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LES PRESSIONS DE L’ADMINISTRATION
L’impôt très dur et très élevé
Sur l’ensemble de la Grande Ile, le régime fiscal assure les ressources financières provenant de plusieurs sortes d’impôts. La pression fiscale s’exerce grâce au code de l’indigénat. La loi du 16 Avril 1900, sous couvert d’accorder l’autonomie financière aux colonies leur impose de se débrouiller toutes seule sans aucune aide31. La colonie doit payer elle-même sa mise en valeur. Au moins jusqu’en 1925, Madagascar n’intéresse pas le grand capital français, et c’est donc l’administ ration qui doit mettre en place une infrastructure à court terme 32. En effet, les obligations administratives résultant du régime français (impôt, prestations, réquisitions pour le portage, les travaux publics voire même dans les plantations) firent beaucoup pour enraciner l’idée du travail salarié qui avaient obligé les jeunes à travailler pour pouvoir payer l’impôt (c’était l’idée de Gallieni)33. Elles ont eu aussi pour effet le développement des migrations, soit en faisant fuir les populations, soit les obligeant à aller loin pour trouver un tra vail rémunéré pour pouvoir payer les impôts.
Dans le pays Tsimihety, si les exactions des colons, des concessionnaires étaient absentes34, les contraintes de l’administration coloniale prenaient un aspect pesant dans la perception des taxes.
Les différentes taxes payées par les Tsimihety
On distingue des prélèvements fiscaux sur les biens, les immeubles et autres, à savoir la taxe des terrains de culture, la taxe d’habitat, la taxe sur les animaux et la taxe de capitation.
A ces taxes, il faut ajouter la taxe médicale (A.MI..), les impôts supplémentaires, la taxe fixe additionnelle des Européens et indigènes,le droit d’abattage, les amendes des tribunaux indigènes et les amendes administratives35. Ces impôts ont pesé lourdement sur la société tsimihety. Les taxes augmentaient irrégulièrement, et toutes les catégories de la population étaient frappés par cette fiscalité : digènesin ou citoyens et /ou riches et pauvres entre 18 ans et 60 ans36. Un jeune tsimihety ayant plus de 18 ans est devenu contribuable et devait verser chaque année sa taxe personnelle et obtempérer à toute réquisition de l’administration.
A priori, le Tsimihety est à bout de moyens pour se procurer l’argent nécessaire pour subvenir aux taxes, à cause de l’absence de re ssources financières et de travaux rémunérateurs. En plus, dans un endroit où la circulation monétaire reste freinée par le problème de circulation, où les gens vivaient essentiellement d’une économie de prédation , et où la mise en valeur des terres tarde encore, il ne fait pas de doute que le numéraire reste rare.
De ce fait, le paiement fiscal est devenu un problème sérieux puisque le retard de payement ou le refus de paiement était cause de pénalisation voire d’emprisonnement 38. On sait que la principale ressource, sinon la seule richesse de la région se limitait à l’élevage, et la taxe pesait aussi lourdement au niveau des bovidés. Par conséquent, la fiscalité bovine évoluait à raison de 0,40 franc par bovidé en 1920, elle était prélevée à 06 francs par tête dans les années trente, après la isecr39.Il faut aussi ajouter à cette taxe bovine les impositions fiscales à savoir la taxe de capitation à 15 francs 40, celle de rizière à 05 francs/ha, et la taxe personnelle à 20 francs 41 ; viennent ensuite les taxes sur les animaux, les maisons et les terrains de culture.
Les Tsimihety doivent payer en moyenne une charge fiscale de 40 à 60 francs environ par mois, or son revenu moyen est de 0,80 franc/jour ce qui donne 20 francs à 25 francs/mois42. Par contre, ils touchent 15 à 225 francs par mois , s’ils travaillent chez les colons, dans les autres provinces, entre 1916 et1945.
Le problème est de savoir où les Tsimihety moyens pouvaient se procurer du numéraire, hormis le commerce des bovidés réservéénéralementg aux grands propriétaires. La recherche de cet argent ne fait d’ailleurs l’obj et d’aucune prévision organisée : le Tsimihety est toujours dépourvu d’argent liquide ; il commencera d’abord à chercher l’argent de l’impôt, parce que le percepteur ne man quera pas de l’informer très tôt, au début de l’année, des sommes qu’il aura à payer.
