Les maladies transmissibles, infectieuses et parasitaires existent dans tous les pays et sous toutes les latitudes. Si elles ont représenté pour les pays industrialisés tempérés un handicap majeur au développement pendant des siècles, elles bénéficient depuis quelques décennies d’avancées techniques, diagnostiques et thérapeutiques capitales. Parmi ces avancées, l’amélioration des conditions de vie a eu un rôle souvent déterminant. La mise au point de méthodes performantes préventives et curatives a d’autre part fait l’objet d’une diffusion large à la population grâce à l’existence d’un ensemble de systèmes cohérents de prise en charge.
Cependant, les avancées de ces dernières décennies n’ont pas été aussi performantes dans tous les domaines de l’infectiologie. D’un côté, de nouvelles pathologies fréquentes et graves sont devenues de véritables enjeux de santé publique, notamment le SIDA et l’hépatite C. De l’autre, des pathologies anciennes comme la tuberculose réapparaissent avec une fréquence croissante, secondaire à un ensemble de facteurs : résistance aux thérapeutiques anti-infectieuses, changement des valeurs individuelles et collectives, bouleversements sociaux (1).
Dans le domaine des Infections Sexuellement Transmissibles ou IST, des mesures préventives et curatives généralisées à la totalité de la population mondiale doivent être considérées. Entre 1990 et 1995, plus de 500 millions de nouveaux cas d’IST par an ont été observés dans les pays en développement, notamment en Afrique tropicale où l’incidence de la syphilis est dix fois plus élevée que dans les pays occidentaux et celle de la gonococcie, cinq fois plus. Il n’existe toujours pas en Afrique tropicale de programme de lutte cohérent et complet (1). Les efforts portent principalement sur les infections à VIH.
« Analyse épidémiologique et prise en charge des IST au CSB2 d’Imerimandroso » est une étude qui a pour objectif de proposer des éléments stratégiques d’amélioration de la lutte contre les IST.
LES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
Les Infections Sexuellement Transmissibles ou IST représentent un important problème de santé publique dans les pays en développement. En égard à l’imprécision des données existantes notamment en Afrique tropicale, il est toujours difficile d’évaluer l’importance générale des IST. Plusieurs raisons expliquent ces difficultés : imperfection voire absence de systèmes de recueil de données, non déclaration des cas, inexistence ou abandon des dispensaires anti-vénériens au profit de cabinets médicaux privés généralistes ou de tradipraticiens mal ou non armés pour lutter contre ce genre de pathologie.
Les IST d’origine bactérienne
Cinq types de maladies dominent les IST d’origine bactérienne.
La syphilis vénérienne
La syphilis vénérienne est due à Treponema pallidum. Le chancre génital ou anal caractérise la symptomatologie. Il s’agit classiquement d’une exulcération superficielle, unique, indolore, propre à bords nets, reposant sur une base indurée, accompagnée d’adénopathies inguinales fermes, indolores. En pratique, seul le caractère induré de l’exulcération évoque le diagnostic de syphilis. Les lésions cutanéo-muqueuses de la phase secondaire sont polymorphes (roséole, syphilides papuleuses…). Les accidents tertiaires sont fréquents : cutanés, osseux (gommes) et surtout cardio-vasculaires (aortite, anévrysme de la crosse).
La gonococcie
La gonococcie est l’ensemble des manifestations morbides engendrées par le gonocoque ou Neisseria Gonorrhoeae :
– extracellulaire : gonococcie aiguë
– intracellulaire : gonococcie chronique.
Chez l’homme, la symptomatologie est souvent caractérisée par l’urétrite aiguë ou blennorragie. Elle survient 5 à 6 jours après le contage (toujours vénérien), et se traduit par des brûlures à la miction, l’émission d’urines troubles et la présence d’une goutte de pus au méat.Chez la femme, la gonococcie est souvent latente, il faut la chercher de parti pris chez la partenaire d’un sujet atteint d’urétrite. Elle est souvent plurifocale : urétro-skénite (avec dysurie, pollakiurie et issue d’une goutte de pus à la pression du méat), cervicite (leucorrhées purulentes), annexite, rectite, amygdalite.
Les chlamydioses
• Les chlamydioses urogénitales et néonatales sont cosmopolites. Les formes asymptomatiques, fréquentes, contribuent à la dissémination de l’infection.
– Chez l’homme, C. trachomatis est responsable de la majorité des urétrites non gonococciques et post-gonococciques, d’épididymites, de prostatites.
– Chez la femme, l’infection est souvent silencieuse. Elle se complique à bas bruit de salpingite chronique, cause majeure de stérilité et de grossesse extrautérine. Une périhépatite à type de cholécystite alithiasique est possible.
• Le lymphogranulome vénérien ou maladie de Nicolas Favre est dû à des sérotypes particuliers de C. trachomatis. La maladie s’observe surtout chez les homosexuels masculins et dans certains pays tropicaux (Inde, Afrique noire). La symptomatologie est très riche, différente selon le sexe, attribuable en majeure partie à l’atteinte lymphatique et ganglionnaire, et marquée par sa chronicité. Le chancre d’inoculation passe inaperçu dans 50 p.100 des cas. C’est une ulcération herpétiforme des organes génitaux ou de l’anus. Le bubon inguinal qui lui succède s’observe surtout chez l’homme. Il est fait de plusieurs adénopathies plus ou moins coalescentes ; d’abord mobiles, elles adhèrent ensuite à la peau, se ramollissent et se fistulisent (fistulisations multiples en « pomme d’arrosoir ») ; leur évolution est interminable.
Le chancre mou ou chancrelle
Le chancre mou est dû au bacille de Ducrey ou Haemophilus Ducreyi. Il est endémique en Asie et en Afrique où il constitue un problème majeur de santé publique. Le chancre mou s’observe surtout chez l’homme. Son incubation typiquement brève (2 à 5 jours) peut être supérieure à 15 jours. Parfois multiple, il siège au niveau des organes génitaux externes (gland, prépuce, fourreau) ou autour de l’orifice anal. Il est douloureux. Il s’accompagne d’adénopathies satellites susceptibles de se ramollir et de se fistuliser en un seul pertuis.
Le granulome inguinal ou donovanose
Le granulome inguinal ne s’observe que dans certaines régions tropicales (Antilles, Amérique du Sud, Inde, Iles du Pacifique). Il est dû à une bactérie proche de Klebsiella, calymmatobactérium granulomatis et n’est pas toujours transmis par contact vénérien. Il se rencontre dans les deux sexes. C’est une ulcération génitale chronique, granulomateuse, irrégulière, surélevée par endroits, toujours indolore.
Les viroses
Cinq types de maladies également dominent les IST d’origine virale.
L’herpès génital
L’herpès génital est dû à l’herpès simplex virus type II. La primo-infection réalise habituellement une vulvo-vaginite, une balanite et/ou une urétrite. Les lésions vésiculeuses multiples se transforment en vastes ulcérations qui se recouvrent d’une croûte avant de cicatriser en 15 à 20 jours. Douleur et prurit sont fréquentes.
L’infection à cytomégalovirus
L’isolement de CMV dans les urines ou au niveau du col est banal, mais l’importance de la transmission par voie sexuelle reste à préciser.
Les hépatites virales
L’hépatite B (et probablement l’hépatite C) peuvent se transmettre sexuellement. Toutefois, ce mode de contamination ne joue qu’un rôle limité en zone tropicale où les sujets sont habituellement infectés tôt dans la petite enfance.
L’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH)
La transmission sexuelle surtout homosexuelle en Europe et aux Etats-Unis, plutôt hétérosexuelle en zone tropicale, joue un rôle fondamental dans la diffusion de cette redoutable infection responsable du Syndrome d’Immunodéficience Acquise ou SIDA.
L’infection à Human Papilloma Virus (HPV)
Les HPV sont des virus à ADN (Acide Désoxyribonucléique) de la famille des papovaviridae. Il en existe une quarantaine de types différents. Certains induisent des végétations vénériennes (synonymes : crêtes de coq, condylomes, verrues génitales).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES GENERALITES SUR LES IST ET L’UTILISATION DES SERVICES DE SANTE
1. LES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
1.1. Les IST d’origine bactérienne
1.1.1. La syphilis vénérienne
1.1.2. La gonococcie
1.1.3. Les chlamydioses
1.1.4. Le chancre mou ou chancrelle
1.1.5. Le granulome inguinal ou donovanose
1.2. Les viroses
1.2.1. L’herpès génital
1.2.2. L’infection à cytomégalovirus
1.2.3. Les hépatites virales
1.2.4. L’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH)
1.2.5. L’infection à Human Papilloma Virus (HPV)
1.3. Les IST d’origine parasitaire et mycosique
1.3.1. La trichomonase
1.3.2. L’ectoparasite
1.4. Conduites thérapeutiques pratiques
1.4.1. Urétrites
1.4.2. Vulvo-vaginites, cervicites
1.4.3. Ulcération génitale
1.4.4. Dans tous les cas
2. L’UTILISATION DES SERVICES DE SANTE
2.1. Le concept d’utilisation
2.1.1. Utilisation des services commandée par l’individu
2.1.2. Utilisation des services en grande partie contrôlée par le médecin
2.2. Mesures de l’utilisation
2.2.1. Episode de maladies et épisode de soins
2.3. Déterminant de l’utilisation
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE SUR L’ANALYSE EPIDEMIOLOGIQUE ET PRISE EN CHARGE DES IST
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CSB2 (Centre de Santé de Base niveau 2) d’Imerimandroso
1.1.2. Le personnel du CSB2
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Carte sanitaire
1.2.2. Démographie
2. METHODE D’ETUDE
2.1. Type d’étude
2.2. Période d’étude
2.3. Population d’étude
2.3.1. Critères de sélection
2.3.2. Echantillonnage et taille de l’échantillon
2.4. Recueil des données
2.5. Saisie et traitement
2.6. Limite et éthique
2.7. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Nombre de cas d’IST
3.2. Répartition des cas
3.2.1. Selon la tranche d’âge
3.2.2. Selon le sexe
3.2.3. Selon la situation matrimoniale
3.2.4. Selon le niveau d’instruction
3.2.5. Selon la profession
3.2.6. Selon le domicile
3.3. Type d’IST
3.4. Patients venus avec leurs partenaires
3.5. Médicaments
3.6. Schéma thérapeutique
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES
1.1. Nombre de cas d’IST
1.2. Répartition des cas d’IST
1.2.1. Selon la tranche d’âge
1.2.2. Selon le sexe
1.2.3. Selon la situation matrimoniale
1.2.4. Le niveau d’instruction
1.2.5. Selon la profession
1.2.6. Selon le domicile
1.3. Type d’IST
1.4. Les partenaires
1.5. Médicaments, schémas thérapeutiques et coûts
2. SUGGESTIONS
2.1. Développement de séances d’IEC/IST-SIDA
2.1.1. Objectif
2.1.2. Stratégies
2.2. Amélioration de l’accessibilité de la population aux médicaments et aux préservatifs
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratégies
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE