Les logiques de descriptions
Les ontologies comme outils de reprรฉsentation de connaissances:
Nรฉes des besoins de reprรฉsentation des connaissances, les ontologies sont ร lโheure actuelle au coeur des travaux menรฉs en Ingรฉnierie des Connaissances (IC). Visant ร รฉtablir des reprรฉsentations ร travers lesquelles les machines puissent manipuler la sรฉmantique des informations. La construction des ontologies demande ร la fois une รฉtude des connaissances humaines et la dรฉfinition de langages de reprรฉsentation, ainsi que la rรฉalisation de systรจmes pour les manipuler. Les ontologies participent donc pleinement aux dimensions scientifique et technique de lโIntelligence Artificielle (IA) dite: scientifique : comme รฉtude des connaissances humaines et plus largement de lโesprit humain, ce qui rattache lโIA aux sciences humaines, et technique comme crรฉation dโartefacts possรฉdant certaines propriรฉtรฉs et capacitรฉs en vue dโun certain usage. Les ontologies apparaissent ainsi comme des composants logiciels sโinsรฉrant dans les systรจmes dโinformations et leur apportant une dimension sรฉmantique qui leur faisait dรฉfaut jusquโici. Le champ dโapplication des ontologies ne cesse de sโรฉlargir et couvre les systรจmes conseillers, les systรจmes de rรฉsolution de problรจmes ou les systรจmes de gestion de connaissances.
Un des plus grands projets basรฉs sur lโutilisation dโontologies consiste ร ajouter au Web une vรฉritable couche de connaissances permettant, dans un premier temps, des recherches dโinformations au niveau sรฉmantique et non plus simplement syntaxique. A terme, il est prรฉvu que des applications internet pourront mener des raisonnements utilisant les connaissances stockรฉes sur la Toile. Lโenjeu de lโeffort engagรฉ est de rendre les machines suffisamment sophistiquรฉes pour quโelles puissent intรฉgrer le sens des informations, quโร lโheure actuelle, elles ne font que manipuler formellement. Mais en attendant, de nombreux problรจmes thรฉoriques et pratiques restent ร rรฉsoudre. Ce chapitre a pour but de prรฉsenter sans exhaustivitรฉ lโรฉtat de lโart en ingรฉnierie ontologique. En explicitant la notion dโontologie ร travers les besoins auxquels elle rรฉpond, puis en dรฉcrivant la place quโoccupent les ontologies dans le processus de reprรฉsentation des connaissances. En fin, en prรฉsentant ce qui signifie les connaissances infรฉrentielles.
Lโorigine des ontologies :
LโIngรฉnierie des Connaissances (IC) est une branche de lโIA issue de lโรฉtude des Systรจmes Experts (SE). Si ces derniers nโavaient pour objet que la rรฉsolution automatique de problรจmes, les Systรจmes ร Base de Connaissances (SBC) qui leur ont succรฉdรฉ sont censรฉs permettre le stockage et la consultation de connaissances, le raisonnement automatique sur les connaissances stockรฉes, la modification des connaissances stockรฉes, et, avec le dรฉveloppement des rรฉseaux, le partage de connaissances entre systรจmes informatiques. De maniรจre gรฉnรฉrale, il ne sโagit plus de faire manipuler en aveugle des connaissances ร la machine, qui restitue ร la fin la solution du problรจme, mais de permettre un dialogue, une coopรฉration entre le systรจme et lโutilisateur humain (systรจmes dโaide ร la dรฉcision, systรจmes dโenseignement assistรฉ par ordinateur, recherche dโinformation sur le web). Le systรจme doit donc avoir accรจs non seulement aux termes utilisรฉs par lโรชtre humain, mais รฉgalement ร la sรฉmantique que ce dernier associe aux diffรฉrents termes. Plus prรฉcisรฉment, les reprรฉsentations symboliques utilisรฉes dans les machines doivent avoir du sens aussi bien pour la machine que pour les utilisateurs, ยซ avoir du sens ยป signifiant ici que lโon peut relier les informations reprรฉsentรฉes ร dโautres informations.
Pour cela, la reprรฉsentation des connaissances sous forme de rรจgles logiques, utilisรฉe dans les Systรจmes Experts, ne suffit plus. Pour modรฉliser la richesse sรฉmantique des connaissances, de nouveaux formalismes sont introduits, qui reprรฉsentent les connaissances au niveau conceptuel, y compris la ยซ structure cognitive ยป dโun domaine .ยซ Most KR formalisms differ from pure first-order logic in their structuring power, i.e. their ability to make evident the structure of a domain ยป [GUA 94B]. Les langages ร base de frames, les logiques de descriptions et les graphes conceptuels sont des exemples de tels formalismes. Ces langages permettent de reprรฉsenter les concepts sous-jacents ร un domaine de connaissance, les relations qui les lient, et la sรฉmantique de ces relations, indรฉpendamment de lโusage que lโon souhaite faire de ces connaissances. On dรฉcouple alors la reprรฉsentation des connaissances de celle des mรฉcanismes infรฉrentiels. Modรฉliser des connaissances ne peut se faire que dans un domaine de connaissance donnรฉ, et pour un but donnรฉ, condition nรฉcessaire ร lโunicitรฉ de la sรฉmantique associรฉe aux termes du domaine. Certains auteurs estiment cependant que les ontologies sont, par nature, destinรฉes ร รชtre rรฉutilisรฉes [FER 97], et sโattachent ร construire des ontologies dont la sรฉmantique soit indรฉpendante de tout objectif opรฉrationnel.
