Les mythes sotériologiques

La mythologie grecque est régie pas un mécanisme où chaque entité – dont les principales sont les dieux, les mortels et les monstres – a un rôle précis. On remarque ainsi une interaction entre les différentes figures mythologiques : la fonction que chacune d’elle occupe met en valeur celle d’une autre, justifiant réciproquement leur statut dans la structure.

En effet, sans le monstre ravageant la contrée et opprimant les mortels, l’existence du héros n’a pas de sens, et c’est bien le monstre qui va lui permettre de justifier son rôle, à savoir, délivrer ses semblables du fléau qui les menace. De même, c’est l’opposition entre monde sauvage et milieu civilisé qui va fournir un des aspects les plus intéressants de la mythologie grecque, c’est-à-dire l’affrontement perpétuel mettant en conflit les dieux et les héros (ces derniers étant généralement mortels ou semi-divins) d’un côté et les monstres de l’autre.

Or, les mortels, et même les dieux parfois, sont confrontés à l’univers des monstres, ces derniers ayant pour finalité de répandre le désordre en détruisant toute forme de civilisation (d’où le fait que les monstres mythologiques séjournent dans des contrées sauvages, telles que les grottes, les plaines désolées ou les marais), tendant ainsi à ramener le monde dans son état premier, c’est-à-dire le Chaos. De ce fait, dieux ou mortels pénètrent dans ce milieu hostile, désolé et sauvage qui est celui des monstres, et s’il est déjà difficile de ressortir de cette périlleuse épreuve, il est en quelque sorte plus difficile de ne pas en garder des séquelles dans la mesure où ce monde chaotique, dans lequel les entités monstrueuses séjournent, a un effet corrupteur contre lequel il est difficile de lutter. Ainsi, si le héros a triomphé de l’adversité en alliant force, courage, mais aussi intelligence, il va ensuite devoir encore combattre l’aberration qu’il a vaincue, comme si cette dernière reprenait l’affrontement sous une autre forme que l’on pourrait presque qualifier de « forme fantomatique », c’est-à-dire que le héros porte la marque de ce milieu chaotique et qu’il va devoir lutter contre son effet de corruption. Ce combat, se déroulant alors sur un autre plan, s’avère éprouvant dans la mesure où il nécessite une régularité dans l’effort : l’homme peut malheureusement baisser sa garde, ou encore traverser une période pendant laquelle il se relâchera, permettant ainsi à cette « monstruosité » infiltrée en lui de le faire fléchir. Le parcours d’Héraclès en reste un excellent exemple : ce héros très connu dans la mythologie grecque, dont le principal défaut est son tempérament impulsif l’amenant malencontreusement au crime, affronte en effet de nombreux monstres, ces derniers étant bien le reflet de cette violence contenue en lui, mais malgré le fait qu’il triomphe d’eux, il est sempiternellement confronté à sa folie meurtrière qui l’amène à faire couler le sang, mais aussi à la recherche de la purification de ses actes qu’il regrette une fois sa raison retrouvée.

Le système mythologique met donc en rapport ces différents intervenants : dieux, mortels/héros, et monstres. Mais ces entités sont également les représentants des forces fondatrices qui régissent le monde. Ces dernières sont au nombre de quatre : Chaos, Gaïa, Eros, et Tartare . Or, les diverses figures mythologiques agissent au nom de ces mêmes puissances : chacune œuvre selon la catégorie à laquelle elle appartient, selon qu’elle tend à unifier, à créer, ou à détruire.

Déterminer la nature, la valeur et le rôle de ces forces permettra par conséquent de mieux comprendre le fonctionnement du mécanisme mythologique et ainsi d’établir la finalité dans laquelle les divers intervenants opèrent, révélant ainsi un enchaînement de plusieurs actions qui amène la plupart du temps à la chute ou, au contraire, au salut.

Si, parmi les mortels, certains se comportent avec piété et honnêteté, d’autres en revanche agissent bien différemment et s’attirent par conséquent les foudres divines. Le monde est en effet régit par les dieux, et ces derniers ne cautionnent pas les comportements impies, injustes ou outrageants dont font preuve certains hommes, ces derniers tendant en effet à vouloir bouleverser les règles établies par les divinités: celles-ci étant les garantes de l’ordre qu’elles ont institué, c’est-à-dire la civilisation. Or, le domaine civil, reposant essentiellement sur la justice, la piété et l’organisation, marque de ce fait une opposition manifeste avec le milieu sauvage, ce dernier appartenant à l’ordre des monstres et présentant donc les caractéristiques propres à cette catégorie, c’est-à-dire le désordre, la désolation, l’hostilité.

Pourtant, si les dieux et les monstres marquent une contradiction du fait de leurs attributs diamétralement opposés, ils affichent également un lien dans la mesure où les uns affermissent l’existence, le rôle des autres et inversement. En effet, le monstre ne fait pas office de simple aberration venue au monde par un malencontreux coup de hasard, ou quelque défaillance du fonctionnement universel : ils ont leur raison d’être et incarnent ces forces chaotiques, effrayantes qui circulent dans le monde. Ils ont donc de multiples fonctions, mais la première que l’on distingue est inéluctablement le fait qu’ils sont une représentation physique du mal sous son aspect le plus terrifiant et le plus destructeur. Le monstre, de par sa forme repoussante, féroce, présente ainsi les aspects les plus inquiétants que l’on puisse trouver parmi les bêtes sauvages, à savoir, la forme du lion, du taureau, ou du serpent ainsi que leurs attributs tels que les griffes, les crocs, le venin, renforcés par la puissance de l’entité, allant du poison incurable de l’Hydre de Lerne à la peau impénétrable du Lion de Némée ; ils portent même des caractéristiques qui n’ont plus aucun rapport avec celles du commun des mortels comme le souffle ardent de la Chimère ou le regard pétrifiant de la Gorgone Méduse.

En assimilant ces diverses propriétés en une seule entité, le monstre se présente bien comme le champion du désordre et de la sauvagerie, vivant donc dans un milieu désolé et hostile.

Les dieux, généralement opposés à cette famille chaotique, ont néanmoins recours à elle, en particulier pour punir les mortels qui auraient agi à l’encontre de leurs institutions. De ce fait, les hommes qui subissent le courroux des dieux se voient par conséquent bannis du monde civilisé pour être happés par le milieu chaotique où séjournent les monstres.

Or, lorsque les mortels commettent de terribles atrocités, ils sont passibles de subir la justice divine et également la marque du monstre qui les corrompt progressivement. C’est-àdire que le coupable se « souille » et la question qui se pose alors est la suivante : tentera-t-il de réparer son erreur ou au contraire ira-t-il plus loin dans la voie du crime ? Aussi les dieux n’interviennent-ils pas sur le champ : ils attendent de voir quel stade atteindra cette marque maléfique jusqu’à ce que celle-ci soit irréversible, damnant l’individu et l’excluant du monde des hommes, le transformant en créature aberrante qui, quoique nuisible et inquiétante, restera faible si on la compare aux monstres originels de la mythologie, tels que Cerbère ou le gardien de la Toison d’or.

Le monstre est en l’occurrence une graine du mal, il naît des conflits, des dissensions entre dieux ou mortels. Un homme qui commet un crime s’attire donc inéluctablement la marque du monstre et se voit confronté à son univers de sauvagerie. De plus, outre que les dieux excluent parfois certains criminels de l’ordre civilisé, ils font parfois intervenir ces créatures chaotiques ;ces dernières devenant le châtiment d’une faute qui aurait été commise, mais n’aurait pas été condamnée. Cette apparition du monstre sous l’instigation des dieux marque alors une scission entre divinités et mortels : ces derniers, en effet, n’ayant pas suivi les règles du monde civilisé – c’est-à-dire ne pas laisser un crime impuni en rendant justice – s’exposent alors à être la proie de l’entité chaotique, image de cette faute qu’ils ont commise mais qu’ils n’ont pas condamnée.

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Table des matières

INTRODUCTION
• Le système mythologique
• La colère divine et l’intervention du monstre
• La valeur sotériologique
LES FORCES PRIMORDIALES ET LES ENTITÉS MYTHOLOGIQUES
I. LES QUATRES PUISSANCES FONDATRICES.
• Chaos, le vide et le désordre.
• Gaïa, source de création.
• Une force qui unit : Eros.
• Tartare : l’abîme et la prison des ennemis des dieux.
II. LES ENTITÉS MYTHOLOGIQUES.
• Les Immortels : le concept des dieux garants de l’Ordre et du milieu civilisé.
• Les mortels : un statut d’homme civilisé parfois difficile à préserver.
• Les monstres : les champions du Chaos.
CRIME, SOUILLURE, ET JUSTICE DIVINE
I – LE CONCEPT DU CRIME.
• Origine et fonctionnement
• Subir le courroux des dieux.
II – UNE MALÉDICTION SE RÉPERCUTANT SUR DES LIGNÉES ENTIÈRES
• Une malédiction brisant le lien entre le père et le fils : les Labdacides.
• La rivalité entre frères : une malédiction venant des dieux.
• La malédiction du collier et de la robe d’Harmonie.
III – LA SOUILLURE : LA MARQUE DU CRIME.
• Origine et concept.
• Pélops et sa descendance : la famille sanglante.
• Une marque pouvant être la source de graves préjudices.
LA RÉDEMPTION : LA RÉCONCILITATION AVEC LE CERCLE DIVIN
I – LE SALUT : SIGNES ET DÉMARCHE.
• Se libérer du milieu chaotique par repentir ou par contrainte.
• Les signes des dieux et parfois des monstres.
• Les avertissements des dieux.
II – LES DIFFÉRENTES FORMES DE RÉDEMPTION.
• Un seul geste peut être suffisant ? Devoir familial et piété.
• L’intervention et le jugement divin.
• La métamorphose
• Consacrer un objet aux dieux.
• Héraclès : la rédemption finale par le monstre.
CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE 

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