Tout au long de l’histoire de l’humanité, les flux migratoires n’ont cessé de se succéder et semblent toucher tous les continents du monde. Ainsi sans remonter aussi loin dans le temps, on remarque que plusieurs mouvements migratoires (volontaires ou forcés) ont traversé l’Afrique : la traite négrière, les conquêtes arabes, ou encore et particulièrement les migrations de travail. En effet, au lendemain des indépendances les jeunes Etats africains n’ont pas réussi à avoir une politique efficiente à l’égard des masses populaires. Ces Etats caractérisés par un déséquilibre dans la répartition de leurs populations et une inégalité de leur développement territorial feront face à d’importantes migrations. Celles ci, résultaient ainsi directement de la répartition inégale des richesses, qui poussaient les personnes à aller là où sont ces ressources. « En effet les flux migratoires qui ont toujours marqué l’histoire du Sénégal ont été considérés comme une stratégie de réponse des populations à la quête de meilleures conditions de vie face à la sécheresse et à la désertification des zones rurales et à une économie tournant au ralenti dans les milieux urbains » La migration apparait ainsi comme la stratégie privilégiée par l’homme dans la recherche d’un équilibre entre les ressources disponibles et les besoins consentis. Le Sénégal pays d’origine, de transit et d’accueil a toujours été, et demeure encore aujourd’hui le théâtre d’intenses mouvements migratoires à l’intérieur du pays comme vers l’extérieur. Aujourd’hui la communauté sénégalaise résultant de cette migration internationale est estimée à plus de deux millions.
A Hann/Yarakh, le phénomène de la migration a atteint aujourd’hui des proportions importantes qui laissent apparaitre des mutations socio-économiques et spatiales considérables dans cette localite qui n’a pas ainsi échappé à « la révolution démographique majeure de l’histoire africaine, inscrite à la fois dans l’espace et dans la société : l’urbanisation » En effet depuis la fin des années 80 on avait commencé à enregistrer les premières vagues de départ des émigres dans cette localité longtemps caractérisée par la stabilité économique qu’offrait la pêche et ses activités annexes. Les crises successives de la décennie perdue (années 80) avec les sécheresses persistantes, les programmes d’ajustements structurels entre autres ont été les prémices de la multiplication des flux qui allaient caractériser ce milieu qui n’a été le champ d’étude de beaucoup de chercheurs qu’avec le phénomène de l’émigration clandestine notée précisément en 2005.
PROBLEMATIQUE
En Afrique la migration a été un phénomène très ancien, dont les origines remontent à l’époque coloniale, période durant laquelle les activités de production étaient essentiellement concentrées dans certaines régions, considérées comme des pôles métropolitains, devant assurer le développement de l’économie occidentale, en s’appuyant sur une exploitation des matières premières du continent africain. Ainsi le déplacement des populations rurales vers ces zones urbaines va s’accroitre également au lendemain des indépendances. Avec notamment la crise agricole qui sévit dans ces milieux, où les populations sont refoulées surtout vers les grandes villes, à l’instar de la ville de Dakar, suite à la sécheresse des années 70 qui a principalement marqué les pays du sahel, à la forte pression exercée sur les ressources naturelles et aussi à l’échec des politiques agricoles mises en place par ces jeunes Etats. Au Sénégal, cette crise du monde rural a été à l’origine d’une forte affluence des ruraux vers la capitale. Ces derniers ne disposant que de maigres revenus, se sont généralement installés dans les périphéries urbaines et surtout dans les villages traditionnels, ou l’économie était essentiellement portée par un seul secteur d’activité. A l’image de Hann/Yarakh, zone dans laquelle la pêche demeure la principale activité économique. Cependant dans les années 90, précisément en 1994, la dévaluation du franc CFA avait totalement bouleversé le rythme de vie des populations africaines et principalement celles des milieux urbains. En effet en tant que mesure disciplinaire, cette dévaluation qui procédait d’un souci fondamental de rééquilibrage des balances des paiements par le biais d’une circonscription des importations et d’une promotion des exportations avait finalement terminé par aggraver considérablement les conditions de vie des ménages sénégalais, surtout dans les villes qui restent les zones les plus affectées par cette situation. A ce propos Abdourahmane Ndiaye considère à juste titre que « la dévaluation de 50% du franc CFA en janvier 1994 (ajustement interne) semble constituer une source de paupérisation et de marginalisation d’une certaine catégorie de la population » .
Celle-ci a été également précédée par le contexte des politiques d’ajustement structurel(PAS), qui venait d’installer les pays africains dans une crise sans précédent. Cet ajustement externe n’avait pas pris en compte, dans son processus d’élaboration et d’application la dimension humaine et sociale en mettant particulièrement l’accent sur le capital.
