Les nerfs de la queue de cheval
Le canal vertรฉbral lombo-sacrรฉ.
Le canal vertรฉbral de forme circulaire en rรฉgion lombaire, triangulaire en rรฉgion sacrรฉe subit au niveau de la jonction lombosacrรฉe un aplatissement dorso-ventral. Les foramens intervertรฉbraux ou trous de conjugaison sont limitรฉs dorsalement par les processus articulaires cranial et caudal de deux vertรจbres adjacentes, ventralement par le disque intervertรฉbral et le ligament longitudinal dorsal. Ils permettent aux racines nerveuses et aux vaisseaux satellites de quitter le canal vertรฉbral. Le canal radiculaire correspond au trajet empruntรฉ par une racine nerveuse, depuis son รฉmergence de la moelle รฉpiniรจre ร travers la dure-mรจre jusquโau foramen intervertรฉbral. Les facettes articulaires dรฉfinissent autant dโexpansions latรฉrales abritant les racines juste avant leur sortie du canal vertรฉbral. Plus le segment mรฉdullaire est รฉloignรฉ du foramen correspondant, plus le trajet parcouru par la racine nerveuse est long.
Les mรฉninges et le cรดne dural.
La queue de cheval est contenue dans le canal vertรฉbral, caudalement au cรดne mรฉdullaire. La moelle รฉpiniรจre se rรฉduit ร une corde uniforme de cellules gliales et รฉpendymaires nommรฉe filum terminale. La dure-mรจre est la mรฉninge la plus superficielle. Cโest un tissu fibreux sรฉparรฉ des structures osseuses environnantes par un espace rempli de tissu conjonctif appelรฉ espace รฉpidural. Ventralement, le ligament longitudinal dorsal et les plexus veineux la sรฉparent des corps vertรฉbraux. Elle forme le cรดne ou sac dural, recouvre le filum terminale et se poursuit jusquโaux premiรจres vertรจbres caudales oรน elle sโinsรจre.Elle constitue alors le ligament coccygien, associรฉ au ligament longitudinal dorsal. La pie-mรจre, trรจs riche en tissus รฉlastiques et en vaisseaux, est accolรฉe au filum terminale. La cavitรฉ lepto-mรฉningรฉe est lโespace compris entre la pie-mรจre et la mรฉninge arachnoรฏdienne. De fins trabรฉcules relient lโarachnoรฏde ร la pie-mรจre et cloisonnent cet espace sous-arachnoรฏdien. Le canal central de la moelle รฉpiniรจre sโรฉvase en un ventricule terminal, qui sโouvre sur lโespace sous-arachnoรฏdien rempli de liquide cรฉrรฉbro-spinal. Le rรฉtrรฉcissement de la moelle dรฉbute vers L5 et les lignes dorsales se rejoignent au niveau de L7. Chez 80% des chiens, lโespace sous-dural est assez dรฉveloppรฉ pour quโune myรฉlographie soit interprรฉtable en L7-S1.
Le systรจme autonome .
Le systรจme nerveux autonome est le systรจme qui innerve les organes, assure la rรฉgulation de leurs fonctions et maintient les grands รฉquilibres organiques. Les fibres viscรฉro-effรฉrentes du SN autonome diffรจrent des fibres somato-effรฉrentes par lโexistence dโun relais ganglionnaire entre le neurone dโorigine et lโorgane effecteur. La voie viscรฉro-effรฉrente comporte donc un neurone prรฉganglionnaire dont le corps cellulaire est situรฉ dans les lames basales de la moelle รฉpiniรจre et un neurone post ganglionnaire dont le corps est situรฉ dans un ganglion relais appelรฉ ganglion autonome. Le systรจme nerveux autonome se subdivise en systรจme nerveux orthosympathique ou sympathique et systรจme nerveux parasympathique. Les fibres sympathiques รฉmergent de la moelle thoraco-lombaire exclusivement (Th1 ร L4- L5). Les fibres prรฉganglionnaires empruntent la racine ventrale dโun nerf rachidien, et se terminent soit au niveau dโun ganglion latรฉro-vertรฉbral, soit aprรจs avoir cheminรฉ le long dโun nerf splanchnique dans un ganglion prรฉviscรฉral.Les fibres post ganglionnaires sont issues des corps cellulaires situรฉs dans les ganglions latรฉro-vertรฉbraux ou prรฉviscรฉraux et gagnent les effecteurs. Les fibres parasympathiques se subdivisent en fibres ayant une รฉmergence mรฉdullaire sacrรฉe, constituant le parasympathique sacrรฉ, et les fibres ayant une รฉmergence encรฉphalique, constituant le parasympathique cranien. Les fibres prรฉganglionnaires du parasympathique sacrรฉ empruntent les racines ventrales des nerfs rachidiens sacrรฉs. Les rameaux se rรฉunissent ensuite en un nerf pelvien. Elles se terminent et font relais dans les ganglions pelviens ou dans la paroi des organes innervรฉs par les fibres post-ganglionnaires. Schรฉmatiquement, le premier neurone du systรจme sympathique est trรจs court. Les ganglions de relais sont proches du nรฉvraxe, lโensemble des ganglions formant la chaรฎne sympathique parallรจle ร lโaxe vertรฉbral. Le neurone prรฉganglionnaire parasympathique est long et le relais se trouve souvent dans la paroi des organes effecteurs ou trรจs proche de celui-ci.
