• 152,45 millions d’investissement dont 64% financés par les collectivités locales et territoriales
• 44 000 m² de nouveaux bâtiments
• 3500 personnes
• 40 laboratoires
• 1er centre européen pour les micro et nanotechnologies
• 1ère fois en France que sont réunis sur un même site tous les acteurs du domaine: étudiants, chercheurs et industriels
• Du micromètre (soit 0,0000001 mètre) au nanomètre (soit 0,000000001 mètre)
• 6 ans de travail de 2000 à 2006 .
Ces chiffres sont issus du document de présentation de Minatec, lors de son inauguration, en septembre 2006, à Grenoble. Ils témoignent du gigantisme du projet et de l’ampleur du travail qui a été nécessaire pour y aboutir. Car, dans le paysage français, tout étonne dans ces chiffres : la taille des installations, le nombre de personnes y travaillant, la part financée par les collectivités locales et territoriales, la réunion sur le même site de l’ensemble des acteurs du domaine.
Enfin, tout étonnait, car la politique des pôles de compétitivité lancée en 2005 par le gouvernement français a pu rendre ces chiffres davantage banals pour le lecteur de 2006. Néanmoins, il convient de se remettre dans les conditions de ce début de siècle. Larédo et Mustar constataient, en 2002, que le contexte de l’innovation et de la recherche, notamment en matière d’organisation et de politiques publiques, avait beaucoup changé en dix ans. Au centre des transformations se trouvaient notamment :
• un redéploiement des technologies de pointe (du nucléaire aux nanotechnologies par exemple) : celles-ci existent toujours, mais nécessitent une approche différente dans leur gestion et leur développement ;
• une intensification en R&D dans de nombreux secteurs, y compris dans des domaines plus traditionnels ;
• le rôle central que les PME ont joué et jouent dans le cadre du dynamisme régional mobilisant l’attention des politiques,
• l’importance des universités et de la recherche publique dans la création et la circulation des connaissances et leur implication croissante avec les milieux industriels ;
• une recherche construite principalement autour de projets autres que militaires.
A ces bouleversements, il convient alors d’ajouter un autre constat : les activités liées à la recherche se globalisent et les multinationales ne s’attachent plus à une étiquette nationale d’une part, tandis que, d’autre part, les PME et les universités font preuve d’un grand dynamisme et d’une grande capacité d’attraction au niveau local.
Enfin, le développement d’un nouveau genre de sciences et de technologies, les «nouvelles sciences dominantes » (Bonaccorci, 2004) remettait en cause les modèles d’innovation précédents ; les relations entre acteurs, les structures organisationnelles et géographiques, les politiques publiques devaient s’adapter aux challenges posés par ces « nouvelles sciences dominantes ».
C’est dans le contexte de ces transformations que Minatec est né. D’ailleurs, Minatec n’est pas un exemple isolé puisque, à travers le monde, d’autres efforts ont été réalisés pour mettre en place de nouvelles formes de collaborations entre les acteurs de la microélectronique. Avec le changement d’échelle du micromètre au nanomètre (nm), tous les acteurs du monde de l’électronique – appelée filière, nous y reviendrons – sont concernés : industriels, autorités publiques et universités. L’encadré 1 atteste de cette tendance de fond dans les plus importants centres de microélectronique au niveau mondial. Ces nouvelles formes de collaborations scientifiques et technologiques impliquent une dimension spatiale forte comme en témoignent les situations prises en exemple : les mots de pôle, centre ou la référence à la Silicon Valley illustrent cet aspect.
Introduction à l’industrie de la micro-électronique
L’industrie de la micro-électronique s’organise autour de la notion de « filière », non pas dans le sens qu’en donnent les économistes des années 80 (e.g. Dunford, 1988), mais dans celui d’un ensemble de technologies cohérentes et coordonnées autour d’un standard et qui permettent de produire une série d’innovations (e.g. Luryi et al., 1999). Pour mieux en comprendre la définition, il convient de détailler les objets techniques qui la composent.
Les circuits électroniques sont actuellement composés de milliards d’éléments électroniques, les transistors, qui constituent la base du circuit. Les premiers circuits électroniques étaient composés de tubes à vide. Sous la pression des applications, ceux-ci évoluèrent pour d’abord nécessiter des niveaux de consommation énergétique plus faibles ce qui mena à l’apparition des circuits dits solides, parce qu’ils offrent des caractéristiques de faible dispersion du courant. Réclamant une plus forte intégration (i.e. des éléments plus petits), la technologie silicium émergea alors car le silicium est un matériau « facile à travailler » ; des besoins croissants en intégration, en vitesse et en faible consommation, poussèrent les développements et renforcèrent la technologie silicium également appelée CMOS* (Complementary Metal Oxyde Semiconductor ). Aujourd’hui celle-ci s’est totalement imposée et a détrôné dans les années 90 d’autres technologies qui ne subsistent que dans des applications de niches. Cette concurrence a forcé la technologie CMOS à combiner des aspects de haute performance, haut niveau d’intégration et faible consommation. Cela lui a permis de développer des sous-spécialités , ce qui fait dire aux ingénieurs qu’elle est multiple : elle regroupe un grand nombre d’architectures* dont seulement quelques phases du processus de fabrication varient. En plus de ces attributs techniques, la technologie s’est vue renforcée par des barrières à l’entrée : coût élevé des infrastructures de production, des équipements de fabrication et aussi du design* des circuits et systèmes.
En microélectronique, les principaux éléments de base concernent les mémoires (DRAM*), les processeurs (MPU*), et les logiciels de gestion spécialisés (ASIC*) : ce sont les produits de la microélectronique qui sont utilisés pour une grande variété d’applications tels que l’électronique grand public, la téléphonie, l’informatique etc. Croiser ces éléments de base avec les procédés technologiques du CMOS permet d’obtenir une multitude de couples produits/process. Chacun de ces couples est la plus petite entité constituant une filière dans l’industrie. La filière à proprement parler est donc l’ensemble des couples produits/process qui assurent la réalisation d’une génération de puces (e.g. Pentium III, IV etc.). Ce concept renvoie au fait que chaque génération est organisée autour d’un standard, qui permet aux acteurs de s’aligner. La génération, par la standardisation qu’elle impose, permet aux acteurs de l’industrie de la microélectronique de se synchroniser, et ainsi de réduire les temps de cycles d’innovation. La coordination est assurée, depuis 1992, par la publication d’un document, la roadmap, définissant les cibles successives à atteindre (ces cibles représenteront les générations). Y sont détaillés tous les éléments techniques, des paramètres structurels des objets à la performance du système pour les mémoires. C’est l’International Technology Roadmap for Semiconductors (ITRS), collège de 850 experts internationaux, qui assure cette fonction laquelle l’était auparavant par la loi de Moore* (depuis 1977), dont elle s’inspire largement.
La coordination est centrale dans l’industrie de la microélectronique tellement le passage d’une génération à l’autre demande des investissements ; prenons comme exemple l’adaptation nécessaire des outils de gravure (les transistors sont gravés sur des plaques de silicium). Lorsque la longueur de grille* passe de 130 nanomètres (nm) à 90 nm, il est nécessaire de changer de technique car la première technique est trop grossière pour graver des lignes de quelques nanomètres de largeur. C’est ainsi qu’il a fallu passer des techniques de projection laser (i.e. plusieurs centaines d’électrons projetés à la fois) à des techniques de projection d’un seul électron (E-beam*). Mais le saut technologique d’une méthode à l’autre est considérable, en temps et en investissements physiques car il faut d’abord pouvoir canaliser le flux d’un seul électron. Ensuite, pour graver une plaque de silicium, il convient de balayer toute la surface de la puce « ligne par ligne » alors que précédemment, la plaque était gravée entièrement en une fois. Il est donc indispensable aux fabricants d’outils de lithographie d’anticiper ces problèmes pour pouvoir fournir à temps les technologies nécessaires aux autres membres de la filière.
Ceci n’est qu’un exemple qui démontre le poids de l’investissement à réaliser pour passer à une nouvelle génération, mais il faut savoir qu’il concerne en fait toute la chaîne de valeur :
• les équipementiers ; ces-derniers doivent pouvoir disposer de techniques de lithographie à différentes échelles pour de déposer tel ou tel dopant*, résine ou isolant (les méthodes de dépôt sont à définir ainsi que le choix du dopant, de l’isolant ou de la résine elle-même) ;
• les fabricants de matériaux (plaques de silicium ou matériaux pour la réalisation des circuits) ;
• les designers et concepteurs dont les outils de simulation doivent être mis à jour (ils doivent être capables de prédire le comportement de tel ou tel composant en utilisant tel ou tel matériau) ;
• les ingénieurs travaillant sur les éléments de packaging doivent intégrer les contraintes liées aux composants utilisés pour la fabrication et les éventuels effets d’échelle ;
• etc.
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Table des matières
Introduction générale
1 Introduction à l’industrie de la micro-électronique Transformations du secteur de la microélectronique et impacts sur l’organisation : le centre d’intégration
2 Positionnement : une thèse sur l’entrepreneur institutionnel
3 Apports et contributions
4 Présentation et structure de la thèse
Partie 1 – Cadre d’analyse
Chapitre 1 – Grenoble : une success story marquée par une récente rupture
1 Introduction
2 Une Success Story à la Française
2.1 Un degré de concentration élevé de firmes dans le domaine de la microélectronique
2.2 Un centre de recherche de haut niveau
2.3 Une région au capital social élevé
3 Grenoble à l’aube du deuxième millénaire
4 2005 : sous les feux de la rampe
4.1 De multiples transformations qui changent le visage du site
4.2 Une visibilité internationale renforcée
5 Conclusion
Chapter 2 – Literature Overview of the “Institutional Entrepreneur”
1 Introduction
1.1 Defining Institutions
1.2 Shift in Interest in Institutional Theories towards the Institutionalisation Process
1.2 Focusing on the Institutional Entrepreneur
2 Methodology
3 Actions of the Institutional Entrepreneur
3.1 Promotion of Institutional Change
3.2 Institutionalisation of Change
3.3 Ways to Achieve Institutional Change
4 Conclusions
4.1 The Institutional Entrepreneur: An Implicit Hero
4.2 Acquiring Resources with Discourse
4.3 And the Sequence of the Mobilisation Process?
Partie 2 – Outils de suivi des pratiques
Chapitre 3 – Eléments de méthodologie
1 Description des conditions de la thèse
2 Une approche initialement qualitative
2.1 Le recueil des données
2.2 Utilisation des différentes sources d’information
3 Conclusion
Annexe 1 – Liste des présentations PowerPoint™
Annexe 1 – Liste des présentations PowerPoint™
Annexe 2 – Format de la collecte des données
Chapter 4 – Taking up the challenge initiated by new ICT in collecting data for social science research: twisting PowerPoint™ format presentations
1 Introduction
2 Selection of the case under investigation
3 Data collection and extraction
3.1 Exploiting Content Based on a Co-Word Analysis
3.2 Finding Ways to Counterbalance the Limitations of PowerPoint™ Presentations
3.3 Exploiting Contextual Elements: Dates, Audiences and Location
3.4 Exploiting PowerPoint™ Presentations Structure with “Slide Life”
4 Potential analysis and hypotheses
5 Conclusion
Appendix 1 – Alceste® analysis report (extract: beginning and Classe 1)
Appendix 2 – Extract from the Slide Database
Partie 3 – Les Pratiques en question
Chapter 5 – Discourse in the Making: Using Tests to Make the Transition from
Fiction to Reality
1 Introduction
2 Gaining Legitimacy with Discourse
2.1 Developing Mechanisms to Assess Discourse
2.2 Narraction as Trust-Enabling Mechanism
3 Methodology
3.1 Research Site
3.2 Data Collection
4 Case Study
4.1 The Institutional Entrepreneur’s Vision
4.2 Reconstruction of the Vision Based on the Institutional Entrepreneur’s
Discourse
5 Discussion
5.1 A Discourse Punctuated by a Series of Actions That Have a SelfReinforcing Impact on Discourse
5.2 A Discourse Made Out of Tests
5.3 First Steps towards the Characterisation of “Tests”
6 Conclusion
6.1 Elements of Conclusion
6.2 Perspectives
Conclusion générale
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