Les travaux de construction des infrastructures très difficiles et les abus de l’administration
La colonisation avait une politique, celle de mettre en place des infrastructures routières, afin de résoudre le problème d’enclavement et du transport des marchandises vers les ports ; il en est de même des infrastructures sanitaires, scolaires et administratives. Le problème était que l’administration coloniale n’avait pas ses propres moyens financiers pour réaliser ses projets, c’est pourquoi elle a recouru à l’exploitation de la main d’œuvre. En effet, dans le pays tsimihety, la réalisation deces programmes ne se fit qu’après 30 ans de colonisation. Pour pouvoir réaliser ces travaux,l’administration coloniale a institué un cadre de recrutement de main d’œuvre pour la constr uction des routes, on l’appelait « miaramilam-potaka »44, elle regroupait tous les hommes d’âge corvéable c’est-à-dire tous les hommes à l’âge adulte ayant plus de 18 ans et l es jeunes mariés d’une trentaine d’années. Ce recrutement de contingent de travailleurs équivaut au SMOTIG de Marcel Olivier dans les hauts plateaux. L’administration coloniale avait besoin de ces hommes, une dizaine de jours par an, pour la réfection desponts et l’entretien des routes, et aussi pour le portage du chef de poste ou des fonctionnaires en tournée .
L’exploitation féroce de la main d’œuvre dans le pa ys tsimihety ne se fit qu’à partir des années 1930. En effet, la création des infrastructures routières locales a été prévue à savoir la route de Mandritsara à Port Bergé, de Mandritsara à Antsakabary, de Mandritsara à Antsohihy c’est-à-dire la construction de plusieu rs routes rayonnant de Mandritsara vers les autres régions .
D’autres réalisations d’infrastructures peuvent aussi être citées les liaisons téléphoniques nord-sud et est-ouest, ainsi que lesbureaux de l’administration à Mandritsara et à Antsohihy 47.
La réalisation de ces travaux démarra en pleine crise de 1930 et provoqua des abus considérables, quant à l’application du décret obligeant une prestation légale de 10 jours gratuite pour tous les contribuables qui n’exerçaie nt pas une fonction publique permanente. Le travail s’effectuait à la tache, et non à la jou rnée, et concerne le sexe masculin de 18 ans à 60 ans 48. En effet, sur les chantiers, la durée des travauxétait vite passée de huit jours à deux mois et plus, par période ; le bâton assurait la discipline et l’exécution des ordres. Les travailleurs devaient pourvoir eux-mêmes, non seulement à leur logement, mais à leur nourriture et, quand ils étaient payés, ils ne recevaient qu’un « sikajy », soit la valeur d’un huitième de piastre (0,60 franc).
En dehors de tout cela, les Tsimihety devaient surtout répondre aux ordres et injonctions des agents subalternes de l’administration pour certains travaux qu’ils qualifiaient de « corvées ». Ces corvées, évidementdésagréables, étaient presque inévitables, tant que les gens restaient au village. La durée était très variable pour l’entretien des routes et des pistes, des bâtiments publics, des travaux sur des chantiers d’intérêt général, transport ou portage d’agents ministratifsad et de leurs bagages49. Les jeunes hommes étaient parfois les plus désignés, puisqu’ils étaient plus robustes et avaient moins de responsabilités que les anciens ; ces gensdevaient abandonner leurs travaux des champs en cours, leurs épouses et allaient répondreà la convocation comminatoire qu’ils ont reçue.
D’autres circonstances historiques ont aussi déterminé certains départs des Tsimihety, en plus de la réquisition pour les chantiers publics. Il s’agit de l’effort de guerre (la seconde guerre mondiale) qui devait se traduire par la collecte forcée et intensive du caoutchouc, et par une livraison importante et obligatoire de riz destinés aux soldats malgaches qui combattaient pour la libération de lamétropole ; cela entraînait la fuite des gens du pays tsimihety50. Pendant cette période de guerre, l’ère de réquisitions reprit, le contrôle administratif couvrant l’ensemble du terri toire était plus malaisément esquivé, et la migration fut surtout un émiettement vers les régions peu peuplées. Ce genre d’occupation n’est accepté qu’à contrecœur par les Tsimihety, et pour y échapper, les jeunes voyageaient pendant des périodes plus ou moins longues. Risquant aussi, d’être désignés, certains chefs de famille encore assez robustes et respectables préféraient s’absenter quelques années du village et c’était l’origine de leur migration.