Dโun point de vue physiologique, le systรจme sympathique a une action ergotrope, stimulant le catabolisme. Il est sollicitรฉ lors des conflits avec le monde extรฉrieur (lutte, fuite,effort intense et de courte durรฉe). Le systรจme parasympathique, dont lโaction est trophotrophe, stimule lโanabolisme. Son influence est prรฉdominante lors des pรฉriodes de quiรฉtude. Dโun point de vue fonctionnel, les deux systรจmes sont parfaitement complรฉmentaires. Orthosympathique et parasympathique sont deux aspects synergiques dโun mรชme systรจme de rรฉgulation du monde intรฉrieur, en rรฉponse aux variations du monde extรฉrieur.
Physiologie de la miction.
Le cycle de fonctionnement vรฉsico-urรฉtral comprend une phase de remplissage de la vessie et une phase de vidange lors de la miction. La continence urinaire est la facultรฉ de contrรดler volontairement la rรฉtention de lโurine stockรฉe dans la vessie pendant les phases intermictionnelles. La vidange vรฉsicale se caractรฉrise par le synchronisme entre lโouverture des sphincters interne et externe et la contraction du dรฉtrusor. Le dรฉclenchement de la miction rรฉpond ร lโintรฉgration au niveau des centres supรฉrieurs de la sensation de besoin dโuriner. Ce dรฉclenchement peut รชtre modifiรฉ par de nombreux facteurs qui nโinterviennent que pour rรฉgler le seuil de dรฉclenchement. Lorsque le volume dโurine augmente dans la vessie la paroi รฉlastique se distend (les fibres musculaires lisses du dรฉtrusor sโallongent) la pression intravรฉsicale restant constante. Ce sont les fibres sympathiques qui sont impliquรฉes.Elles induisent un relรขchement des fibres musculaires du dรฉtrusor et inhibent les voies parasympathiques. Les sphincters sont fermรฉs. Lorsque la limite รฉlastique est atteinte, toute augmentation de volume est responsable dโune lรฉgรจre augmentation de la pression intravรฉsicale. Les terminaisons des nerfs sensitifs sensibles ร lโรฉtirement sont alors stimulรฉes et une information sensitive est vรฉhiculรฉe via les nerfs pelviens jusquโร la moelle รฉpiniรจre. Les voies ascendantes communiquent lโinformation ร la substance rรฉticulรฉe pontine. Une rรฉponse motrice peut รชtre envoyรฉe par les fibres descendantes qui font relais avec les neurones prรฉganglionnaires parasympathiques moteurs au niveau de la corne intermรฉdiaire de la substance grise sacrรฉe. Ils empruntent les nerfs pelviens, gagnent les corps des neurones postganglonnaires avec qui ils font synapse dans le ganglion pelvien. Le dรฉtrusor se contracte. Simultanรฉment, lโinformation sensitive vรฉhiculรฉe par les nerfs pelviens, fait relais vers les segments lombaires, inhibant les effรฉrences sympathiques et les nerfs honteux dans la racine ventrale des segments sacrรฉs.Le tonus du muscle striรฉ du sphincter externe est inhibรฉ via lโinhibition de son innervation somatique. Les rรฉcepteurs urรฉtraux sensibles au flot dโurine et ร la distension de lโurรจtre renforcent la coordination vรฉsico-sphinctรฉrienne. La coordination contraction du dรฉtrusor et relรขchement du sphincter externe se fait tant que la vessie nโest pas vide. Lorsquโelle est vide, la