Partout dans le monde, la phase de puberté intervient plus tôt alors que les jeunes se marient généralement plus tard. Ces facteurs se traduisent par un prolongement de la période où les jeunes peuvent être sexuellement actifs à un âge précoce (1). Ils ont alors tendance à avoir des partenaires multiples ou des partenaires à haut risque et ont en général moins recours au préservatif (2). A l’échelle mondiale, en 2007, près d’un quart de personnes qui vivent avec le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) ont moins de 25 ans. Dix millions des jeunes vivent avec le VIH/SIDA (Syndrome d’Immunodéficience Acquise), dont 6,2 millions en Afrique subsaharienne et 2,2 millions en Asie (3).
Madagascar a réussi jusqu’à aujourd’hui à se protéger de l’épidémie de VIH/SIDA qui ravage la région voisine de l’Afrique australe, mais « la Grande Ile » sait que même si elle a eu droit à un sursis, le danger est loin d’être écarté (4). Dans ce pays, les jeunes sont aussi parmi les groupes les plus vulnérables et plus exposés au risque de transmission du VIH/SIDA. La prévalence de cette maladie est de 0,6% chez les jeunes hommes de 15 à 24 ans et 0,3 % chez les femmes de la même tranche d’âge (5). Selon le CNLS (Conseil National de Lutte contre le SIDA), l’épidémie de VIH/SIDA à Madagascar est caractérisée par le fait qu’elle est « non visible mais en croissance rapide » (6). La crainte de l’impact de ce fléau et l’interrelation IST/VIH sont la raison de la présente étude qui a été effectuée dans le centre ville de Taolagnaro. Comme étant une ville touristique, Taolagnaro est aussi plus touchée par les IST (7). En 2009, le taux de dépistage de VIH à Taolagnaro est inconnu alors que le dépistage de l’infection à VIH figure parmi les quatre principaux moyens de prévention ou « ABCD » de la prévention. Il s’agit de l’abstinence, de la bonne fidélité, de l’utilisation de condoms et du dépistage lui-même (8). Nous voulons contribuer à la détermination de ce taux de dépistage. Notre hypothèse de recherche est la suivante : les facteurs socio-économique et culturel, les antécédents de l’infection et la proximité des Centres de dépistage Volontaire (CDV) conditionnent la pratique du dépistage. Ainsi, les objectifs de la présente étude consistent à :
– Evaluer le taux de réalisation du dépistage du VIH chez les jeunes en général,
– déterminer les profils socio- démographiques, économiques et comportementaux des jeunes effectuant le dépistage du VIH,
– estimer la proportion de l’infection à VIH parmi les sujets ayant effectué le dépistage,
– apporter des suggestions afin d’améliorer la lutte contre les IST/VIH/SIDA.
L’INFECTION A VIH
HISTORIQUES
Le premier rapport officiel sur la maladie, connue aujourd’hui sous le nom de SIDA (Syndrome d’immunodéficience acquis), a été publié le 5 juin 1981 aux EtatsUnis chez un groupe d’homosexuels qui a présenté la pneumopathie à pneumocystis carnii. C’était il y a 30 ans. En 1982, le SIDA a été reconnu en Europe, en Afrique et en Haïti. Un premier cas d’infection chez un hémophile a été relevé par le Center for Disease Control en janvier 1982. Une équipe de virologiste de l’Institut Pasteur de Paris a isolé un virus appelé Lymphadenopathy Associated Virus qui fut considéré comme responsable du SIDA en 1983. En 1985, Barrin et ses collaborateurs ont trouvé 2 types de rétrovirus humain, apparenté au VIH. Le second virus est appelé VIH-2. Ces deux virus sont tous des rétrovirus à ARN de forme sphérique, de diamètre égal à 110 millimicrons, pourvus d’enveloppe, celle-ci est composée de protéines, de liquide et de glucide. Une partie centrale dense contient le génome viral et une enzyme transcriptase inverse. L’efficacité de la ZIDOVUDINE, le premier médicament anti rétrovirus (ARV), a été démontrée. L’intérêt d’une association d’ARV a été prouvé en septembre 1995. En 1999, une quinzaine de molécules a reçu une autorisation de mise sur le marché. En 2000, La conférence internationale se tient en Afrique du Sud avec plus de 12 000 participants. 5 000 chercheurs signent la « Déclaration de Durban » qui stipule le lien évident entre le VIH et le SIDA.
C’est seulement en 2001 que la Chine reconnaît l’existence de l’épidémie et qu’elle met sur pied son premier programme contre le sida. En Thaïlande en 2003, un vaccin est testé chez 2500 consommateurs de drogues mais celui-ci se révèle inefficace. La même année, le gouvernement de l’Afrique du Sud décide finalement de mettre en branle un plan de traitement aux ARV pour les millions de personnes malades. De 2008 à nos jours, le SIDA a laissé derrière nous plus de 25 millions de décès.
GENERALITES
Le SIDA est devenu une grande pandémie. Il est causé par le Virus d’Immunodéficience Humaine, qui détruit ou endommage les cellules des systèmes immunitaires et qui réduit ainsi progressivement la capacité de l’organisme à lutter contre les infections et certains cancers. Les personnes touchées par le SIDA peuvent contracter des maladies menaçant le pronostic vital dites infections opportunistes, causées par des microbes tels que des virus et des bactéries qui ne provoquent normalement pas des maladies chez les sujets en bonne santé. Jusqu’à présent, le SIDA est toujours mortel, après avoir traversé une période plus ou moins longue de séropositivité. Le dépistage de VIH se fait par des techniques immunologiques. Le diagnostic peut se faire de façon directe en recherchant directement le virus. Le plus souvent, le diagnostic se fait de façon indirecte par la détection de l’anticorps. En général, on utilise le technique ELISA (Enzyme Linked Immunosorbent Assay) et on confirme par western blot (méthode d’immunotransfert) mettant en évidence les protéines spécifiques.
