Les mariages précoces et/ou forcés

Les mariages précoces et/ou forcés 

Les us et les coutumes sont définis dans le Dictionnaire universel comme étant « les usages, les habitudes héritées du passé » dans une société. En Afrique, la tradition est régie par des lois afin d’arriver à une bonne cohésion sociale. Les jeunes filles n’avaient pas de pouvoir de décision au sein du groupe. Elles ne devaient quitter la maison de leurs parents que pour rejoindre leurs domiciles conjugaux.

Elles devaient subir plusieurs épreuves dans leur vie, avant d’accéder au statut de mère « exemplaire », de femme « modèle ». Entre l’enfance et l’adolescence, elle devait subir un rite d’initiation appelé excision. Cette épreuve était une étape décisive dans la vie de la future femme. En ce sens, Oulimata, dans Le Regard de l’aveugle explique :

« L’initiation dans le cercle où nous nous trouvions consistait à inculquer aux futures femmes et mères de famille que nous devions être, les obligations de la soumission envers (sic) nos maris, l’art de gérer son ménage mais aussi les principes inviolables qui régissaient la vie de chaque membre de notre société. (Samb, 2008 :24). 

La femme doit ainsi « obéir et se taire ». Tel était le cas dans la société française des années 50(« sois belle et tais-toi »).L’éducation traditionnelle des jeunes filles était basée sur la soumission. D’après Adama la jumelle d’Awa dans L’Echarpe des jumelles, la scolarisation des filles n’existait pas dans l’ethnie peuls. Elles étaient chargées des travaux domestiques et devaient rester au foyer.

La tradition soutient que les cris d’une jeune fille durant l’excision provoquent un malaise dans sa famille et dans son clan. Oulimata, plus connue sous le pseudonyme d’Ouly, le personnage principal du roman dans Le Regard de l’aveugle confirme : « Les commentaires sur mes cris lors de mon excision et de mon infibulation avaient fait le tour du village et étaient une honte pour toute la famille » (Samb, 2008 :26). Dans l’Afrique traditionnelle, la jeune fille ne doit pas crier pour prouver ainsi à la société qu’elle sera une femme courageuse, respectueuse de la tradition. Elle apprend durant cette même période son devoir d’épouse soumise à son mari et à la tradition. Après cette cérémonie, elle est déclarée prête à être mariée car elle a acquis les connaissances nécessaires pour pouvoir gérer son foyer. Les mariages précoces étaient partie intégrante de la tradition. L’une des premières conséquences du mariage précoce est que la jeune fille, mariée à peine nubile, ressent des douleurs et a des blessures durant la nuit nuptiale. Ainsi, elle peut rester des jours, alitée, avant de pouvoir se remettre de ses blessures. Parfois, elle peut contracter une grossesse précoce qui pourrait être fatale pour elle et son enfant, car son corps n’est pas encore bien constitué. Le plus souvent, la jeune fille mariée précocement meurt au moment de l’accouchement. Ainsi, beaucoup de mortalités maternelles et infantiles sont souvent causées par les mariages précoces.

Dans les milieux malinkés et peuls en Afrique au Sud du Sahara, la jeune fille est souvent mariée avant l’âge de la puberté. Elle est fiancée tout juste après sa naissance. Samb atteste ainsi que les fiançailles de la jeune fille se déroulaient le plus souvent le jour de son baptême. Le romancier pointe du doigt cette tradition qui n’accorde à la femme que des rôles secondaires car elle n’a que le devoir de se soumettre à son père, puis à son époux. Les écrivains critiquent le mariage précoce, parce que des jeunes filles sont « données » en mariage, le plus souvent avant l’âge de la puberté entre douze et quinze ans. Dans le village d’Adama et Awa dans L’Echarpe des jumelles, les filles « avaient été mariées, (…) et certaines d’entre elles avaient rejoint leurs maris à douze, treize et quatorze ans » (Samb, 2013 :43). Le mariage précoce peut aussi avoir des conséquences dangereuses sur la santé de la jeune fille. A côté de cette précocité pernicieuse, les romanciers le mariage forcé auquel sont astreints beaucoup de jeunes filles. Dans L’Echarpe des jumelles, la narratrice révèle que la fréquence des mariages forcés dans leur contrée est pour les parents un moyen de lutter contre le « dévergondage », « l’impudicité ».

Dans la société traditionnelle, les jeunes filles ne sont pas autorisées à faire le choix de leur époux. Conformément à la tradition, le mariage était une affaire de famille : c’étaient les  parents, plus précisément le père, qui choisissait un mari pour sa fille.Maam Booy dans L’Ombre en feu rappelle à Coura la place du père dans la société : « après Dieu et le prophète, il est ton maître sur terre, il te marie quand il veut, avec qui il veut » (Dieng, 2005 :179).

Awa, l’une des jumelles, dans le récit L’Echarpe des jumelles devait épouser un homme choisi par ses parents, alors qu’elle était en relation secrète avec Bakary, un vétérinaire affecté dans la région. Awa déplorait que les jeunes filles nubiles ne soient jamais convoquées dans les réunions familiales, lorsque leurs parents décidaient de choisir des maris pour elles. Ainsi, « (…) les jeunes filles (…) n’ont aucune décision ni aucun choix à faire, sinon subir et accepter la loi des adultes » (Samb, 2013 :103).Mais, comme la société l’exige, elle sera mariée à un vieux qui avait l’âge de son père. Pour Biram le père de Coura dans le roman de Mame Younousse Dieng, « la femme est incapable de discernement, elle ne connaît que ses désirs et quand elle s’entête, c’est souvent dans l’erreur » (Dieng, 2005 :216). C’est pour cette raison qu’elle occupait une place secondaire dans la société.

Dans certaines ethnies de la société sénégalaise comme chez les Sérères, auxquels le romancier fait allusion dans La Malédiction de Raabi, « les oncles ont le droit d’épouser leur nièce où de les donner en mariage à quelqu’un d’autre » (Gueye, 2011 :122). Les romanciers comme Moumar Gueye dans La Malédiction de Raabi, Mamadou Samb dans la plupart de ses romans et Mariama Bâ dans Une si longue lettre fustigent tous l’excessive autorité des pères ou des oncles dans ces circonstances (choix d’un époux pour leurs filles). Malimouna dans Rebelle a été donnée en mariage à un ami de son père, sans qu’elle l’ait connue auparavant. Dans le roman de Moumar Gueye, La Malédiction de Raabi, c’était l’oncle qui avait choisi un mari pour sa nièce, comme l’exigeait la tradition sérère. Raabi, après avoir été violée par Mody Seck le frère de Tante Dior Seck (sa tutrice) était contrainte de se marier avec son cousin pour sauver l’honneur de sa famille, car elle avait perdu sa virginité. Le personnage principal du roman de Moumar Gueye a cependant refusé cette proposition parce qu’elle n’éprouvait pas de sentiments amoureux pour ce  garçon. Coura dans L’Ombre en feu, n’a jamais accepté son union avec son tuteur. Mais Yaay Jaal l’avertit : « on ne peut rejeter un prétendant sous prétexte qu’on ne l’aime pas ou qu’il est vieux ; c’est une futilité » (Dieng, 2005 :171).

Ainsi, toutes ces filles seront brutalement confrontées à la réalité qui voulait qu’une jeune fille ne soit pas consultée pour le choix de son époux. De plus, la tradition ne se souciait pas de l’avis des jeunes filles : peu importait le sentiment qu’elles éprouvaient pour les hommes auxquels on les donnait en mariage. Un jour, un prétendant vint demander la main d’une des jumelles. Adama doit ainsi se marier avec cette personne qu’elle ne connaissait pas avant. Ses parents ne l’ont pas consulté pour avoir son point de vue. Elle confie à Awa, sa jumelle : « comme toutes les filles de notre village, on nous donne à un mari ; nous ne savons pas quand, ni qui » (Samb, 1990 :68).Pour le père de Coura, Biram dans L’Ombre en feu, « la femme est incapable de discernement(…) » (Dieng, 2005 :216) pour qu’elle puisse être consultée dans le choix d’un prétendant. Ainsi, selon l’oncle de Raabi, « une femme n’aime jamais un homme au sens propre du terme » (Gueye, 2011 :123).

