Les jeunes diplômés face au marché de travail

Définitions

               En parlant de l’éducation, beaucoup de définitions ont été avancées par les économistes, les sociologues, et bien d’autres spécialistes en la matière mais dans cette sous section, nous retiendrons les définitions du point de vue social et civique et les définitions du point de vue économique.
a) Définitions du point de vue social et civique : De ce point de vue, l’éducation ne concerne pas uniquement les citoyens mais aussi, elle nécessite la participation massive de l’Etat. D’où les deux définitions suivantes : l’éducation est un droit pour les citoyens ; l’éducation est un devoir pour l’Etat.
• Education : un droit pour les citoyens : L’éducation constitue un droit pour tous les individus, en ce sens que n’importe quelle personne quel que soit son genre, son âge, son origine, son niveau de vie puisse l’exercer en toute liberté.
• Education : un devoir pour l’Etat : La fourniture de services de santé, un appui nutritionnel, l’éducation et le renforcement des compétences font partie des devoirs que l’Etat doit assurer. L’éducation, en particulier, doit être une priorité pour l’Etat, car elle est le facteur clé de développement et de la réduction de la pauvreté.
b) Définitions du point de vue économique : Economiquement parlant, l’éducation se définit comme un investissement en capital humain et un choix rationnel.
• Education : investissement en capital humain : Selon la théorie du capital humain, développée par Gary Becker1 , l’éducation est un investissement dont sa valeur dépend directement du coût monétaire lié à l’éducation et des gains futurs anticipés procurés par l’information.
• Education : un choix rationnel : Investir dans l’éducation est un véritable calcul économique. A ce propos, les choix rationnels des individus en matière d’investissement en capital humain sont dictés largement par la rentabilité future, que l’on espère gagner de cet investissement en éducation. Bourdon2, à travers la théorie sociologique de l’individu rationnel, a suffisamment expliqué que les individus procèdent tout au long de leur carrière scolaire à des calculs avantages-coûts. .

Le taux de scolarisation

                      Le taux de scolarisation est un indicateur qui permet de mesurer le degré de la participation scolaire de la population. On distingue le taux brut de scolarisation du taux net de scolarisation. Le premier est le résultat du rapport entre l’effectif total des étudiants d’un niveau donné et les individus en âges scolaires correspondant à ce même niveau. Le second prend en compte l’âge légal admis pour un niveau donné. A Madagascar, le taux de scolarisation diminue au fur et à mesure que le niveau d’études avance. En partant de 118% pour le niveau primaire pour diminuer jusqu’à 2% pour l’enseignement supérieur, le taux brut de scolarisation diffère significativement du taux net de scolarisation. Le retard d’admission en première année pour un niveau d’études donné et le redoublement ont été évoqués comme les principales causes de cet écart. Il n’en est pas de même pour le préscolaire où le taux de scolarisation est légèrement bas chez les habitants du milieu rural (14%) comparativement à ceux du milieu urbain (42%) . Quelque soit le milieu de résidence, on constate que parmi les cinq (5) niveaux d’études existants, le niveau primaire représente le plus grand nombre de participants. Or, dans les zones rurales, les enfants quittent l’école dès qu’ils ont fini les cinq (5) années d’études de l’enseignement primaire, le taux de scolarisation pour les niveaux secondaire et supérieur s’avère donc relativement faible. Il n’en est pas ainsi pour les enfants des zones urbaines. Ainsi, 5% des enfants du milieu urbain fréquentent les universités, tandis que seulement 1% de ceux de milieu rural y participent7. On remarque également la participation massive des garçons par rapport aux filles et cela se constate quel que soit le niveau d’études.

La nouvelle théorie de la croissance

                   Les théories de la croissance endogène développées par les économistes contemporains notamment Lucas et Romer contribuent à un éclaircissement des mécanismes par lesquels le capital humain agit sur la croissance économique. D’après ces théories, l’accumulation du capital humain permet l’accroissement de la productivité des travailleurs, en améliorant leur aptitude à utiliser les technologies disponibles. On peut également accélérer le rythme des innovations en affectant les ressources humaines dans le secteur de la recherche et développement. Le capital humain est une ressource essentielle dans une économie quelque soit son niveau de développement. En effet, les pays émergents d’Asie n’ont pas le même niveau de développement. Les uns cherchent à créer de nouvelles technologies productives en faisant un investissement dans la Recherche et Développement, on cite notamment la Corée du Sud et le Singapour. D’autres trouvent le développement en imitant les technologies produites par les pays plus avancés. Il en est le cas pour l’Indonésie et les Philippines. Le capital humain est un facteur particulier de la croissance économique dans le sens où il agit sur tous les autres facteurs de développement. L’importance de l’investissement démontre un bon usage de l’épargne et l’amélioration de la structure de la production résulte de la présence des individus entreprenants. Cependant, l’amélioration soutenue du niveau d’éducation est une condition nécessaire mais insuffisante pour favoriser la croissance économique d’un pays.

