Les neuropathies périphériques idiopathiques
Méthode de recueil des données
Les informations sur les patients ont été collectées de façon rétrospective dans la salle des archives au service de Neurologie et étaient basées sur
• Les dossiers staffés des patients,
• Et les archives d’Electro-Neuro-Myographie de ces mêmes dossiers si exploitables.
Ces informations ont été collectées selon une fiche d’exploitation préétablie (Annexe I) qui rassemble toutes les données cliniques et électrophysiologiques sur les patients présentant une NP. Il nous a été facile d’avoir accès à toutes les informations sur les patients hormis l’EMG qui à certains moments ne portait pas toutes les mentions concernant le type de neuropathie.
Les données ont été collectées grâce à un masque confectionné sur SPSS version 10 par le laboratoire d’épidémiologie de la faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech. Ce même logiciel a été utilisé pour l’analyse des données.
Sélection de cas
Ont été inclus dans la série de notre étude les patients chez qui a été posé le diagnostic de neuropathie périphérique et dont les cas ont été staffés. Dans le service de Neurologie il est de coutume de poser le diagnostic final dit diagnostic de sortie après les staffs des sortants; lequel diagnostic se trouve mentionné sur le dossier d’archivage du patient et sur les registres détenus par la Major du service. Ce qui nous a permis une sélection plus précise et orientée de nos patients inclus dans l’étude. Il est à noter que tous les patients sortants ne sont pas staffés, vues les activités du service de Neurologie. Le taux de dossiers staffés (le rapport des dossiers staffés sur les dossiers totaux d’hospitalisation) est de 0,25.
Deux types de neuropathies périphériques ont été exclus dans ce cadre :
• Les neuropathies traumatiques n’ont pas été incluses dans l’étude car relevant d’un autre domaine de PEC.
• Les atteintes nerveuses dans la cadre des syndromes canalaires (du canal carpien fréquent chez les personnes mobilisant régulièrement leur poignet, canal de Guyon, etc).
D’autres types de neuropathies périphériques n’ont pas été inclus à cette étude et ce sont les neuropathies atteignant les paires crâniennes. En effet, elles constituent un autre groupe de NP et nous ne sommes pas souvent sûr de l’atteinte périphérique de ces nerfs ; il a été donc plus judicieux de les exclure de l’étude afin d’éviter des biais. Ce sont par exemple les cas de paralysie faciale.
Sur cette base donc nous avons recueilli 180 patients remplissant les critères de NP. En tenant compte du taux de dossiers staffés, cela nous ramène approximativement à un nombre de 720 patients hospitalisés au service de neurologie pour NP entre janvier 2002 et décembre 2009.
Il s’agit donc d’une étude rétrospective à visée descriptive, s’étalant sur une période de 8 ans du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2009 limitée à 180 cas de NP, hospitalisés ou suivis au service de Neurologie et ayant tous bénéficié tous d’un examen électrophysiologique.
RESULTATS
Etude épidémiologique
Le total de patients, entre janvier 2002 et décembre 2009, remplissant les critères d’inclusion à notre étude était de 180 patients porteurs de NP. Ce nombre affecté du taux de dossiers staffés sur lesquels nous avons travaillé nous donne donc un nombre plus réel de 720 patients hospitalisés ou suivis en consultation pour NP soit une fréquence de 29%. La moyenne des patients hospitalisés ou suivis pour NP par année est de 90 patients/année. Le tableau I nous donne un aperçu sur la fréquence des patients suivis au service de Neurologie par rapport aux années.
La répartition en fonction des années d’hospitalisation présentée dans le diagramme 1 nous donne le nombre d’hospitalisation le plus élevé en 2009 avec un total de 37 patients soit 20,6% de cette année.
Sexe
La répartition selon le sexe permet de noter une très nette prédominance masculine dans notre étude de patients suivis pour NP, avec un sexe ration homme/femme de 2,2. En effet, les hommes représentent 68,9% de notre série et les femmes 31,1%.
Age
La moyenne d’âge dans notre étude est de 42,35 ans avec un écart-type de 18,76 (Diagrammes 2 et 3).
On note une proportion élevée de nos patients soit 21,4% ayant entre 50 et 60 ans et que 39,3% de notre série de patients ont 55 ans et plus. La prédominance masculine reste marquée même dans les différentes tranches d’âge (Diagramme 4).
Profession
Dans notre étude la majorité de nos patients occupaient une profession (50%) tandis que l’autre moitié était soit sans profession (48,9%) ou que nous n’avons pas eu suffisamment de données sur leur situation professionnelle (1,1%).
Nous n’avons noté aucune profession à risque chez nos patients qui en occupaient une.
Statut marital
Le statut marital étudié nous a montré une nette prédominance de patients mariés constituant plus de la moitié de la population étudiée avec 53,3%, suivis de près par la population célibataire avec 38,4% (Tableau II).
