Les langues inventées

Alors que de plus en plus de langues disparaissent chaque année, un phénomène qui n’est en réalité pas si récent gagne davantage en visibilité : l’invention de langues. Cette activité que Tolkien décrivait en 1931 comme un « vice secret » semble se répandre à l’ère d’internet, d’Hollywood et des séries télévisées. Si l’espéranto, l’elfique et le klingon sont les exemples les plus connus de langues inventées, il en existe en réalité des milliers d’autres. Ces esquisses d’idiomes, dont on pourrait souligner l’échec en termes de popularité et d’expansion, sont l’apanage de passionnés, de « fous du langage » comme les décrit Marina Yaguello . En effet, cette activité, souvent solitaire, a parfois été méprisée par les linguistes et est, aujourd’hui encore, l’objet de nombreux préjugés. Néanmoins, bien qu’elles ne puissent se substituer aux idiomes naturels, les langues construites peuvent être considérées comme un véritable hommage aux langues. En effet, cette pratique créative, voire artistique, a fait naître des langues plus ou moins abouties, tout au fil des siècles. Leur quantité et leur diversité rendent leur énumération pratiquement impossible, mais avec l’avènement d’internet, une pléthore de langues imaginaires a émergé et a permis de redonner une certaine légitimité à un « passetemps » qui avait maintes fois été critiqué.

L’élaboration, l’histoire et l’évolution de ces langues soulèvent des problématiques linguistiques, socio-historiques, terminologiques et artistiques particulières qu’il convient ici d’étudier à travers une brève présentation de ces nouveaux idiomes qui, en voulant parfois se substituer aux langues naturelles, reflètent le rapport que l’Homme a avec le monde qui l’entoure et avec le langage.

Nous étudierons tout d’abord d’un point de vue terminologique le domaine de définition des langues inventées et leurs caractéristiques. Par la suite, nous verrons que les langues inventées s’inscrivent dans certaines tendances, intrinsèquement liées aux périodes historiques. Enfin, nous adopterons une approche linguistique qui nous permettra de reconstituer le processus de création de ces langues et ce qu’il implique.

Quel que soit le terme que l’on choisit, les langues construites, artificielles, inventées ou imaginaires sont universellement opposées aux langues dites « naturelles ». Dans leur Dictionnaire des langues imaginaires, Paolo Albani et Berlinghiero Buonarroti définissent ainsi les langues imaginaires comme « le fruit de l’élaboration théorique d’une ou de plusieurs personnes », c’est-à-dire le produit d’un travail de création conscient, dont on peut donner le ou les auteur(s), et qu’on peut dater. C’est également sur cette opposition que David J. Peterson, l’inventeur, entre autres, du dothraki pour la série télévisée Game of Thrones, commence son ouvrage intitulé The Art of Language Invention : il distingue ainsi les conlangs (langues construites) des natlangs (langues naturelles), mais ajoute quelques précisions.

Tout d’abord, il insiste sur le fait que les projets de « revitalisation linguistique » comme l’hébreu ou l’hawaïen modernes, ainsi que les langues créoles et pidgins ne sont pas à proprement parler des langues construites. Il est certes parfois possible de nommer la personne qui a entraîné leur réutilisation, mais elles appartiennent davantage aux langues naturelles, au même titre que toutes les langues parlées couramment dans le monde, mais aussi que la langue des signes. Néanmoins, si l’on peut définir une langue « naturelle » comme une langue couramment parlée par un certain nombre de personnes dans le monde et qui possède par conséquent des locuteurs de langue maternelle, il ne faut pas oublier la question de son apparition. En effet, l’espéranto a aujourd’hui des locuteurs dans de nombreux pays, mais aussi des locuteurs de langue maternelle. Cependant, il est possible de dater l’apparition de l’espéranto et de lui attribuer un « inventeur », contrairement aux langues naturelles.

Ensuite, ce terme est, d’après Peterson, à limiter aux langues dont le système linguistique est parfaitement fonctionnel. Dans leur Dictionnaire des langues imaginaires, Albani et Buonarroti distinguent trois types de langues imaginaires, indépendantes de leur finalité : les langues résultant de la création d’un lexique ou d’une syntaxe qui laisseraient inchangée la morphologie de la langue naturelle (les jargons ou langues secrètes par exemple) ; celles qui ont gardé le patrimoine phonétique de la langue maternelle de l’inventeur, mais dont la morphologie et le lexique ont changé (les langues dites a posteriori); et enfin celles qui dépassent entièrement les langues naturelles avec de nouvelles règles grammaticales, syntaxiques et phonétiques ainsi qu’un nouveau lexique, et parfois même un nouveau système de signes (les langues dites a priori). Dans cette classification qui sépare les langues en fonction de l’influence et de l’importance des langues naturelles, seuls les idiomes appartenant aux deux dernières catégories peuvent, d’après Peterson, être considérés comme de vraies langues construites, la première catégorie de langues n’étant pas vraiment complète en raison de sa dépendance envers une langue naturelle.

Dans le glossaire qui introduit son ouvrage , Peterson définit en outre certains points terminologiques, et décrit les différents types de langues inventées, mais aussi les autres produits issus de la création linguistique qui ne doivent pas, d’après lui, être considérés comme des langues construites.

Tout d’abord, Peterson définit les codes, messages secrets et « jeux de langage » comme des systèmes linguistiques destinés à cacher un message secret qui n’est déchiffrable que par ceux qui en connaissent le système de fonctionnement. Les codes secrets et messages cryptés sont donc entièrement dépendants d’une autre langue puisqu’ils sont destinés à produire, après « décodage », un énoncé dans une langue naturelle. De la même manière, le jargon ne devrait pas être considéré comme une langue à proprement parler. On retrouve ces types de langages dans la première catégorie définie par Albani et Buonarroti.

La notion clef est ici le concept de « langage » qui doit être différencié de la « langue». Dans ses Éléments de linguistique générale , André Martinet écrit ainsi que « le langage, objet de la linguistique, n’existe que sous la forme de langues diverses», définition qui souligne le lien existant entre les deux termes, mais également la dépendance du langage vis-à-vis de la langue. De la même manière, dans son Cours de linguistique générale , Ferdinand de Saussure distingue à son tour langue et langage, en insistant sur le caractère hétérogène du langage propre à chaque individu, qui s’oppose à l’homogénéité de la langue, qui est la même pour tous les locuteurs et qui peut être retranscrite dans des dictionnaires ou des grammaires. Une langue peut être apprise, elle repose sur un système de règles implicitement acceptées par la communauté des locuteurs. Le langage en revanche, dépend de la langue. C’est à cette distinction que se réfère Peterson dans l’introduction de son ouvrage, et c’est également dans cette acception de la langue que les langues construites seront ici abordées.

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Table des matières

Introduction
I – Une pratique spécifique
a) Des langues non naturelles
b) Des limites précises
c) La variété des langues inventées
II – L’histoire des langues inventées
a) La quête d’une langue parfaite
b) Les langues de la paix
c) De l’elfique au klingon
III – Le processus de création
a) Phonétique et phonologie
b) La morphologie
c) La syntaxe
d) L’évolution des langues
Conclusion
TRADUCTION
STRATÉGIE DE TRADUCTION
1. Présentation et choix du texte
2. Les difficultés terminologiques
3. Les difficultés de reformulation
4. Les difficultés de compréhension
5. Le style de l’auteur
6. La question des exemples
Conclusion
ANALYSE TERMINOLOGIQUE
Fiches terminologiques
Glossaire
Lexiques
FR – EN
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