Les obstacles à la participation des jeunes dans les projets urbains

Plusieurs dispositifs dédiés aux jeunes sont mis en place

Les dispositifs socio-culturels et de loisirs

Sur les deux terrains observés pour cette étude, à savoir Blois et Tours, se trouve un certain nombre de dispositifs socio-culturels et de loisirs pour les jeunes. Dans les deux cas, ces dispositifs sont partagés entre deux classes d’âges : ceux destinés aux 11-14 ans et ceux destinés aux plus de 15 ans. Selon la tranche d’âge, les équipes en charge de l’animation de ces structures, ne travaillent pas de la même manière.

Pour les 11-14 ans, les animateurs proposent de nombreuses activités de loisirs au quotidien, notamment sportives et artistiques mais aussi des ateliers de cuisine, poterie, des sorties, des soirées jeux, etc. A ce niveau-là, les jeunes inscrits à ces programmes d’animation viennent « consommer » les activités encadrées par des professionnels qui ont pour rôle de leur faire découvrir de nouvelles façons de s’amuser, s’informer et apprendre. Dans ces dispositifs, on retrouve les espaces jeunes 11-14 ans de Blois et les structures jeunesse 11- 17 ans de Tours.

Ces dernières, déclarées « accueils de loisirs », sont des structures associatives dotées d’un pôle Jeunesse, et portées par les centres sociaux. Elles sont réparties sur l’ensemble du territoire tourangeau, plus particulièrement sur les quartiers prioritaires du Sanitas, de l’Europe, des Rives du Cher, des Fontaines, Maryse Bastié et Bergeonnerie. Concernant les quatre espaces jeunes 11-14 ans de Blois, ils sont distribués équitablement entre le nord, le sud, l’est et l’ouest. Trois d’entre eux sont implantés près des collèges et le quatrième se trouve plus éloigné pour des raisons budgétaires. Or, la volonté de la ville est réellement d’attirer les collégiens vers ces accueils de loisirs, en les installant à proximité des structures scolaires.

Pour les plus de 15 ans, le travail de l’animateur est porté sur l’accompagnement de projets. Les jeunes présentent leurs projets, fruits de leurs envies et de leurs besoins, aux structures d’accueil : il s’agit de projets culturels comme des concerts, des expositions, des représentations de théâtre, des sorties, des séjours courts, etc. Les dispositifs concernés sont les espaces jeunes + 15 ans de Blois et le dispositif «Projets jeunes » de Tours. Les trois espaces jeunes + 15 ans sont intégrés aux centres sociaux-polyvalents blésois dans une logique de mixité intergénérationnelle. En plus d’être des lieux d’accueil pour l’accompagnement dans l’élaboration et la réalisation de projets de loisirs, ce sont des espaces de rencontres, de ressources et d’animation. Ils peuvent accueillir des personnes âgées de 29 ans car des dispositifs européens leur sont aussi destinés .

« Projets jeunes » est un dispositif départemental, financé par la ville de Tours, le Conseil Général et la CAF (Caisse d’Allocations Familiales), avec lequel les jeunes âgés entre 11 et 25 ans peuvent déposer et présenter leur projet devant un jury qui, au regard de l’intérêt et de la pertinence de l’idée proposée, apporte des subventions. Néanmoins, le constat est que ce sont davantage des jeunes autonomes, généralement âgés de 18 à 23 ans qui participent à ce dispositif, dorénavant confié aux structures jeunesses de la ville. Avant cette délégation, ces dernières accompagnaient les jeunes dans le montage de projet et vers le dispositif d’aide existant, appartenant aux services de la mairie. De ce fait, elles peuvent aussi accueillir des jeunes de 17 ans et plus, pour favoriser une démarche de projet.

D’autres types de dispositifs : bottom up/top down

Les deux terrains d’étude proposent également des dispositifs participatifs de type ascendant (bottom-up) et de type descendant (top-down). Ces deux approches désignent le mode d’animation et de pilotage de la démarche :
– l’approche ascendante (bottom-up) démarre des initiatives de l’échelon le plus « bas » au sens hiérarchique,
– l’approche descendante (top-down) est actionnée par la hiérarchie, soit l’échelon le plus « haut ».

Le dispositif EPIC, Espace de Projets et d’Initiatives Citoyennes, est une approche top-down mis en place par la ville de Blois en 2009, qui permet à des groupes de jeunes âgés de 11 à 25 ans de bénéficier d’un accompagnement et d’une aide matérielle et/ou financière pour la réalisation de projets artistiques, culturels, sportifs ou de loisirs. En contrepartie, la collectivité leur demande de participer activement à la vie locale en les impliquant dans des actions telles que leur participation à l’organisation de manifestations blésoises, la tenue d’un stand particulier pour les fêtes de quartier, la construction d’une calèche pour la ferme de Blois, etc. Cet aspect « participation dans la vie locale et citoyenne » pour la réalisation de leur projet, différencie EPIC des autres dispositifs plus « classiques » dans leur fonctionnement.

Une structure 100% jeunesse est également implantée dans la ville de Blois, appelée « La fabrique ». Cette ancienne école, réhabilitée en 2010 pour devenir une entité entièrement consacrée aux jeunes, est un projet important sur la place des jeunes dans la ville.

Au départ, elle abritait une équipe jeunesse + 15 ans et le service Initiative Jeunesse qui travaillait sur de l’accompagnement d’initiatives jeunes, celles-ci correspondant à des projets de mobilité européenne, des montages d’associations et même d’entreprises. Par la suite, les jeunes ont été sollicités pour l’aménagement du bâtiment. Une partie de la structure extérieure est le fruit d’une collaboration entre des jeunes artistes de Blois et ceux d’une commune située à proximité. A l’intérieur, les salles de musique, danse, multimédia et la cafétéria ont été réaménagés dans le cadre d’un chantier international avec des jeunes blésois et internationaux. Ainsi, plusieurs salles ont fait l’objet de chantiers d’implication plus ou moins important en fonction du projet. La fabrique est aujourd’hui l’espace d’accueil pour de nombreuses associations de jeunes ainsi que le Conseil des jeunes.

Le Conseil des jeunes réunit des 16-25 ans issus de divers horizons (associations, lycées, écoles supérieures, etc.). Ils ont pour vocation de faire remonter aux instances décisionnelles tels le Maire ou les adjoints au Maire, leurs idées à travers des projets qu’ils proposent. Ils travaillent sur des projets en rapport avec le sport, la culture, l’Europe, l’environnement, la solidarité, l’information et la communication. Par exemple, ils ont organisé la soirée Ice Muzik de Blois, participé aux différentes phases du festival « Rêves Urbains », copiloté l’opération « un café – un préservatif» avec le Sidaction et d’autres acteurs locaux, etc. Depuis janvier 2015, le Conseil des jeunes est une instance participative de type top-down gérée à la fois par le service Jeunesse et le service Démocratie Locale de la ville. Ces deux services ont fait appel à une professionnelle pour coordonner et animer le dispositif, celui-ci étant destiné aux jeunes âgés de plus de 16 ans car ils correspondent à un profil intéressant pour porter un projet collectif à moyen ou long terme. L’engagement dans un tel dispositif suppose d’être assez mature pour honorer le contrat qui les lie pour la durée d’un mandat. A l’origine, le Conseil des jeunes est une initiative du service Jeunesse qui, en 2004, a lancé cette idée sous une première forme embryonnaire (non reconnue par le conseil municipal). C’est seulement en 2009 qu’une délibération du conseil municipal l’officialise en tant que véritable instance participative pour les jeunes.

L’intégration des jeunes dans l’instance s’est faite progressivement :
– Entre 2004 et 2009, 30 sièges ont été mis en place pour les 16-22 ans ;
– Entre 2009 et 2013, les 30 sièges étaient partagés entre des jeunes de 16-25 ans (20 places) et le collège des associations (10 places) ;
– Entre 2013 et 2014, mise en place de 40 sièges distribués entre des jeunes de 16 25 ans, le collège des associations et le collège délégué à la vie associative lycéenne.

Une convention est signée avec l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) pour entrer en contact plus facilement avec les jeunes, les collégiens et les lycées et avoir une représentativité sur le territoire. De plus, chaque établissement scolaire dispose d’un conseil de vie lycéenne pour mobiliser des lycéens et les orienter vers le Conseil des jeunes. Aujourd’hui, l’animatrice jeunesse en charge de cette instance constate que les 40 sièges sont occupés.

Le Conseil des jeunes est un outil qui permet de favoriser l’apprentissage à la citoyenneté, acquérir une expérience en termes d’implication à la vie locale, comprendre comment fonctionne une collectivité. Le mandat du conseil est d’un an renouvelable. Le Maire réunit les jeunes de ce conseil chaque trimestre pour qu’ils échangent sur les axes de travail choisis et le soutien politique/financier qui peut les accompagner en cas de validation d’un projet porté. Les jeunes sont aussi consultés une fois par mois par l’adjoint au Maire en charge de la jeunesse, présidente de ce conseil, qui les rassemble en réunion plénière avec les membres des instances participatives consultatives municipales à savoir, les membres du conseil de quartier et ceux du conseil des sages. Les animateurs de ce dispositif ne travaillent pas pour orienter les jeunes mais pour les accompagner. Ils ont pour mission de leur faire comprendre qu’il est dans leur intérêt de s’engager et non pas dans l’intérêt de la ville. En s’intégrant, ils peuvent bénéficier de méthodes, d’outils, d’un réseau de partenaires, la possibilité d’apprendre à s’organiser, de comprendre l’intérêt général. Au-delà de cela, l’implication dans ce dispositif peut amener une certaine estime de soi, une valorisation des savoir-faire et des savoir être, des compétences qu’ils n’ont pas forcément apprises dans le système scolaire. C’est une manière de montrer aux jeunes qu’il existe d’autres voies pour « réussir ».

Table des matières

Introduction
Partie 1 : Présentation du sujet
I. Définition des notions clés
II. Problématique
III. Méthodologie
Partie 2 : Observations relatives à la participation des jeunes dans les projets urbains sur les deux terrains d’étude
I. Plusieurs dispositifs dédiés aux jeunes sont mis en place
II. Les rapports entretenus avec les autres catégories d’acteurs impliquées dans le processus participatif
III. Les perspectives d’évolution des dispositifs
Partie 3 : Analyse des résultats obtenus
I. Une organisation propre à chaque collectivité
II. Les obstacles à la participation des jeunes dans les projets urbains
III. Les collectivités intègrent plus ou moins bien la notion de participation des jeunes dans les projets urbains
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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