L’héritage
En dehors des causes que nous avons citées ci-dessus, il existe d’autres facteurs contraignant une partie de la population tsimihety à s’éloigner, plus ou moins définitivement, de son lieu d’origine. En effet, dans la famille tsimihety, il est d’usage, au décès du père, de partager ses biens entre tous lesenfants, mais en avantageant quelque peu les aînés sur les cadets, et les garçons sur les filles. Pour ne parler que des immeubles, on accorde au fils aîné le droit de propriété de lacase principale et de ses annexes, les terrains cultivables, les champs et rizières les plus proches du village, ainsi que le pâturage familial58. Les autres terrains sont partagés entre les autres enfants. On assiste à un partage inégal entre les parts de chaque enfant.
Par conséquent, les parcelles cultivées, aussi vastes soient-elles, sont insuffisantes pour faire vivre une famille, et chacun des fils, tout en conservant des droits sur son lot qu’il peut abandonner à l’un de ses frères, s’effor ce de défricher à son tour.
En plus, les terres cultivables, les rizières et les bétails font partie du territoire et appartiennent au clan, ils sont inaliénables aux étrangers, à qui le chef peut tout au plus accorder la jouissance. Ces terres sont réparties entre les familles dont les membres en ont individuellement la possession, mais les travaux agricoles sont collectifs et les terres du père et du frère aîné devraient être cultivées enriorité,p ce qui peut déjà pousser les cadets à émigrer59.
Les cadets, par contre, n’héritent souvent que d’un terrain insuffisant pour les faire vivre, ils veulent fonder une famille avec leurs propres richesses (terres et bœufs) 60.
Le souci de créer un ménage et aussi sans doute depouvoir subvenir aux dépenses non alimentaires et au paiement des impôts, poussaient les jeunes Tsimihety à rechercher un emploi salarié. C’est aussi une raison suffisante et valable pour migrer dans une autre région.
Ces divers motifs entrainent les départs au loin, soit à titre saisonnier ou temporaire comme salariés, soit à titre définitif, s’ils obtiennentdes terres à exploiter et qu’ils peuvent s’y installer.
La question se pose : où ces Tsimihety doivent-ils aller pour satisfaire leurs besoins, face à toutes leurs difficultés ?
Nous allons essayer de répondre à cette question dans le chapitre suivant.
Sambava avant la colonisation
L’établissement humain à Sambava
Si, d’une manière générale, les documents écrits ntso rares en ce qui concerne l’histoire de la Grande Ile, ils le sont encore plus en ce qui concerne la région Nord-est qui n’a pas souvent attiré ou retenu l’attention des chercheurs. La trace la plus ancienne de l’occupation humaine dans la région de Sambava date du VIII ème siècle. Il s’agit des Iharaniens islamisés qui se sont établis le long dela cote nord-est de Madagascar, allant d’Irodo (nord de Vohémar), dans le site de Mahanara (au sud de Vohémar) et au sud d’Antalaha 65. D’après les études effectuées par Pierre Verin, no peut constater qu’à Bemanevika, environ 20 km au nord de Sambava et à A ntanandava (Benavony), 12 km au sud de Sambava, des traces de l’établissement des slamisés existent et datent de vers 140066.
Mais après avoir demeuré deux ou trois siècles surla cote nord est de la Grande Ile, les Iharaniens islamisés ont été chassés par lesnnutessi venus de Malindi67, qui ont laissé des constructions en pierres près de l’embouchure des rivières de Sahambavana (Sambava) et du Mahanara, à 64 km au Sud de Vohémar, ainsi que à Vohémar. Les fouilles entreprises dans plusieurs tombes autour de Vohémaret dans la région de Sambava nous autorise à croire que ces premiers occupants étaient avant tout des commerçants de mœurs musulmans, ayant reçu des objets de Perse et de la Chine68.
D’autant plus que dans la région de Bemanevika, estuaire du fleuve Bemarivo, lieu où l’on attribue l’installation des protomalgaches à Sambava, il existe encore des habitants qui se déclarent descendants de ces premiers occupants, on les appelle les « Kiriovaky »69.