Rappels théoriques sur le concept « chômage »

                 En parlant du chômage, deux (2) théories tout à fait contradictoires notamment celle des keynésiens et celle des néoclassiques sont les plus reconnues.
a) Théorie keynésienne du chômage : Le chômage n’est pas du à un mauvais fonctionnement du marché du travail. Les salariés ne peuvent offrir un travail en fonction d’un salaire réel puisqu’ils ne maîtrisent pas les prix des biens et services. Ils négocient seulement un salaire nominal. Ce sont les entrepreneurs qui fixent le prix des biens et services. Le niveau d’emploi dépend des décisions des entrepreneurs qui cherchent à maximiser le taux de profit en fonction d’un univers incertain où ils anticipent l’offre et la demande globale. En conséquence, le niveau d’emploi peut ne pas correspondre au niveau du plein emploi. Si la demande effective au sens anticipé est faible, les entrepreneurs fixeront un niveau de production faible et toute la population active ne trouvera pas forcément d’emploi. Le chômage est donc, d’après les keynésiens, un phénomène essentiellement involontaire.
b) Théorie néoclassique du chômage : Le chômage provient des rigidités du fonctionnement du marché du travail. Le travail est un bien comme un autre qui s’échange sur un marché. L’offre de travail vient des salariés. Ces derniers arbitrent entre l’acquisition d’un revenu grâce au travail et le loisir. Une hausse de salaire peut se traduire par une offre supplémentaire ou bien une réduction, le salarié dans ce dernier cas ayant une préférence pour le loisir. De même, il existe un taux de salaire d’acceptation ou salaire de réservation, un taux de salaire à partir duquel un individu donné passe d’une offre de travail nulle à une offre de travail positive. L’offre de travail est fonction croissante du salaire réel tandis que la demande de travail est fonction décroissante du salaire réel. Si les conditions de concurrence pure et parfaite sont respectées sur le marché du travail, il existe un salaire d’équilibre qui permet la satisfaction de l’offre et de la demande de travail. Si l’offre de travail est supérieure à la demande de travail, la baisse du salaire conduit certains offreurs à sortir du marché du travail et des demandeurs à entrer sur le marché. A l’inverse, lorsque la demande est supérieure à l’offre, le salaire augmente ; ce qui provoque l’afflux d’offreurs de travail et la sortie de demandeurs du travail. Si un déséquilibre persiste, c’est en raison d’existence de rigidités qui empêchent le salaire de se fixer à son niveau d’équilibre. Les disfonctionnements ou rigidités sont de plusieurs types : existence d’un salaire minimum, indemnisation du chômage, syndicats, législation sur la protection de l’emploi, politique fiscale et prélèvements sociaux. Il en résulte que le chômage est d’abord et avant tout volontaire.

Caractéristiques de la population active

                 La population active est relativement jeune à Madagascar. Les moins de 25 ans y représentent plus de 37% et l’âge moyen est estimé à 32 ans. L’âge moyen de la population active passe de 29,5 ans chez les pauvres à plus de 35 ans chez les riches. Par ailleurs, compte tenu des limites au niveau de ressources en matière de formation professionnelle, des carences dans le domaine des recherches pour le développement et des problèmes liés à l’inadéquation formation emploi, le niveau d’instruction de la population active est relativement faible. En effet, seulement 14% des actifs dépassent le niveau primaire en 2010. En milieu rural, seul un (1) actif sur quatre (4) a pu suivre un enseignement secondaire ou universitaire. Concernant le cas particulier d’Analamanga, près de 10%26 de la population active sont des universitaires.

Les impacts de la crise interne sur l’économie malgache en 2010

                La persistance de la crise politique à partir de 2007 a eu des répercutions négatives sur les activités économiques à Madagascar. Les branches BTP, les industries textiles et les zones franches industrielles sont les plus touchées par ce genre de problème. Ainsi, on enregistre des taux de croissance négatifs de 17,5%, 30% et 15%, respectivement par rapport à 200938. Des pertes d’emplois dans ces secteurs ont été recensées, et l’augmentation du nombre des chômeurs venant de ces branches d’activités conduit à la prolifération du secteur informel notamment le marchand ambulant et le commerce partout dans la rue. On observe également une forte insécurité sociale faute d’emploi. En effet, les individus dépourvus d’emploi sont inciter à voler car ils doivent toujours manger pour survivre alors qu’ils n’ont pas de revenus pour satisfaire ce besoin. D’où la propagation de ce qu’on appelle « alabotry ». La suspension des aides budgétaires et le manque de financements en provenance de l’extérieur ont entrainé la dégradation des conditions de vie de la population malgache en général, suite aux pertes d’emplois et le recul de la croissance économique. Ainsi, on constate une diminution du taux de croissance pour l’année 2010.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : L’EDUCATION ET L’EMPLOI A MADAGASCAR
CHAPITRE 1/ Le système éducatif malgache
Section 1 : Rappels sur le concept « éducation »
Section 2 : Les caractéristiques de l’éducation à Madagascar
Section 3 : L’enjeu de l’éducation dans le processus de développement de Madagascar
CHAPITRE 2/ Le marché du travail malgache
Section 1 : Généralités sur le marché de travail à Madagascar
Section 2 : Caractéristiques du marché du travail et structure de l’emploi à Madagascar
Section 3 : La place de l’emploi dans le développement de Madagascar
PARTIE II : L’INSERTION DES JEUNES DIPLOMES DANS LE MARCHE DU TRAVAIL
CHAPITRE 1 / Les réalités concernant les jeunes diplômés
Section 1 : Les indicateurs de base à retenir
Section 2 : Le phénomène d’exode de cerveaux
Section 3 : Les disparités de genre
CHAPITRE 2/ Les problématiques des jeunes diplômés
Section 1 : Les problèmes liés au système éducatif
Section 2 : Les problèmes liés au marché du travail
Section 3 : Les autres types de problèmes
CHAPITRE 3/ Réflexions et recommandations
Section 1 : A propos du système éducatif
Section 2 : Concernant le marché du travail
CONCLUSION

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