dรฉcharge des nerfs pelviens cesse. Le systรจme sympathique et les nerfs honteux sont rรฉactivรฉs, cโest la phase de remplissage qui commence. Il existe un contrรดle volontaire de la miction. Lโinformation ascendante qui part vers la substance rรฉticulรฉe et qui se traduit par le besoin dโuriner, รฉmet des collatรฉrales vers le cortex. Cela permet lโinitiation volontaire de la miction ou au contraire son inhibition. De mรชme le cervelet peut lui aussi inhiber la miction. Une information sensitive emprunte les nerfs hypogastriques jusquโร la moelle รฉpiniรจre.Lโactivation de ces fibres est traduite dans les centres supรฉrieurs corticaux par une sensation douloureuse liรฉe ร une hyperdistension de la vessie. Une lรฉsion lombaire ou sacrรฉe peut abolir le rรฉflexe de miction alors que lโanimal continue ร percevoir une distension trop important de la vessie. Les nerfs de la queue de cheval ont une structure de nerfs pรฉriphรฉriques et ils sont entourรฉs ร un degrรฉ variable par les mรฉninges. Ils sont donc moins fragiles que la moelle รฉpiniรจre. Ils rรฉsistent mieux aux contraintes telles que lโรฉtirement. En consรฉquence, un fort dรฉplacement vertรฉbral pourra nโengendrer que des troubles mineurs. En revanche, lors dโatteinte sรฉvรจre les dommages seront irrรฉversibles.
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Table des matiรจres
Table des illustrations
Introduction.
1.Gรฉnรฉralitรฉs โ Anatomie de la rรฉgion lombo-sacrรฉe.
1.1.Prรฉsentation des fractures de L7 chez le chien et le chat.
1.2. Particularitรฉs anatomiques de la rรฉgion lombo-sacrรฉe.
1.2.1. Gรฉnรจse de la queue de cheval.
1.2.2. Le canal vertรฉbral lombo-sacrรฉ.
1.2.3. Les mรฉninges et le cรดne dural.
1.2.4. Vascularisation de la queue de cheval.
1.2.5. Lโenvironnement musculo-ligamentaire.
1.3. Les nerfs de la queue de cheval.
1.3.1. Le plexus lombo-sacrรฉ.
1.3.2. Le nerf honteux.
1.3.3. Le nerf pelvien.
1.3.4. Les nerfs coccygiens.
1.3.5. Les branches dorsales des nerfs lombaires.
1.4. Le systรจme autonomme.
1.5. Innervation de la vessie et physiologie de la miction.
1.5.1. Innervation.
1.5.2. Physiologie de la miction.
2.Biomรฉcanique et physiopathologie des fractures luxations de L7.
2.1. Etiologie des fractures-luxations de la colonne vertรฉbrale.
2.2. Rรฉpartition des fractures-luxations lombaires.
2.2.1. Rรฉpartition des fractures selon la rรฉgion du rachis.
2.2.2. Rรฉpartition des fractures-luxations en rรฉgion lombaire.
2.3. Biomรฉcanique des traumatismes vertรฉbraux.
2.3.1. Thรฉorie des zones de fragilitรฉ de la colonne.
2.3.2. Les รฉlรฉments de la stabilitรฉ vertรฉbrale.
2.3.3. Physiopathologie et classification des mรฉcanismes des fractures du rachis.
2.3.4. Le concept ยซ trois colonnes ยป dans les fractures du rachis, classification de Denis.
2.3.5. Application aux fractures de L7.
2.4. Physiopathologie des troubles nerveux observรฉs lors des fractures luxations de L7.
2.4.1. Classification des mรฉcanismes lรฉsionnels des nerfs de la queue de cheval.
2.4.2. Physiopathologie du traumatisme des nerfs de la queue de cheval.
3.Rรฉception-รฉvaluation du patient traumatisรฉ.
3.1. Transport de lโanimal.
3.2. Rรฉception de lโanimal et รฉvaluation en urgence du patient.
3.2.1. Rรฉception de lโanimal.
3.2.2. Lรฉsions associรฉes.
3.3. Anomalies de lโexamen clinique.
3.3.1. Anamnรจse.
3.3.2. Examen ร distance.
3.3.3. Examen rapprochรฉ.
3.4. Anomalies de lโexamen neurologique. 55
3.4.1. Conduite de lโexamen neurologique. 55
3.4.2. Anomalies de lโexamen neurologique lors des fractures-luxations de L7.
3.4.3. Particularitรฉs des fractures-luxations avec atteinte du sixiรจme nerf lombaire.
3.5. Exemples illustrant le polymorphisme de la prรฉsentation clinique du patient souffrant de fractures-luxations de L7.
3.6. Examens complรฉmentaires.
3.6.1. Evaluation radiologique.
3.6.2. La myรฉlographie.
3.6.3. Lโexamen tomodensitomรฉtrique.
4.Traitement des fractures-luxations de L7.
4.1. Traitement initial.
4.1.1. Thรฉrapeutique liquidienne.
4.1.2. Administration de corticostรฉroรฏdes.
4.2. Dรฉcision thรฉrapeutique : Traitement conservateur vs chirurgical.
4.3. Traitement conservateur.
4.4. Traitement chirurgical.
4.4.1. Voies dโabord.
4.4.2. Techniques de rรฉduction des fractures-luxations de L7.
4.4.2.1. Rรฉduction lors de dรฉplacement cranio-ventral.
4.4.2.2. Rรฉduction lors de dรฉplacement cranio-dorsal.
4.4.3. Techniques de stabilisation trans-iliaque ร lโaide dโune broche simple.
4.4.4. Techniques de stabilisation trans-iliaque amรฉliorรฉes.
4.4.4.1. Pliage de la broche de Steinmann.
4.4.4.2. Broche filetรฉe intramรฉdullaire.
4.4.4.3. Mise en place de deux broches
4.4.4.4. Blocage de la broche.
4.4.5. Association dโun moyen de fixation dorsal et dโune stabilisation trans-iliaque.
4.4.5.1.Stabilisation transarticulaire de la rรฉduction..
4.4.5.2. Stabilisation transiliaque associรฉe ร un vissage des facettes articulaires.
4.4.6. Fixation interne ร lโaide dโun montage de Kirschner.
4.4.7. Utilisation de plaques dorsales et du fixateur externe de type Kirchner- Ehmer.
4.4.7.1. Description des plaques dorsales
4.4.7.2. Description et utilisation du fixateur externe de Kirschner Ehmer.
4.4.7.3. Association dโun fixateur externe de Kirschner Ehmer et de plaques dorsales.
4.4.8. Techniques de fixation dorsale et immobilisation des fragments osseux.
4.4.8.1. Fixation segmentaire modifiรฉe.
4.4.8.2. Utilisation des vis et de ciment ร base de polymรฉthylmรฉthacrylate.
4.4.9. Comparaison des techniques.
4.4.10. Exploration des nerfs de la queue de cheval.
4.4.11. Fermeture du site opรฉratoire.
4.4.12. Evaluation radiologique du traitement.
5.Suivi et complications du traitement des fractures-luxations de L7.
5.1. Suivi de lโanimal convalescent.
5.1.1. Mise au repos et confinement du patient.
5.1.2. Antibiothรฉrapie.
5.1.3. Gestion de la douleur.
5.1.4. Suivi neurologique et radiographique.
5.2. Gestion de lโanimal dรฉbilitรฉ.
5.2.1. Prรฉvention des plaies de couchage des animaux parรฉtiques ou paralytiques.
5.2.2. Thรฉrapie physique.
5.2.3. Gestion des dรฉsordres vรฉsicaux.
5.2.4. Gestion des troubles de la dรฉfรฉcation.
5.3. Gestion des complications du traitement.
5.3.1. Gestion des plaies de couchage.
5.3.2. Complications liรฉes ร lโadministration de corticostรฉroรฏdes.
5.4. Complications liรฉes au traitement chirurgical.
5.4.1. Gestion des infections postopรฉratoires.
5.4.2. Complications liรฉes au matรฉriel chirurgical.
Conclusion.
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