Les médecins et chirurgiens royaux

LE « ROY »

Notre propos ne sera pas de reprendre les travaux sur la vie politique, la vie sentimentale, la vie artistique et architecturale, qui mettent en valeur le règne du Roi-Soleil. Un homme qui a vécu 77 ans : c’est un très long règne pour la France, peut-être un peu trop long, diraient certains. Il a été atteint de nombreuses maladies. Toujours est-il que le Roi a soutenu les sciences, en général les médecines nouvelles et surtout la chirurgie et ses chirurgiens.

LES MEDECINS ET CHIRURGIENS ROYAUX

Les médecins de la Cour

Ce sont les archiâtres. Ainsi nomme-t-on les Premiers médecins. Ils ne dépendent pas d’une charge, mais d’une nomination qu’ils doivent au Roi, et qui s’achève avec lui ou par leur mort. Après avoir prêté serment, ils prennent place parmi les grands Officiers de la couronne, et n’obéissent qu’au souverain. Leurs fonctions sont variées, comme leurs privilèges. Ils assistent chaque jour au lever du Roi, en passant par l’entrée familière ; ils goûtent les plats, les vins et donnent leur avis sur l’ordonnance des menus. Ils accompagnent partout le souverain dans ses déplacements et à l’occasion des guerres. Ils peuvent inspecter les services de santé militaires. Ils soignent le Roi en toutes circonstances et ont recours à d’autres consultants, choisis par eux ou qu’on leur impose… Ce sont les mêmes enfin qui président à l’autopsie de celui qu’ils ne sont pas parvenus à guérir, mais sans se salir les mains…, ce sont les chirurgiens qui vont la pratiquer .

La place est enviée : pour schématiser, deux écoles rivalisent pour placer leurs élèves à d’aussi hautes fonctions. L’Ecole de l’Université de Montpellier : elle regroupe les médecins « chimistes », qui, du fait de la proximité avec l’Espagne longtemps occupée par les Arabes, ont transmis la médecine grecque et excellent dans l’alchimie. La faculté de Médecine de Paris de son côté, plus tardive de formation, instruit des médecins « galéniques », soucieux de s’en tenir à l’esprit d’origine tel que l’enseignement d’Hippocrate mais surtout celui de Galien . Ces querelles n’épargnent pas la Cour. Souvent des cabales éclatent. En 1644, un arrêt du Parlement de Paris interdit à tous les médecins étrangers à l’Ecole de Paris d’exercer la médecine dans cette ville et de se rassembler . Quelque temps plus tard, la nomination de Vaultier (1590-1652) à la très haute fonction de Premier médecin du Roi, puis de Vallot et de Daquin (ou d’Aquin), tous trois originaires de Montpellier, assure la revanche des praticiens « chimistes ». La guerre n’en est pas finie pour autant. Certaines différences s’atténueront entre les deux écoles au fil du temps, mais les rivalités persisteront assez longtemps.

Le Premier médecin est secondé par un Médecin ordinaire, qui le remplace en son absence. En 1661, c’est-à-dire lors de la « prise de pouvoir » par Louis XIV (le puissant Surintendant des Finances Nicolas Fouquet 1615-1680 vient d’être arrêté à Nantes, six mois après la mort de son mentor le Premier Ministre le Cardinal Mazarin 1602-1661, le Roi, âgé de vingt ans, a désormais les mains libres pour gouverner. Le personnel médical de la Cour compte, en plus de l’archiâtre et du Médecin ordinaire, huit médecins par quartier, deux médecins anatomistes payés par l’Université de Montpellier, deux médecins mathématiciens et plus de soixante consultants, sans parler des empiriques de passage avec leurs décoctions et leurs élixirs qui font parfois fortune .Les médecins sont habillés comme leurs contemporains, du moins à la ville. Ils ne portent la robe qu’en certaines circonstances, le chapeau pointu étant une invention de Molière…

Cinq hommes se succèdent à la place de Premier médecin du Roi :

Jacques Cousinot 1587-1646) : déjà médecin de Louis XIII, dont le rôle est modeste, puisqu’il meurt alors que Louis est âgé de huit ans, et que ce dernier n’a pas eu de gros problèmes de santé pendant la petite enfance

François Vaultier (1590-1652) : formé à la faculté de Montpellier, il est, en 1624, le médecin de la reine Marie de Médicis. Impliqué dans la journée des Dupes (cabale contre le cardinal de Richelieu qui en sort gagnant), il est emprisonné un temps à Senlis, puis à la Bastille où il reste presque douze ans… Après la mort de Richelieu, il rentre en grâce à la Cour et devient le médecin du Cardinal Mazarin puis du roi Louis XIV en 1646. Ce qui provoquera les sarcasmes de son confrère Gui Patin qui écrit : « Il a été douze ans prisonnier du père, et aujourd’hui il est maître de la santé du fils. » La guérison de la variole du jeune souverain en1647 et la bonne évolution des maladies de Monsieur Philippe d’Orléans, frère du Roi en 1649 lui assureront la plus grande notoriété. Il obtient la Surintendance du Jardin Royal aux dépens de l’un de ses confrères et meurt à l’âge de soixante-trois ans .

Viennent ensuite les trois auteurs du Journal de Santé :

Antoine Vallot(1594-1671) de 1647 à 1670 

Antoine Vallot est né à Arles en1594. Élève de l’Ecole de Montpellier, il se fait bientôt l’ami de Vaultier et devient par son entremise le premier Médecin d’Anne d’Autriche . C’est à ce titre qu’il est appelé au chevet de Louis XIV en 1647, alors que le Roi, âgé de neuf ans, débute une variole. À cette date, le premier médecin du roi appelle Vallot en tant que consultant. Ce dernier s’oppose plusieurs fois au point de vue de ses confrères, les sieurs Guénault et Séguin, oncle et neveu. Son intervention se révèle bénéfique, et Vallot ne manque pas de le faire savoir dans les premières pages du Journal car il vient de succéder à Vaultier en 1652 en tant que premier Médecin du Roi . Vallot compte de nombreux adversaires parmi les médecins qui ne se privent pas de faire des gorges chaudes de sa nomination, à commencer par Gui Patin, son plus fidèle ennemi, doyen de la faculté de Paris, qu’il accusa d’avoir acheté sa charge pour 30 000 livres à Mazarin . Par la suite, Gui Patin, connu pour son goût de la polémique et pour ses traits satiriques (digne prédécesseur de notre confrère G. Clémenceau), ne va cesser de s’en prendre à Vallot. Vallot n’a cure des dires de Patin et écrit dans son journal : « les premiers médecins sont toujours fort enviés des autres et particulièrement de ceux qui sont en passe d’aspirer à une telle dignité ». Le premier Médecin, qui est aussi Surintendant du Jardin Royal (le Jardin des Plantes actuel) mourut en ce lieu en juin 1671. D’assez mauvaise constitution, il avait été toute sa vie sujet à un asthme opiniâtre, dont il avait de fréquentes crises, accompagnées de fièvres, d’oppression et de crachements de sang. C’est à la suite d’une crise plus violente que les autres qu’il rendit l’âme, on l’a trouvé mort dans son lit. Son éternel rival Gui Patin se dépêcha de lui dresser une oraison funèbre assassine : « Vallot est au lit, fort pressé de son asthme, peu s’en fallut qu’il n’étouffât avant-hier au soir, mais il fut délivré par une copieuse saignée ; il a reçu l’extrême-onction, c’est pour lui rendre les genoux plus souples pour le grand voyage qui lui reste à faire. Il n’a été qu’un charlatan en ce monde, mais je ne sais ce qu’il y fera dans l’autre, s’il n’y vient cireur de noir à noircir, ou de quelque autre métier où l’on puisse gagner beaucoup d’argent, qu’il a toujours extrêmement aimé. Pour son honneur il est mort au Jardin Royal… on ne l’a point vu mourir, on l’a trouvé mort en son lit » (6). Charmant tableau de l’époque…le serment d’Hippocrate est bien loin.

Antoine d’Aquin (ou Daquin (1620-1696) de 1671 à 1694 

Antoine d’Aquin est le neveu par alliance de son prédécesseur Antoine Vallot. D’origine juive, petit-fils de rabbin, élève lui aussi de la Faculté de Médecine de Montpellier, il est, après ses études, de retour à Paris où son père était devenu médecin ordinaire du Roi ; il lui succéda dans sa charge. Il est d’abord le Médecin ordinaire de la reine espagnole Marie-Thérèse, première épouse du roi Louis XIV, et sept ans plus tard son premier Médecin puis le médecin du Dauphin. Il succède à Vallot en 1672, c’est-à-dire après plusieurs mois de vacances et d’intrigues, en grande partie grâce à l’appui de Madame de Montespan (1640-1707), à laquelle, à l’époque, le Roi ne refusait rien .

Pourtant il ne semble pas avoir brillé par ses compétences . Il était opposé aux nouveautés, écrivit contre le quinquina appelé « remède anglais », car importé de Londres et, que d’autres appliquèrent avec succès pour guérir les fièvres intermittentes. Il s’opposa également au chirurgien Félix sur le traitement de la fistule anale du Roi. Sous l’influence de Madame de Maintenon (1635-1719), deuxième épouse secrète du Roi, il tomba en disgrâce en 1693 et on lui préférera son rival Fagon. Par son ambition et sa rapacité proverbiale, d’Aquin se fit de nombreux ennemis et Saint-Simon dressa de lui, selon son habitude, un portrait peu flatteur : « il était grand courtisan, mais riche, avare, avide, et qui voulait établir sa famille en toutes façons ». Il demandait sans cesse, voulant des pensions, des abbayes pour les siens. Sa charge lui rapportait 45. 000 livres par an, ce qui lui permit d’acquérir le Comté de Jouy-en-Josas ainsi que la Surintendance des Bains, Eaux et Fontaines Minérales et Médicinales de France. Il meurt deux ans après sa mise en disgrâce. Il fut l’un des praticiens caricaturaux du Grand Siècle qui servirent de modèle à Molière .

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Table des matières

INTRODUCTION
MATERIEL ET METHODES
I) Matériel
A) Sources bibliographiques
B) Sources picturales
II) Méthodologie
LE CONTEXTE MEDICO-HISTORIQUE
I) Le Roy
II) Les médecins et chirurgiens royaux
A) Les médecins de la Cour
B) Les chirurgiens de la Cour
III) La Médecine au XVIIe
siècle
A) Les années d’étude
B) Le diagnostic
C) La physiologie
D) Les maladies et les traitements
LA VIE MEDICALE DE LOUIS XIV
I) L’observation
II) Le procès-verbal de l’autopsie
COMMENTAIRES DE L’OBSERVATION
I) En médecine générale
A) La gale
B) La variole
C) Les indigestions
D) La dureté au tétin
E) La blennorragie
F) La fièvre typhoïde
G) La dysenterie
H) La rougeole
I) La pituite
J) Les vapeurs
K) L’ophtalmie
L) Les fièvres et le paludisme
M) Les vers
N) La goutte
O) Les rhumatismes
P) Les hémorroïdes
Q) L’otite
R) Les dartres
II) En chirurgie
A) Les troubles dentaires
B) Le bras démis
C) La fistule naso-palatine
D) La fistule anale
E) Le phlegmon de la joue
F) L’anthrax de la nuque
LE DIAGNOSTIC DU DIABETE DE TYPE II
I) Que savons-nous du diabète de type II en 2018 ?
II) Que savon savons-nous du diabète de type II en 1715 ?
II) La gangrène diabétique et la mort du roi
ETUDE GENETIQUE DU DIABETE DE BOURBONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ICONOGRAPHIE 1
ICONOGRAPHIE 2
ICONOGRAPHIE 3

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