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LES MEDIATEURS D’ORIGINE PLASMATIQUE
Le système des kinines
Ce sont des polypeptides formés à partir de kininogénes plasmatiques. Le plus connu est la bradykinine qui provoque une contraction lente des muscles lisses. Le kininogéne plasmatique est activé en kinine par la kallicréine. Celle-ci se trouve dans certains tissus, elle dérive le souvent d’une prékallicréine plasmatique activée par le facteur XII. Les kinines ont une action vasodilatatrice plus intense et plus prolongée que celle de l’histamine. Elles provoquent des douleurs locales, favorisent la diapédèse leucocytaire. Cependant leur action est brève car elles sont rapidement inactivées par des kininases (18 ; 19 ; 27).
Le système du complément
Le complément est un facteur sérique comportant 9 fragments (C1à C9) constitués eux-mêmes de plusieurs unités. Ces multiples fragments s’activent et s’inactivent successivement en interférant avec le facteur XII (facteur Hageman). Activé directement au contact des parois bactériennes (voie alterne) et le cas échéant à la suite de la fixation des IgM , IgG1 , IgG2 et IgG3 sur les antigènes (voie classique de l’hémostase),il intervient a deux égards :
-par les facteurs C3a et C5a, libérés dans le milieu et doués de propriétés vasoactives, chimiotactiques et activatrices pour les leucocytes et les mastocytes. -par le facteur C3b et son produit de dégradation C3bi qui reste à la surface de l’antigène et interviennent dans son opsonisation par l’intermédiaire de leurs récepteurs sur les cellules phagocytaires (respectivement CR1 et CR3) (23).
Le système de coagulation fibrinolyse (23)
C’est une cascade enzymatique destinée à transformer le fibrinogène en fibrine insoluble. Le point de départ est l’activation du facteur XII Hageman.
Les plaquettes jouent un rôle important en libérant des médiateurs. L’induration palpable au niveau des tissus inflammés serait due en partie au dépôt de fibrine qui constitue une barrière tendant à isoler l’agent causal du reste de l’organisme. Le facteur XII va déclencher une autre cascade enzymatique, la fibrinolyse par activation du plasminogéne en plasmine.
Les enzymes lysosomiales (Exemple : élastase, collagène, cathepsine, gélatinase…)
Elles détruisent les particules phagocytées mais également les structures environnantes comme le collagène, le cartilage et la membrane basale. Leur action peut être directe (protéolyse) ou indirecte (production de substances bioactives). Heureusement il existe des antiprotéases qui contrôlent leur action.
COMPLICATION SUR LA REACION INFLAMMATOIRE
La réaction inflammatoire peut se compliquer parfois de nécrose ou de suppuration.
Par ailleurs, dans certaines circonstances comme la persistance de l’agent phlogogéne, la faiblesse immunitaire ou l’existence d’antigène endogène, on a un passage à la chronicité avec constitution d’un granulome (24 ; 31 ; 43).
TRAITEMENT
Depuis l’antiquité, les vertus antiphlogogéniques de certains végétaux ont été mises à profit dans le traitement des syndromes fébriles, douloureux et inflammatoires (5).
En 1763, le Révérend STONE établit une similarité d’action entre les extraits de saule (Salis alba) et ceux du quinquina.
Au XIXe siècle, le Sali génol et son glucoside, la salicine furent isolés de la reine des Prés (Spirea ulmaria) avant que l’acide salicylique ne fut obtenu par voie chimique.
En 1893, HOFFMAN synthétisa l’acide acétyl salicylique (aspirine). Plus tard la famille des AINS s’enrichit d’autres classes chimiques que sont : les pyrazolés, les propionates, les fénamates, les oxicams. Ils sont pour la plupart doués de propriétés antipyrétiques et antalgiques.
Entre temps HENCH a rapporté l’action spectaculaire de la cortisone contre la polyarthrite rhumatoïde ; cette molécule allait être le point de départ des AIS (28). On distingue deux types d’anti-inflammatoires. Les anti-inflammatoires stéroïdiens et les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
LES AINS
Présentation (tableau 2)
Ils représentent l’une des classes thérapeutiques les plus couramment utilisées dans le traitement de l’inflammation.
