Les interférences linguistiques

Les interférences linguistiques

Le système d’interférences linguistiques est un vieux phénomène dans le domaine des Sciences du Langage. Parmi les quelques ouvrages que nous avons pu consulter au cours de cette recherche, nous retenons en substance ce que dit le Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du Langage de Dubois et al. (1999, 252: 253) concernant ce phénomène linguistique: «….il y a interférence quand un sujet bilingue utilise dans une langue-cible A un trait phonétique, morphologique, lexical ou syntaxique caractéristique de la langue B » .

Force est de comprendre que ce phénomène reste individuel et involontaire du sujet parlant. Pour certains didacticiens des langues étrangères, c’est un phénomène qui relève de la problématique liée à la faute. Quoi qu’on dise, on ne peut le séparer du fait lié au bilinguisme individuel. Le dictionnaire continue en donnant des exemples : « un Français parlant espagnol ou russe pourra ne pas rouler la consonne r et lui donner le son qu’elle a en français (un cas phonique). Un Allemand parlant français pourra donner au mot français la mort le genre masculin du mot allemand correspondant « Tod » (interférence morphologique). Pour dire je vais à l’école, un Français parlant anglais pourra utiliser pour joindre school à I am going la préposition at (qui est parfois l’équivalent de à), alors que l’anglais utilise to après les verbes de mouvement comme move to (se mouvoir), go to (aller à) (interférence syntaxique). Un Italien parlant Français pourra dire une machine machina pour dire voiture (interférence lexical). » .

Tout comme le Français parlant espagnol ou russe, l’Allemand parlant français, ou encore le Français parlant anglais, de même un bamanan, parlant français pourra ne pas prononcer le son[y] comme dans le mot « tu» et il pourra le remplacer par le son[i]. Ce même sujet voulant prononcer[ǣ]dans un cahier [ǣ kaje] pourrait le remplacer par le [ɛ͂] comme dans implanter [ɛ͂pla͂te]. Etant natif de la langue bamanan, nous sommes nous-mêmes un exemple typique dans cette pratique de changement phonétique. Que ce soit à Bamako ou ailleurs au Mali, il n’est pas rare d’entendre un Dogon dire pulupulu (galette) au lieu de furufuru ou Pana au lieu de Fana (ville à 130km de Bamako). Il se trouve alors que le Dogon peut avoir la difficulté de prononcer/f/ parce que simplement cela est dû à l’inexistence de ce son dans les inventaires phonétiques disponibles de certains dialectes de la langue dogon.

Contact de langues

Le contact de langues est la situation humaine dans laquelle un individu ou un groupe sont conduits à utiliser deux ou plusieurs langues. Le Contact de langues est donc l’événement concret qui provoque les formes de bilinguisme ou en pose les problèmes. Le contact de langues peut avoir des raisons géographiques : aux limites de deux communautés linguistiques, les individus peuvent être amenés à circuler et à employer ainsi tantôt leur langue maternelle, tantôt celle de la communauté voisine. C’est là, notamment, le contact de langues des pays frontaliers. Il peut y avoir aussi le déplacement massif d’une communauté parlant une langue, conduite à s’installer pour quelque temps, longtemps, ou toujours, dans la zone géographique occupée, par une autre communauté linguistique. Ce type de contacts de langues que l’ancienne Gaule a connu, notamment au moment des invasions germaniques, reste fréquent dans les cas d’immigration collective (irlandaise ou portoricaine aux EtatsUnis) ; d’une manière plus générale, c’est le type de contacts caractéristiques de l’extension à la plus grande partie de l’ancienne Gaule du parler francien, donnant naissance au français. Mais il y a aussi contact de langues quand un individu, se déplaçant, par exemple, pour des raisons professionnelles ou autres, est amené à utiliser à certains moments une langue autre que la sienne. D’une manière générale, les difficultés nées de la coexistence dans une région donnée (ou chez un individu) de deux ou plusieurs langues se résolvent par la commutation ou usage alterné, la substitution ou utilisation exclusive de l’une des langues après élimination de l’autre ou par l’amalgame, c’est- à-dire l’introduction dans des langues de traits appartenant à l’autre. L’utilisation du français dans les provinces de langues différentes s’est accompagnée et s’accompagne de ces trois types de situation.

