Le premier tracé électrocardiographique 12 dérivations a été réalisé en 1942 par GOLDBERGER, il est depuis utilisé en pratique quotidienne par les médecins du monde entier, sans limitation aux seuls spécialistes en cardiologie. Cela tient en grande partie à sa facilité d’utilisation, son innocuité, l’absence de douleur provoquée, son coût relativement faible et aux nombreuses informations apportées, complémentaires à celles pouvant être recueillies par l’examen clinique.
Cependant son utilisation requiert une formation adaptée, prolongée par une pratique régulière. Plusieurs logiciels d’interprétation automatisée peuvent être utilisés, pouvant éventuellement constituer une aide à l’interprétation mais ne sauraient en l’état actuel des choses se substituer à celle du médecin, leur exactitude peinant encore à dépasser les 80% de résultat correct . L’interprétation des médecins généralistes semblent être moins sensible mais plus spécifique que l’interprétation automatisée .
L’utilisation de l’électrocardiogramme en médecine générale concerne à peine plus d’un praticien sur deux, et il est intéressant de constater que les praticiens équipés l’utilisent relativement peu, moins d’une fois par an pour la majorité des médecins généralistes équipés, d’après l’étude des cotations DEQP003 auprès du Système National d’Information Inter-Régimes de l’Assurance Maladie (SNIIRAM) de 2013 à 2016 en région pays de la Loire.
Différentes études se sont intéressées à l’électrocardiogramme (ECG) en médecine générale ainsi qu’aux facteurs limitant l’utilisation de ce dernier en médecine générale et identifient en premier lieu le manque de formation . Ce dernier motif est également évoqué comme première limite chez les internes de médecine générale. La quasi-totalité des internes angevins interrogés lors d’un travail de thèse en 2019 souhaitaient une formation complémentaire à son interprétation au cours de l’internat plus importante . Un travail de thèse en 2019 s’était également intéressé à l’auto-évaluation des médecins généralistes de région Occitanie sur leurs compétences en matière d’analyse des ECG. Le sentiment d’incompétence à l’analyse d’un ECG était élevé, chez les médecins généralistes occitans libéraux, bien que non majoritaire.
En 2018, une étude avait été réalisée auprès des médecins généralistes de l’ex BasseNormandie concernant l’utilisation de l’électrocardiogramme. Le manque de formation à l’interprétation de l’électrocardiogramme avait été décrit comme critère majeur limitant son utilisation. C’est donc dans la continuité de cette étude, qu’il a été décidé de s’intéresser au problème « à la source », en s’intéressant aux internes de médecine générale de l’ex Basse-Normandie.
En effet, il a été décrit qu’un nombre insuffisant d’examens interprétés par année nuisait au maintien des capacités d’interprétation. La formation initiale des internes en médecine générale est donc essentielle pour leur permettre d’intégrer la pratique de l’électrocardiogramme dès le début de l’activité libérale. À défaut, le manque d’aisance à l’interprétation de l’électrocardiogramme ne fait que s’accentuer au fil des années et rend ainsi de plus en plus difficile la réintégration de la pratique de l’électrocardiogramme en pratique libérale.
MATERIEL ET METHODE
Type d’étude
Il s’agit d’une étude épidémiologique de type descriptive, observationnelle, étudiant le sentiment de formation des internes en médecine générale quant à la lecture et l’interprétation de l’électrocardiogramme, et de leur volonté et capacité à l’intégrer dans leur pratique clinique éventuelle.
Population source
La population source était représentée par les internes en médecine générale de la faculté de médecine de Caen sur l’année universitaire 2020 – 2021 ayant accepté de répondre au questionnaire.
Population cible
La population cible est définie par les internes en médecine générale de la faculté de médecine de Caen. Selon les renseignements fournis par la faculté, 258 internes en médecine générale sont inscrits, dont 152 femmes et 106 hommes, répartis en 94 internes la première année, 83 la seconde, et 81 la troisième.
Critères d’inclusion et d’exclusion
Étaient inclus dans cette étude :
✦ Les internes en médecine générale
✦ Inscrits à la faculté de médecine de Caen
✦ Pendant l’année universitaire 2020 2021
✦ Ayant accepté de répondre au questionnaire informatique via Google docs.
Étaient exclus de cette étude :
✦ Les internes en autre spécialité que la médecine générale
✦ Les internes en médecine générale ayant validé leur DES mais non thésés
✦ Les internes ayant refusé de répondre à cette étude .
DISCUSSION
Biais et limites de l’étude
Les biais de l’étude sont ceux principalement rencontrés au cours des études observationnelles. En ce qui concerne le biais de recrutement, il faut noter que seuls les internes ayant eu directement accès au groupe Facebook des internes en médecine générale de la faculté de médecine de Caen ou indirectement par transfert du lien redirigeant vers le questionnaire ont pu répondre à ce dernier. Ce biais est cependant limité par le fait que la grande majorité des internes en médecine de l’ex Basse-Normandie sont utilisateurs de ce groupe, qui recensait 231 participants lors du début de l’étude, et dont la liste des membres est mise à jour chaque année, avec inclusion des nouveaux inscrits, et exclusion des membres qui ne sont plus internes. Il faut également noter que la plupart des messages d’information concernant les internes et en particulier leur vie universitaire ou hospitalière transitent par ce groupe. Ce mode de communication a donc semblé plus pertinent et efficace qu’une liste de diffusion par mail. Il n’a pas non plus été décidé d’associer les deux modes de réponse, avec le risque d’une double saisie par le même interne. Un autre biais de sélection est constitué par le fait que l’échantillon ne s’intéresse qu’aux seuls internes en médecine générale de l’ex Basse-Normandie inscrits sur l’année universitaire 2020 – 2021, et non aux internes des années antérieures. Il faut également souligner que cette étude a eu lieu en pleine pandémie de Covid-19, ce qui rendait particulièrement compliqué la remise directe d’un questionnaire papier aux internes concernés, avec une diminution importante des interactions entre internes et une mobilisation accrue des internes en médecine, ce qui n’a pas aidé à augmenter le taux de réponse à ce questionnaire.
Le biais d’auto-sélection est liée au fait que les internes les plus intéressés par le sujet ont peut-être plus répondu au questionnaire que les autres. Il est possible que le manque d’aisance à l’interprétation de l’électrocardiogramme préoccupe d’avantage les internes qui se sentent le plus en difficulté vis-à-vis d’elle et donc les incite davantage à répondre au questionnaire que ceux qui se sentent plus à l’aise et formés.
Par ailleurs, le type et le niveau de formation à l’interprétation de l’électrocardiogramme n’est pas le même aujourd’hui qu’il ne l’était lors de la formation initiale des médecins généralistes ayant répondu au précédent travail de thèse d’Emilie Rousselet.
Taux de réponses et populations étudiée
La population des internes en médecine générale de l’ex Basse-Normandie ayant répondu au questionnaire semble assez fidèle à la population étudiée, tant sur la répartition entre les sexes que sur la répartition entre les différentes années d’internat, TCEM1, TCEM2, TCEM3.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIELS ET METHODES
II.1. Type d’étude
II.2. Population source
II.3. Population cible
II.4. Critères d’inclusion et d’exclusion
II.5. Critères de jugement principal
II.6. Critères de jugement secondaires
II.7. Genèse du questionnaire
II.8. Support du questionnaire
II.9. Diffusion du questionnaire
II.10. Recueil des données
III. RESULTATS
IV. DISCUSSION
IV.1 Biais et limites de l’étude
IV.2 Taux de réponses et population étudiée
IV.3 Réponses au questionnaire
V. CONCLUSION