La mise en évidence en 1991 de 2 iso- enzymes de la cyclo-oxygénase (la COX-1 et COX -2) a permis de mieux comprendre les effets des AINS. Les effets analgésiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires sont liés à l’inhibition de la prostaglandine synthétase ou COX-2 (enzyme permettant la transformation de l’acide arachidonique en endoperoxydes). Les effets secondaires (digestifs, rénaux, bronchiques etc.) sont liés à l’inhibition de la COX-1. Elle a permis de mettre au point de nouveaux A.I.N.S., les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 (46). Ces AINS appartiennent à des classes chimiques très variées : salicylés, indoliques, pyrazolés, oxicams, propioniques, dérivés de l’acide phénylacétique (28).
AUTRES ANTI-INFLAMMATOIRES (7)
– Les sels d’or utilisés en chrysothérapie dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde.
– Antipaludiques de synthèse : la chloroquine (NIVAQUINE)
– Le méthothrexate (antifolique), est associé aux corticoïdes dans la polyarthrite rhumatoïde.
MODELE D’ETUDE DE L’INFLAMMATION :
¾ Erythème aux rayons ultraviolets chez le cobaye :
Il s’agit d’apprécier l’intensité de la coloration rouge de la peau épilée du dos du cobaye soumise aux rayons ultraviolets, en absence et en présence d’anti-inflammatoires. Ce test peut être effectué chez la souris (12).
¾ Perméabilité capillaire chez le lapin
L’essence de térébenthine ou l’huile de croton est appliquée sur la peau épilée du lapin albinos. Une exsudation plasmatique est mise en évidence par l’injection intraveineuse de bleu trypan ou de bleu Evans qui se lie aux protéines plasmatiques. L’étendue de la tache bleue est proportionnelle à la perméabilité capillaire. L’étendue de la diffusion du bleu dans la substance fondamentale du derme est réduite en présence d’anti-inflammatoires (12).
¾ Oedème de la patte de rat
L’injection de la carragénine sous l’aponévrose plantaire de la patte postérieure de rat provoque un oedème dont on peut ralentir le développement par un traitement anti-inflammatoire préventif (34).
¾ Granulome à la carragénine chez le rat
Il s’agit d’insérer dans le tissu cellulaire sous-cutané contre la cage thoracique une petite boule de coton imprégnée de carragénine. Au bout de sept jours, le tissu de prolifération qui englobe le pellet est prélevé et pesé.
L’anti-inflammatoire est donné pendant l’essai pour empêcher la formation du granulome.
¾ Arthrite à l’adjuvant de Freud
Il s’agit de réduire par des substances anti-inflammatoires l’inflammation primaire et l’inflammation secondaire provoquée par injection intra-articulaire dans la postérieure du rat d’adjuvant de Freud (suspension de bacilles tuberculeux tués) déterminant une réaction oedémateuse qui se développe immédiatement (inflammation primaire). La réaction immunitaire secondaire n’apparaît pas chez tous les rats traités, ce qui rend délicat la mise en œuvre de cet essai (12).
¾ L’inflammation locale de l’oreille
L’inflammation de l’oreille de rat, provoquée par l’application locale d’huile de croton peut être réduite par l’application locale de substances anti-inflammatoires.
QUELQUES PLANTES A ACTIVITE ANTI-INFLAMMATOIRE
Arnica montana L. (Asteraceae) :
Arnica montana est très connue pour ses propriétés anti-inflammatoires. Cette plante est communément appelé herbes aux chutes ou tabac des savoyards. L’orqu’elle est utilisée à la dose de 100mg/kg par la voie orale, Arnica montana provoque une réduction de 29% de l’œdème à la carragénine chez le rat. Dans Les mêmes conditions, la réduction, due à l’indométacine (à la dose de 5mg/kg), est de 45%.
Phyllanthus emblica L. (Euphorbiaceae).
Les feuilles et les fruits de P.emblica ont été longtemps utilisés par la population rurale de la partie tropicale et subtropicale de la chine, de l’inde et de l’Indonésie pour traiter les inflammations. Récemment, des travaux ont été effectués sur les extraits de fruits pour tester l’activité anti-inflammatoire. C’est ainsi que la fraction aqueuse de l’extrait méthanolique des fruits de P.emblica a entraîné une inhibition de 41-74% de l’œdème de la patte de rat à la carragénine.
Les feuilles
Les feuilles alternes pouvant atteindre 12cm sur 8, et même plus sur les rejets, nettement pétiolées, glabres ou pubescentes ; elliptiques, arrondies aux deux extrémités, plus allongées que celles de l’Annona glabra ; nervures latérales nettement proéminentes dessous.
