Les nouveaux défis des pouvoirs publics face a la prostitution moderne

Une protection de l’intérêt supérieur de l’enfant de tous les instants

A l’ origine, l’ACPE a été constituée afin d’éradiquer l’exploitation sexuelle des meurs, notamment au-delà des frontières françaises. Mais, force a été de constater que pour protéger les français et étrangers, il fallait voir plus grand et étendre la lutte à toutes les formes d’exploitation et de violences sexuelles causées aux mineurs.

L’exploitation sexuelle des mineurs : le champ de compétence initial

Créée il y a une trentaine d’ années par des bénévoles unis par la volonté de lutter contre l’exploitation sexuelle des mineurs, l’ ACPE a été pionnière à dénoncer le tourisme sexuel. Afin de rendre cette lutte cohérente, elle soutient également depuis de nombreuses années des foyers dans ces pays où le tourisme sexuel a encore une place grandissante.

La dénonciation d’un sujet tabou : le tourisme sexuel

Le tourisme sexuel impliquant des enfants est une forme d’ exploitation sexuelle commerciale des enfants. Cette appellation fait référence à l’ activité sexuelle d’adultes avec des enfants, au cours d’ un voyage, généralement dans des pays peu développés. Il est possible d’expliquer l’ amplification de cette pratique par la démocratisation du voyage et la pauvreté de certains pays.
Les pays « émetteurs de touristes sexuels » sont la plupart du temps des pays occidentaux tels que l’Australie, le Canada, les Etats-Unis etc. Le touriste sexuel n’a pas de profil-type et peut être issu de toutes les classes sociales. Il faut distinguer les touristes « déviant sexuellement » avec pour objectif en voyageant d’ exploiter sexuellement des enfants, et les touristes « sexuels occasionnels » qui se laissent tenter et passent à l’acte lors du voyage. Ces derniers céderont suite à la présence de plusieurs facteurs tels que le sentiment de pouvoir ou encore l’absence de contraintes morales et sociales qui régissent ordinairement la vie quotidienne dans leur pays d’ origine.
Le premier procès contre le tourisme sexuel s’est tenu à Draguignan en octobre 1997. L’ ACPE était la seule partie civile. Dans le box des accusés, il y avait sept prévenus pour les chefs d’accusation de tourisme sexuel, d’atteintes sexuelles sur mineurs contre rémunération et de recel de cassettes pédophiles en bande organisée. Une des pièces maîtresses du réseau était un homme âgé de 73 ans, multirécidiviste ; il avait déjà été condamné 12 fois . Lors de sa prise de parole, il a évoqué ses nombreux voyages à partir desquels il pouvait donner des adresses et conseils aux pédophiles. En 1995, suite à des abus sur enfants en Roumanie, trois des sept prévenus ont fait venir deux des enfants en France afin de les prostituer. La particularité de ce procès aura été de statuer sur l’exploitation de l’image pédopornographique, la représentation de violence et de perversion envers les enfants et la circulation des cassettes. Le juge qualifiera les actes présents sur ces cassettes d’actes de barbarie. Il a été démontré que les agissements en l’espèce entraient bel et bien dans le cadre de la loi sur le tourisme sexuel (loi d’extraterritorialité de 1994 ). Les peines prononcées par le tribunal relèvent d’une application stricte de la loi et vont de 5 à 15 ans, le premier procès se devant d’être exemplaire.
Face à ce fléau, l’ ACPE, accompagnée de l ‘ECPA T et de la FFTST (Fédération française des Techniciens et Scientifiques du Tourisme) a organisé un grand concours « Dire non » à l’ exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme, réservé aux futurs professionnels du tourisme.
L’objectif était de sensibiliser les étudiants de 45 établissements préparant un diplôme d’Etat dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie.
En 2011 , le concours proposait deux options: présenter un programme d’ actions d’information sur les réalités du tourisme sexuel impliquant des enfants ou récolter des fonds au profit de / ‘Association Citoyen des rues de Fès située au Maroc. 68 projets ont été présentés dans la catégorie « action de sensibilisation » et 36 en « récolte de fonds ». Après délibérations par un jury de professionnel, les finalistes ont pu effectuer un voyage d’études au Maroc.
Par la suite, en 2013, elle lance une campagne « Tourisme et Dignité » en partenariat avec CDRI (Citoyen des Rues International), CDRM (Citoyen des Rues Maroc) et la FFTST. Néanmoins, afin de donner un sens et une résonnance à un combat qui se joue notamment hors de nos frontières, il fallait soutenir des organisations sur place.

