Les migrations ont existé depuis très fort longtemps même si elles ont toujours souffert de marginalisation. Aujourd’hui, elles ont gagné en ampleur et en intensité dans un contexte mondial de mondialisation qui prône une libre circulation des personnes et des biens aboutissant à une mobilité croissante. Les chiffres relatifs aux flux migratoires sont ahurissants. Au Sénégal en particulier, plus d’un ménage sur dix est concerné par ce mouvement . Cette situation n’épargne pas la communauté rurale de Diénder Guedj qui se caractérise par une forte émigration vers la France, l’Italie, l’Espagne et à moindre mesure les amériques. Elle constitue à ce titre un « terrain » idéal pour évaluer les retombées de la migration sur le développement de l’agriculture plus particulièrement le maraîchage, l’activité principale du milieu. Les retombées de la migration peuvent être assimilées aux transferts de fonds des migrants dans leurs pays d’origine. Ces transferts sont, pour bien des pays en développement comme le Sénégal, en particulier le « monde rural» une source financière d’une portée indéniable. A l’instar du pétrole, la migration semble être considérée alors comme une mine d’or mais renouvelable. D’après les statistiques, l’apport des migrants dépasse même l’apport des investissements directs étrangers, y compris l’aide au développement constituée de don et de prêt, souvent destinée aux pays dits « pauvres ». Pour le Sénégal, les migrants ont injecté environ 341 milliards FCFA (environ 740 millions USD) en 2005, et 566 milliards FCFA en 2006/2007, selon le rapport 2007 de la Banque africaine de développement (BAD). Ils se sont ensuite stabilisés à environ 555 milliards FCFA (environ 1 milliard USD) en 2008.
De ce fait, l’orientation ou l’utilisation de ces fonds importants surtout en termes d’investissement mérite d’être analysée et approfondie pour essayer de voir leurs réelles portées sur l’espace rural. Les retombées financières de la migration ont toujours été vues comme un moyen de satisfaire les besoins à caractère familial (se nourrir, se soigner, éduquer les enfants et s’abriter) et que leurs effets sur le développement seraient incertains. Cependant, les priorités d’investissement des migrants ont évolué au fil du temps notamment dans le « monde rural » vers un trait essentiellement agricole. Dans la communauté rurale de Diénder Guedj peuplée de 29922 habitants, le maraîchage capte une bonne partie des investissements des émigrés de la localité. Le maraîchage est pratiqué entièrement par la population et constitue évidemment sa principale source monétaire et alimentaire.
CONNAISSANCE DU MILIEU
Il s’agit ici de donner des éléments de connaissances sur la région éco-géographique des Niayes mais en accentuant la réflexion sur la communauté rurale de Diénder Guedj pour comprendre davantage la singularité du milieu, une zone réputée être une zone de destination plutôt qu’une zone de départ.
LOCALISATION DES NIAYES ET DE LA COMMUNAUTE RURALE DE DIENDER GUEDJ
Les Niayes
« La région des Niayes » s’inscrit administrativement dans les quatre régions bordant la frange maritime du nord du pays : Dakar, Thiès, Louga et Saint Louis. Les Niayes s’étirent sur une bande de 180km de long et varient de 5 à 30 km de large à l’intérieur des terres. Elles se situent sur la frange littorale qui s’étend de Saint-Louis à Dakar communément appelée la grande côte. Caractérisées par une nappe phréatique peu profonde, parfois sub-affleurante dans les cuvettes, un climat sub canarien et des ressources hydriques importantes, les Niayes constituent la principale zone maraîchère du pays. Support d’une économie horticole, les Niayes représentent actuellement plus de 63 % des surfaces (tomates, oignons, salades, piment,..), contre 22 % sur le fleuve (tomates, oignons) et 15 % dans les régions de Thiès et Kaolack .
La Communauté Rurale de Diénder Guedj
Partie intégrante de la région des Niayes, Diénder Guedjse situe dans le département de Thiès et dans l’arrondissement de Keur Moussa. La communauté rurale est limitée au Nord par la communauté rurale de Notto Gouye Diama, à l’Est par celle de Mont-Rolland, à l’Ouest par l’Océan Atlantique et la communauté rurale de Bambylor, et au Sud par les communautés rurales de Yenne et Keur Moussa. De coordonnées 14°36-14°50 Nord et 17°05-17°45 Sud, Diénder couvre une superficie de 118km² et compte (21) vingt un villages pour une population estimée à 24767 habitants avec une densité moyenne de 210 habitants au km².
UNE TERRE FAVORABLE AU MARAICHAGE
La communauté rurale de Diénder, du point de vue géographique, se situe dans le bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien et renferme une variété de sols . Avec un relief relativement plat, caractérisé par des plateaux entrecoupés de cuvettes et de dépression inter dunaires à engorgement temporaire. Le sol est assez varié et distinct. Néanmoins, il renferme des potentialités agricoles indiscutables en l’occurrence les activités maraîchères qui attirent les investissements financiers, matériels et immatériels des migrants. C’est le cas des sols hydro-morphes ou sols de bas fond, de texture argilo humifères qui sont très aptes à la culture maraîchère et à l’arboriculture. Sans oublier également les sols plutôt argilo sableux ou sablo argileux dans les cuvettes et les dépressions, communément appelés Deck-Dior ou Dior-Deck fréquemment utilisés pour la pratique du maraîchage et autres activités similaires.
Nous avons également d’autres types de sols comme les sols Dior ou sols ferrugineux tropicaux lessivés caractérisés par leur texture sableuse et sont généralement aptes à la culture de l’arachide, et les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés appelés sols Deck, de texture argilo sablonneuse, qui sont favorables à la culture du maïs.
En définitive, il faut souligner que dans la communauté rurale de Diénder, le maraîchage est pratiqué quasiment dans toutes les catégories de sols. Or, avec le développement fulgurant de l’immobilier où les maisons poussent comme de l’herbe, les surfaces de terres maraîchères se sont petit à petit réduites.
UNE HYDROLOGIE ASSEZ INTERESSANTE
La communauté rurale de Diénder est définie par une série de dépressions parallèles à la côte. La nappe phréatique effleurante ou peu profonde et la présence de certains lacs dans la localité comme le lac Mbaouane (1360 m de long et 800m de large) et celui de Tanma, confèrent à la zone une hydrographie assez intéressante pour la faire le bastion de la culture maraîchère. La situation hydrographique est également tributaire de la pluviométrique, marquée par une saison humide (Juillet à Septembre) et une saison sèche (Octobre à Juin). La pluviométrie est un facteur non négligeable de l’activité de la production agricole surtout dans un milieu où la presque totalité de la population est cultivateur. Durant ces dernières années, les précipitations ont connu une hausse assez importante pouvant impacter sur la nappe phréatique devenue de plus en plus profonde avec comme conséquence immédiate la disparition des « céanes » (puits peu profond accessible à pied pour y puiser.) Nous avons également les précipitations qualifiées d’occultes et appelées « heug » ou pluie des « mangues » ayant un caractère un peu accidentel. Elles sont surtout enregistrées en saison sèche notamment durant la période de fraîcheur, c’est-à-dire Décembre, Janvier, et Février, dues aux invasions polaires. Ces pluies issues d’intrusion de masses d’air polaire, irrégulière et peu abondantes, sont cependant d’une grande importance pour la pratique des cultures de contre saison (maraîchage) dans la localité de Diénder. Au cours de ces dernières années, les précipitations ont permis l’espoir dans la mesure où elles ont connu une hausse. La géographie hydraulique redessine aujourd’hui de nouvelles zones agricoles.
SITUATION DEMOGRAPHIQUE
L’analyse des données démographiques recueillies auprès de l’Agence Nationale de La Statistiques et de la démographie, dans le cadre de ses différentes séries de recensements général de la population notamment celui de 2002, montre que la population de la communauté rurale de Diénder Guedj s’élève à 24767 habitants, répartie dans Vingt un (21) villages. La densité rapportée au km² est de 210 habitants. Dans cette population, les jeunes y sont estimés à 60%.
D’après les résultats ressortis des enquêtes et interviews menées auprès de la population, la localité de Diénder est une zone d’immigration. Ils montrent que les premiers habitants proviennent de Zinder, une localité située au Niger, et constituent les ancêtres des Lébous (95%). En suite, viennent les Sérères venus de Mboro près de Mbour, et les haoussas, les wolofs venus du Cayor et les peuls qui représentent 4%. Par la suite, elle connaît une dynamique de la population assez importante, avec une croissance démographique de 3%, Ce constat sur l’évolution de la population de Diénder Guedj, semble être confirmée par les données de prévision fournies par l’ANSD d’ici 2015.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : LA COMMUNAUTE RURALE DE DIENDER GUEDJ UNE ZONE D’EMIGRATION
1-CONNNAISSANCE DU MILIEU
2-CARACTERISTIQUES DES MIGRANTS
DEUXIEME PARTIE : LES INVESTISSEMENTS MARAICHERS DES MIGRANTS INTERNATIONAUX
1-SITUATION DES INVESTISSEMENTS DES MIGRANTS
2-RETOMBEES DES FINANCEMENTS MARAICHERS DES MIGRANTS SUR L’ECONOMIE A DIENDER GUEDJ
CONCLUSION GENERALE