Etude clinique
Facteurs de risque
Le FDR le plus retrouvé est l’âge. En effet 39,3% de nos patients ont un âge supérieur à 55 ans, ce qui les prédispose donc à faire une NP de quelques étiologies que ce soit. Le deuxième FDR le plus fréquent dans notre étude est la consommation de tabac pratiquée par 28,8% de notre série. Le diabète, connu pour être le plus grand pourvoyeur de NP dans le monde, vient en troisième ressort avec 26,6% de nos patients qui présentent dans leurs antécédents un diabète (de type 1 ou 2). L’alcool, incriminé dans la genèse des NP par différents mécanismes est consommé par 8,3% de notre série. D’autres FDR non moins importants ont été retrouvés chez certains de nos patients, ce sont : la prise d’oestroprogestatifs (2,7%), les ATCD familiaux de NP (2,2%), les cardiopathies (1,1%), l’IRC (0,6%), les cancers (0,6%), les expositions aux toxiques (0,6%), et les AVC (0,6%) (Tableau III).
D’autres FDR n’ont pas été trouvés dans notre série comme pathologie préexistante tels que le SIDA, les cancers et hémopathies.
Survenue des symptômes
La survenue progressive et au repos représente la forme la plus fréquemment rencontrée dans notre étude. 52,7% de nos patients avouent avoir eu un début progressif ; et quant aux circonstances de survenue 61,6% de ces patients notent que leurs symptômes sont survenus au repos (Diagrammes 7 et 8)
Motifs de consultation
Le motif de consultation reste varié dans les neuropathies périphériques mais regroupé en trois grands groupes : les symptomatologies motrice, sensitive et végétative. Dans notre étude (Tableau V), le motif le plus fréquemment retrouvé est le déficit moteur qui représente à lui seul 86,6% des consultations pour NP. Puis vient en deuxième position le déficit sensitif qui représente 50,5% de nos patients. Les troubles neurovégétatifs font partie des motifs de consultations mais en tant que symptôme associé même s’il occupe une certaine part non négligeable du motif de consultation (38,4%).
Les formes associées sont essentiellement faites des symptômes sensitivomoteurs dans 28,3% des cas, les symptômes moteurs et végétatifs dans 15,5% des cas, sensitifs et végétatifs dans 20% et enfin les symptômes associés sensitifs, moteurs et végétatifs dans 3,3% des cas.
Examen général
L’examen général comprenait l’état général, la température, la tension artérielle, la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire. On parle de fièvre lorsque la température est supérieure à 38°C et d’autres parts la tension artérielle et la fréquence cardiaque sont dites élevées lorsqu’elles sont respectivement supérieures à 140/90 mmHg et 100 battements par minute (bpm). Pour ce qui est de la fréquence respiratoire on parle de tachypnée lorsqu’elle est supérieure à 18-20 cycles par minutes (cpm) ; cette tachypnée est dite modérée lorsque la fréquence respiratoire est entre 20 et 24 cpm au-delà duquel on parle de tachypnée sévère.
Nous avons noté que 10% de nos patients avaient un état général altéré, 3,3% présentaient respectivement (Tableau VI), une température anormalement supérieure à 38°C et une tachycardie, tandis que 11,6% présentaient une hypertension artérielle supérieure à 90/140 mmHg. Sur le plan respiratoire 77 de nos patients soit 42,7% présentaient une tachypnée modérée et seulement 16 avaient une tachypnée sévère.
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Table des matières
Introduction
Patients et méthodes
I. Méthode de recueil des données
1. Méthode de recueil des données
2. Sélection de cas
Résultats
I. Etude épidémiologique
II. Etude clinique
III. Etude paraclinique
IV. Etiologies
V. Traitement
VI. Evolution
Discussion
I. Etude épidémiologique
1. Sexe
2. Age
3. Profession
4. Statut marital
II. Etude clinique
1. Facteurs de risque
2. Délai de PEC
3. Survenue des symptômes
4. Motifs de consultation
5. Examen neurologique
6. Examen somatique
III. Diagnostic différentiel
1. Paralysie centrale
2. Atteinte myogène
3. Pathologies de la jonction neuromusculaire
IV. Etude paraclinique
V. Etiologies
1. Le diabète
2. Les PRNA ou GBS
3. Les SLA
4. Les neuropathies des vascularites
5. Les neuropathies médicamenteuses
6. Les maladies infectieuses
7. La maladie de Friedreich
8. Les neuropathies alcooliques
9. Les neuropathies paranéoplasiques
10. Les neuropathies de réanimation
11. Les PRNC
12. Les neuropathies carentielles
13. Les neuropathies amyloïdes
14. Les neuropathies toxiques
15. Les neuropathies périphériques idiopathiques
VI. Evolution
Recommandations pratiques
I. Quand faut-il suspecter une NP
II. L’examen clinique d’un patient porteur de NP
III. Bilan biologique et radiologique
IV. Examen électrophysiologique
V. Place de la biopsie nerveuse
VI. Quelles sont les étiologies possibles
VII. Fiche technique de PEC d’une NP
Conclusion
Annexes
Résumés
Références bibliographiques
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