Sambava à l’époque des royaumes
Pendant la période des royaumes, la région de Sambava était divisée en deux parties, dont le nord à partir du fleuve Bemarivo e st inséré dans le royaume Antankarana, dirigé par le frère d’Andriantsoritry qui s’appelait Andriantsifahana, sa capitale se trouvait dans l’actuel Tanambaon’i Daoud 70. Par contre, l’organisation politique resta clanique dans le sud. Dans son récit de voyage, Nicolas Mayeur afirmait que : « entre le Bemarivo et la baie d’Antongil, il n’y a pas de roi et l’organisat ion sociopolitique reste clanique »71.
Les clans se gouvernaient librement, et c’est dans cette partie de Sambava que les traitants avaient beau jeu d’attiser les querelles entre chefs pour se procurer des esclaves par la guerre, en échange d’armes, d’étoffes et d’alcool. La région de Sambava est insérée dans le commerce de traite pratiqué par les naviresanglais, français, hollandais, portugais ou par les pirates, dès le milieu du XVII ème siècle72. En effet, de tout temps, cette zone a été infestée par divers trafiquants d’esclaves : sleArabes et les Islamisés, d’abord jusqu’au XV ème et XVI ème siècle, en direction de la cote uest,o puis les Portugais, Hollandais et Anglais pour l’approvisionnement des Mascareignes en main d’œuvres, et dont la grande époque se situait entre 1769 et 1793 . Cette traite qui devait se prolonger jusqu’au XIX ème siècle parait ainsi responsable du dépeuplementde vastes secteurs ; les populations côtières cherchèrent refuge à l’intérieur de l’île, et à cela était venue s’ajouter, depuis la fin du XVII ème siècle, jusqu’à la fin du XVIII ème siècle, une série d’invasions venues du pays sakalava74.
Dans cette première insertion des échanges venant de l’extérieur de Sambava, nous pouvons savoir qu’ils ont exacerbé les luttes entre les chefs locaux, pour se prendre mutuellement les produits de traite (riz, bœufs, es claves), favorisant à certains moment un l’élargissement de la structure sociale du type confédération de clan, et entraînant, à d’autres moment, des querelles intestines au sein des clans et leur éclatement géographique. Par conséquent, beaucoup de peuples bandonnèrent leur établissement côtier pour se réfugier dans les vallées .
DES VALLEES FAVORABLES AUX CULTURES DE TRAITE QUI ATTIRENT DES MIGRANTS
Située dans une zone enclavée au Nord de la GrandeIle, la région de Sambava est caractérisée par une infinité de massifs rocheux,haotiques,c très pittoresques, avec une zone intermédiaire faiblement accidentée, sur de larges vallées alluviales. Puis en se dirigeant vers l’Est, on rencontre une étroite zone côtière basse et plate 91. Cet endroit est formé de deux groupes montagneux dont au nord et aunord ouest, la chaîne bordant le Bemarivo se rattache au massif de Sahavalanina, le contrefort de Tsaratanàna ; au sud, le Marojejy 2140m alimente les rivières de Sambava et Lokoho92. Ces hautes montagnes où les abondantes précipitations atteignant 2000 à 2200mm par an93, réparties tout au long de l’année, sont alimentées par les alizés, et sont couverts à l’origine de belles forets touffues.
En outre, d’est en ouest, la texture du sol qui passe de la sableuse alluvion côtière, puis des massifs basaltiques récents, à l’argile rouge, favorise l’agriculture, grâce à sa fertilité .
Cette région est arrosée de trois principaux coursd’eau dont le plus grand d’entre eux est le Bemarivo.
Il a une longueur de 200km environ et est praticable aux chalands métalliques de 02 tonnes jusqu’Antindra 95. Son affluent, l’Androranga, 140 km, au caractère torrentiel, encombré de bancs rocheux, est navigable seulement sur sa cour inférieure à Ambodiampana.
Ensuite, le Lokoho traverse la partie sud de Sambava, avec 160 km de long, il est praticable aux chalands métalliques de 02 tonnes jusqu’à Antsambaharo 96.
