Les nouveau-nés dont les mères ont reçu un remplissage important sont plus à risque de perte de poids

La perte de poids physiologique

Durant les premiers jours de vie, le nouveau-né va perdre du poids. Cela est principalement dû à l’émission du méconium mais aussi à une perte d’eau (urines et évaporation cutanée) et à une dépense énergétique nécessaire à la thermorégulation. Ces différentes pertes ne sont pas, au départ, compensées par les apports alimentaires, car les quantités de lait bues par le nouveau-né sont faibles les premiers jours, et progressent ensuite .
La perte de poids moyenne des enfants allaités exclusivement se situe entre 5.7 et 6% (+/-2%) et la médiane entre 3.2 et 8.3%, la majorité des études retrouvant une médiane autour de 6% (8-15). La perte de poids maximale survient entre le 2ème et le 3ème jour de vie. L’enfant reprend ensuite progressivement du poids pour retrouver son poids de naissance en moyenne à 8.3 jours de vie .

La perte de poids : une norme difficile à établir

Dans toutes les études ayant cherché à déterminer la perte de poids moyenne d’un nouveau-né allaité, des problèmes méthodologiques existent. Les enfants perdant beaucoup de poids reçoivent, la plupart du temps, des compléments : la perte de poids « réelle » est donc faussée.
Dans son étude, Chantry compare deux groupes d’enfants : ceux allaités exclusivement ou ayant reçu moins de 60 ml de compléments depuis leur naissance et ceux ayant reçu plus de 60 ml. Il retrouve paradoxalement que les enfants ayant reçu plus de complément ont perdu moins de poids que ceux n’en ayant que peu ou pas reçu du tout : 5.8% versus 6.3%.
Preer, lui, réalise une étude rétrospective incluant 200 enfants nés uniquement par césarienne, et retrouve une perte de poids moyenne de 7.2 +/- 2%. Cependant, il exclut chaque nouveau-né ayant été complété en raison d’une perte de poids excessive (PPE) ce qui rend difficilement interprétable ses conclusions .
En parallèle, certaines recherches parlent d’un allaitement exclusif alors que l’enfant reçoit quand même des petites quantités de complément durant son séjour. D’autres ne précisent même pas leur définition.
Bertini mène une étude rétrospective d’avril 2007 à décembre 2012 en maison de naissance à Florence . Elle concerne 1760 enfants nés à terme sans aucune assistance médicale et ne retrouve aucun nouveau-né ayant perdu plus de 10% de son poids. La perte de poids moyenne est de 5.95% et était atteinte à 43 heures de vie. L’auteur rapporte que les pratiques respectent les recommandations IHAB mais les modalités d’alimentation ne sont pas précisées et il est probable que certains nouveau-nés reçoivent des compléments.

La perte de poids excessive

Les opinions divergent quant à la définition d’une PPE. Une perte de poids serait définie comme trop importante quand elle atteint selon les auteurs entre 7 et 10% du poids de naissance. En effet, c’est souvent à partir de ce seuil qu’une introduction de complément est envisagée (de manière empirique) afin de prévenir d’éventuelles complications telles que la déshydratation hypernatrémique ou l’ictère.
The American Academy of Pediatrics indique « que lorsque l’enfant a perdu plus de 7% de son poids de naissance, cela pourrait indiquer un problème d’allaitement et qu’une intervention pourrait être envisagée afin d’améliorer le transfert et la production de lait » .
The Academy of Breasfeeding Medecine (ABM) conseille « Une possible indication de compléter les enfants nés en bonne santé et à terme qui ont perdu entre 8 et 10% de leur poids et dont la mère présente un retard à la montée de lait » .
Ces deux sociétés savantes indiquent donc qu’à partir d’une perte de poids de 7%, il faut d’abord envisager de revoir la pratique d’allaitement (efficacité et nombre de tétées), puis, selon les cas, proposer de compléter les tétées avec du lait maternel exprimé. Dans un second temps, si cela n’est pas suffisant, l’introduction de complément de lait artificiel pourrait être envisageable à partir de 10%.
Une perte de poids supérieure à 4.5% à 24 heures de vie augmenterait de 3.6 fois les risques de perte de poids supérieure à 10% . Dans l’étude de Lamp et Macke, 87.5% des nouveau-nés avec une perte de poids excessive (définie ici comme supérieure à 10%) ont perdu plus de 4.5% de leur poids au premier jour de vie.

Apports liquidiens en salle de naissance

De plus en plus de maternités autorisent la prise de boissons claires pendant le travail. La Société Française d’Anesthésie et Réanimation en 2006, indique que « la femme en travail bénéficiant d’une analgésie périmédullaire peut être autorisée à absorber des liquides non particulaires (accord grade B) sauf en cas de diabète, d’obésité morbide ou de césarienne».
Par ailleurs, lorsqu’une analgésie péridurale ou rachianesthésie est posée (82.2% des femmes en France ), une solution de remplissage est mise en place pour entretenir l’abord veineux mais aussi afin de prévenir le risque hypotensif.
En effet, cette analgésie peut conduire à des hypotensions chez certaines femmes sous l’effet du bloc sympathique entrainant une vasodilatation artérielle et veineuse. Une hypotension prolongée pouvant conduire à des variations du rythme cardiaque fœtal, un remplissage par colloïdes (généralement du Ringer Lactate) est utilisé de manière courante, en prévention, en salle de naissance .

L’influence du remplissage sur la perte de poids : les connaissances actuelles

L’étude de Noel Weiss et al 

En 2011, Noel Weiss présente une étude de cohorte observationnelle incluant 109 participantes. Les données sont recueillies entre janvier 2008 et juin 2010 dans 5 hôpitaux différents du Canada. Tous les singletons nés à partir de 37 SA en bonne santé, dont la mère avait un projet d’AME, ont été inclus.
Le but est de déterminer la quantité de remplissage maternel (par voie orale et intraveineuse) pendant le travail ou avant une césarienne, puis son influence sur la perte de poids du nouveau-né. Pour cela, les enfants sont pesés toutes les 12 heures pendant les 3 premiers jours de vie puis tous les jours pendant 14 jours. Les parents ont également pesé les sorties (selles et urines) de l’enfant pendant les 3 premiers jours de vie.
Plusieurs résultats intéressants sont retrouvés :
A 24 heures de vie, il existe une corrélation positive entre diurèse du nouveau-né et sa perte de poids : plus elle est importante, plus la perte de poids l’est. A 48 heures de vie, cette corrélation n’existe plus. Et à 72 heures de vie, il y a une corrélation négative entre les sorties (urines et selles) et la perte de poids.
La perte de poids moyenne est de 6.57% (+/-2.51) et la perte de poids maximale est atteinte à 60 heures de vie.
A 60 heures de vie, le seul élément prédictif de la perte de poids est le remplissage maternel reçu durant le travail. Les auteurs ont ensuite comparé deux groupes en fonction du remplissage, avec une limite définie à 1200 ml (car un travail dure en moyenne moins de 12 h et qu’une limite de remplissage de 100 ml/h semble raisonnable) : Quand le remplissage est inférieur à 1200 ml, la perte de poids moyenne est de 5.51%. Quand le remplissage est supérieur à 1200 ml, la perte de poids moyenne est de 6.93%. La différence de perte de poids dans ces deux groupes est significative (p=0.03).

L’étude de Chantry

Entre janvier 2006 et janvier 2007, Chantry réalise une étude prospective en Californie, dans une maternité IHAB. Sont inclus les singletons nés à 34 SA et plus, dont la mère projette d’allaiter exclusivement. Ainsi, 448 couples mères-enfants répondant aux critères ont été inclus. L’enfant est pesé à la naissance, à 3 jours et à 7 jours.
Ainsi, les auteurs retrouvent que la diurèse de l’enfant augmente au cours des 4 premières heures de vie quand la mère reçoit une grande quantité de solutés durant son travail.
De plus, une perte de poids supérieure à 10% à J3 est retrouvée chez 19% des enfants allaités exclusivement.
Pour chaque maman, un bilan entrée/sortie est réalisé : la diurèse maternelle est soustraite à la quantité totale de remplissage (par voie orale et intraveineuse) reçue durant le travail, et ce résultat est divisé par le nombre d’heures de travail en salle de naissance. Ainsi, à J3, on retrouve qu’un enfant a 3.8 fois plus de risque d’avoir une perte de poids supérieure à 10% si le bilan entrée-sortie maternel est supérieur à 200 ml/h. Le risque est également multiplié par 2.8 si le bilan entrée-sortie maternel est compris entre 100-200 ml/h si l’on compare à celles ayant reçu moins de 100 ml/h.

 

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Table des matières

Introduction
I- Première partie 
1- La perte de poids du nouveau-né
1.1- La perte de poids physiologique
1.2- La perte de poids : une norme difficile à établir
1.3- La perte de poids excessive
2- Apports liquidiens en salle de naissance
3- Les échanges transplacentaires
4- L’influence du remplissage sur la perte de poids : les connaissances actuelles
4.1- L’étude de Noel Weiss et al (9)
4.2- L’étude de Chantry (12)
4.3- L’étude de Lamp et Mackel (11)
II- Deuxième partie : Matériel et méthode
1- Objectif et hypothèse
2- Type, lieu et durée de l’étude 
3- Population étudiée
3.1- Critères d’inclusions
3.2- Critères d’exclusions
4- Critères de jugements
4.1- Critères de jugements principaux
4.2- Critères de jugements secondaires
5- Outil de recueil de données et type d’analyse
III- Troisième partie : Présentation des résultats
1- Présentation de la population
2- Travail et accouchement
3- Le remplissage
4- La perte de poids
5- Le mode d’alimentation 
IV- Quatrième partie : Discussion 
1- Forces, biais et limites de l’étude
1.1- Forces de l’étude
1.2- Biais et limites de l’étude
2- Analyse des résultats et réponse à l’hypothèse
2.1- Le remplissage
2.2- La perte de poids
2.3- Hypothèse : Les nouveau-nés dont les mères ont reçu un remplissage important sont plus à risque de perte de poids
2.3- Propositions
V- Conclusion
VI- Bibliographie 

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