposent même de certains privilèges. Le gouvernement veille à la prospérité de ces peuples en leur faisant bénéficier d’avantages tels que celui de ne pas être soumis à différents impôts.
La principale source de revenu de ces groupes est l’agriculture, notamment grâce à la culture de bananes. Néanmoins, depuis plusieurs années, les indigènes sont devenus acteurs du tourisme en acceptant d’accueillir des visiteurs pour leur faire découvrir leur mode de vie et leurs traditions. Ils proposent donc du tourisme rural communautaire.
Dans la région de Talamanca, l’Association Stibrawpa, située à Yorkín, au bord du fleuve délimitant la frontière entre le Costa Rica et le Panama, a été le premier projet touristique autochtone à se développer. Ce projet a permis à d’autres communautés d’ouvrir leurs portes aux visiteurs et de partager leur culture. La décision des indigènes de s’ouvrir au tourisme n’a pas été sans conséquences. Ces peuples vivaient grâce à la culture du cacao principalement jusqu’à l’arrivée du champignon dévastateur appelé monilia comme mentionné précédemment. Le tourisme a donc été une alternative au travail dans les plantations chimiques de bananes et a permis d’éviter la migration vers les villes (Bernarda, CP, 7 avril 2019). Sur environ 250 communautés indigènes se situant à Talamanca, seules 10 sont ouvertes au public (Keysuar, 23 avril 2019).

Les offres autochtones d’ATEC

ATEC collabore avec plusieurs indigènes de la région. Les communautés accueillant les touristes directement chez eux pour découvrir leur mode de vie se situent à Yorkín; l’Association Stibrawpa et Aventuras Naturales Yorkín ou encore à Dururpe, nouveau tour proposé aux touristes depuis 2017. Des visites spécifiques de la faune et de la flore ou la découverte de traditions telles que la fabrication du cacao peuvent être menées également par des indigènes. Les principales activités proposées aux touristes sont liées aux rituels (confection du chocolat), aux tâches journalières de la communauté (création de toits ou chasse) ou encore la découverte de la nature grâce aux randonnées dans la jungle, les baignades dans les rivières. Par ailleurs, les visiteurs ont l’opportunité de s’immerger dans la vie quotidienne autochtone en partageant des repas traditionnels ou en passant la nuit dans ces communautés tout en écoutant les récits des indigènes évoquant leurs légendes et croyances.
Les offres peuvent donc être proposées sur plusieurs jours dans certaines communautés qui ont la possibilité d’offrir un logement aux visiteurs. Afin de se rendre dans ces communautés, les touristes peuvent emprunter les transports publics ou leur propre moyen de transport et sont ensuite guidés par les indigènes, à pied, en bateau ou encore en bus, pour rejoindre les villages. Ces trajets peuvent prendre jusqu’à trois heures de route selon Source: photo prise par l’auteur Source: photo prise par l’auteur les conditions météorologiques. C’est pourquoi, la plupart de ces tours débutent aux aurores.
Ces images témoignent de l’aventure que peut être le trajet pour rejoindre les indigènes; l’arrêt de bus de San Juán n’a pas d’indication mais permet de rejoindre la communauté de Dururpe et le voyage en barque sur le fleuve peut s’avérer plus long si le niveau de l’eau est trop bas, par manque de pluie. Sa durée varie ainsi entre 45 minutes et deux heures.
Concernant le prix des activités, il varie entre 30 et 120 dollars américains par personne, selon le nombre de jours et la nécessité d’avoir un guide parlant une autre langue que l’espagnol. Ces tarifs n’incluent pas le transport, dont le prix change s’il est privé ou public.
Ces offres sont destinées à un public ayant un revenu assez élevé, et surtout, étant intéressé par la culture et son authenticité. Les visiteurs qui réservent directement avec ATEC sont, pour la plupart, des touristes attachant de l’importance à l’éthique des organisateurs. Toutefois, les tours d’ATEC sont également vendus par d’autres agences internationales qui ne défendent pas forcément les mêmes valeurs que l’ONG.

Construction de la grille de critères

Afin d’établir une grille de critères plus fine, les thèmes mis en avant dans les différents documents cités auparavant (voir tableaux 1 et 2) ont été regroupés avec, pour chacun des critères, les thèmes à évaluer et donc à aborder avec les acteurs concernés. Pour donner à chaque dimension une importance comparable, le même nombre de critères par dimension a été choisi.

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Table des matières

Table des matières
Résumé 
Avant-propos et remerciements 
Table des matières 
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
Introduction
Contexte socio-économique
1. Revue de la littérature
1.1 Community-Based Tourism
1.2 Tourisme autochtone
1.3 Création de produits durables avec le modèle CBT
1.4 L’empowerment
2. Question de recherche et objectifs
3. Méthodologie
4. Analyse
4.1 Puerto Viejo de Talamanca
4.2 ATEC
4.3 Les indigènes
4.4 Les offres autochtones d’ATEC
4.5 Construction de la grille de critères
4.5 Analyse des entretiens
4.5.1 Économique
4.5.2 Sociale et culturelle
4.5.3 Environnementale
5. Synthèse
5.1 Forces
5.2 Faiblesses
6. Recommandations pour ATEC
6.1 Challenge I
6.1.1 Recommandations du challenge I
6.2 Challenge II
6.2.1 Recommandations du challenge II
6.3 Challenge III
6.3.1 Recommandations du challenge III
6.4 Challenge IV
6.4.1 Recommandations du challenge IV
6.5 Challenge V
6.5.1 Recommandations du challenge V
Conclusion
Références
Déclaration de l’auteur.

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