Les jeunes filles étaient livrées à des hommes qu’elles ne connaissaient pas et surtout sans que leur approbation soit demandée. Elles étaient traitées de ce fait comme des marchandises qui n’attendaient que la meilleure offre. Raabi s’est insurgée contre cette pratique : « je venais d’être livrée comme une agnelle de sacrifice à un homme que je n’aimais pas, que je connaissais à peine… » (Gueye, 2011 :136). Tous ces romanciers fustigent les pratiques ancestrales que sont le mariage précoce ou le mariage forcé. Coura s’adressant à sa grand-mère qui lui conseillait de se soumettre à la tradition : « Maam Booy votre temps est révolu. Je ne dis pas que toutes les traditions doivent être abolies, mais beaucoup d’entre elles doivent être repensées ou disparaître. Le mariage forcé n’est plus de saison » (Dieng, 2005 :182).

Tout refus des règles ancestrales peut entraîner une exclusion du clan. Fanta, dans Le Regard de l’aveugle fut isolée du groupe social parce qu’elle avait refusé d’épouser le fiancé qu’avaient choisi ses parents pour elle, juste après sa naissance. La raison était simple : elle ne l’aimait pas. Elle ne voulait pas se marier avec cet homme : « je refusais catégoriquement l’homme à qui j’étais destinée. C’était très simple pour moi, mais difficile à concevoir pour les autres ; je ne l’aimais pas… » (Samb, 2008 :33). Ainsi, elle raconte que le rejet des lois anciennes avait provoqué son isolement du groupe social : « ne pouvant rien contre mon refus, la famille finit par m’isoler dans une chambre, comme une prisonnière. On ne me parlait plus, on ne s’occupait plus de moi » (Samb, 2008 :34).

Les mutilations génitales féminines

Dans la société africaine traditionnelle, chaque étape de la vie était marquée par plusieurs pratiques spécifiques. Les mutilations génitales survenaient à une période bien précise dans la vie de la jeune fille. La circoncision consistait à couper avec le couteau le prépuce du garçon. La tradition exigeait de ce dernier de s’affirmer avant d’entrer dans la case des hommes en subissant cette épreuve. Cette mutilation est donc perçue dans la société comme un acte positif, à portée hautement symbolique. Dans les sociétés juive et islamique, la circoncision existe encore. Quant à la jeune fille, elle subissait une toute autre opération appelée l’excision. Il existait plusieurs types de mutilations génitales dont l’excision et l’infibulation. Selon les tenants de la tradition, l’excision était justifiée comme constituant un des rites de passage qui structuraient la société en permettant à la fille d’accéder au stade d’adulte. En médecine moderne, elle est plus connue sous le nom de clitoridectomie. Dans Le Robert, l’excision est définie comme étant une: « ablation d’une partie (d’organe, de tissu). Ablation rituelle du clitoris (clitoridectomie) ». L’excision qui est l’ablation du clitoris, était le plus souvent pratiquée par de vieilles femmes. Dans la zone sahélo sahélienne, les exciseuses étaient issues pour la plupart de la caste des forgerons. Ahmadou Kourouma nous apprend dans Les Soleils des indépendances que Salimata fut excisée par la femme du forgeron. En revanche, dans Le Regard de l’aveugle, l’auteur ne donne pas de précisions sur l’origine sociale de l’exciseuse.Nous apprenons que l’opération était faite par la « Mère des femmes »;qui à cause de ses expériences de la vie et de son âge, était la gardienne de la tradition. Elle était vénérée par toutes les femmes des villages.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE
Chapitre I : le poids de la tradition
1) Les mariages précoces et/ou forcés
2) Les mutilations génitales féminines
Chapitre II : la division sociale
1) Dans l’Afrique traditionnelle
2) Dans l’Afrique moderne
DEUXIEME PARTIE
Chapitre I : la modernité et ses vices
1) le viol
2) la prostitution et les usages de stupéfiants
Chapitre II : la marginalité
1) la pauvreté
2/Les grossesses non désirées
TROISIEME PARTIE
Chapitre I : l’auteur et les organisations caritatives
1) La vision du romancier
2) L’objectif visé par les organisations
Chapitre II : l’apport de l’auteur
1) les maladies virales
2) Les moyens de transport
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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