Les offices du tourisme du Valais germanophone
Introduction
Depuis son arrivée sur le marché, l’économie collaborative bouleverse petit à petit tous les secteurs économiques. En réponse à un mouvement sociétal privilégiant la fonctionnalité à la propriété, le succès des plates-formes collaboratives est au rendez-vous. Le tourisme, qui est un terreau fertile pour un tel phénomène, voit des plates-formes telles qu’Airbnb se développer de manière fulgurante. Valorisée à plus de 25 milliards de dollars en 2016, la start-up Airbnb vaut plus que certains groupes hôteliers (Lexpress.fr, 2016). Non seulement un nombre conséquent de voyageurs optent pour ce mode d’hébergement, mais des particuliers à travers le monde entier décident également de mettre en location leur bien sur cette plate-forme. Du côté suisse, la récente étude de l’Observatoire Valaisan du Tourisme a mis en exergue le développement fulgurant d’Airbnb en termes de logement en Suisse et plus particulièrement en Valais, d’où l’intérêt d’étudier Airbnb comme outil de commercialisation des lits touristiques valaisans. Ce travail a ainsi pour but d’analyser les facteurs clés qui persuadent les loueurs à utiliser cette interface pour mettre en location leur bien en Valais.
Revue de la littérature
Airbnb, une plate-forme communautaire qui s’inscrit dans l’économie collaborative, offre l’opportunité aux particuliers de mettre à disposition une chambre ou un logement entier à d’autres particuliers, généralement des touristes. Créée en 2008, la plate-forme s’est considérablement développée jusqu’à atteindre une notoriété mondiale. Ce concept innovant a ainsi fait couler beaucoup d’encre et a éveillé l’intérêt de nombreux auteurs. Cette revue de la littérature résume donc l’état de la connaissance dans le domaine de l’économie collaborative et apporte également un éclairage sur la problématique des résidences secondaires en Valais.
L’économie collaborative et Airbnb
Au cours des dernières années, le phénomène de l’économie collaborative, également dénommée économie de partage, a émergé et s’est considérablement développé dans le secteur touristique. Alors que le concept de partage a toujours existé, le phénomène d’économie collaborative est né avec internet selon Belk (2014). Dans son article You are what you can access: Sharing and collaborative consumption online, il décrit l’économie de partage comme des particuliers qui coordonnent l’acquisition et la distribution d’une ressource contre une rémunération ou une autre compensation. Il précise qu’internet et particulièrement le Web 2.0 ont apporté de nouvelles façons de partager et ont ainsi développé les anciennes formes de partage sur une plus grande échelle. En revanche, Bardhi et Eckhardt avec leur article Access-Based Consumption: The Case of Car Sharing (2012) se réfèrent à l’économie de partage comme la consommation basée sur l’accès et définissent ce phénomène par les consommateurs obtenant accès à des biens et services en payant pour les utiliser temporairement et par ce fait, aucun transfert de propriété n’est réalisé. Selon ces auteurs, la démarche ne serait donc pas aussi altruiste que Belk le suggère.
Économie collaborative
Afin de saisir au mieux le sujet de ce travail, il est important de définir la sphère dans laquelle évolue Airbnb : l’économie collaborative. Premièrement, une définition sera donnée et son développement ainsi que l’étendu du phénomène seront exposés. Par la suite, l’auteure présentera le secteur de l’hébergement collaboratif et ses différents modèles commerciaux. Finalement, le phénomène de l’hybridation de l’hébergement sera expliqué.
Polémique autour du terme « économie collaborative »
Le terme « économie collaborative » est depuis un certain temps remis en question au vu du développement de certaines plates-formes telles qu’Airbnb ou Uber. Les termes « collaboratif » et « de partage » connotés positivement peuvent induire en erreur. Selon Eckhardt et Bardhi, il n’est plus question de sharing economy lorsqu’une plate-forme d’échange est l’intermédiaire entre des consommateurs qui ne se connaissent pas mais il s’agirait bien d’une acccess economy (2015). Cette dernière est caractérisée par des consommateurs animés par des valeurs utilitaristes plutôt que sociales. Ces deux auteurs prouvent leurs dires avec une recherche sur l’entreprise Zipcar qui propose un service d’autopartage. Selon leur étude, les utilisateurs de cette plate-forme en ligne ne cherchent pas à interagir entre eux. Ils sont intéressés par des prix plus attractifs et le confort plutôt que l’aspect social. Du même avis, Hugues Sibille, président du Labo de l’économie sociale et solidaire, soulève une confusion de langage qu’Airbnb et d’autres acteurs entretiennent subtilement (Prudent, 2016). Bien qu’Airbnb est perçue comme une communauté, cette dernière n’a aucun pouvoir sur l’entreprise.
Hybridation de l’hébergement
Le secteur actuel de l’hébergement n’est plus aussi contrasté qu’à l’époque. Selon Pierre Eloy, fondateur de Touristic2, les derniers rachats, fusions ou encore investissements massifs entre les grands acteurs de l’hébergement mondial seraient signe d’une hybridation de l’hébergement (2016). En avril 2016, AccorHotels annonce avoir racheté onefinestay, le concurrent de luxe d’Airbnb, pour un montant de 148 millions d’euros. Le groupe hôtelier investira en outre plus de 64 millions pour le développement de l’entreprise (Accorhotels, 2016). En 2015, Expedia, acteur du voyage en ligne, rachète HomeAway pour près de 3,9 milliards de dollars (Expedia, 2015). Le but de cette transaction est de renforcer l’entreprise face au développement d’Airbnb.
Outil de gestion
Une fois l’annonce publiée, un outil de gestion complet est mis à disposition de l’utilisateur. Il peut premièrement gérer les disponibilités de son bien au travers du calendrier (figure 12). Il peut ainsi bloquer les dates selon ses besoins, s’il a loué son logement par un autre canal ou s’il veut le garder pour sa propre utilisation. L’outil permet ainsi d’éviter les doublons. Il peut également modifier les tarifs comme bon lui semble et ajuster les conditions d’annulation. Cet outil offre ainsi une flexibilité totale à l’utilisateur.
Analyse des enquêtes
Actives dans la location des vacances, certaines agences immobilières et certains offices du tourisme utilisent également Airbnb comme canal de distribution. Il est donc intéressant de se pencher sur l’utilisation par ces acteurs de la plate-forme collaborative. Un sondage quantitatif a été conduit auprès des agences immobilières du Valais francophone et un sondage qualitatif a été envoyé à des offices du tourisme du Valais germanophone afin de mesurer leur utilisation d’Airbnb, le développement des gérances 2.0 et la répartition des réservations entre les différents canaux de distribution. Il a été également demandé aux agences immobilières quelques questions au sujet du site internet « rentalp.ch ». Ce chapitre présente donc les résultats de ces deux enquêtes.
Conclusion
Airbnb met à disposition de ses utilisateurs un outil simple, intuitif et transparent. Ses diverses fonctionnalités et services sont les facteurs clés qui persuadent les loueurs à utiliser cette interface pour mettre en location leur bien en Valais. Tout d’abord, la renommée de la plate-forme permet une diffusion des offres à large échelle. Le propriétaire peut aussi facilement s’inscrire sur la plate-forme, créer une annonce en quelques minutes et par la suite avoir accès à un logiciel de gestion optimisé. Il peut en outre fixer librement les disponibilités de son logement et les tarifs. Il est guidé par des indications et conseils à travers toutes les étapes. De plus, les paiements sont gérés par Airbnb qui offre ainsi une sécurité à l’hôte comme au loueur. Le logement est également garanti par des assurances en cas de litiges. Finalement, la peur de l’inconnu qui peut être un obstacle à la location est résolue en partie par un système d’e-reputation, fondé sur des mécanismes efficaces tels que la vérification d’identité et les doubles commentaires.
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Table des matières
Introduction
1 Contexte du travail
1.1 Problématique
1.2 Revue de la littérature
1.2.1 L’économie collaborative et Airbnb
1.2.2 Les résidences secondaires en Suisse
1.3 Objectifs et méthodologie du travail
2 Économie collaborative
2.1 Définition et développement
2.2 Polémique autour du terme « économie collaborative »
2.3 Le secteur de l’hébergement touristique
2.3.1 Modèles commerciaux
2.3.2 Hybridation de l’hébergement
3 Airbnb
3.1 Histoire
3.2 Développement
3.2.1 En Suisse et dans le canton du Valais
3.2.2 Stratégie
3.3 Avantages et inconvénients
3.4 La communauté Airbnb
4 La plate-forme
Christelle Deillon
4.1 Conception
4.2 Inscription facilitée
4.3 Outil de gestion
4.4 Paiement sécurisé
4.5 Confiance
4.5.1 Vérification d’identité
4.5.2 Doubles commentaires
4.5.3 Messagerie directe
4.6 Modèle de commissionnement
4.7 Assurances
4.8 Invitation à devenir hôte
5 De l’authenticité à la professionnalisation
5.1 Situation en Valais
5.2 Les conditions de services d’Airbnb
5.3 Prestataires de services et gérances
6 Analyse des enquêtes
6.1 Les agences immobilières du Valais francophone
6.1.1 Le profil des répondantes
6.1.2 Airbnb
6.1.3 Les canaux de distribution
6.1.4 Les gérances
6.1.5 Rentalp
6.2 Les offices du tourisme du Valais germanophone
6.3 Airbnb : une chance ou une menace
7 Conclusion
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