Les jeunes élèves et les langues du monde

Une multitude de langues : pour un individu et dans le monde

Les langues d’un individu : la distinction nécessaire entre langue maternelle, langue de scolarisation et langue étrangère

Afin de mieux saisir les subtilités de notre sujet, il est important de définir des termes fondamentaux comme langue, langue maternelle, langue de scolarisation et langue étrangère. Pour cela, nous nous sommes appuyé sur Le Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, rédigé par l’Association de Didactique du Français Langue Étrangère (ASDIFLE) sous la direction de Jean-Pierre Cuq, qui a pour objectif de définir tous les termes et concepts importants en didactique des langues.

Langue

Dans son exposé pour le CASNAV de Paris, Magali Ravel définit la langue comme un « système de signes vocaux et/ou graphiques, conventionnels, utilisé par un groupe d’individus pour l’expression du mental et la communication ». Néanmoins le Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde explique que le concept de langue en didactique repose en réalité sur deux aspects complémentaires : un aspect abstrait et systématique, la langue-idiome et un aspect social, la langue-culture. L’aspect abstrait et systématique de la langue implique que la langue est « conçue comme un système abstrait de signes dont on peut étudier (…) l’évolution, les aspects phonétiques et phonologiques, la morphologie, le lexique, la syntaxe et la sémantique » . Cet aspect de la langue permet à une langue d’être un objet d’étude, d’apprentissage et d’enseignement. Cependant Jean-Pierre Cuq explique que l’aspect social de la langue a longtemps été négligé. Mais depuis l’avancé des recherches en sociolinguistiques cet aspect longtemps oublié reprend tout sa légitimité. Il conclut sa définition de langue par « la culture est le domaine de références qui permet à l’idiome de devenir langue ».

Langue maternelle

Le terme « langue maternelle » par définition décrit la langue parlée par la mère de l’enfant. Cependant, on ne peut pas se réduire à cette simple définition. Jean Pierre Cuq montre dans sa définition la difficulté de définir précisément langue maternelle tant ce terme à une histoire et des connotations. Tout d’abord, anthropologiquement la langue maternelle n’est pas toujours celle de la mère de l’enfant. Elle peut être celle de la nourrice (substitut de la mère), ou encore celle du père. Le terme maternelle ne semble donc pas approprié pour définir concrètement ce qu’elle représente. Jean-Pierre Cuq explique qu’en vérité par le terme « langue maternelle” on cherche à définir « la langue acquise la première par le sujet parlant dans un contexte où elle est aussi utilisée au sein de la communication » . Jean Pierre Cuq ajoute que « le caractère spontané, naturel de son usage, l’aisance de son maniement apparaissent parfois comme des traits définitoires » de la langue maternelle.

Cependant d’un point de vue sociopolitique, la langue maternelle d’un individu est souvent associée à la ou l’une des langues nationales. Or on sait que la langue maternelle d’un individu peut être une langue régionale ou bien issue d’une communauté immigrée du pays. De plus d’un point de vue historique, il n’était pas rare qu’un individu utilise une langue pour communiquer au sein de sa communauté et qu’il utilise une autre langue pour l’aspect culturel et officiel. De part les difficultés qu’entraîne le terme de langue maternelle, la communauté scientifique s’accorde désormais sur l’emploi de termes plus neutres comme L1 ou langue première de l’individu. La langue première d’un individu est la langue « qu’il a acquise en premier, chronologiquement, au moment du développement de sa capacité de langage ».

Langue officielle et langue de scolarisation 

Après avoir défini la langue maternelle d’un individu, il nous semblait important de préciser la définition de langue officielle et de langue de scolarisation. Lorsqu’une langue est désignée comme langue officielle d’un pays, elle est l’une des langues utilisée par l’institution. Elle sera donc utilisée dans la justice, dans l’administration, dans les secteurs législatifs et commerciaux mais aussi dans l’éducation.

De fait, la langue de scolarisation d’un individu est une langue officielle du pays de résidence. Cette langue de scolarisation est « apprise et utilisée à l’école et par l’école ». Notre société étant de plus en plus cosmopolite, il n’est pas rare de nos jours de voir arriver des enfants à l’école pour qui la langue première est différente de la langue de scolarisation. Ces enfants doivent donc apprendre et maîtriser cette nouvelle langue, dont « le niveau atteint (…) conditionne le plus souvent la réussite scolaire et l’insertion sociale de l’apprenant » .

Le fait qu’en plus d’être la langue officielle, la langue de scolarisation de l’individu induit d’autres enjeux. En effet, la langue de scolarisation d’un individu est à la fois objet de communication, tous les savoirs disciplinaires qu’on lui enseignera seront donnés dans cette langue, mais cette langue fera aussi l’objet d’enseignement. À l’école, la langue de scolarisation est un enjeu en soi. On doit parler cette langue pour apprendre et on doit apprendre à maîtriser de mieux en mieux cette langue.

Langue étrangère 

Lorsque l’on regarde la définition de langue étrangère dans Le Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde la première phrase utilisée est « Toute langue non maternelle est une langue étrangère » .

Cependant, Jean-Pierre Cuq distingue tout de même 3 degrés de xénité ou de degré d’étrangeté entre les langues.
– La distance géographique ou matérielle : « généralement révélée par l’exotisme des représentations qu’on se fait de ce type de langue », JeanPierre Cuq prend ici l’exemple du japonais par rapport au français.
– La distance culturelle : Jean-Pierre Cuq précise que même si deux langues semblent proches géographiquement, leurs références culturelles ne sont pas forcément proches elles aussi. Comme par exemple le français et l’espagnol, ou l’espagnol et l’italien.
– La distance linguistique : celle-ci est mesurable par le biais des familles de langue, dont nous parlerons plus précisément dans une partie ultérieure.

Jean-Pierre Cuq ajoute qu’en « didactique, une langue devient étrangère lorsqu’elle est constituée comme un objet linguistique d’enseignement et d’apprentissage qui s’oppose par ses qualités à la langue maternelle » . Il précise que le degré de xénité d’une langue n’influe aucunement sur son apprentissage. Que cette langue étrangère soit proche géographiquement, culturellement ou bien linguistiquement de notre langue maternelle les processus d’appropriation de cette langue étrangère seront exactement les mêmes.

La multitude de langues existant dans le monde : le regroupement en famille de langues

En linguistique comparative des chercheurs ont tenté de réunir et former différentes familles de langues reliées linguistiquement par une langue ancêtre commune appelée protolangue. De fait, la protolangue du français est le latin. Notre langue appartient donc à la famille des langues romanes. C’est grâce à l’étude des protolangues, que l’on retrouve de similitudes entre l’espagnol, le français et l’italien notamment. Lorsque l’on regarde les langues présentes en europe on peut remarquer qu’il y a des langues germaniques, romanes, slaves, celtiques, grecques, baltes,albanais, iraniennes et indiennes. Ces familles de langues sont regroupées dans une grande famille de langues appelée la famille des langues indo-européennes.

Dans son exposé Les familles de langues pour le CASNAV de Paris, Magali Ravel explique que le classement génétique des langues repose sur plusieurs critères : le lexique (par comparaison lexicale), le phonétisme, la morpho-syntaxe. Pourquoi s’intéresser aux différentes familles de langues ? Comme nous avons pu le constater une langue est à la fois un objet abstrait et objet de culture. Lorsque l’on sait que l’empire romain s’est étendu dans tout l’ouest de l’Europe, on comprendra que le français, l’italien et l’espagnol fassent partie de la famille des langues romanes. Regrouper les langues en familles de langues c’est aussi une manière de constater l’impact des évènements historiques et culturels d’un territoire. Les chercheurs estiment qu’il existerait plus de 200 familles de langues ce qui montre bien le nombre important de langues, dialectes et patois présents dans le monde. L’apprentissage des langues est donc un réel enjeu pour nos sociétés actuelles. Dès lors au sein de notre société mondialisée, comment apprenons-nous à nos élèves à appréhender la diversité linguistique du monde.

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Table des matières

Introduction
1ère partie : Les jeunes élèves et les langues du monde
1. Une multitude de langues : pour un individu et dans le monde
1.1. Les langues d’un individu : la distinction nécessaire entre langue maternelle, langue de scolarisation et langue étrangère
1.2. La multitude de langues existant dans le monde : le regroupement en famille de langues
2. Le plurilinguisme à dans l’enseignement primaire
2.1. Vers une définition du plurilinguisme
2.1.1. La diversité linguistique : la distinction entre multilinguisme et plurilinguisme
2.1.2. Le Conseil de l’Europe : de l’éducation plurilingue vers le CECRL
2.2. Le plurilinguisme dans l’enseignement primaire
2.2.1. Le cycle 1 : L’éveil à la diversité linguistique
2.2.2. Le plurilinguisme au cycle 2 et au cycle 3
3. Le développement de l’enfant au service de l’éveil au à la diversité linguistique
3.1. La reconnaissance de la langue maternelle et d’une langue étrangère chez les enfants, les études de psycholinguistique
3.2. Le développement perceptif et les capacités d’écoute des élèves
3.3. Le développement de la notion d’espace
2ème partie : Mise en œuvre pédagogique
1. Le démarrage du projet “Au tour du monde”, partie n°1, le planisphère à cartes
1.1. Méthodologie du planisphère et la lecture des cartes postales
1.1.1. Le lancement du projet et la fabrication du planisphère
1.1.2. La réception des cartes postales
1.2. L’analyse du planisphère à cartes
1.2.1. Le planisphère à cartes, une première approche de la représentation du monde
1.2.2. La ritualisation et l’utilisation pédagogique des cartes postales
1.2.3. Les limites du planisphère à cartes
2. Le projet “Au tour du monde”, partie n°2, Le répertoire des langues
2.1. La méthodologie du répertoire des langues
2.2. L’analyse du répertoire des langues
2.2.1 Les avantages du répertoire des langues
2.2.2. Les limites du répertoire des langues
3. L’analyse du projet “Au tour du monde”
Conclusion
Bibliographie

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