Ainsi à une période où l’Europe industrialisée avait besoin d’une main d’œuvre bon marché, il serait facile de comprendre que les africains et particulièrement les sénégalais ne se feront pas prier pour rejoindre des destinations comme la France l’Espagne ou l’Italie, avec surtout les difficultés notées dans des secteurs comme la pêche, longtemps portée au Sénégal par les villages traditionnels côtiers, à l’instar de Hann/Yarakh. Dans cette zone les différentes études relatives à la migration ont été élaborées dans une approche restrictive, faisant fi de l’impact de ces flux sur le développement territorial de la localité avec également la non prise en compte de la diversité des mouvements migratoires qui ont jalonné l’histoire de la localité.
REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
La migration qui a toujours été débattue par les chercheurs et les savants a occupé une place de choix dans la littérature. En effet qu’ils soient internes ou internationaux de nombreuses ouvrages ont excellemment abordé une analyse de ces déplacements permanents des sénégalais en se focalisant généralement sur les facteurs explicatifs et sur les conséquences de cette migration dont les réalités changent constamment suivant les échelles.
Cependant les œuvres ci-dessous indiquées, nous fournissent une base d’information très précieuse sur notre zone d’étude et sur certaines nuances que notre sujet tentera d’éclaircir ici.
Gérard F Dumont, les migrations internationales cette œuvre présente un intérêt considérable pour notre étude, en faisant une analyse, sous différents angles, de la question de la migration et surtout celle internationale. Ainsi elle souligne la difficulté à cerner le phénomène de migration contrairement aux autres champs démographiques, comme la natalité ou la mortalité qui utilisent à la différence du phénomène d’autres termes pour désigner l’événement (naissance ou décès). Elle démontre également la complexité à appréhender d’un point de vu juridique la migration internationale légale et celle illégale, car la « frontière» entre ces deux notions n’est pas toujours fixe. Enfin l’importance de cet ouvrage réside dans l’examen des réseaux de solidarité qui soutiennent l’évolution du phénomène de migration et entretiennent le développement de l’émigration clandestine et dans l’étude des politiques de régulation qui ont jalonné dans les années 80, les pays d’Italie d’Espagne de la France et des Etats unis .
Enquêtes sur les migrations et l’urbanisation au Sénégal (1992-1993), rapport national descriptif, réseau migration et urbanisation en Afrique de l’ouest. Ce document nous fournit une masse d’informations relatives à la migration et à l’urbanisation au Sénégal.
Ainsi dans les stratégies mises en œuvre pour atteindre les objectives du développement et réduire les inégalités spatiale et socio économique, héritées de la colonisation, la migration, l’urbanisation et l’aménagement du territoire figurent en bonne place.
En effet les flux migratoires qui ont toujours marqué l’histoire du Sénégal ont été considérés comme une stratégie de réponse des populations à la quête de meilleures conditions de vie, face à la sécheresse et à la désertification dans les zones rurales et à une économie tournant au ralenti dans les milieux urbains. Une telle situation met en exergue la corrélation population /développement , expliquant ainsi l’implication des paramètres migratoires et des données relatives à l’urbanisation dans la déclaration de politique de populations adoptée par l’Etat du Sénégal en 1988, qui considère les problèmes de populations comme de sérieux obstacles au développement. Cependant les chiffres tirés de ce document restent aujourd’hui caduques car remontant à plus d’une décennie.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : HANN/YARAKH , UN VILLAGE TRADITIONNEL EN PLEINE MUTATION
CHAPITRE I : LE VILLAGE DE HANN YARAKH NOYAU ORIGINEL DE LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE HANN BEL-AIR(CAHBA)
CHAPITRE II : HANN YARAKH UN VILLAGE TRADITIONNEL AVEC DES ACTIVITES EN PLEINE MUTATION
DEUXIEME PARTIE : LA DYNAMIQUE MIGRATOIRE DANS LE VILLAGE TRADITONNEL DE HANN/YARAKH
CHAPITRE:I LES CAUSES DE LA MIGRATION À HANN/YARAKH
CHAPITRE II HANN YARAKH ET SES DIFFERENTS FLUX MIGRATOIRES
TROISIEME PARTIE : HANN/YARAKH : LA MODERNITE AU CŒUR DE LA LOCALITE
CHAPITRE I: APERCU SUR L’URBANISATION DANS LA REGION DE DAKAR
CHAPITRE II: LES MUTATIONS URBAINES DANS LE VILLAGE DE HANN/YARAKH
CONCLUSION GENERALE