Virologie
L’agent pathogène
Les VIH appartiennent au groupe des rétrovirus. Ce sont des virus enveloppés, à ARN qui possèdent une reverse-transcriptase. Cette enzyme spécifique permet de transformer l’ARN viral en ADN double brin (provirus) lequel peut s’intégrer dans le chromosome de la cellule et induire une infection définitive de l’organisme. Les VIH font partie des lentivirus responsables d’infections persistantes à évolution lente, bien connues en pathologie vétérinaire. On distingue deux groupes de VIH : les VIH-1 proches des virus des chimpanzés africains et comprenant les VIH –1 groupe M, groupe O et groupe N. Ce sont les VIH-1 groupe M (major) qui sont largement dominants avec une grande diversité génétique au sein de ce groupe incluant les principaux sous-types (de A à K). Les VIH-2 proches des virus des singes mangabey montrent aussi une grande diversité, mais celle-ci est moins forte que celle des VIH-1, sans doute du fait d’un moindre pouvoir pathogène des VIH-2 .
Les cellules cibles
Les cellules sensibles en VIH sont principalement celles qui expriment la molécule CD4. Ainsi, il s’agit principalement des lymphocytes T auxiliaires, des monocytes, des macrophages et des cellules dendritiques. Dans les cellules dendritiques, les virus sont emprisonnés sans le répliquer et ces cellules constituent le grand réservoir du virus. La multiplication virale est responsable de la disparition progressive des lymphocytes T CD4 à raison de 50 à 70/mm3 /an. Les lymphocytes détruits semblent se renouveler en permanence environ 5×10⁹ cellules par jour jusqu’à ce que les altérations des organes lymphoïdes centraux (moelle osseuse et thymus) ne permettent plus leur génération. Les facteurs qui permettent cet échappement du virus à la réponse immune sont:
– La destruction même de l’immune spécifique,
– L’apparition des mutants viraux ayant des virulences particulières.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: REVUE DE LA LITTERATURE
I. INFECTION A VIH
I.1. Historique
I.2.Généralité
I.2.1.Quelques définitions
I.2.2.Virologie
I.2.2.1.Agent pathogène
I.2.2.2.Les cellules cibles
I.2.3.Les modes de transmission ou la contamination à VIH
I.2.3.1.Transmission par voie sexuelle
I.2.3.2.Transmission par le sang
I.2.3.3.Transmission materno-fœtal
I.2.3.4.Transmission par partage ou réutilisation d’aiguille ou seringue
I.2.4.Les signes cliniques
I.2.5.Les moyens de diagnostiques
II. SITUATION EPIDEDEMIOLOGIQUE DE VIH/SIDA
II.1.DANS LE MONDE
II.2. A MADAGASCAR
III. LE DEPISTAGE
III.1Généralité
III.2.Pourquoi le conseil et le test volontaire est-il important
III.3.A quel moment pratique-t-on un test
III.4. Le test
III.4.1.Résultat négatif
III.4.2. Résultat indéterminé
III.4.3. Résultat positif
III.5. Après le test
III.6. Les rôles du CDV du point de vue conseil etdépistage
DEUXIEME PARTIE : L’ETUDE PROPREMENT DITE
I.METHODOLOGIE
II. RESULTATS DE L’ETUDE
II.1.Niveau de réalisation de dépistage de VIH chez les jeunes
II.2.Profil sociodémographique
II.2.1. Répartition des jeunes dépistés en 2009 par tranche d’âge
II.2.2. Distribution des jeunes dépistés selon la situation matrimoniale
II.2.3.Répartition des jeunes dépistés selon le niveau de scolarisation
II.2.4.Répartition des jeunes dépistés selon la catégorie professionnelle
II.2.5. Répartition des jeunes dépistés selon le fokontany d’origine
II.2.6.Répartition des jeunes dépistés selon les motifs de dépistage
II.2.7. Répartition des jeunes dépistés selon les facteurs de risque
II.2.8. Répartition des jeunes dépistés selon l’utilisation de préservatif
II.2.9.Répartition des jeunes dépistés selon la connaissance de client sur le VIH
II.2.10. Répartition des jeunes dépistés ayant retiré leur résultat et passé au counselling post test
II.3. Distribution de la prévalence de l’infection à VIH
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Niveau de réalisation de dépistage de VIH chez les jeunes
II. Profil sociodémographique
II.1. Répartition des jeunes dépistés en 2009 par tranche d’âge
II.2.Distribution des jeunes dépistés selon la situation matrimoniale
II.3.Répartition des jeunes dépistés selon le niveau de scolarisation
II.4.Répartition des jeunes dépistés selon la catégorie professionnelle
II.5. Répartition des jeunes dépistés selon le fokontany d’origine
II.6.Répartition des jeunes dépistés selon les motifs de dépistage
II.7.Répartition des jeunes dépistés selon les facteurs de risque
II.8. Répartition des jeunes dépistés selon l’utilisation de préservatif
II.9.Répartition des jeunes dépistés selon la connaissance de client sur le VIH
II.10. Répartition des jeunes dépistés ayant retiré leur résultat et passé au counselling post test
III. Distribution de la prévalence de l’infection à VIH
QUATRIEME PARTIE : SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE