Le Syndrome dโImmunodรฉficience Acquis ou SIDA correspond ร un dรฉficit immunitaire chronique induit par le virus dโimmunodรฉficience humaine (VIH). Le Sida a รฉtรฉ dรฉcrit pour la premiรจre fois en 1981. Bien que lโagent causal, le VIH soit connu, aucun vaccin nโest encore disponible pour enrayer sa propagation. Le VIH/sida reste lโun des principaux problรจmes de santรฉ publique dans le monde, particuliรจrement dans les pays ร revenu faible ou intermรฉdiaire. En effet 34 millions de personnes vivent avec le VIH/sida dans le monde dont 3,4 millions dโenfants. Selon les chiffres de 2010, la plupart dโentre eux vivent en Afrique subsaharienne. Le VIH/sida est la maladie infectieuse la plus mortelle du monde. A la fin de lโannรฉe 2011, plus de 34 millions [31,4- 35,9 millions] de personnes vivaient avec le VIH avec chaque annรฉe 1,8 million de personnes qui meurent du VIH/sida. Lโinfection se traduit par une dรฉtรฉrioration progressive du systรจme immunitaire, qui empรชche lโorganisme de se dรฉfendre contre les infections et les maladies. De faรงon gรฉnรฉrale, on rapporte que les lรฉsions buccales sont les premiรจres manifestations de lโinfection pour le tiers des personnes vivant avec le VIH et que la prรฉvalence combinรฉe de ces lรฉsions est de 70%. Ce taux grimpe ร 85% chez les individus ayant dรฉveloppรฉ le SIDA. Par ailleurs, certaines pathologies buccodentaires sont fortement associรฉes ร la progression de la maladie. [14, 34, 57]. Parmi celles-ci, on retrouve de nombreuses pathologies des muqueuses buccales et du parodonte. Certaines dโentre elles sont des marqueurs de la progression de lโinfection et plusieurs vont causer des problรจmes majeurs aux personnes affectรฉes, pouvant aller de la douleur entravant une alimentation normale, jusquโau processus infectieux ou nรฉoplasique venant surcharger un systรจme immunitaire dรฉjร dรฉficient. Grรขce aux rรฉcents progrรจs concernant lโaccรจs au traitement antirรฉtroviral, les sรฉropositifs peuvent maintenant vivre plus longtemps et en meilleure santรฉ.
LES MANIFESTATIONS GENERALES DU VIH SIDA
DEFINITION
Lโinfection ร VIH est une infection chronique due ร un rรฉtrovirus responsable dโun dรฉficit immunitaire chez lโhรดte. Le Sida est lโensemble des manifestations cliniques et biologiques observรฉes au stade ultime de lโinfection chez une personne atteinte par le Virus de lโImmunodรฉficience Humaine : VIH1 et/ou VIH2.
HISTORIQUE
La dรฉcouverte du Sida et de son agent causal par lโรฉquipe de Luc Montagnier ร Paris, est lโaboutissement dโune enquรชte de deux annรฉes poursuivies en raison de la survenue dโinfections inhabituelles et inexplicables chez de jeunes homosexuels amรฉricains.[2] Reconnu donc pour la 1รจre fois en 1981, le sida ou syndrome dโimmunodรฉficience acquise a rapidement รฉtรฉ considรฉrรฉ comme une maladie virale transmissible par voie sexuelle et par voie sanguine. Cโest ainsi quโร partir de cellules lymphoรฏdes ganglionnaires dโun patient, fut identifiรฉ dรจs 1983 un rรฉtrovirus humain jusque lร inconnu, dรฉnommรฉ quelques annรฉes plus tard virus de lโimmunodรฉficience humaine ou VIH. [56] Dรจs 1985, la notion de variabilitรฉ gรฉnรฉtique du VIH รฉtait รฉvoquรฉe par lโanalyse de virus isolรฉ de diffรฉrents patients. En 1986, un second virus apparentรฉ au premier mais gรฉnรฉtiquement distinct fut dรฉcouvert chez des patients originaires dโAfrique de lโOuest et atteints du sida. Ces virus de la mรชme famille furent alors dรฉnommรฉs VIH1 et VIH2. [56] La paternitรฉ de cette dรฉcouverte a รฉtรฉ contestรฉe et a donnรฉ lieu ร dโautres discussions scientifiques.