Enfin, le plus petit cours d’eau c’est la rivière de Sambava, elle est long de 60 km et n’est desservie que par des pirogues en bois. Ces cours d’eau constituent l’un des atouts de cette région, parce que les limons qu’ils apportent durant les crues fertilisent les vallées. Ces vallées bénéficient des atouts physiques favorables aux cultures de traite. Ces cultures notamment le café, la vanille et le girofle sont concentrées dans les vallées où les végétations sont abondantes . Gallieni pensait établir sur les meilleures terres de Sambava une petite et moyenne colonisation dotée d’un certain capital. Mais méconnue jusqu’ici, la colonisation fit de cette région une zone d’accueil, un terrain d’établissement et d’activité d’étrangers : la culture de la vanille et le commerce. D’origine mexicaine et importée de l’ancienne Ile Bourbon, la vanille gagna la cote est malgache, au début de la colonisation. Plantée d’abord à Mahanoro et à Vatomandry, la vani lle trouve sa véritable patrie, dès son introduction, dans le nord-est en 190598. Cette idée est renforcée par l’expression suivante : « elle vient bien dans les terres d’alluvions de Vatomandry, de Mahanoro, de Maroantsetra, mais elle est plus délicate, plus difficile à cultiver que dans les terres où les sols sont formés par la décomposition des roches basaltiquescomme celle d’Antalaha »99.
La région de Sambava offre aussi des éléments physiques exceptionnellement favorables à cette culture, et à celle du café. Le climat tropical humide a reprit ses droits de chaleur moyenne de 25°C 100 : la saison de pluie se déroule du mois de Novembre au mois d’Avril. Avec l’introduction de la vanille dans cet te région, Sambava est devenue le domaine d’une petite colonisation nombreuse qui se rue vers les terres fertiles, à partir de la fin de la première guerre mondiale, et attire de nombreux et différents migrants venant de tous les coins de la Grande Ile ainsi que des étrangers.
Les migrants étrangers
Les migrants étrangers étaient composés d’élémentsEuropéens, Mauriciens et Asiatiques.
Les Européens et les Mauriciens
L’implantation des Européens et Mauriciens dans cet endroit a eu lieu en deux phases. D’abord, à partir des années 1890 où le Royaume de Madagascar a ouvert une brèche aux influences étrangères ; la cote est abrita des planteurs d’origine réunionnaise et mauricienne.
A Sambava, les premiers Européens commencèrent à s’établir à partir de 1865. Il s’agit de la famille des Cunat, Vincent et Nicolle qui sont de souche mauricienne101, et des traitants français métropolitains dont Guinet Florent en 1865 et Corentin en 1867102.
Intéressés par l’agriculture, des Mauriciens commePerrier, Courtois, Cunat, Nicolles, des Réunionnais sont arrivés à Sambava entre 1875 et 1895103. Ces premiers colons s’intéressaient surtout à la culture du café, de lacanne à sucre ; les esclaves constituaient la principale force productrice dans leurs concessions. Cette implantation de la petite communauté européenne a déjà duré pendant trois décennies104.
Au début de la colonisation, les premières exploitations ne nécessitaient que peu d’investissement.
Avec les décisions prises par l’administration coloniale qui offraient beaucoup d’avantages aux colons et aux investisseurs dans le domaine agricole, on a assisté à une arrivée massive des étrangers, surtout des Réunionnais. Les Réunionnais comptaient 284 personnes à Sambava, après la première guerre mondiale, dont une partie était concentrée sur la culture des produits de traite et s’établissait en brousse pour accaparer les meilleures terres locales105, et l’autre partie était consacrée au commerce dedétail, à l’import-export, aux transports, à l’hôtellerie, où étaient des ouvr iers spécialisés dans les grandes compagnies coloniales106.
La population européenne d’origine métropolitaine ’élevaits à 190 personnes environ, composées de bon nombre de fonctionnaires,d’agents de compagnies et de quelques colons, en général installés de longue date dans la région . L’implantation des colons a beaucoup modifié la vie de la population ocale à Sambava, et a entraîné son exploitation par les colons.
La décennie qui suit la première guerre mondiale est souvent qualifiée « d’âge d’or » de la colonisation, surtout entre 1923-1928, vue la flambée exceptionnelle que connaissent les prix des produits de traite108. En 1925, la vanille verte a été payée aux producteurs à des prix variant entre 30 à 50 francs le kilo, soit l’équivalent de 23 à 38 kg de riz 109. En 1926, toujours à Sambava, la vanille verte a été vendue ntre 75 à 90 francs le kilo, soit presque deux fois par rapport à l’année précédente, et le aféc était de 16 à 18 francs le kilo , et tombait de 06 à 08 francs le kilo en 1927 111. Cette hausse des cours engendre l’installation de nouvelles vagues de colons, dont le contingent des planteurs d’origine réunionnaise déferlaient sur la cote est, région propice à la culture de la vanille, du café et du girofle. L’économie progressa rapidement et Sambava est devenue une zone peuplée, avec l’implantation de nombreux colons sur le long des vallées, à la fin des années vingt. Ces implantations de colons favorisèrent la surproduction de la vanille, d’où la diminution des cours à partir de 1929 où le prix d’un kilo verte était de 30 francs112, 18 à 25 francs en 1930, et 20 francs le kilo en 1931113. Cette diminution des prix est valable pour le café qui était de 06 francs le kilo en 1930 et 04 francs en1931114.
