Les notions du taux de change
Signification des deux taux de change réel (interne et externe)
Selon Guillaumont Jeananny (1993), les deux conceptions du TCR reflètent l’existence de deux types de concurrence sur le marché international à savoir une concurrence parfaite et imparfaite. Dans une concurrence parfaite, les prix de vente s’imposent aux producteurs du fait de l’atomicité du marché, l’information est parfaite, les biens sont homogènes et divisibles et ils sont constitués principalement de biens semblables d’un producteur à l’autre. Ainsi chaque producteur est confronté à une élasticité infinie de leur demande. Comme les pays en développement produisent principalement ces biens, on est amené à faire l’hypothèse que sur le marché international ils sont preneurs de prix, à condition qu’il n’ait qu’une faible part de marché : l’hypothèse en économie internationale d’un petit pays.
La rentabilité de la production dépend du prix des biens échangeables par rapport aux facteurs ou bien non échangeables qui se déterminent sur le marché intérieur et influencent la production. Le TCR interne est le plus pertinent. De l’autre coté dans le cas d’une concurrence imparfaite, les producteurs différencient leurs produits et acquièrent de ce fait un certain pouvoir de marché. Ces produits sont principalement des biens de consommations durables et à fort contenu technologique. Au lieu d’être preneur de prix (price takers), les producteurs deviennent faiseurs de prix (price makers). Le TCR externe permet de prendre en compte l’évolution relative des prix dans le pays et à l’étranger. S’il existe deux notions du taux de change réel, qui ont chacune leur logique, leur évolution n’est pas indépendante. Il existe une relation arithmétique entre le TCR interne et externe.
Relation entre les deux taux de change réel
Le TCR interne est la définition la plus couramment utilisée dans la littérature pour les pays en voie de développement ou les petits pays (price takers) (Devarajan 1993, Montiel 2003, Edwards 1987,1988, Elbadawi 1994). Sa mesure reste très difficile car les données sur les indices de prix ne sont pas désagrégées en biens échangeables et non échangeables. Par conséquent, la plupart des auteurs utilisent comme mesure du TCR interne le TCR externe qui requiert des séries sur les indices de prix à la consommation dont disposent tous les pays à plusieurs fréquences. En plus, les travaux théoriques ont montré que l’utilisation du TCR effectif ou multilatéral était préférable à un taux de change réel bilatéral. On note que la capacité du pays à vendre sur les marchés étrangers, sa compétitivité externe, dépend des incitations internes à produire les biens échangeables, c’est-à-dire sa compétitivité interne (Hinkle et Nsengiuymva 1999). La compétitivité interne du pays implique sa compétitivité externe. A partir de ce constat, on essaye de mettre en exergue la relation entre ces deux taux de change réel, on doit bien noter que même s’ils sont sensés mesurer le même concept, le TCR externe et interne peuvent évoluer différemment (Edwards 1988, Guillaumont Jeananny1993, Hinkle et Nsenguimva 1999, Chinn 2006, Candau et al. 2010) Sachant que le TCRE s’écrit comme :
Les problèmes de mesures
Si la définition du taux de change réel dans l’une ou l’autre de ces acceptations prête peu à controverse. Il n’en est pas de même dans leur mesure qui soulève de redoutables problèmes. En outre, même s’il existe certaines tentatives de mesures du TCRI, la plupart des études se réfèrent à une définition du TCRE. Néanmoins selon Guillaumont Jeananney (1993), elle estime qu’il peut arriver que les deux taux de change réels n’évoluent pas dans le même sens, en raison d’une modification dans la réglementation des prix nationaux ou de la politique commerciale extérieure. Par exemple, si le prix administré de certains biens échangeables est relevé ou devient libre4, et de ce fait, connaît une hausse, cela entraîne une hausse du niveau général des prix (une appréciation du TCER externe) alors que le taux de change réel interne par définition se déprécie. Le secteur des biens échangeables devient plus rentable et donc plus compétitif puisque le prix relatif des biens échangeables s’élève. En revanche, une libéralisation du commerce extérieur ou baisse des droits de douane à l’importation5 réduit le prix des biens échangeables (appréciation du TCR interne) tout en contribuant à la baisse du niveau général des prix, autrement dit, à la dépréciation du TCR externe. Une évolution divergente des deux indices des taux de change réel risque de brouiller le diagnostic macroéconomique (Combes 2007, Guillaumont Jeannaney 1993).