Aussi, au Mali, des situations similaires existent bien. Le cas de la langue dogon à Bamako et précisément au quartier Missira peut servir d’exemple concret. Notre collègue Daifour OUOLGUEM (2015), dans son mémoire , a mené des enquêtes dont les résultats éclairent le sujet :

❖ Le besoin d’insertion dans le milieu bambarophone d’accueil (Missira) a poussé les populations Dogon à abandonner leur langue maternelle, le dɔgɔsɔ , en situation minoritaire.
❖ Dans les vieilles familles Dogon du quartier Missira à Bamako la langue de la communauté, le dɔgɔsɔ, n’est pas transmis de génération en génération.
❖ La puissance du bamanankan et son omniprésence laissent peu d’espace à la langue dogon.

Ces résultats prouvent à suffisance que la langue minoritaire peut être en danger suite au contact de langues.

Langue source (LS) et Langue cible, Langue première(L1) et Langue seconde(L2), Langue maternelle et Langue étrangère 

Ces termes que nous adopterons parfois au long de l’étude, sont parfois ambigus. Nous retenons ici les explications de Jorge Giacobe (1952 : 15) qui cadrent mieux au contexte présent.

Pour lui, la langue source fait référence à la langue déjà parlée par l’apprenant au moment où commence l’acquisition de la langue nouvelle. Le mot source fait référence à l’origine des productions de l’apprenant. Il s’agit d’une métaphore qu’on ne saurait interpréter comme attribuant à cette langue, la seule origine des productions de l’apprenant. Le mot « cible » – encore une métaphore- présente aussi des problèmes dans le sens où l’acquisition ne présuppose pas un stade final à atteindre où la langue de l’apprenant coïnciderait avec la langue des locuteurs natifs.

Il considère que les termes langue première (L1) et langue seconde (L2) sont non nécessairement identifiables dans tous les contextes avec les deux précédents mais sont plus descriptifs. Ils sont employés très fréquemment surtout dans la terminologie anglo saxonne, mais ils présentent l’inconvénient de la valeur relative du chiffrage dans le cas des apprenants plurilingues.

Enfin, il nous informe que la langue maternelle et langue étrangère qui sont des termes plus courants en France que n’importe où, présentent d’importants problèmes théoriques quand à la définition des deux concepts. A ce sujet, certains auteurs américains opposent seconde à étrangère, le deuxième adjectif référant seulement aux langues acquises hors du pays où elles sont parlées.

Un sujet plurilingue

Pour Dubois et al. « On dit d’un sujet parlant qu’il est plurilingue quand il utilise à l’intérieur d’une même communauté linguistique plusieurs langues selon le type de communication (dans sa famille, dans ses relations sociales, dans ses relations avec l’administration, etc.) ». En guise d’exemple, on pourrait qualifier les cas des élites maliennes voire africaines de plurilingues dans la mesure où elles utilisent presque toutes, une langue étrangère dite langue officielle et une ou plusieurs autres qui sont endogènes. Un bamanan médecin est plurilingue, un soninké avocat est plurilingue de même qu’un seerer enseignant au Sénégal, un wolof anglophone.

On dit d’une communauté qu’elle est plurilingue lorsqu’elle utilise plusieurs langues dans les divers types de communication. Certains pays, comme la Suisse où le français, l’allemand, l’italien et le romanche sont langues officielles, connaissent le plurilinguisme d’Etat. Aussi, en Afrique on peut citer un bon nombre de pays plurilingues dont le Cameroun où il existe de part et d’autres le français, l’anglais et les langues nationales du pays.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE
Chapitre1 Définition de concepts
1.1 Les interférences linguistiques
1.2 Contact de langues
1.3 Langue source (LS) et Langue cible, Langue première(L1) et Langue seconde(L2), Langue maternelle et Langue étrangère
1.5 Le bilinguisme individuel
1.6 Un locuteur unilingue
1.7 Code-mixing (mélange de langues)
1.8 Alternance de langues (code-switching)
1.9 La métalangue
Chapitre2 Revue de la littérature
DEUXIEME PARTIE CADRE METHODOLOGIQUE ET PRATIQUE
Chapitre 3 Méthodologie
3.1. Choix et interprétation du corpus
3.2. Présentation du cadre de recherche
Chapitre 4 Analyse des cas d’interférences linguistiques
4.1 . Cas d’interférences du bamanankan sur le français
4.2 . Cas d’interférences du français sur le bamanankan
TROISIEME PARTIE AUTRES FORMES D’INTERFERENCES ET REMEDIATIONS DIDACTIQUES
Chapitre 5 Autres formes d’interférences linguistiques
5.1. Les emprunts
5. 2. Les calques
5.3. Parle-t-on le bamanankan ?
Chapitre 6 : Remédiations didactiques
6. 1. Inspirations pédagogiques
6. 2. Phonologie appliquée à la pédagogie
6. 3. Acquisition de nouveaux schèmes
Conclusion

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