Les statistiques de l’année 1929 nous montrent qu’en cette année, Sambava abritait 1030 étrangers, formés de 418 Européens et 612 Asiatique .
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LES CAUSES DES MIGRATIONS
CHAPITRE I : LES FACTEURS INTERNES DES MIGRATIONS
1- La situation géographique
2- Aperçu historique
I- Les pressions démographiques et les problèmes économiques
1-L’accroissement très rapide de la population
2-Fort taux de natalité
3-Les revenus fondés seulement sur l’élevage
4-La pression foncière
II-Les pressions de l’administration
1-L’impôt très dur et très élevé
1-a) Les différentes taxes payés par les Tsimihety
1-b) Les travaux de construction des infrastructures très difficiles et les abus de l’administration
III-Le poids des traditions
1-La tradition migratoire
2-L’héritage
CHAPITRE II : LES FACTEURS EXTERNES DES MIGRATIONS
A-Historique de Sambava
1-Situation géographique
2-Sambava avant la colonisation
a) L’établissement humain à Sambava
b) Sambava à l’époque des royaumes
c) Sambava au temps du Royaume de Madagascar
3-Sambava au début de la période coloniale
a) La situation politique
b) La situation économique
B-Des vallées favorables aux cultures de traite attirent des migrants
1-Les migrants étrangers
a) Les Européens et les Mauriciens
b) Les Asiatiques
2-Les migrants malgaches
a) Les Tsimihety
b) Les Betsimisaraka et les autres groupes ethniques
Conclusion de la première partie
DEUXIEME PARTIE : LES MODALITES DES MIGRATIONS DES TSIMIHETY DE L’ANDRONA VERS SAMBAVA
CHAPITRE I : LES TYPES DES MIGRATIONS ET LES CARACTERISTIQUES DES MIGRANTS
A- Les types de migrations
1- Les migrations avant la colonisation
2- Les migrations à l’époque coloniale
a) Les migrations avant 1930
b) Les migrations dans les années trente
c) Les migrations après les années trente
3- Les migrations temporaires
a) Généralité
b) L’importance des migrations temporaires
4- Les migrations définitives
B- Les caractéristiques des migrants
1- Les groupes d’âges les plus migrants
2- La catégorie la plus migrante
3- La typologie des migrants
CHAPITRE II : LES MODES DE DEPLACEMENT ET D’INSTALLATION
A- Les itinéraires de déplacement des migrants
1-Le trajet direct
2-Le trajet indirect
B- Les activités des migrants lors de leur arrivée
1- Les migrants employés dans les concessions européennes
2- Les migrants Tsimihety employés chez les Chinois
3- Les migrants employés dans les plantations autochtones
Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE : LES MIGRANTS TSIMIHETY DANS LES VALLEES DE SAMBAVA
CHAPITRE I : L’INTEGRATION DES MIGRANTS TSIMIHETY DANS LES SOCIETES
1- Les contacts des migrants Tsimihety avec les autochtones
2- Les intégrations à partir des relations du travail
3- Les relations matrimoniales
4- Le fati-drà
5- Les systèmes d’occupations des terrainsa) La législation coutumière betsimisaraka
b) La législation foncière coloniale
CHAPITRE II : L’INSTALLATION DEFINITIVE ET LES EFFETS DE L’ARRIVEE DES MIGRANTS TSIMIHETY
1- Les activités des migrants : les activités agricoles
2- L’extension des surfaces exploitées
3- L’accroissement démographique dans la région de Sambava
4- La domination des coutumes tsimihety dans les vallées de Sambava
5- Sur le plan politique : l’accroissement du nombre de circonscription administrative
6- Les impôts à Sambava par rapport à des impôts à Androna
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE
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