L’indice du taux de change réel fréquemment utilisé est celui qui intègre dans sa construction l’indice de prix à la consommation comme un indice de prix approprié. Cet indice intègre dans sa composition des services ce qui le rend comme un bon proxy pour les prix des biens non échangeables. L’indice de prix de consommation à un autre avantage dans son utilisation à savoir sa disponibilité à des fréquences différentes (mensuelle, annuelles, etc.) et pour la plupart des pays. L’IPC comme mesure des prix étranger à cet inconvénient d’inclure dans sa construction des biens non-échangeables. A cet effet, selon Harberger (1986) l’indice des prix de gros peut être employé car dans sa construction initiale, il est composé principalement de biens échangeables mais il reste inapproprié pour mesurer les prix domestiques (Guillaumont jeananney 1993, Montiel 1999). Un troisième indice peut être employé est le déflateur du PIB, cependant, cet indice n’est pas disponible pour tous les pays. Par ailleurs, il existe un quatrième indice qui est le ratio du coût unitaire de travail. Cependant, ce ratio n’est disponible que pour un certain nombre de pays développés. On peut résumer que la construction du TCR peut être mesuré à partir des indices de prix à la consommation du fait que cet indice est très large dans sa construction et qu’il est disponible à plusieurs fréquences et pour tous les pays. Quant à la deuxième question, l’utilisation du même indice pour le pays domestique et étranger n’est pas efficiente. Edwards (1987) recommande l’utilisation de l’IPC pour le pays domestique car il intègre des biens non échangeables et l’IPG pour le pays étranger puisqu’il intègre dans sa composition un large groupe de biens échangeables.
Taux de change effectifs réels de diversification et de spécialisation
D’après les travaux de J-L Combes et P. Plane (2007), dans le cas des petites économies qui dépendent d’un nombre restreint de biens échangeables, il est possible d’appréhender l’indice du taux de change réel au niveau des produits et des secteurs d’exportation alternativement à l’approche macro-économique citée précédemment. Deux indicateurs de prix relatifs internationaux peuvent être calculés, fournissant des informations complémentaires sur la capacité à produire pour les marchés extérieurs aux conditions de l’échange international. Ces indicateurs sont spécifiques. Leurs calculs se font en mettant en lumière le système productif du pays, et pour chaque type de produit, les principaux concurrents que l’Algérie rencontre sur la marché mondial.
En outre, ce type de taux de change effectif réel fournit des réponses à certaines limites des TCER conventionnels puisque ces derniers fondés sur le commerce international bilatéral sont régis par des échanges caractérisés par des phénomènes de « spécialisation » et de « complémentarité » et rarement par des relations de concurrence. En effet, les pays de la zone Euro, pour le cas de l’Algérie, représente le principal fournisseur. Or, les biens d’équipement importés ne sont pas forcément le résultat d’un arbitrage de marché qui serait fonction des conditions de prix ou de coût et pourrait être fonction des liens historiques et culturels. Parallèlement, les exportations algériennes sont dominées principalement par des produits d’hydrocarbures (primaires). Elles n’ont donc pas de substituts en Europe qui donnerait l’impression que les échanges bilatéraux seraient l’expression d’une concurrence bilatérale entre les biens. Le principe de construction de cet indice en fonction des exportations sectorielles dit de « spécialisation » ou de « diversification », respectivement sur les produits de matières premières ou manufacturés est comme suit : une moyenne géométrique calculée avec une double pondération.
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Table des matières
REMERCIEMENTS ET DEDICACES
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES GRAPHES 05
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIER CHAPITRE : fondements théoriques
Première section : Les notions du taux de change
Introduction
1.Définition du taux de change réel
1.1 Modèle d’un seul bien
1.2 Modèle d’une spécialisation complète (Mundell-Fleming)
1.3 Modèle d’économie dépendante (Salter-Swan)
1.4 Modèles des trois biens
Signification des deux taux de change réel
Relation entre les deux taux de change réel
Les problèmes de mesures
Mode de calcul du TCR
5.1 Calcul du taux de change nominal
5.2 Le taux de change effectif réel de l’Algérie
Taux de change effectifs réels de diversification et de spécialisation
Deuxième section : Les concepts du taux de change réel d’équilibre et du mésalignement
Le taux de change réel d’équilibre (TCRE)
Les fondamentaux du taux de change réel d’équilibre
– Le biais de productivité
– Les tarifs à l’importation
– Les termes internationaux de l’échange
– Les mouvements de capitaux
– Les dépenses gouvernementales
3.Le comportement du TCR vis-à-vis des politiques macroéconomiques
3.1 Un régime de change fixe
3.2 Un régime de change flottant
3.3 Le régime de change multiple ou dual
4.Les modèles d’estimation du taux de change réel d’équilibre
4.1 Modèles structurels
4.1.1 Modèle d’équilibre général
4.1.2 Modèle d’équilibre partiel
4.2 Les modèles non structurels
4.2.1 L’approche de la Parité des Pouvoirs d’Achat (PPA)
4.2.2 L’estimation par une simple équation réduite
5.Mésalignement du taux de change réel
6.Les mécanismes de convergences vers l’équilibre
6.1 Une politique de désinflation ou d’ajustement automatique
6.2 Une politique de la dévaluation
Conclusion
DEUXIEME CHAPITRE : revue de la littérature et évidence empirique
Première section : Une revue de la littérature
Introduction
1.La Parité des Pouvoir d’Achat PPA
1.1 Les versions de la PPA
1.2 Les limites de la PPA
1.3 L’effet Balassa-Samuelson : le biais de productivité
2.Le modèle FEER
3.Le modèle BEER
4.Le modèle NATREX
4.1 La structure théorique du NATREX
4.1.1 Le NATREX de moyen terme
– La fonction de consommation/épargne
– La fonction d’investissement
– La balance courante
– La balance de portefeuille
4.1.2 Le NATREX de long terme
4.1.3 La dynamique du NATREX dans le long terme
4.2 La structure théorique du NATREX pour le cas des petites économies
4.2.1 Les équations structurelles pour le cas d’une petite économie
– La fonction de consommation/épargne
– La fonction d’investissement
– L’équation de la balance de portefeuille
Le modèle d’Edwards
La méthode du CGER
Deuxième section : L’évidence empirique
1.L’évidence empirique relative à la PPA
1.1.Les premiers pas de la PPA
1.2. Une nouvelle histoire de la PPA
2.Les déviations de la PPA
2.1 Les déviations permanentes
La PPA et les pays en développement
Une nouvelle interprétation de la PPA
La contribution de l’approche des prix relatifs
L’évidence empirique relative au NATREX
Conclusion
TROISIEME CHAPITRE : application empirique
Première section : Aperçu historique et les études relatives à l’économie algérienne
Introduction
1.Un aperçu sur la situation économique et les fondamentaux en Algérie
1.1 Les échanges commerciaux
1.2 Analyse des fondamentaux
1.2.1 Les prix du pétrole et les dépenses gouvernementales
1.2.2 Relation entre les dépenses publiques et les importations
1.2.3 Le progrès technique
1.2.4 L’indice de prix à la consommation
2.Le contexte historique de la politique de change en Algérie
– de 1962 à 1974.
– de 1974 à 1985
– de 1986 à 1994
– de 1995 à 2007
– de 2008 à 2014
Le marché informel : origine et évolution
Les études empiriques relatives au cas Algérien
Deuxième section :
1.Test de la Parité de Pouvoir d’Achat
– Le test de racine unitaire : le test de Dickey Fuller (1979)
– Le test de racine unitaire : le test de Augmented Dickey Fuller (1981)
– Le test de racine unitaire : Phillips Perron (1988)
Le modèle de Cashin et al. (2003)
Le modèle d’Edwards (1988)
Le modèle du NATREX de Lim et Stein (1994)
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
TABLES DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE
Annexes
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