De plus, il ne faut pas oublier que lโordinateur ne manipule que des symboles, il nโest quโun mรฉdiateur de connaissances, ร lโinstar dโun livre, et la sรฉmantique des reprรฉsentations symboliques manipulรฉes nโest construite que par les utilisateurs de lโordinateur [BAC 99]. Cette sรฉmantique est cependant fortement contrainte par la faรงon dont les symboles sont utilisรฉs dans la machine. Cโest pourquoi N. GUARINO plaide dans [GUA 94A] pour lโintroduction dโun niveau ontologique entre le niveau conceptuel (oรน lโinterprรฉtation est subjective, comme au niveau linguistique), et le niveau รฉpistรฉmologique, structurรฉ (oรน lโinterprรฉtation est arbitraire). Au niveau ontologique, les primitives utilisรฉes pour reprรฉsenter les connaissances ne sont plus des mots du langage naturel, ou des primitives conceptuelles, et pas encore des prรฉdicats logiques, mais des รฉnoncรฉs qui donnent le sens des connaissances, avec une interprรฉtation contrainte.
Les ontologies au sein du processus de reprรฉsentation des connaissances :
A lโheure actuelle, un certain consensus sโest รฉtabli sur le rรดle des ontologies dans ce processus, consensus bรขti autour de la formule de T. GRUBER, ยซ une ontologie est une spรฉcification explicite dโune conceptualisation ยป [GRU 93]. La construction dโune ontologie nโintervient donc quโaprรจs que le travail de conceptualisation ait รฉtรฉ menรฉ ร bien. Ce travail consiste ร identifier, au sein dโun corpus, les connaissances spรฉcifiques au domaine de connaissances ร reprรฉsenter. ยซ A conceptualisation is an abstract, simplified view of the world that we wish to represent for some purpose ยป [GRU 93]. N. GUARINO affine la dรฉfinition de T. GRUBER en considรฉrant les ontologies comme des spรฉcifications partielles et formelles dโune conceptualisation [GUA 95]. Les ontologies sont formelles car exprimรฉes sous forme logique, Partielles car une conceptualisation ne peut pas toujours รชtre entiรจrement formalisรฉe. Aussi, parce que les formalismes opรฉrationnels prรฉsentent une faible tolรฉrance dโinterprรฉtation (J. NOBรCOURT dans [NOB 00]): passer directement dโune ontologie informelle ร une ontologie totalement formelle et non-ambiguรซ.
Il est donc nรฉcessaire de pouvoir construire une premiรจre modรฉlisation semi-formelle, partiellement cohรฉrente, correspondant ร une conceptualisation semi-formalisรฉe. On parle alors dโontologie conceptuelle, semi-formelle, et le processus de spรฉcification en question est appelรฉ ontologisation [KAS 00]. En effet, une ontologie nโest pas opรฉrationnelle, au sens oรน elle nโincluse pas de mรฉcanismes de raisonnement, puisquโelle doit justement รชtre indรฉpendante de tout objectif opรฉrationnel. Le langage cible doit donc permettre de reprรฉsenter les diffรฉrents types de connaissances (connaissances terminologiques, faits, rรจgles et contraintes) et de manipuler ces connaissances ร travers des mรฉcanismes adaptรฉs ร lโobjectif opรฉrationnel du systรจme conรงu. Ce processus de traduction est appelรฉ opรฉrationnalisation.
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Table des matiรจres
Introduction gรฉnรฉrale
Chapitre I : Les ontologies comme outil de reprรฉsentation de connaissances
1.Introduction
2 La notion dโontologie
2.1 Lโorigine des ontologies
2.2 Les ontologies au sein du processus de reprรฉsentation des connaissances
2.3 Les constituants dโune ontologie
2.3.1 Connaissances et domaine de connaissance
2.3.2 Les concepts et les relations
3 Les connaissances infรฉrentielles
4 Conclusion
Chapitre II : Les logiques de descriptions
1.Introduction
2.Dรฉfinition du formalisme de base
2.1 Les langages de description
2.1.1 Le langage de description basique AL
2.1.2 La famille des langages AL
2.1.3 Les langages de description et la logique des prรฉdicats du premier ordre
2.2 Terminologies
2.2.1 Axiomes terminologiques
2.2.2 Dรฉfinitions
2.2.3 Terminologies dรฉfinitoriales
2.2.4 Terminologies acycliques et terminologies cycliques
2.2.5. Les sรฉmantiques du fixe point pour les terminologies cycliques
3 Descriptions du monde Abox
3.1 Les assertions sur les individus
3.2 Les noms dโindividus dans les langages de description
Conclusion
Chapitre III : Le raisonnement dans les DL
1.Introduction
2.Tรขches de raisonnement pour la TBox
3.L’รฉlimination du TBox
4.Tรขches de raisonnement pour la Abox
5.Les algorithmes de raisonnement
5.1 Algorithmes de subsomption structurelle
5.2 Algorithmes de tableaux
Conclusion
Chapitre IV : Etude et rรฉalisation dโun raisonneur dans les logiques de descriptions
1.Introdction
2.Prรฉsentation de lโapplication dรฉveloppรฉe
3.Les algorithmes dรฉveloppรฉs
3.1 Lโalgorithme de subsomption structurelle
3.1.1 La technique unfolding
3.1.2 Lโalgorithme
3.1.3 Subsomption et propriรฉtรฉs de treillis
3.2 Lโalgorithme des tableaux sรฉmantiques
3.3 Variante sur lโalgorithme de tableaux sรฉmantiques
3.exemples dโinterrogations de la base
Conclusion
Conclusion et perspectives
Bibliographie
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