Le travail comme preuve de lโassujettissement
ย ย Cโest Veblen qui est le premier ร mettre des mots prรฉcis sur ces divers phรฉnomรจnes sociaux et pour la plupart assimilรฉs inconsciemment. Pour lui ยซ dans la mentalitรฉ rapace, travailler, cโest รชtre faible et assujetti ร un maรฎtre ; cโest donc une marque dโinfรฉrioritรฉ ; par consรฉquent, on tient le travail pour indigne dโun homme accompli ยป. Lโhomme est presque ยซ rรฉduit au travail ยป comme on dit รชtre ยซ rรฉduit en esclavage ยป, cโest une situation sociale qui apparaรฎt comme dรฉshonorable voire disqualifiante dans lโespace social. Un nลud problรฉmatique social crucial apparaรฎt alors puisque si le travail, permet de tirer lโusure fruit de son travail par la conversion financiรจre, il est aussi pour dโautre le tรฉmoignage de la mรฉdiocritรฉ sociale, puisquโil apparait comme le moyen de survie. Or, la survie est tout ce qui est de lโordre de lโhumain dans son acception animale ; lโanimal survit alors que lโhomme doit vivre, ce qui sous entend tirer produit de sa vie, de son passage sur terre. Ainsi, en toile de fond se trame un rejet pour tout ce qui ramรจnerait lโhomme ร sa condition dโhomme dans son animalitรฉ. De ce fait il est intรฉressant de sโarrรชter sur les considรฉrations de Veblen affirmant que lโexigence qui sโimpose aux hommes et qui a le plus de portรฉe est ยซ la nรฉcessitรฉ de sโabstenir de tout travail productif ยป. La prรฉsence sur Terre, autrement dit la vie, doit รชtre dans lโopposition ร la vie animale. Les notions instinctives de survie, de reproduction ou toutes autres appartenant au domaine de lโanimalitรฉ sont purement mรฉprisรฉes et rejetรฉes. Le travail dans sa dimension dโactivitรฉ permettant de subvenir ร ses besoins mais aussi de production utile pour le collectif, est purement et simplement rejetรฉ. En soi le travail est vecteur de notion de besoin, un besoinย appartenant aux nรฉcessitรฉs primaires partagรฉes avec les espรจces animales. Un homme digne doit alors exprimer une consommation, donc une attitude, ยซ improductive du temps, qui 1ยฐ tient ร un sentiment de lโindignitรฉ du travail productif ; 2ยฐ tรฉmoigne de la possibilitรฉ pรฉcuniaire de sโoffrir une vie dโoisivetรฉ ยป.
Rรฉduction de la femme ร lโinaptitude totale
ย ย Cette rรฉduction en mineure imposรฉe ร la femme la met dans une position oรน elle est assujettie ร lโhomme et apparaรฎt comme un รชtre ou mรชme peut-รชtre une ยซ chose ยป comme le dit Veblen, donc sans dรฉfense, sans force et dรฉchargรฉe de toute capacitรฉ de rรฉalisation de taches productives. Elle est inapte ร toute activitรฉ et nโa comme prรฉrogative de ne se tenir quโร son rรดle dโornement. Pour Veblen, la toilette est lโexemple le plus parlant pour donner ร voir ยซ les dรฉtails qui certifient lโexemption du travail vulgairement productif ou lโincapacitรฉ de sโy livrer ยป. Mais selon lui lโenjeu va au-delร puisque certains des vรชtements fรฉminins vont jusquโร signifier le fait dโรดter ร la femme ยซ de la vitalitรฉ [de la] rendre en permanence et de tout รฉvidence inapte au travail ยป. Pour que la femme reste ร cette place quโon lui a assignรฉ, il faut quโelle soit totalement inapte et dรฉpendante. Son rรดle ne se rรฉsumerait quโร de la figuration de ce que lโhomme souhaite, non pas montrer dโelle, mais plutรดt montrer de lui. Cette inaptitude est garante de la docilitรฉ de la femme envers les prรฉrogatives et les interdictions qui lui sont imposรฉes. A la lumiรจre de lโanalyse sรฉmiologique que nous avons rรฉalisรฉe sur le film publicitaire de la Maison Chanel en 2004 pour son parfum Nยฐ5 avec Nicole Kidman, nous avons pu capter ร un moment prรฉcis la libรฉralisation du corps de lโactrice. En effet, elle brandit fiรจrement la robe dans laquelle elle se trouvait et qui symbolisait lโentrave faite ร ce corps โ ce vรชtement par ses dimensions ne correspondait absolument pas au besoin de libertรฉ de mouvement dont elle avait besoin66. On perรงoit alors que cette femme admirรฉe, dรฉsirรฉe, valorisรฉe, tente de fuir cette vie dans laquelle elle รฉtouffe. Dans sa fuite, elle se perd et manque de se faire renverser. Son vรชtement entrave sa fuite et est en soi un danger pour elle. Ce film met en exergue une femme entravรฉe et oppressรฉe qui doit symboliquement sโaffranchir de cette entrave faite ร son corps et ร sa vie.
La femme construite dans lโexact contraire de lโhomme fort et dominateur
ย ย Pour Le Breton ยซ la gestualitรฉ humaine est un fait de sociรฉtรฉ et de culture, et non une nature congรฉnitale ou biologique destinรฉe ร sโimposer aux acteurs ยป ; ainsi donc si le rรดle des corps est sexuellement diffรฉrent cโest quโil sโagit bien dโun fait collectif ร lโรฉchelle sociale. Goffman dans ses travaux Les Rites dโinteraction, donne ร voir la mise en scรจne de la diffรฉrence sexuelle telle quโelle est prรฉsentรฉe dans les publicitรฉs. Le Breton commente les travaux de Goffman et conclut : ยซ Ainsi la femme est-elle souvent dans la position subalterne ou assistรฉe, tandis que lโhomme, de taille plus รฉlevรฉe, la veille dans une attitude protectrice qui embrasse aussi bien la sphรจre professionnelle, familiale ou amoureuse ยป79. Comme รฉvoquรฉ prรฉcรฉdemment la femme est protรฉgรฉe par lโhomme, elle est dans une position attentiste mais aussi dโadmiration : ยซ Entre les mains de lโhomme, la femme peut รชtre rituellement docile et amoureuse : lโhomme nourrit la femme qui tend avidement la bouche vers lโaliment, elle est son enfant capricieuse ou son jouet ยป. On perรงoit donc la totale opposition entre les deux personnages dont un se retrouve presquโavec un enfant ยซ sur les bras ยป. Totalement dans un lien de dรฉpendance comparable ร un lien infantile, la femme nโest pas sujet mais devient lโobjet de lโhomme sur lequel il a le droit de vie ou de mort. Cette opposition est ancrรฉe dans les mentalitรฉs et se retrouve ainsi scellรฉe dans les publicitรฉs qui nous sont contemporaines et que Goffman met en lumiรจre. Pour lui se dresse lโun en face de lโautre ยซ โรฉternel fรฉmininโ et un homme โprotecteur et viril โ ยป. La domination est confirmรฉe, la femme est ร lโembouchure de se renier elle-mรชme tant elle est subordonnรฉe ร lโhomme. La dรฉlicatesse dont elle fait preuve envers lโhomme tรฉmoignรฉe dans ces publicitรฉs nous donne ร voir lโaboutissement dโun rituel de docilitรฉ intรฉgrรฉ par la femme elle-mรชme alors au service de lโhomme. Notre analyse du film publicitaire de la Maison Chanel avec Nicole Kidman รฉvoquรฉ prรฉcedemment, nous donne ร voir une libรฉralisation du corps certes, mais nous ne pouvons nรฉanmoins pas nier lโintervention du symbolique masculin. En effet, Nicole Kidman brandit sa robe dont elle sโest affranchie mais porte en รฉchange ce que son complice de fuite lui a donnรฉ, cโest-ร -dire une tailleur masculin, certes retroussรฉ et fรฉminisรฉ, mais il nโen reste pas moins un vรชtement dโhomme. A la lumiรจre de cet exemple, on peut dire que la dรฉfinition de la femme, sa fรฉminitรฉ ne se confond pas avec les codes masculins qui lui sont รฉtrangers. Elle est presque recueillie dans cette scรจne, lโhomme la protรจge et lโemporte loin du tumulte de la ville. On a donc pu percevoir que le corps de la femme nโest pas exempt de multiples reprรฉsentations sociales et culturelles. Comme lโaffirme Mauss ยซ Le corps est le premier et le plus naturel instrument de lโhomme ยป et ร Le Breton dโajouter ยซ Modelรฉ selon lโhabitus culturel, il produit des efficacitรฉs pratiques ยป. Si la thรฉorie de Veblen nous a permis dโapprรฉhender les notions de propriรฉtรฉ et de loisir sโenchevรชtrant lโune dans lโautre au moyen de la femme, elle nous a notamment permis de percevoir le rรดle attribuรฉ ร la femme de reprรฉsentante ยซ officielle ยป de la rรฉussite de lโhomme en tant que trophรฉe. Entre docilitรฉ et fragilitรฉ la femme est rรฉduite en mineure en contrepartie de quoi elle obtient la protection masculine dont elle aurait supposรฉment besoin dans un environnement qui pourrait lui รชtre hostile mais contre lequel elle ne pourrait pas se dรฉfendre. Par ailleurs, le corps de la femme รฉtant rรฉduit ร lโรฉtat de figuration inapte ร toute activitรฉ dรฉcisionnaire ou physique, elle serait un lieu dโinvestissement vivant pertinent pour un prestige social portรฉ par la notion de loisir. Ainsi le corps de la femme serait symbole dโimproductivitรฉ, vรฉritable privilรจge dans nos sociรฉtรฉs ultra-productivistes. Cโest ce que nous allons รฉprouver dans notre seconde partie sous un angle diffรฉrent. Si les femmes, on a pu le percevoir, affaiblies voire dรฉsarmรฉes socialement par les hommes pouvaient รชtre utilisรฉes comme faire-valoir, elles ont pris un nouveau visage dans nos sociรฉtรฉs contemporaines de consommation de masse. En effet, le marketing notamment, et cโest ce qui nous intรฉresse ici, des marques de luxe, met en place un vรฉritable jeu de rรดle oรน les รฉgรฉries et mannequins quโelles choisissent sont dans une problรฉmatique รฉgalement fondรฉe sur ce paradoxe car pour la plupart les mannequins sont des personnalitรฉs de grande notoriรฉtรฉ. Par grande notoriรฉtรฉ on comprend la dimension marketing de ยซ grand populaire ยป et la notion sociale de ยซ populaire ยป.
LโOscar ennoblissant
ย ย Nous avons dรฉcidรฉ de nous intรฉresser ร lโactrice Marion Cotillard. Actrice franรงaise de rรดles remarquรฉs mais sans notoriรฉtรฉ internationale, Marion Cotillard est surtout connue pour des seconds rรดles et des films franรงais. En 2008 elle dรฉcroche entre autres un Oscar pour son rรดle dans le film La Mรดme dans lequel elle incarne la chanteuse franรงaise Edith Piaf. Elle connaรฎt alors une notoriรฉtรฉ internationale puisque reconnue aux Etats-Unis et devient aussi une vรฉritable cรฉlรฉbritรฉ nationale en France. De la modeste actrice de second rรดle, elle apparaรฎt alors aux yeux des spectateurs comme une nouvelle figure du cinรฉma franรงais. Comparรฉe ร Simone Signoret, autre actrice franรงaise ร avoir dรฉcrochรฉ un oscar, la carriรจre de Marion Cotillard connaรฎt alors une croissance de notoriรฉtรฉ exponentielle. Cโest ร ce moment que sa carriรจre prend un tournant de ยซ star ยป du cinรฉma. La marque de luxe Dior voit alors en Marion Cotillard lโincarnation la plus authentique de la mรฉritocratie. Par son Oscar, lโactrice accรจde ร un monde particuliรจrement privรฉ et privilรฉgiรฉ. Lโobtention de lโOscar fait figure dโennoblissement de lโactrice. Cโest toute cette symbolique que la marque de luxe tache de se rรฉapproprier. Par son talent exceptionnel et rare, Marion Cotillard sโest elle-mรชme offert cette ascension qui sโavรจre avoir une symbolique particuliรจrement sociale ; ce nโest pas un privilรจge acquis de naissance. Cโest ici que rรฉside toute la force symbolique de cette association puisque lโactrice vient, par son histoire personnelle entre autres, confirmer lโidentitรฉ dโun certain luxe qui serait alors tout ร fait conforme aux exigences dรฉmocratiques. Dans les analyses que nous avons faites de deux campagnes de la marque avec lโactrice on perรงoit deux points dโancrage : la contemplation de lโactrice dans le miroir qui tache de se reconnaรฎtre dans sa robe rouge ยซ de princesse ยป et lโascension de celle-ci qui gravit les รฉtages de la Tour Eiffel. Si lโidentitรฉ de lโactrice est en recomposition โ elle nรฉcessite un temps dโadaptation pour se ressaisir et percevoir sa nouvelle identitรฉ (sociale) – elle est en parfaite adรฉquation avec la redรฉfinition de lโidentitรฉ de la marque de luxe elle aussi. Les deux entitรฉs symboliques se contemplent pour apprรฉhender le nouveau paradigme qui structure leur identitรฉ. Ces deux mutations identitaires sont prรฉsentรฉes comme particuliรจrement positives et honorables car le succรจs de lโactrice et son ennoblissement rรฉpondent en tout point aux aspirations dรฉmocratiques de nos sociรฉtรฉs โ son talent rare et travaillรฉ mรฉrite la reconnaissance โ mais รฉgalement la dรฉmarche de redรฉfinition de la marque de luxe donne ร voir une tentative rรฉussie de lรฉgitimation dโun luxe par essence anti-dรฉmocratique mais qui, grรขce ร une valeur chรจre aux sociรฉtรฉs contemporaines, la mรฉritocratie, a su rรฉaliser lโexploit de sโafficher comme potentiellement accessible, en thรฉorie. On constate donc que lโOscar est au cลur de ce rapprochement entre la marque et lโactrice, car au-delร de la trรจs grande notoriรฉtรฉ quโil a pu offrir ร lโactrice, lui attribuant alors le ยซ graal ยป de la notoriรฉtรฉ internationale et la popularitรฉ, il a bouleversรฉ son identitรฉ par une vรฉritable ascension sociale alors symboliquement rรฉappropriรฉ par la marque de luxe. Pour Dior il sโagit de jongler avec plusieurs valeurs symboliques quโincarne lโactrice. Sa ยซ sucess story ยป ร lโamรฉricaine ou finalement son American Dream, donne ร voir une mutation sociale basรฉe sur les critรจres de la mรฉritocratie (ici son talent de comรฉdienne), puis son accรจs ร une grande notoriรฉtรฉ internationale finit de sceller ร la fois la combinaison marketing parfaite pour la marque et ร la fois son paradoxe : les personnages ultra mass-mรฉdiatisรฉs et donc populaires portent le message de lโultra privilรจge adouci par la clause dโaccessibilitรฉ dรฉmocratique.
Kate Moss, le mythe de la transgression ร lโanglaise
ย ย Si la ยซ supermodel ยป des annรฉes 90 est lโincarnation de la beautรฉ depuis des dรฉcennies, entre รฉlรฉgance et beautรฉ largement apprรฉciรฉes, elle a nรฉanmoins connu, au tournant de ses 40 ans, un passage ร vide. Plongรฉe dans un scandale de drogue, la mannequin perd un grand nombre de contrats avec de grandes maisons. Sa vie personnelle, racontรฉe par la presse people, est prรฉsentรฉe comme trash et ses frรฉquentations sont dรฉcriรฉes. Icone de lโAngleterre rock voire punk avec son compagnon de lโรฉpoque Pete Doherty, elle donne ร voir une petite fille, non pas de lโAmรฉrique mais de lโAngleterre en train de traverser une pรฉriode noire de sa vie personnelle. Un parallรจle peut รชtre fait avec le personnage de Britney Spears et ses frasques. Kate Moss incarne alors la ยซ quadra ยป en crise existentielle mais, le dรฉferlement mรฉdiatique dรฉfavorable ร la mannequin va avoir pour effet de susciter de la compassion et de lโempathie de la part des publics. Cโest avec son contrat avec Longchamp que Kate Moss reprend alors sa carriรจre en route et commence sa ยซ rรฉmission ยป. Elle apparaรฎt alors comme vulnรฉrable et profondรฉment courageuse suscitant ainsi lโadhรฉsion collective. Le mythe de la rรฉsurrection est en marche et Kate Moss retrouve ses lettres de noblesse ร tel point quโelle va parvenir quelques annรฉes aprรจs ร รชtre choisie comme รฉgรฉrie de la marque anglaise emblรฉmatique, Burberry. Elle devient alors un monument de la culture anglaise, avec son art de vivre parfois trash parfois romantique. Elle est alors une femme particuliรจrement dรฉsirable pour les marques de luxe car elle incarne un certain romantisme destructeur qui sublime lโart de vivre ร lโanglaise et la mannequin elle-mรชme, qui a fait preuve de courage pour surmonter des problรจmes personnels et survivre ร la fin de sa carriรจre de mannequin qui nโa finalement pas eu lieu. La majoritรฉ des mannequins doivent se reconvertir ร la veille de leurs trente ans mais Kate Moss fait partie des rares top modรจles ร poursuivre son activitรฉ. Elle partage lโaffiche avec la jeune top anglaise Cara Delevingue pour la marque Burberry et apparaรฎt alors davantage comme une lรฉgende de la mode. A ce mythe appliquรฉ ร la mannequin sโajoute le romantisme de la transgression et du danger. En effet, si Kate Moss apparaรฎt comme une survivante de sa propre crise personnelle et une survivante de la fin programmรฉe de sa carriรจre, elle nโen hรฉrite pas moins de lโimage dโune femme fragile et inconsciente. Elle est un joyau ร protรฉger et par ce procรฉdรฉ elle apparaรฎt quelques peu infantilisรฉe, comme disposant de la jeunesse รฉternelle. Elle incarne quelque chose dโenchanteur, de magique et flirte avec lโenchantement des (anti)princesses des contes. Comme lโaffirme Florence Muller de lโIFM, รชtre Parisienne nโest pas un droit du sol ni du sang mais une combinaison de mentalitรฉ de femmes profondรฉment libres et de femmes qui se rencontrent dans une forme ยซ dโintelligence dans les sciences de la mode ยป. On voit donc que la marque Yves Saint Laurent a choisi cette รฉgรฉrie non sans penser aux รฉchos ร lโinternational que ce personnage pouvait leur offrir. Libre, transgressive et si dรฉsirable, Kate Moss donne ร la marque une rรฉponse ร son ADN originel via son crรฉateur ร la fois marginal et hors norme. Si la top est dโorigine anglaise et porte avec elle toute la symbolique de lโanglaise trash et inconsciente, elle parvient, par un procรฉdรฉ de connexion avec la valeur dโรฉlรฉgance innรฉe partagรฉe avec les codes de la Parisienne bourgeoise, ร incarner la Parisienne polymorphe : la bourgeoise, le bohรจme et la crรฉative. Pour Florence Muller, la Parisienne nโest pas uniforme et se meut sans cesse dans plusieurs identitรฉs incarnรฉes par de nombreuses femmes toutes plus diffรฉrentes les unes que les autres mais qui se rencontrent dans lโamour de la ville, Paris, et lโamour de la mode avec ce sens presquโinnรฉ de lโรฉlรฉgance ยซ ร la Parisienne ยป.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE CORPS FEMININ, ENTRE CORPS SYMBOLE DโIMPRODUCTIVITE HERITE DU PASSE ET LUXE DANS NOS SOCIETES DE SURPRODUCTIVITE
1. Le luxe de lโimproductivitรฉ
1.a) Le travail comme preuve dโassujettissement
1.b) Le paradoxe de prouver sa richesse par le confort et lโaisance sans jamais produire soimรชme
1.c) La vie de loisir, une vie ennoblissante
2. La femme, lieu dโinvestissement de prestige social et dรฉchargรฉe de toute production matรฉrielle
2.a) Le droit de propriรฉtรฉ : la femme premier bien acquis
2.b) Rรฉduction de la femme ร lโinaptitude totale
2.c) La femme comme support de rรฉussite sociale de lโhomme
3. Les imaginaires autour de la fragilitรฉ du corps fรฉminin justifiant la vie oisiveย
3.a) Le corps de la femme, incarnation de sa soumission
3.b) La femme construite dans lโexact contraire de lโhomme fort et dominateur
SECONDE PARTIE :ย DES EGERIES DE PLUS EN PLUS CONNUES ET MASS MEDIATISEES SONT CHARGEES DโINCARNER LE ROLE ET LโIDEAL DE LA FEMME BOURGEOISE DANS LES CAMPAGNES PUBLICITAIRES PRESSE
1. Le cas de Marion Cotillard : de la Mรดme ร Dior, entre ยซ populaire ยป et รฉliteย
1.a) LโOscar ennoblissant
1.b) Lโincarnation ยซ BoBo ยป, la bourgeoise-bohรจme parisienne
1.c) La figure rebelle ou la mise en scรจne de lโ ยซ Artketing ยป personnifiรฉ
2. Une mise en scรจne du personnage de la Parisienne dโYves Saint Laurentย
2.a) Kate Moss, le mythe de la transgression ร lโanglaise
2.b) La connexion entre rock et glamour
3. Le mythe de lโascension sociale et son storytelling par lโindustrie du luxe
3.a) Lโascension sociale racontรฉe comme un conte de fรฉe
3.b) La Cosette des temps modernes, largement internationalise
3.c) Quand la notion de populaire sert ร lโรฉpanouissement de lโรฉlitisme
TROISIEME PARTIE : DES CORPS FEMININS RENDUS PLUS ยซ ANDROGYNES ยป AFIN D’ESTOMPER LEUR FONCTION MATERNELLE ET DE LES RAPPROCHER DโUN MODELE DE CORPS MASCULIN
1. Lโobsession de la minceur comme forme de contrรดle et symbole de pouvoir
1.a) Le culte de la minceur, un culte narcissique
1.b) La porositรฉ entre ยซ social ยป et corporรฉitรฉ : la survivance des notions de contrรดle et de domination
1.c) Lโobsession inquiรจte de lโexcellence et le dรฉfi de la grรขce
2. Lโexemple des corps de mannequins : quand le masculin sert de repรจre
2.a) La culture masculine de la performance
2.b) Le corps, lieu de reconquรชte de lโidentitรฉ
2.c) Etre sans enfant, promesse dโune presque รฉgalitรฉ avec lโhomme
2.d) Des stylistes qui aiment les hommes et qui habillent les femmes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Tรฉlรฉcharger le rapport complet