Les fleurs
Les fleurs jaune pâles axillaires, isolées ou par paires, rarement plus avec des pétales épais, ceux de la périphérie ayant environ 12 mm de long.
Les fruits
Les fruits subsphériques jaunes à maturité, de 4 à 5cm de long avec les limites des carpelles d’une coloration plus foncée.
HABITAT ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE
Annona senegalensis est surtout rencontré dans les sous-bois des savanes arborées soudaniennes ou il est remarquable par ses grandes feuilles (Tambacounda, Casamance). Il existe aussi dans les sables paralittoraux, plus ou moins en mélange avec Annona glabra, mais inégalement répartis, depuis le cayor jusqu’à la Casamance maritime.
EMPLOI EN MEDECINE TRADITIONNELLE
Il est difficile de mettre de la clarté dans l’exposé des usages thérapeutiques de l’Annone tant ils sont variés. D’une façon générale on lui reconnaît dans tout le Sénégal de vertus magiques. Comme elle est très répandue, très connue et très active, elle est pour ces raisons communément utilisées en médecine populaire et souvent prescrite par les guérisseurs.
La plupart des utilisations concernent l’action antidiarrhéique et antidysenterique des écorces de tiges ou de rameaux feuillés.
Les feuilles et les racines sont considérées comme étant dotées de propriétés fébrifuges, antitussives, sédatives des affections respiratoires, décongestionnantes, antiseptiques, diurétiques, anti-infectieuses, cicatrisantes, décontracturantes, etc. D’où leur emploi dans le paludisme, les maladies respiratoires (coryza à la pneumonie), les oreillons, les maladies oculaires, les dermatoses, les ulcères, les rhumatismes et d’autres manifestations pathologiques.
En bref Annona senegalensis est considéré comme une panacée pour son action propre, pour son action synergique et pour ses vertus magiques.
CHIMIE (30)
Des alcaloïdes, des saponines et des flavonoïdes ont été recherché sans succès dans les racines. Par contre des réactions positives pour la présence d’alcaloïdes, de tanins et de saponosides ont été notées dans les écorces de tige de l’espèce nigériane. De la rutine, de la quercetine et de la quercetrine ont été mises en évidence dans les feuilles de Annona senegalensis. La cire de feuille a également été étudiée et cela a donné après saponification des « acides cérotiques » en C28 ,C30,C32, de la palmitone (ou hentriacontanone C31H62O), et un mélange d’alcools en C20 ,C30,C32.
La fraction molle ou « baume »donne après saponification les acides saturés en C26,C25,C30 , les « acides cérotiques », les acides monoléfiniques en C26,C28,C30 avec de la palmitone et du sitostérol.
DISCUSSION
Dans cette étude nous avons évalué l’activité anti-inflammatoire des extraits aqueux et hexanique de feuilles de Annona senegalensis sur l’œdème aigu de la patte de rat. En effet l’injection d’une solution de carragénine à 1 % sous l’aponévrose plantaire de la patte postérieure de rat, provoque un œdème dont on peut ralentir le développement par un traitement anti-inflammatoire préventif. Les résultats que nous avons obtenus ont montré que l’extrait aqueux de feuilles de Annona senegalensis prévient de façon significative l’inflammation aiguë de la patte de rat. L’augmentation du volume de la patte de rat à 1 heure après administration de la carragénine est respectivement de 13 ,9 ± 4,6 % et 11,1 ± 3,5 % lorsque les rats sont prétraités avec l’extrait aqueux de feuilles de Annona senegalensis respectivement à 100 et 300 mg/kg. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus avec l’aspirine à 150 mg/kg (6,2 ± 1,8 %) dans les mêmes conditions expérimentales. Nous avons observé que 6 heures après administration de la carragénine, l’activité anti-inflammatoire de l’extrait aqueux de feuilles de Annona senegalensis est supérieure à celle de l’aspirine.
L’extrait hexanique de feuilles de Annona senegalensis même à 300 mg/kg ne prévient pas de façon significative l’apparition d’œdème après administration de la carragénine.
Les résultats de notre étude suggèrent que les composés responsables de l’activité anti-inflammatoire des feuilles de Annona senegalensis auraient un caractère polaire.
Des travaux antérieurs réalisés par WEI et coll. (45) avaient montré que l’activité anti-inflammatoire de XUAN-JUAN, une herbe médicale, est significative dès la première heure après induction de l’inflammation, avec des inhibitions similaires à celles obtenues avec l’aspirine. Dans notre étude, l’extrait aqueux de feuilles de Annona senegalensis est efficace sur toutes les phases du processus inflammatoire.
Notre étude a été poursuivie par le fractionnement de l’extrait total aqueux, qui est celui qui présentait une meilleure efficacité pour prévenir l’œdème aigu de la patte de rat. L’extrait aqueux a été repris avec de l’acétate d’éthyle, un solvant polaire, le fractionnement réalisé sur colonne a permis d’obtenir 5 fractions. En effet, les fractions G1, G4 et G5, à la dose de 30 mg/kg per os ne présentent pas une activité anti-inflammatoire, alors que dans les mêmes conditions, les fractions G2 et G3 préviennent de façon significative l’œdème aigu de la patte de rat à la 3éme heure avec des effets similaires à ceux de l’aspirine à la 6 éme heure.
Cette approche méthodologique c’est-à-dire le fractionnement sur colonne, a permis d’obtenir une fraction qui est 10 fois plus efficace que l’extrait de feuilles de Annona senegalensis. En effet pour une même activité anti-inflammatoire la dose de la fraction active est 10 fois moins importante que celle de l’extrait total aqueux. L’utilisation d’une colonne plus fine, permettrait à l’avenir l’obtention d’une fraction à activité anti-inflammatoire à des doses relativement beaucoup moins importantes.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : REVUE SUR LA LITTERATURE
I/GENERALITE SUR L’INFLAMMATION
I-1/DEFINITION
I-2/FACTEURS ETIOLOGIQUES
I-3/LES DIFFERENTES PHASES DE L’INFLAMMATION
I-3.1/PHASE VASCULAIRE
I-3.2/PHASE CELLULAIRE
I-3.3/PHASE DE CICATRISATION
I-4/CELLULES DE L’INFLAMMATION
I-4.1/ LES LYMPHOCYTES
I-4-2 /MASTOCYTES
I-4.3/POLYNUCLEAIRES BASOPHILES
I-4.4/CELLULES PHAGOCYTAIRE
I-4-5/FIBROBLASTES
I-5/LES MEDIATEURS DE LA REACTION INFLAMMATOIRE
I-5.1/MEDIATEURS D’ORIGINE CELLULAIRE
I-5.2/MEDIATEURS D’ORIGINE PLASMATIQUE
I-5.3/LES ENZYMES LYSOSOMIALES
I-6/COMPLICATION SUR LA REACTION INFLAMMATOIRE
I-7/TRAITEMENT
I-7.1/LES A.I.N.S
I-7.1.1 PRESENTATION
I-7.1.2/MECANISME D’ACTION
I-7.1.3/INCONVENIANTS
I-7.1.3.1/EFFETS INDESIRABLES
I-7.1.3.2/INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES
I-7.1.3.3/ INDICATIONS
I-7.1.3.4/CONTRE – INDICATIONS
I-7.2/LES A.I.S
I-7.2.1/ PRESENTATION
I-7.2.2/ MECANISME D’ACTION
I-7.2.3/ INDICATIONS
I-7.2.4/CONTRE-INDICATIONS
I-7.2.5/INCONVENIANTS
I-7.3/AUTRES ANTI-INFLAMMATOIRES
I-7.4/ MODELE D’ETUDE DE
L’INFLAMMATION
II/GENERALITE SUR ANNONA SENEGALENSIS
II.1/ETUDE BOTANIQUE
II-1.1/ LE PORT
II-1.2/LES FEUILLES
II-1.3/LES FLEURS
II-1.4/LES FRUITS
III/- HABITAT ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE
IV/- EMPLOI EN MEDECINE TRADITIONNELLE
V/ – CHIMIE
DEUXIEME PARTIE
I-/ MATERIEL ET METHODE
I-1. MATERIEL
I-.1 .1 MATERIEL VEGETAL
I.1.2 MATERIEL ANIMAL
I-.1.3 MATERIEL DE LABORATOIRE
I.2 MODE OPERATOIRE
I.3 METHODE
II-/ RESULTATS ET COMMENTAIRE
DISCUSSION
-CONCLUSION GENERALE
-BIBLIOGRAPHIE
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