EPIDEMIOLOGIE
ร lโรฉchelle mondiale, 34 millions [31,4-35,9 millions] de personnes vivaient avec le VIH ร la fin de lโannรฉe 2011. Selon les estimations, 0,8 % des adultes รขgรฉs entre 15 et 49 ans dans le monde entier vit avec le VIH bien que les circonstances de lโรฉpidรฉmie qui pรจsent sur les pays et les rรฉgions continuent de varier considรฉrablement.
LโAfrique subsaharienne reste lโune des rรฉgions les plus gravement touchรฉes avec prรจs dโ1 adulte sur 20 (4,9 %) vivant avec le VIH, ce qui reprรฉsente 69 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde. La prรฉvalence rรฉgionale de lโinfection ร VIH est prรจs de 25 fois plus รฉlevรฉe en Afrique subsaharienne quโen Asie mais environ 5 millions de personnes vivent avec le virus dans lโensemble de lโAsie du Sud, du Sud-Est et de lโEst. Aprรจs lโAfrique subsaharienne, les rรฉgions les plus fortement touchรฉes sont les Caraรฏbes, lโEurope de lโEst et lโAsie centrale, oรน 1 % des adultes vivait avec le VIH en 2011. Le nombre de dรฉcรจs liรฉs au sida a commencรฉ ร baisser au milieu des annรฉes 2000 en raison de lโรฉlargissement et de l’intensification des traitements antirรฉtroviraux ainsi que de la diminution stable de l’incidence du VIH depuis le pic de 1997. En 2011, cette baisse sโest poursuivie, les donnรฉes factuelles montrant une accรฉlรฉration du phรฉnomรจne dans plusieurs pays. Le nombre de dรฉcรจs liรฉs au sida en Afrique subsaharienne a diminuรฉ de 32 % de 2005 ร 2011, malgrรฉ lefait que la rรฉgion reprรฉsentait encore 70 % du nombretotal des dรฉcรจs dus au sida en 2011. Lโรฉlargissement et lโintensification de la thรฉrapie antirรฉtrovirale dans les pays ร revenu faible et intermรฉdiaire ont fait รฉvoluer les ripostes nationales au sida et gรฉnรฉrรฉ de vastes progrรจs en matiรจre de santรฉ. Depuis 1995, la thรฉrapie antirรฉtrovirale a sauvรฉ lโรฉquivalent de 14 millions dโannรฉes de vie humaine dans ces pays, dont 9 millions en Afrique subsaharienne. En 2011, 330 000 [280 000โ390 000] enfants ont รฉtรฉ infectรฉs par le VIH. Cela reprรฉsente une baisse de 43 % depuis 2003 (annรฉe oรน 560 000 [510 000โ650 000] nouvelles infections ont รฉtรฉ constatรฉes chez les enfants) et une baisse de 24 % depuis 2009 (annรฉe oรน 430 000 [370 000โ490 000] enfants ont รฉtรฉ infectรฉs par le VIH). Plus de 90 % des enfants qui ont รฉtรฉ infectรฉs par le VIH en 2011 vivent en Afrique subsaharienne. Dans cette rรฉgion, le nombre de nouvelles infections chez les enfants a diminuรฉ de 24 % entre 2009 et 2011. Bien que les baisses du nombre dโadultes infectรฉs par le VIH permettent de rรฉduire le risque dโinfection ร VIH chez les enfants, ce sont les progrรจs rรฉcents rรฉalisรฉs en matiรจre dโรฉlargissement et dโintensification des services de prรฉvention basรฉs sur les mรฉdicaments antirรฉtroviraux et lโalimentation des nourrissons qui expliquent principalement les fortes diminutions du nombre de nouvelles infections chez les enfants. De 2009 ร 2011, la prophylaxie antirรฉtrovirale a empรชchรฉ lโinfection par le VIH de 409 000 enfants dans les pays ร revenu faible et intermรฉdiaire.
Le Sรฉnรฉgal dispose dโun systรจme de surveillance de lโรฉpidรฉmie du VIH fonctionnel depuis 1986 ร travers des sites sentinelles et ร partir de 2004, lโEDS IV a inclus le VIH puis en 2006, la premiรจre enquรชte de 2รจme gรฉnรฉration fut menรฉe [5] En 2009, sโest tenue la derniรจre surveillance sentinelle et en 2010-2011, se sont tenuesla deuxiรจme EDS incluant le VIH (EDS V) et la deuxiรจme enquรชte de surveillance de deuxiรจme gรฉnรฉration (ENSC). La cinquiรจme EDS a รฉtรฉ combinรฉe avec lโEnquรชte par Grappes ร Indicateur Multiple (MICS-II) et lโEnquรชte Nationale sur le Paludisme (ENPSIII). Ce sont ces trois enquรชtes qui sont dรฉnommรฉes Enquรชte Dรฉmographique et de Santรฉ ร Indicateurs Multiples (EDS-MICS). [5] Ces รฉtudes ont confirmรฉ que le Sรฉnรฉgal est un pays ร รฉpidรฉmie concentrรฉe avec une prรฉvalence de 0,7% dans la population gรฉnรฉrale et des prรฉvalences de 18,5% chez les Professionnelles du sexe, de 21,8% chez les MSM et de 9,2% chez les injecteurs de drogues intraveineuses. Les rรฉsultats annuels du dรฉpistage des femmes enceintes dans le cadre de la PTME ont montrรฉ que la prรฉvalence du VIH chez les femmes enceintes qui depuis plus dโune dizaine dโannรฉes est restรฉe au-dessus de 1% (1,4% en 2006) est maintenant de 0,7% (BE Nยฐ14) en 2009 avec toujours une disparitรฉ au niveau rรฉgional. Les rรฉgions du sud รฉtant toujours les plus touchรฉes par lโรฉpidรฉmie.
PATHOGENIE
Les Virus de lโimmunodรฉficience Humaine ou VIH appartiennent ร la famille des rรฉtrovirus. [54]. Cette famille de virus ร RNA se dรฉfinit par son mode de rรฉplication qui passe par une รฉtape de rรฉtrotranscription du matรฉriel gรฉnรฉtique. La molรฉcule dโARN est capable de se rรฉtrotranscrire en molรฉcule dโADN bi catรฉnaire pouvant intรฉgrer le noyau de la cellule hรดte. Cette รฉtape indispensable ร la multiplication du virus est possible grรขce ร une enzyme prรฉsente dans le virus, la transcriptase inverse ou reverse transcriptase .
Les VIH se prรฉsentent schรฉmatiquement sous la forme de particules sphรฉriques de 90 ร 120 nanomรจtres de diamรจtre. Chaque virus possรจde une membrane cellulaire, une matrice, une capside et un gรฉnome viral .
Ces virus de lโimmunodรฉficience humaine sont des rรฉtrovirus ร RNA qui ont un tropisme spรฉcifique pour les lymphocytes T ou CD4 qui constituent la base active de lโimmunitรฉ contre les infections gรฉnรฉrales. Cโest leur destruction qui est ร lโorigine de la dรฉficience du systรจme immunitaire dans cette pathologie. Un nombre de lymphocyte T ou CD4<200 par millimรจtre cube de sang (le taux normal est de 800 ร 1000 lymphocytes par millimรจtre cube de sang) caractรฉrise le Sida ou Sida dรฉclarรฉ. Il sโagit dโune forme majeure de cette dรฉficience immunitaire Une fois dans lโorganisme, le virus pรฉnรจtre dans les lymphocytes et diffuse rapidement dans lโensemble des tissus. Le corps va se dรฉfendre en fabriquant des anticorps anti VIH spรฉcifique quโil est possible de mettre en รฉvidence au laboratoire aprรจs examen du sรฉrum du malade ร la fin de la pรฉriode de sรฉroconversion. Une fois infectรฉe, la personne est considรฉrรฉe comme sรฉropositive pour le VIH et ne peut plus dans certains cas se dรฉfendre car ses anticorps sont incapables de dรฉtruire les virus. Ceci sโexplique par le fait que le virus modifie sa structure pour รฉchapper aux anticorps. Certains individus vont prรฉsenter, dans les semaines qui suivent lโinfection, des troubles passagers appelรฉs primo-infection. Pour dโautres, lโinfection passe inaperรงue et aprรจs une pรฉriode de latence (dโune durรฉe pouvant aller de 7 ร 10 ans) pendant laquelle la multiplication des virus sโeffectue de faรงon continue, des manifestations cliniques du Sida vont apparaitre sous des formes mineures oumajeures. [17] Pendant cette pรฉriode, le virus se reproduit trรจs rapidement jusquโร ce que le systรจme immunitaire de lโindividu commence ร rรฉagir. A ce moment-lร , il nโest pas toujours facilede mettre en รฉvidence le virus dans le sang du patient. Par contre, lโARN du virus ou lโantigรจne HIV est dรฉcelable dans le plasma alors quโaucun anticorps dirigรฉ contre le virus ne lโest encore. [2] Chez lโenfant, lโรฉvolution est diffรฉrente de celle de lโadulte. En effet, il existe une forme sรฉvรจre, dont le pronostic est sombre, qui se dรฉclare avant lโรขge de 6 mois, compliquรฉe par une atteinte neurologique grave. Il existe aussi des formes moins graves dont lโรฉvolution est trainante.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
CHAPITRE 1 : LES MANIFESTATIONS GENERALES DU VIH SIDA
1. DEFINITION
2. HISTORIQUE
3. EPIDEMIOLOGIE
4. PATHOGENIE
5. MODE DE TRANSMISSION
6. FORMES CLINIQUES
6.1. Une forme prรฉcoce grave
6.2. Une forme รฉvolutive lente
6.2.1. Manifestations liรฉes au VIH
6.2.2. Manifestations dโorigine infectieuse
7. DIAGNOSTIC
7.1 Diagnostic clinique
7.2. Diagnostic biologique
7.2.1. La sรฉrologie rรฉtrovirale
7.2.2. Lโantigรฉnรฉmie p24
7.2.3. La PCR (polymรฉrase chain rรฉaction)
7.2.4. La coculture cellulaire
8. CLASSIFICATION DE LโINFECTION A VHI CHEZ LโENFANT
9. TRAITEMENT
9.1. Buts
9.2. Mรฉthodes
9.3. Indications
9.4. La prรฉvention de lโinfection pรฉdiatrique
CHAPITRE 2 : LES MANIFESTATIONS BUCCALES DU VHI SIDA CHEZ LโENFANT
1. CLASSIFICATION
1.1. Les lรฉsions fongiques
1.2. Les lรฉsions virales
1.3. Les lรฉsions bactรฉriennes
1.4. Les lรฉsions nรฉoplasiques
1.5. Pathologie des glandes salivaires et la Xรฉrostomie
1.6. Autres lรฉsions associรฉes au VIH
2. TRAITEMENT
DEUXIEME PARTIE : LESIONS BUCCO-DENTAIRES CHEZ DES ENFANTS SENEGALAIS INFECTES PAR LE VIH ET SOUS TRAITEMENTS ANTIRETROVIRAUX
1. CONTEXTE ET JUUSTIFICATION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif gรฉnรฉral
2.2. Objectifs spรฉcifiques
3. MATERIEL ET METHODE
3.1. Type dโรฉtude
3.2. Sites participants
3.3. Population et รฉchantillon de lโรฉtude
3.4. Taille de lโรฉchantillon
3.5. Variables รฉtudiรฉes
3.6. La formation des examinateurs
3.7. Recueil des donnรฉes
3.8. Analyse statistique
3.8.1. Test et performance des questionnaires
3.8.2. Description de lโรฉchantillon
3.9. Ethique
3.10. Bรฉnรฉfice liรฉ ร la participation ร lโรฉtude
4. RESULTATS
4.1. Caractรฉristiques de la population dโรฉtude
4.1.1. Donnรฉes sociodรฉmographiques
4.1.2. Etat clinique et traitements
4.1.2.1. Stades cliniques
4.1.2.2. Taux moyen de CD4 au dรฉbut du traitement et au moment de
lโรฉtude
4.1.2.3. Traitements
4.2. Prรฉvalence des lรฉsions buccales
4.2.1. Lรฉsions muqueuses
4.2..2. Lรฉsions dentaires
4.3. Habitudes alimentaires et dโhygiรจne bucco-dentaire
4.3.1. Allaitement
4.3.2. Hygiรจne bucco-dentaire
5. DISCUSSION
5.1. Caractรฉristiques de la population dโรฉtude
5.2. Les lรฉsions buccales
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE