Les jardins de Versailles : une découverte interdisciplinaire ?

André Le Nôtre, un fondateur de ces jardins

                   André Le Nôtre est un homme du XVIIème siècle. Il naît en 1613 à proximité des Tuileries où son père, Jean Le Nôtre, était chargé des dessins des parterres. Tout comme son grand-père était aussi dans le métier avant lui. Il est donc issu d’une longue lignée de jardiniers célèbres dès le XVIème siècle. On pense alors son avenir tout tracé. Néanmoins, il se sent d’abord attiré par la peinture et est donc encouragé à fréquenter l’atelier de Simon Vouët. C’est ici qu’il apprend l’art du dessin, le tracé des arabesques, la géométrie pratique. Ou encore les théories de la perspective et leurs artifices d’optiques qui le rendront si célèbre, ainsi que l’étagement des écrans et des plans, la profondeur de l’espace et le rôle du décor naturel dans la mise en valeur du sujet. Tous ces aspects, présents dans les techniques de la peinture, se retrouveront dans l’application directe de sa conception des bosquets de Versailles. Le savoir des peintres était donc utile aux jardiniers. Jacques Boyceau, intendant des jardins d’Henri IV, exprime parfaitement cette idée lorsqu’il écrit « Si le jardinier est ignorant du dessin, il n’aura aucune invention ni jugement pour les ornements ». En effet, la conception, la place et le rôle des différents éléments, constituant un tableau, prennent tout leur sens dans l’élaboration des croquis d’un jardin. En choisissant l’atelier de Simon Vouët, Le Nôtre recevait une formation de peintre de qualité puisque ce dernier séjourna plusieurs années en Italie, considérée comme le berceau des arts depuis la Renaissance. De même, cette formation lui permit de rencontrer de nombreux peintres, et notamment Charles Le Brun, qui allait être l’un de ses compères à Versailles. Plus tard, Le Nôtre travaille avec Boyceau sur l’esthétique liée au développement de la perspective. Pour Boyceau, c’est un aspect important, caractéristique des jardins, renforcé par « les formes carrées [qui] sont les plus pratiquées aux jardins, soit du carré parfait ou de l’oblong. Mais en eux se trouvent les lignes droites qui rendent les allées longues et belles et leur donnent une plaisante perspective car sur leur longueur, la force et la vue déclinant rend les choses plus petites tendant vers un point qui les fait trouver plus agréables ». Ainsi, Boyceau transmet son savoir à son élève dans son Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l’art (1638). Cependant, Le Nôtre va au-delà et constate que les éléments de cet axe médian, qui favorise la perspective, devraient s’intégrer d’eux-mêmes dans la nature environnante. Ses connaissances dans le domaine deviennent alors de plus en plus pointues. Et, par la suite, grâce à sa formation de qualité, son talent et à la renommée de sa famille, Le Nôtre devient un personnage incontournable tant il est demandé partout. Son inspiration vient des nombreux conseils qu’il a reçus mais aussi du milieu des jardiniers du roi avec lesquels il travaillait puisque dès 1635, il obtient la charge de premier jardinier de Monsieur, Gaston d’Orléans, frère du roi Louis XIII. Dès 1643, il obtient le titre de « dessinateur des plants et parterres de tous les jardins de sa majesté ». Son travail se fait surtout pour la monarchie, d’abord sous Louis XIII aux Tuileries, où il se forme et qu’il modifiera entre 1666 et 1672, créant au-devant la vaste perspective des Champs-Elysées. Puis sous Louis XIV à Versailles, Trianon, Clagny, Saint-Germain et Fontainebleau. En effet, dès 1657, il devient contrôleur général des bâtiments, des jardins, des tapisseries et des manufactures de France. Puis en 1661, il obtient un titre très renommé en devenant le conseiller du roi et contrôleur général de ses bâtiments et jardins. Ses services sont aussi requis par les Princes du sang tel que le Grand Dauphin à Meudon, le Duc d’Orléans à SaintCloud, ou le Prince de Condé à Chantilly. Mais également par les ministres comme Fouquet, qui le place au premier plan avec Vaux-le-Vicomte, Colbert qui lui confie Sceaux ou encore Louvois qui le sollicite pour Meudon et Montmirail. D’autres font également appel à lui afin de recueillir ses services ou son simple avis. L’une des plus grandes qualités de Le Nôtre qui est appréciée, est sa capacité d’adaptation par rapport aux variations du terrain ainsi que sa capacité d’intervention sur un sol qui a déjà subi des modifications par des prédécesseurs. Il s’adapte à la nature et tire de chaque aspect le meilleur. C’est pourquoi Fouquet fait appel à lui pour transformer et embellir Vaux-le-Vicomte de 1656 à 1661. Ces aménagements attirent gloire et fortune à Le Nôtre. Suite à la disgrâce de Fouquet, Louis XIV engage Le Nôtre dès 1662 où il travaille au sein d’une équipe dont il est l’acteur principal. Cette équipe compte parmi elle aussi bien Charles Le Brun, Jules Hardouin-Mansart que le roi lui-même. Néanmoins, Le Nôtre dispose d’une grande liberté d’action et est reconnu comme un grand artiste. Il obtient alors la confiance et l’amitié de Louis XIV. On parle même de « Manière de Le Nôtre » tant son art est reconnu. « Roi des jardiniers et jardinier du roi » , Le Nôtre est associé aux jardins à la française. Il est l’auteur des plus beaux jardins du XVIIème siècle et place Versailles au sommet des chefs-d’œuvres, tout comme il place sa réputation au sommet international. Toutefois, son art doit beaucoup aux mutations scientifiques du Grand Siècle, à l’essor de la mécanique et au progrès de la mesure qui se perfectionnent depuis la deuxième moitié du XVIème siècle et du début du XVIIème siècle. Le jardin à la française de Le Nôtre est donc un jardin d’intelligence. Après une carrière riche en conceptions et connaissances, André Le Nôtre s’éteint le 15 Septembre 1700.

La marque d’André Le Nôtre

                   Par conséquent, Le Nôtre intervient en 1653 sur un domaine qui a déjà été façonné par le passé, et il y travaille pendant une dizaine d’années. Il modifie le jardin préexistant pour y imposer sa marque. Le chantier commence par des adductions d’eau et par la canalisation d’une rivière. En effet, pour que le jardin soit rayonnant de verdure, une nécessité en eau est importante. C’est pourquoi les premiers aménagements de Le Nôtre portent sur cet aspect. Ensuite, son travail porte sur les parterres suite à l’agrandissement du domaine avec l’acquisition de l’étang de Vaux en 1656. Les jardins s’inscrivent entre deux pattes d’oie et se composent de différentes parties. En effet, la première partie qui va jusqu’au carré d’eau porte la marque de ceux qui ont précédé Le Nôtre. Cette partie comprend une première zone avec une canalisation souterraine qui alimente les fossés et fontaines et débouche dans le canal. Une deuxième zone met en évidence deux parterres de broderies compris entre le parterre de la Couronne à gauche et le parterre de fleurs à droite. Une fontaine est attribuée à chacun de ces parterres. Puis, intervient une troisième zone séparée par un axe transversal fermé d’une allée et d’un petit canal comprenant en son centre un bassin rond. A chacune de ses extrémités, on peut trouver les cascades ou « grille d’eau » ainsi que la grille d’entrée du potager. Cette zone est également séparée en deux par une allée d’eau disposée dans la longueur et bordée de jets d’eau formant une « balustrade de cristal ». On trouve au bout de cette allée le Carré d’eau. Ce Carré d’eau marque la transition entre les jardins préexistants, la première partie, et ceux qui portent la marque de Le Nôtre, la deuxième partie. Celui-ci aime jouer sur les effets d’optiques et la perspective, ce qu’il met en place dans cette partie. En effet, il fait apparaître ce Carré d’eau comme le bassin de la grotte présent dans ces jardins. Or, celle-ci se situe au-delà du canal situé au bout du jardin. Elle a été constituée sur ce qui était alors une simple butte boisée afin d’étendre le regard vers l’horizon. De plus, pour pouvoir établir une perspective exacte, il élargit l’espace par trois axes qui viennent couper l’axe central à angles droits et instaure ainsi une symétrie entre les parterres. Le premier axe se situe entre le château et les parterres des broderies. Le second intervient entre les parterres de broderies et ceux de gazon. Enfin, le dernier axe apparaît en bordure du canal. Ils permettent d’établir différents niveaux qui imposent une succession d’éléments vers l’infini. Ainsi, cette pente douce mène le regard des parterres aux canaux et au-delà, au Grand Canal qui est lui-même séparé des petites cascades par des marches, ajoutant à la fuite du regard. Le Nôtre instaure donc une grande perspective liquide perpendiculaire au grand axe qui remonte vers ce canal à l’aide de la succession de marches, donnant ainsi l’impression de s’échapper dans les airs. Jean-Marie Pérouse de Montclos, qui a étudié la structure de ces jardins, nous indique alors que « l’eau y est l’épine dorsale des jardins, elle les fait entrer en mouvement comme dans un concerto aquatique ainsi que l’avait perçu Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville». Cette perspective, longue de plus de trois kilomètres, permet d’ordonner les jardins autour d’elle. Cet axe majeur illustre la volonté de Fouquet, dans un premier temps, et de Le Nôtre, dans un second temps, de faire de ces jardins le modèle de ce qui devra suivre. C’est la première fois au XVIIème siècle qu’intervient une relation entre l’architecture du château, ses jardins et le paysage qui l’entoure. En effet, Le Nôtre les modèle afin de les intégrer à leur environnement. Le manteau végétal qu’il va instituer autour des parterres ira se fondre dans les bois voisins. Cette idée, cette technique, lui vient de ses peintures qu’il effectuait, ce qui lui permet de transférer une certaine monumentalité calme et majestueuse des tableaux aux jardins.10 Concernant les parterres, Le Nôtre tient compte de l’allongement de la perspective pour les établir afin de ne pas boucher cette fuite du regard. Il essaie d’établir une sorte de transition entre son art et la nature. C’est pourquoi on retrouve près du château les parterres de broderies afin que l’œil soit ensuite attiré par les parterres de gazon, les bosquets, les allées et les palissades avant d’atteindre le fond du jardin et ensuite le paysage qui l’entoure. Il imagine cette percée centrale pour rejeter les masses boisées sur le côté. L’art de Le Nôtre est donc d’alterner entre espace ouvert et espace clos. Mais aussi entre ombre et lumière ainsi qu’entre verdure et matériau. Ainsi, toutes les allées débouchent sur des fontaines ou statues au nombre de vingt-cinq dispersées dans les cours et jardins. Le Nôtre dispose de cette manière tous les éléments des jardins dans le but de rythmer ce vaste espace. On retrouve alors des rinceaux de buis imitant les motifs des tapis turcs, des bosquets illustrant l’intimité, des eaux dormantes ou jaillissantes ou encore des plantations d’encadrement.11 Cette conception nouvelle illustre l’ordre, la rigueur et la noblesse de cette époque. On peut donc considérer qu’il fait de son grand coup d’essai un coup de maître.

Les caractéristiques du jardin français

                     A travers ces jardins, tout le talent artistique de Le Nôtre est dévoilé. Perspective, symétrie, géométrie et harmonie font la particularité des jardins français de Versailles façonnés par cet artiste. La symétrie est le mot d’ordre dans ces lieux. Le Nôtre a tenu à l’organiser autour d’un axe principal et d’axes secondaires parallèles ou perpendiculaires. Tous forment un quadrillage qui délimite le contour des bosquets et des parterres. Mais on retrouve aussi ces axes à l’intérieur des bosquets sous forme de patte d’oie ou d’étoile. Ils contribuent à la formation d’un filet exprimant la maitrise du site par les hommes. La nature est ainsi vue sous un autre angle. Ainsi, la symétrie des différents éléments confère l’ordre dans ces jardins tout comme elle permet d’établir un espace clair et aéré. Seuls les décors et jets d’eau contrastent avec cette rigoureuse symétrie. L’autre aspect qui rend ces jardins aussi exceptionnels est la présence d’une perspective qui renforce le principe symétrique. Cette perspective existait déjà avant que Le Nôtre impose sa marque sur le site. Elle était libre de tout obstacle et ouverte à un axe médian renforcé par la course du Soleil. En effet, elle s’ouvre d’Est en Ouest. C’est pourquoi Le Nôtre profite de cet avantage pour faire de cette perspective déjà existante une perspective incontournable. Il place tout son art au service de cet aspect et travaille aussi bien sur la géométrie de l’espace que sur l’alternance de l’ombre et de la lumière pour l’accentuer. Ainsi, il commence par dégager la vue de tout obstacle du pied du château jusqu’aux bosquets. Puis, il modifie l’Allée Royale. Son tracé date de Louis XIII mais Le Nôtre le fait élargir de façon à ce que ses dimensions soient proportionnelles à la longueur de la perspective. Elle mesure ainsi trois cent-trente cinq mètres de long et quarante mètres de large et est composée de douze statues et douze vases placés symétriquement. Enfin, il entreprend une œuvre faramineuse en faisant creuser le Grand Canal qui accompagne la fuite du regard vers l’infini. L’importance de la perspective se consolide aussi avec des aménagements plus modestes. Les bosquets confèrent au jardin une certaine part d’ombre qui permet de lui donner du relief. De cette manière, l’ombre souligne la fuite de la perspective dans une allée. Cet effet est aussi obtenu par la présence des palissades qui assurent un alignement parfait des bosquets mais aussi par la présence d’arbustes taillés et disposés à intervalle régulier. L’ombre qu’ils projettent au sol en fonction de la position du soleil permet également l’allongement de la perspective aérienne rendue possible par l’ouverture sur le paysage que Le Nôtre a parvenu à imposer. Enfin, la présence de formes géométriques étirées contribue à l’allongement de la perspective. Les parterres prennent une forme rectangulaire tout comme les bosquets au fur et à mesure que l’on s’éloigne du château. La végétation de ces bosquets est aussi plus haute et transforme ainsi le rapport aux parterres, ce qui renforce l’image de profondeur. Cette géométrisation de l’espace est renforcée par une succession des strates à hauteurs différentes. Elles mènent ainsi la descente du regard vers l’horizon et permettent de saisir l’ensemble des lieux d’un seul coup d’œil. Par conséquent, l’ensembledes jardins répond à une harmonie calculée : l’espace est occupé par des parterres, fontaines et bosquets. Les allées sont rythmées par des statues et topiaires. Plus on s’éloigne du château et plus la campagne reprend ses droits sur la nature. C’est donc vers cet aspect que la symétrie et la perspective nous mènent.

Montrer la grandeur du royaume

                  Les thématiques mythologique et antique sont claires mais la volonté de montrer que le royaume du Roi Soleil est digne de son pédigrée s’affirme aussi. Une statuaire se met en place louant la grandeur et la richesse géographique du royaume. On voit alors des statues représentant les grands fleuves et leur affluent principal apparaître au niveau du Parterre d’Eau. Les sculpteurs Tuby, Le Hongre, Regnaudin et Coysevox, concepteurs de ces œuvres, représentent les fleuves sous les traits d’hommes barbus et les rivières sous ceux de femmes. C’est ainsi qu’au Nord sont placés la Seine accompagnée de la Marne et la Garonne accompagnée de la Dordogne. Au Sud, on retrouve la Loire accompagnée du Loiret et le Rhône accompagné de la Saône. Les jardins doivent donc également porter en eux l’image du bon gouvernement de la France et ses richesses. Ils sont à nouveau façonnés et ordonnés pour transmettre ce message. Pour montrer la toute puissance du royaume et la grandeur de son horizon politique et culturel, Louis XIV passe par l’acclimatation de plantes et d’animaux dans ses jardins, provenant de divers lieux. On peut donc affirmer que les jardins portent la marque de la volonté et du pouvoir de Louis XIV, qu’ils sont ordonnés selon sa personne. On remarque ainsi qu’au Nord de l’axe Est-Ouest, sont représentés les obstacles que le roi rencontre mais qu’il sait surmonter. Il s’agit du domaine des eaux (le Bassin de Neptune, le Bosquet des Trois Fontaines, l’Allée d’Eau, le Bain des Nymphes, la Fontaine de la Pyramide, les bassins des Sirènes, la Grotte de Thétis) associé aux forces du mal (le Bassin du Dragon, le Bosquet de l’Encelade) et à la guerre (le Bosquet de l’Arc du Triomphe, les vases de la Guerre et de la Paix). Le Sud, qui est sec et chaud, représente ce qui caractérise le Roi Soleil et sa puissance. Il s’agit du domaine de la lumière, des fruits, des arbres. C’est le lieu de la fécondité et de la jeunesse, des jeux illustrés par le Labyrinthe, du théâtre, de l’art et de la musique (la Salle du Festin, la Salle de Bal).39

La dimension plaisir des jardins : une transposition du château

                 Outre cet aspect, l’espace plaisir des jardins est largement représenté grâce à son image de prolongement de la demeure conçu pour le divertissement et l’agrément. La présence des bosquets joue un rôle essentiel dans cette vision, et c’est en eux que se retrouve le mieux la culture de cour. D’une part, leur intimité favorise les conversations et même parfois les conspirations que l’on retrouve aussi dans les salons du château. Mais cet aspect est amplifié dans les jardins puisque dans certains endroits, il y a moins de passage que dans le château. Leur espace caché, secret, est l’endroit idéal pour se retrouver. Le beau temps permettait de s’y rendre régulièrement et était attendu avec impatience afin que la cour puisse s’y dégourdir les jambes et la langue. D’autre part, ces bosquets s’inspirent des différentes pièces du château. Ils sont imaginés et conçus comme de véritables salons de plein air. Les jardins sont assimilés à un édifice dans lequel les visiteurs et courtisans traversent une succession de pièces selon un parcours préétabli : parcours que l’on retrouve dans l’enfilade de pièces du palais. On parle alors de jardins d’architecte. Le vocabulaire utilisé pour désigner les différents lieux de ces jardins montre à quel point ils sont le prolongement du château. On parle de salles, de chambres ou de théâtres de verdure. Chacun de ces espaces est séparé par des murs de charmilles ou placé le long d’escaliers d’eau. Les sols sont recouverts de tapis de pelouses bordés de buis, les arbres sont taillés en rideau le long des allées. Quand à l’eau, elle est à l’image des cristaux des lustres ; les bassins, eux, jouent le rôle de miroirs.52 Les bosquets sont l’image même de cet aspect par leur désignation. On retrouve par exemple le Bosquet de la Salle de Bal achevé en 1683. Il se présente sous la forme d’un amphithéâtre de marbre, de rocailles et de coquillages de Madagascar. Le Nôtre y a aménagé des gradins engazonnés où les musiciens pouvaient prendre place. Un vaste plancher était présent au centre pour permettre aux danseurs d’évoluer à leur guise. Le Bosquet du Théâtre d’Eau, achevé en 1671, était aussi composé d’un amphithéâtre engazonné où la cour venait s’asseoir. Quant au Bosquet du Marais, Le Nôtre y dispose des tables de marbre rouge et blanc pour y servir des buffets. Enfin, le Bosquet de la Salle des Festins ou de la Salle du Conseil porte aussi un nom très évocateur. Les jardins de Versailles sont donc la réplique des intérieurs du château. Ils en sont un prolongement et se reflètent en lui comme le Parterre d’Eau le fait dans les fenêtres de la Galerie des Glaces. Quand vient la nuit, les jardins disparaissent dans l’obscurité mais cette fois-ci, c’est le château qui se prolonge en eux lorsque les lumières se reflètent dans les pièces d’eau. Un témoignage du fontainier Claude Denis illustre parfaitement cet aspect : « La grande terrasse, qui est devant le château, était bordée d’un double rang de feux espacés à deux pieds l’un de l’autre. Les rampes et les degrés du Fer-à-Cheval, et généralement toutes les fontaines qui sont dans le Petit Parc, étaient environnés de pareilles lumières qui, réfléchies dans les bassins, y faisaient encore autant d’autres clartés. Au milieu de ces bassins et de ces lumières, l’on voyait s’élever mille jets d’eau qui paraissaient comme des flammes d’argent, poussées avec violence, et dont il sortait mille étincelles. Ces lumières, dont la terre était couverte, marquaient de nouveaux parterres, et formaient des figures de feu au lieu de fleurs et de verdure. Au bout de la grande Allée Royale, le Bassin d’Apollon était éclairé de la même sorte, et, au-delà, on voyait le Grand Canal, qui de loin paraissait comme une glace de cristal d’une vaste étendue. Il était borné de tous côtés de corps lumineux ; mais d’une lumière douce et privée de mouvements que l’on voit dans le feu ordinaire. Ces corps ne portaient aucune ombre ; ils représentaient différentes figures que l’on avait peine à discerner de loin, et dont les images paraissaient sur l’eau, qui n’était pas alors moins tranquille que la lumière même, de sorte que le profond silence et l’obscurité où l’on se trouvait alors ressemblait beaucoup à ce que les poètes ont écrit des Champs-Elysées, qu’ils dépeignent comme une espèce de pays éclairé d’une lumière précieuse et qui a un soleil et des astres tout particulier. Ces grandes pièces d’eau, éclairées seulement de part et d’autre par tant de figures lumineuses, ressemblaient à de grandes galeries et à de grand salons enrichis et parés d’une architecture et de statues d’un artifice et d’une beauté jusqu’alors inconnus, et par-dessus de ce que l’esprit humain peut concevoir ». En tant que prolongement de la cour, les jardins sont donc marqués par une dimension politique, artistique, culturelle et architecturale où le plaisir est établi tel le sosie de ce que l’on peut trouver dans les salons, galeries et appartements du château. La passion du roi s’y reflète de la même manière, que ce soit dans les intérieurs comme dans les extérieurs.

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1 : La dimension historique des jardins français de Versailles
I- Le jardin à la française
A) André Le Nôtre, un fondateur de ces jardins
B) L’œuvre de Le Nôtre à Vaux-le-Vicomte
• Le domaine de Nicolas Fouquet
• La marque d’André Le Nôtre
• Le « laboratoire » de Versailles
C) Les jardins français de Versailles
• Lien entre jardins et château
• L’espace ouvert : les parterres
• L’espace clos : les bosquets
• Les caractéristiques du jardin français
• Les évolutions des jardins
D) Le jardin à l’anglaise entre continuité et évolution
II- La symbolique des jardins dans l’exaltation du pouvoir royal
A) La coexistence des matériaux
• La statuaire
• Les fontaines et l’eau
• Les différents matériaux
B) La symbolique mythologique des jardins
• La thématique solaire
• La thématique apollinienne
• Les jardins de l’Olympe
C) De l’ordre à la nature
• Domestication de la nature
• Montrer la grandeur du royaume
• Entre fertilité et fécondité
III- Les usages des jardins de Versailles
A) Un prolongement de la cour
• La dimension politique des jardins faite pour attirer
• La dimension plaisir des jardins : une transition du château
B) La promenade du roi
• « Manière de montrer les jardins de Versailles »
• L’agrément de la promenade ouvert à tous
• La promenade du roi : moyen d’asseoir l’étiquette
C) Un lieu de spectacles et de fêtes
• La fête à Versailles
• Les fêtes nécessitent l’aménagement des jardins
• La fête des Plaisirs de l’Ile Enchantée
• Le Grand Divertissement Royal
• 1674 : la dernière grande fête
Conclusion
Chapitre 2 : La dimension pédagogique des jardins français de Versailles 
I- La place du sujet
A) Au sein des programmes du cycle 3
B) Au sein d’une programmation
C) Présentation d’une séquence
D) Une séance sur les jardins de Versailles
II- L’analyse d’une séance 
A) L’analyse par rapport aux objectifs initiaux
B) L’intervention de l’enseignant
C) L’interdisciplinarité
Conclusion
Remerciements
Bibliographie
Chronologie
Annexes

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