Dรจs leur invention, les lasers sont devenus des outils indispensables dans tous les domaines. Ils interviennent, en effet, de la physique fondamentale jusquโaux applications scientifiques, industrielles, mรฉdicales, militaires,โฆ. Depuis, la puissance dรฉlivrรฉe par les lasers nโa cessรฉ dโaugmenter. Ce nโest que vers le milieu des annรฉes 80 que la puissance des impulsions ultra brรจves a pu รชtre portรฉe ร des valeurs considรฉrables par une nouvelle technique dโamplification รฉlargissant du mรชme coup le domaine dโapplication du laser ร la physique relativiste. De plus, la conjugaison de lโultra bref et des trรจs hautes puissances a permis dโenvisager la conception de nouveaux schรฉmas dans le domaine de la fusion par confinement inertiel.
Cadre gรฉnรฉral de lโรฉtudeย
Pour engendrer de nouveaux rรฉgimes dโinteraction laser-matiรจre [1], il est nรฉcessaire de crรฉer des impulsions lasers dโรฉclairement plus intense. Afin dโatteindre ces รฉclairements, il faut pouvoir focaliser sur une dimension la plus petite possible le maximum de puissance. Lโaugmentation de la puissance du laser depuis sa dรฉcouverte dans les annรฉes soixante aprรจs une progression fulgurante a connu un palier de plusieurs dรฉcennies. En effet, lโaugmentation considรฉrable de la puissance est la source de nombreux effets non-linรฉaires qui conduisent inรฉvitablement ร la dรฉtรฉrioration des composants optiques subissant lโirradiation de ce type dโimpulsions. Ce nโest que vers 1985 [2], que la mise en ลuvre dโun nouveau procรฉdรฉ, consistant ร manipuler lโimpulsion temporellement (la technique dโamplification ร dรฉrive de frรฉquence, CPA, acronyme anglais), issu de la technologie radar [3], a รฉtรฉ proposรฉ et dรฉmontrรฉ. Ce nouveau procรฉdรฉ consiste ร รฉtirer temporellement lโimpulsion avant son amplification pour diminuer la puissance crรชte. Puis elle est comprimรฉe temporellement aprรจs amplification.
Ces derniรจres annรฉes, le dรฉveloppement dโoscillateurs engendrant des durรฉes dโimpulsions de plus en plus courtes, combinรฉ ร la technique de lโamplification ร dรฉrive de frรฉquence, a permis dโobtenir des puissances de quelques centaines de tรฉrawatts. Ces puissances sont obtenues dans deux rรฉgimes diffรฉrents : impulsions femtosecondes dโun joule ou impulsions picosecondes dโune centaine de joules [4, 5]. Cโest dans ce deuxiรจme rรฉgime que se situent ces travaux de thรจse. La prochaine gรฉnรฉration de chaรฎne de puissance du Commissariat ร lโรnergie Atomique devrait produire des impulsions ayant une รฉnergie de plusieurs kilojoules soit un potentiel en puissance de lโordre de la dizaine de pรฉtawatts. Cette nouvelle technologie pourrait sโimplanter sur la Ligne dโIntรฉgration Laser (LIL) au CESTA (Centre dโรtudes Scientifiques et Techniques dโAquitaine) ร Bordeaux.
En raison des futures applications de cette chaรฎne de puissance (allumeur rapide pour la fusion inertielle, gรฉnรฉration dโun laser X, โฆ), cโest la recherche dโรฉnergie maximale qui est privilรฉgiรฉe plutรดt que celle dโune durรฉe des impulsions plus courtes. Pour obtenir ces รฉnergies (1 kJ), les amplificateurs sont des verres dopรฉs au nรฉodyme. Ces verres pouvant รชtre rรฉalisรฉs en grande dimension pour stocker beaucoup dโรฉnergie, ce sont ceux qui ont รฉtรฉ choisis pour rรฉaliser la LIL et le Laser MรฉgaJoule (LMJ). La longueur dโonde centrale se situe alors autour de 1,053 ยตm pour des spectres limitรฉs en largeur ร quelques nanomรจtres. La plus petite durรฉe des impulsions dรฉlivrรฉes est de quelques centaines de femtosecondes. Ces caractรฉristiques des impulsions sont la source des originalitรฉs des travaux effectuรฉs et elles engendrent des choix diffรฉrents.
Lโรฉclairement est par dรฉfinition une densitรฉ de puissance par unitรฉ de surface. Lโobjectif ร rรฉaliser est donc de focaliser le maximum dโรฉnergie sur la plus petite surface possible et cela en un minimum de temps. Ainsi, pour une mรชme รฉnergie le profil spatial du faisceau sur cible est rรฉgi par sa phase spatiale avant focalisation. De mรชme, la forme temporelle dโune impulsion est gouvernรฉe par la phase spectrale. Lโaugmentation des performances dโune chaรฎne de puissance peut donc sโeffectuer suivant les trois axes suivants :
โข historiquement par lโamรฉlioration des composants optiques, notamment en terme de planรฉitรฉ et de tenue au flux,
โข ensuite par lโamรฉlioration du profil spatial du faisceau ; cette mise en forme de profil permet dโadapter le profil du faisceau au profil du gain du matรฉriau amplificateur,
โข puis par la correction des aberrations de la phase ; cette correction de la phase spatiale a รฉtรฉ rendue possible par la mise au point de systรจmes de mesure de phase, puis de systรจmes de correction. Lโamรฉlioration de la phase spatiale permet de focaliser une plus grande partie de lโรฉnergie dans la tache focale.
Enfin nous montrons quโune transposition de ces techniques (mesure et correction de la phase spatiale) dans le domaine temporel permettra aussi une amรฉlioration des performances dโune chaรฎne de puissance. Les contrรดles de phase sont rendus possible par la faible durรฉe des impulsions auxquelles correspondent des spectres larges. Lโanalogie existant entre le domaine spatial et le domaine temporel permet de bรฉnรฉficier de tout lโacquis du domaine spatial en transposant des techniques bien connues en optique classique vers des applications au domaine temporel, notamment les critรจres sur les tolรฉrances acceptables sur les aberrations de la phase pour focaliser ยซ au mieux ยป le faisceau.
Dans le cadre du laser PW, les diffรฉrences majeures avec les lasers de puissance (TW) existants sont la durรฉe de lโimpulsion dans la chaรฎne et le dรฉphasage apportรฉ par les effets non linรฉaires. En effet lโimpulsion doit รชtre รฉtirรฉe jusqu’ร quelques nanosecondes pour permettre lโamplification jusquโร la dizaine de kilojoules. Nous avons alors besoin dโune nouvelle gรฉnรฉration dโallongeur. Les lois de phase apportรฉes par lโallongeur et le compresseur ne seront alors plus compensรฉes. Pour rรฉsoudre ce problรจme, nous introduisons des corrections de la phase spectrale de types statique et dynamique. Par consรฉquent la mesure de la phase spectrale de lโimpulsion absolue devient essentielle. Cette mesure devra pouvoir se faire en diffรฉrents points de la chaรฎne pour des impulsions comprimรฉes. Par ailleurs, les dรฉphasages apportรฉs par les effets non linรฉaires sont critiques pour des installations kilojoule/pรฉtawatt. La solution gรฉnรฉralement utilisรฉe sur les installations CPA (pour limiter les effets non linรฉaires) est lโaugmentation de la durรฉe รฉtirรฉe. Cette solution nรฉcessite une augmentation de la distance entre les rรฉseaux de compression et une augmentation de la taille des rรฉseaux. Pour la chaรฎne PW de la LIL, elle ne peut รชtre retenue, car le point de fonctionnement nominal (1 kJ et ฯB = 1,3 rad ), nous donne la plus grande durรฉe de lโimpulsion dans la chaรฎne rรฉalisable compte tenu de lโencombrement disponibleย pour le caisson de compression et de la technologie actuelle des rรฉseaux. Les seules solutions qui peuvent nous permettre dโobtenir des puissances plus importantes (la dizaine de pรฉtawatts) sont de pouvoir corriger les effets non linรฉaires, avant compression de lโimpulsion, pour รฉviter le transfert des modulations de phase en modulation dโamplitude. Une solution est un rรฉglage du compresseur diffรฉrent pour chaque tir (rรฉglage qui est diffรฉrent selon lโรฉnergie de sortie de la chaรฎne). Cette solution est difficile ร mettre en ลuvre expรฉrimentalement compte tenu de la dimension des rรฉseaux (1 m). Ainsi, les performances sont aujourdโhui limitรฉes par les effets non linรฉaires. Une technique originale de correction de la phase temporelle devrait permettre de limiter les effets non linรฉaires et donc dโamรฉliorer les performances de la chaรฎne laser. Le concept de correction de phase temporelle prรฉsentรฉ dans ce mรฉmoire est particuliรจrement bien adaptรฉ ร ce type dโinstallation laser oรน les impulsions sont fortement รฉtirรฉes temporellement.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. LES MECANISMES PHYSIQUES GOUVERNANT LES IMPULSIONS ULTRA-INTENSES
I.1 FORMALISME UTILISE POUR DECRIRE UNE IMPULSION LASER COURTE
I.2 AMPLIFICATION DโUNE IMPULSION COURTE
I.3 PROPAGATION DโUNE IMPULSION COURTE ET INTENSE
II. CONTEXTE DE LโETUDE : UN LASER KILOJOULE PETAWATT SUR LA LIL
II.1 PRESENTATION DE LA LIL
II.2 DIMENSIONNEMENT DU LASER PETAWATT SUR LA LIL
II.3 CORRECTIONS DES PHASES SPECTRALE ET TEMPORELLE
II.4 METHODES DE CORRECTION ACTIVE DE PHASE
III. SYSTEME DE MESURE ABSOLUE DE LA PHASE SPECTRALE : DIMENSIONNEMENT DE LโAPPAREIL ET MISE EN ลUVRE EXPERIMENTALE
III.1 METHODES
III.2 INTERFEROMETRIE A DECALAGE
III.3 MISE EN ลUVRE EXPERIMENTALE DE LA MESURE
IV. ANALOGIE ENTRE LโOPTIQUE TRADITIONNELLE ET LโOPTIQUE ยซ TEMPORELLE ยป
IV.1 PRESENTATION DE LโANALOGIE
IV.2 ANALOGIE ENTRE LA DIFFRACTION DE FRESNEL ET LA DISPERSION QUADRATIQUE
IV.3 MODULATION DES PHASES SPATIALE ET TEMPORELLE
IV.4 CRITERES DE TOLERANCE SUR LES ABERRATIONS DU FRONT DโONDE ET LES DISTORSIONS DE LA PHASE SPECTRALE
V. MODULATION DE LA PHASE SPECTRALE : JUSTIFICATION THEORIQUE ET DESCRIPTION DES SCHEMAS EXPERIMENTAUX POUR LA VALIDATION EXPERIMENTALE DU CONCEPT
V.1 LE MODULATEUR DE PHASE
V.2 SCHEMAS EXPERIMENTAUX POUR LA DEMONSTRATION EXPERIMENTALE DU CONCEPT
VI. MESURES EXPERIMENTALES DE LA PHASE ET DE LA MODULATION, ET CORRECTIONย
VI.1 MESURE ABSOLUE DE LA PHASE SPECTRALE
VI.2 VALIDATION EXPERIMENTALE DU MODULATEUR
VI.3 CORRECTION DE LA PHASE SPECTRALE
VII. CORRECTION DE LA PHASE NON LINEAIRE PAR MODULATION DE LA PHASE TEMPORELLE DANS LA TECHNIQUE CPA
VII.1 INFLUENCE DES EFFETS NON LINEAIRES DANS LES DOMAINES SPATIAL ET TEMPOREL
VII.2 CORRECTION DE LA PHASE NON LINEAIRE TEMPORELLE
CONCLUSION