Le soutien del’ ACPE à des foyers d’enfants des rues étrangers

L’ ACPE apporte un soutien financier des foyers d’enfants des rues pour permettre à ces derniers de retrouver un équilibre de vie et des moyens d’accéder à leur autonomie matérielle. Ces foyers se situent respectivement au Guatemala, aux Philippines et à Madagascar.
Au Guatemala, des jeunes filles mineures se retrouvent contraintes à la prostitution pour survivre.
Parfois, cette activité est approuvée voir organisée par leur mère qui leur cède leur propre place. Ces mêmes enfants dont la mère est prostituée assistent pour les plus démunis à des scènes sexuelles, bagarres etc. et sont de fait très tôt en contact avec le système prostitutionnel. L’ ACPE soutient « Les Trois Quarts du Monde » qui aide les populations marginalisées dans la capitale à sortir de la pauvreté et retrouvé le chemin de l’école.
A cet effet, l’ objectif est notamment d’essayer d’anticiper les situations à risque en attribuant 180 bourses scolaires à des jeunes filles issues des familles les plus pauvres. Certaines ont bénéficié d’une place dans un foyer de la capitale afin d’y vivre et d’y étudier. Puis, l’ association soutient la « Fondation Virlanie » aux Philippines qui accueille près de 400 enfants au sein de 12 foyers . L’enjeu de cette organisation réside dans l’ accueil de l’enfant dans une des maisons afin d’entamer un processus d’ accompagnement personnalisé. Celui-ci se poursuivra jusqu’à ce que l’enfant soit ramené au sein de sa famille d’origine, ou adopté, ou accueilli en famille ou encore devenu indépendant. En prenant en charge le salaire de la psychologue, l’ ACPE apporte un soutien essentiel puisque le programme psychologique de la Fondation Virlanie consiste à tenter de combler les besoins psychologiques et émotionnels d’environ 240 enfants.
Enfin, l’ organisation « Aide aux Filles et Femmes en Détresse » à Madagascar tient plusieurs foyers permettant aux jeunes filles de sortir de la prostitution. Une fois accueillies dans ces foyers, une éducation de base leur est donnée ainsi que la connaissance de métiers afin qu’elles deviennent autonomes et subviennent à leur besoin. Malgré ce programme déjà conséquent, certaines violences faites aux enfants restaient exclues du champ d’ action de l’association, qui n’a pas tardé à y remédier.

L’extension de l’action de l’association

L’équipe del’ ACPE, animée par un objectif de protéger tous les enfants contre toutes les violences sexuelles quelles qu’elles soient, a décidé de changer de nom afin de ne plus voir son action restreinte pour être un acteur avec qui il faut compter, notamment pour recueillir la parole des premiers touchés après les victimes : les proches.

Un changement de nom significatif

En 2014, l’association change de nom et passe de « Association contre la Prostitution des Enfants» à « Agir contre la Prostitution des Enfants ». Cette transformation souligne la volonté de l’équipe d’adopter des stratégies plus ambitieuses et concrètes pour promouvoir ses objectifs. Par ailleurs, l’une des ambitions del’ ACPE était d’étendre son action à la prostitution des enfants et aux différentes formes d’exploitation et de violences sexuelles. Ainsi, l’article 2 des statuts de l’ ACPE stipule: « Cette association a pour but la lutte contre la prostitution enfantine dans le monde par tous les moyens légaux et toute initiatives judiciaires en France et à l’étranger. La lutte par les mêmes moyens, dans le monde, contre l’ensemble des atteintes sexuelles sur des mineurs. La recherche de tous moyens appropriés y compris les moyens légaux aux fins de poursuivre les buts de l’association en tenant compte du développement des nouvelles technologies. L’organisation de toute manifestation, évènements, en relation avec l’objet principal, en particulier tout ce qui peut développer la prévention par la sensibilisation, l’information, la formation, y compris le soutien moral et financier à des actions de terrain ».
De ce fait, la mention « en tenant compte du développement des nouvelles technologies » témoigne de la prise en compte de la réalité des faits en matière de prostitution enfantine. De nouveaux critères doivent être présents à l’esprit des acteurs de la protection de l’enfance à savoir les réseaux sociaux, · les sites d’annonces, les applications mobiles etc.
La France est placée en quatrième position mondiale en ce qui concerne la diffusion et la consommation de contenus pédopornographiques sur Internet. Les prédateurs qui surfent quotidiennement sur des sites qui diffusent des contenus pédophiles ou sur des forums de discussion fréquentés par les enfants sont estimés à près de 20 000.
En 2015, 68 sites de pédopornographies sont bloqués, soit un tiers des demandes de blocage reçues par les fournisseurs d’accès à Internet. Sur 34 340 personnes déboutées de l’accès au site par semaine, 99% le sont pour de la pédopornographie.
Il convient de préciser que la pédophilie est une attirance sexuelle pour les enfants impubères. La pédophilie se distingue de l’ hébéphilie qui s’applique à l’attirance sexuelle pour les adolescents. Par conséquent, « certains pédophiles sont hébéphiles, mais tous les hébéphiles ne sont pas pédophiles ». Il n’y a pas de profil type du pédophile, celui-ci peut être un homme ou une femme, être célibataire ou marié(e) mais ils ont un élément en commun : l’immaturité affective .
Véritablement, la plupart des pédophiles doutent de leur valeur et sont prompts à se sentir humiliés. Cette fragilité a pour conséquence leur incapacité à avoir une relation sexuelle avec d’autres adultes et, de ce fait, ils se tournent donc vers des enfants .Selon le psychiatre Monsieur Roland Coutanceau, 20 à 30% des pédophiles ont été eux-mêmes victimes d’agressions sexuelles pendant leur enfance. Ils ont été initiés à la sexualité par un enfant ou un proche par le biais d’un jeu sexuel sans violence et ont fait une sorte de blocage à l’érotisme prépubère.
L’association, qui a pris conscience de la complexité du phénomène prend le temps d’écouter, dès que cela est nécessaire, les proches des victimes.

Un travail d’écoute indispensable

Tous les premiers jeudis du mois, l’ ACPE organise dans sa salle de réunion une rencontre avec les parents des victimes de violences. Un partage d’expérience se fait entre les anciens parents qui ont déjà pu se familiariser avec l’équipe et le contexte et qui voient la procédure judiciaire bien entamée, et les nouveaux qui sont encore très mal à l’aise à l’idée même de parler du dit-problème.
Une psychologue est notamment présente lors de ces réunions afin de donner les clés aux parents qui doivent aborder un sujet délicat avec leurs enfants. S’il est vrai que les parents connaissent leurs enfants, il y a néanmoins des choses à éviter telles que : parler clairement de « prostitution ».
Il est aisément compréhensible qu’un parent qui vient d’apprendre l’activité prostitutionnelle de son enfant soit encore parfois dans le déni et dans la honte, avec cette peur constante d’être jugé par la société et plus encore par l’entourage, qu’il soit familial ou professionnel.
En effet, certains parents, lors du premier appel au standard se font passer tout d’abord pour une connaissance de la victime mineure. Une fois mis en confiance, rassurés, ils finissent par avouer être le parent du mineur en question. C’est pourquoi, hormis des compétences juridiques et de communication, les membres de l’équipe de l’ ACPE doivent faire preuve de savoir-vivre et être à l’écoute à chaque sollicitation et chaque appel visant à récolter des informations, faire part de soupçons ou dénoncer une situation de mise en danger.

Différents pôles d’action investis au service de la cause

L’ ACPE est une association déclarée sous le régime de la loi de 1901. Elle a été reconnue association d’intérêt général et a reçu le Label « Grande Cause nationale de la Maltraitance» en 1997. Structure indépendante financée essentiellement par ses propres adhérents, elle est dotée de pôles chargés de répartir les différents domaines d’intervention.

Les pôles « Plaidoyer » et« Communication »

La cause au coeur de son investissement étant encore tabou, l’ ACPE a développé des axes fondamentaux tels que la sensibilisation, la communication et l’assistance juridique.
L’investissement de l’ ACPE dans la sphère publique : un devoir de sensibilisation et de communication.Durant l’année 2011, l’ ACPE produit une première campagne nationale d’affichage et de spots TV, les clips vidéos sont diffusés sur plusieurs chaînes de télévision et plus de 130 mairies recevront 600 affiches et 10 000 flyers.
En 2013, elle diffuse un numéro spécial du journal pour enfant, Mon Quotidien « La prostitution, s’informer pour se protéger » pour les 8-14 ans, adressé aux enseignants d’écoles et collèges et pour 50 OOO foyers.
Le responsable plaidoyer de l’association, Monsieur Arthur Melon, est chargé de relayer au grand public les missions et travaux de l’association. A cet effet, il est plébiscité par des chaînes de radio telles que BFM ou Tropiques.FM les 29 et 30 juin 2018. De plus, de nombreux étudiants cherchant à traiter du sujet des violences sexuelles infligées aux enfants souhaitent s’entretenir avec lui pour enrichir leurs travaux.
En 2014, l’ ACPE lance un kit pédagogique destiné aux enseignants de la maternelle au lycée. Ce kit est gratuit et doit permettre d’aborder les abus et violences sexuels dès le plus jeune âge. Selon la Présidente et l’équipe, il est nécessaire que les enfants soient alertés sur ce sujet très tôt afin de mieux pouvoir y faire face s’ils se retrouvent confrontés à une telle situation. Un ensemble de ressources pédagogiques y sont regroupées en fonction de chaque tranche d’âge et des niveaux scolaires.
Par ailleurs, la sensibilisation de l’association passe notamment par des campagnes de communication volontairement provocantes. Abordables, elles trouvent écho dans plusieurs supports tels que les affichages, les spots publicitaires ou en vidéo par exemple. Puis, le responsable plaidoyer effectue plusieurs fois par mois des formations à destinations de professionnels : des avocats, des policiers .. . qui bien qu’en étant en contact direct avec les victimes, n’ont pas suivi de formation spécifique par rapport à ce sujet et ne savent pas comment aborder une situation de mise en danger.
Enfin, un autre outil a vu le jour grâce à l’ ACPE et pas des moindres : le Guide pratique. Les professionnels n’étant pas formés à la question spécifique de la prostitution des mineurs, c’est dans l’optique de répondre à cette problématique que le guide pratique a été conçu. C’est un outil censé les aider au quotidien dans leur travail en leur fournissant des renseignements et des conseils sur des aspects relatifs à la prise en charge des mineurs en situation ou en risque prostitutionnel. Cependant, il n’est pas uniquement conçu pour les professionnels. En effet, basé sur la longue expérience de l’ ACPE complétée par des collaborations de terrain avec certains professionnels tels que des psychologues, des infirmières, des éducateurs spécialisés …

Un soutien juridique constant

Toujours dans l’objectif de protéger les enfants contre toutes violences sexuelles, l’ ACPE se constitue partie civile dans des procès concernant des faits de proxénétisme, tourisme sexuel, viol sur mineur, pédocrirninalité et pédopornographie.
Madame Lubna Poulet, responsable du pôle juridique, prépare les dossiers de l’ ACPE en vue de se porter partie civile lors de procès. L’objectif est de porter la voix des victimes qui sont souvent absentes des audiences, et alerter la presse pour mettre la lumière sur ces affaires judiciaires qui illustrent un phénomène de société plus large 13.A titre d’ illustration de ce que peut faire l’ association dans le cadre de l’ assistance juridique, le 16 mai 2018, une rencontre a été organisée dans les locaux avec la mère d’une mineure prostituée, déjà en contact à plusieurs reprises avec le pôle juridique par téléphone. Durant cet entretien, la mère de l’ adolescente, désormais enceinte et placée en foyer, a rappelé en détails les faits (fugues à répétition, placements en institutions etc.) et les procédures en cours. Elle souhaitait connaître la marche à suivre sachant que sa fille sera majeure le 17 juin. La responsable juridique lui a alors proposé de rédiger un courrier au Procureur de la République eu égard au harcèlement dont souffre cette mineure par ses anciens proxénètes. Suite à une première plainte déposée le 3 mai 2018, un accompagnement pour déposer une plainte avec constitution de partie civile lui a été proposé.
Suite à ces propositions, des contacts réguliers avec les éducateurs du foyer où réside la jeune fille ont eu lieu afin de suivre l’affaire de près. Bien entendu, lorsque des dommages-intérêts ont été accordés à l’ ACPE au titre de sa constitution de partie civile lors d’un procès, c’est à la responsable juridique de contacter les huissiers qualifiés pour tenter de recouvrer les sommes manquantes.
Par ailleurs, en plus d’une assistance concrète, le pôle juridique mène des travaux de recherches de fond, que ce soit pour apporter une analyse sur les textes actuellement en vigueur ou encore pour réécrire une étude juridique comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Une collaboration effective et nécessaire avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme

Comme dit précédemment, l’action principale du pôle juridique est de se porter partie civile lors de procès. Mais, ces actions n’auraient pas pu voir le jour sans le mécénat de l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme.
L’alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme (ci-après AADH) est née en 2008 de Monsieur François Zimeray, ambassadeur pour les droits de l’Homme auprès du ministère des affaires étrangères et de Madame Noanne Tenneson, ancienne avocate de Jeant et associés, désireuse de mettre ses compétences au service des droits de l’Homme et des droits de l’enfant. L’ AADH coordonne la fourniture de services juridiques gratuits et confidentiels auprès des ONG, associations et institutions dédiés à la protection des droits humains, quelles que soient leurs dimensions nationales ou internationales. Les avocats des cabinets membres représentant plus de 16 000 avocats bénévoles répondent à l’ensemble des problématiques juridiques rencontrées par ces organisations.
En matière de contentieux liés aux violations des droits de l’Homme et de l’enfant, l’alliance offre des informations aux ONG pour défendre les victimes et assure parfois la représentation et l’assistance en justice des organismes et des victimes. En pratique, selon les compétences et préférences de chaque avocat, l’ ACPE par le biais de sa responsable juridique a appris à savoir quel cas peut intéresser tel ou tel avocat. Une fois le meilleur choix déterminé, le cabinet ou l’avocat est directement contacté par Madame Poulet qui explique le cas d’espèce et les espérances de l’ACPE quant au déroulé et à l’aboutissement d’une éventuelle action en justice. S’en suit une collaboration suivie entre l’ ACPE et l’avocat tout au long de la procédure.

La nécessité de l’ajout d’un profil psychologique des victimes

La prostitution des mineurs englobe différentes problématiques et concerne tous les milieux sociaux. Souvent, elle fait suite à des addictions, un décrochage scolaire ou plus généralement des conduites à risques. Cette prostitution peut être occasionnelle lors de temps libre dans les établissements scolaires par exemple, ou encore prendre la forme du « michetonnage » et enfin et non des moindres, le phénomène des loverboys proxénètes se répand à grande vitesse. Néanmoins, la prostitution faisant dans la plupart des cas suite à des conduites à risques, il était nécessaire d’intégrer dans l’étude juridique del ‘ ACPE un profil psychologique des mineurs.
A cet effet, plusieurs conférences et formations ont été suivies (voir annexes) afin de rédiger une partie sur le parcours qui pouvait orienter ces jeunes vers le système prostitutionnel. Il a fallu, dans un premier temps, identifier les facteurs de risques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le facteur de risque comme une situation sociale ou économique, un état biologique, un comportement ou un environnement qui sont liés, éventuellement par une relation de cause à effet, à une vulnérabilité accrue à une maladie, à des problèmes de santé ou à des traumatismes déterminés.
Toutefois, un facteur de risque n’est pas obligatoirement à prendre en considération de manière isolée mais peut souvent être associé à d’ autres. La lecture d’un article de Madame Pauline HAUVUY a permis de dégager ces facteurs de risques qui peuvent être liés à l’adolescence, psychosociaux ou sociétaux. Après avoir développé les manifestations de ces facteurs risques divers et variés, il était de rigueur de préciser le contexte environnemental propice à l’entrée en prostitution des mineurs. Parmi les éléments faisant partie de ce contexte, se trouvent notamment les carences du système éducatif et l’engouement des jeunes pour les nouveaux phénomènes de société.
S’agissant de ce dernier élément, les associations de la protection de l’enfance doivent faire face à une banalisation de la prostitution allant de pair avec la croissance de l’industrie du sexe. L’envahissement de la pornographie assure une large diffusion aux fantasmes et représentations du désir et des rapports hommes-femmes qui sous-tendent le système prostitutionnel. A titre d’illustration, le « phénomène Zahia » n’a pas d’égal. Cette jeune femme qui s’est d’abord fait connaître grâce à son implication dans une affaire de prostitution avec des footballeurs de l’équipe de France a fini par être élevée au rang d’icône des jeunes. Pourtant mineure au moment des faits, elle a acquis une telle notoriété qu’elle a fini par être invitée sur bon nombre de plateaux télé et a été appelée à défiler par des grands noms de la mode tel que Karl Lagerfeld. Cette affaire transformée en « success story » par l’opinion publique aura son retentissement chez le jeune public qui voit dans cette ascension fulgurante une manière rapide d’accéder à la célébrité sans passer par les bancs de l’école.
Au demeurant, l’influence des médias n’est pas négligeable dans la manière avec laquelle les jeunes appréhendent aujourd’hui leur corps. Les émissions de télé-réalité particulièrement appréciées par le jeune public légitime une prostitution qui ne dit pas clairement son nom. Plusieurs anciennes candidates ont témoigné du fait que continuer à rester à l’antenne était subordonné au fait de se mettre en couple, aussi factice soit-il afin que le téléspectateur puisse assister à des scènes suggestives.

A la rencontre des professionnels et acteurs à part entière

Un des principaux avantages du milieu associatif semble être sa proximité avec les acteurs militant pour la cause et qui sont donc les mieux placés pour donner des solutions pratiques à des problèmes complexes.

Les réponses aux pistes de réflexion par des acteurs de terrain

Comme dit précédemment dans les propos introductifs, la tâche principale de ce stage a été de rédiger la première partie de la future étude juridique de l’ ACPE. Dans cette optique, afin non pas de dénoncer exclusivement les manquements et lacunes du système de protection de l’enfance, il a fallu, pour proposer des solutions, aller à la rencontre des professionnels de terrain.
Ce fut notamment le cas lors d’une entrevue le mardi 5 juin 2018 avec un chargé de projet à la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques, Monsieur Emmanuel Meunier. Lors de cet entretien, plusieurs questions avaient été préparées afin de dégager des pistes de réflexion à introduire dans la future étude. C’est dans cette optique que ce professionnel a pu proposer d’instaurer un système à l’anglaise pour lutter contre l’accès sans limite des jeunes à la pornographie.
Son idée est qu’en vendant des téléphones mobiles configurés pour ne pas accéder à des sites pornographiques, la fréquentation de ces derniers par les jeunes serait forcément en nette diminution.
Pour débloquer l’accès à ces sites, il faudrait scanner sa carte d’ identité et fournir ses données de carte bancaire pour prouver sa majorité. Cette proposition fait suite à une explication de sa part relative à l’inefficacité du contrôle parental classique. Réellement, le contrôle parental à l’aide d’un code d’accès peut être piraté en suivant des tutoriels sur internet ou encore en désactivant la batterie du téléphone. Puis, à l’argument selon lequel le jeune n’ aurait qu ‘à se servir du portable d’un adulte débloqué mais pour lui qu’importe, puisque le jeune aurait conscience qu’il transgresse, or aujourd’ hui ce sentiment de transgression serait la plupart du temps absent chez les jeunes.
Mais, l’enrichissement de ces rencontres réside peut-être dans les positions contradictoires rencontrées qui font avancer le débat. Quelques jours plus tôt, le 1er juin, Thomas Rohmer, le Président de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education Numérique (OPEN) quant à lui réfutait l’utilité de tout procédé de contrôle parental quel qu’il soit. Il est véritablement partisan de l’éducation sentimentale et sexuelle des jeunes enfants, à condition bien-sûr d’avoir un langage adapté. Effectivement, il prône le fait que depuis le CP, il faut avertir les jeunes enfants de ce qu’il peuvent et vont trouver sur internet car pour lui et la quasi totalité des personnes interrogées, les enfants tomberont tous sur de la pornographie, et ce, sans exception.

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Table des matières

PARTIE 1 : Une présentation historique et structurelle de l’association « Agir Contre la Prostitution des Enfants »
1- Une protection de l’intérêt supérieur des enfants de tous les instants
II- Différents pôles d’action au service de la cause
PARTIE 2: LA MISSION PRINCIPALE DU STAGE: LA REFONTE DE L’ETUDE JURIDIQUE DE L’ASSOCIATION
1- Les missions de recherche: la contextualisation de données
II- Les missions de rédaction relatives à un ordonnancement clair des nouvelles problématiques
PARTIE 3: LES NOUVEAUX DÉFIS DES POUVOIRS PUBLICS FACE A LA PROSTITUTION MODERNE
1- L’émergence de nouvelles problématiques
II- La distinction essentielle éditeur-hébergeur

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