Les interferences entre les hommes et l’environnement

La notion d’art contemporain apparait vers le début du XXème siècle, et désigne toutes pratiques artistiques en rapport avec l’art plastique actuel. Avec l’avènement de la photographie et de l’imagerie informatique, le concept d’œuvre plastique évolue vers un domaine plus vaste : celui des arts visuels. Une véritable révolution de l’expression plastique se produit grâce à l’exploitation de l’image et des représentations concrètes ou abstraites. L’art contemporain annonce l’affranchissement des normes classiques par la figuration libre : les artistes s’éloignent des représentations figuratives et conformes au réel, utilisent de nouvelles techniques picturales, et s’intéressent d’avantage à la dimension humaine et sociale de l’art. Les techniques (communication, représentation, exposition, etc.) et les sciences (sciences humaines et sciences pures) prennent des dimensions importantes dans l’œuvre contemporaine, et engendrent l’apparition de nouvelles formes d’expressions plus complexe les unes que les autres. C’est dans ce domaine de la communication culturelle que nous nous sommes orienté.

Les raisons de l’étude partent du constat d’une remise en question dans l’art plastique contemporain malgache, cherchant encore à se définir et à définir son marché, tant au niveau national qu’international. Madagascar fait partie des pays où l’éducation à l’art reste encore restreinte, pour ne pas dire absente, pourtant elle possède une grande diversité d’artistes œuvrant dans différents domaines. En tant que chercheur en médiation culturelle, l’étude de l’expression plastique actuelle nous parait nécessaire afin de participer à la promotion du secteur artistique malgache. Le contexte de crise politique dans lequel se trouve le pays depuis 2008, favorise l’émergence d’une culture de la masse, et nous incite à étudier le système de communication et de représentation qu’elle met en œuvre à travers les graffiti.

Actuellement, la création artistique dispose d’une liberté d’expression conséquente grâce aux apports humains, technologiques et scientifiques qui véhiculent une certaine liberté de pensée. Pourtant, ce marché de l’art contemporain malgache connait encore la suprématie des produits artisanaux. Cette problématique, nous oriente vers l’analyse de ce marché de l’art contemporain à Antananarivo : la connaissance de ses acteurs et de leurs différents rôles, et la connaissance de ses réalités, permet d’identifier les problèmes auxquels il fait face dans l’optique d’y proposer des solutions. Madagascar présente également une abondance d’artistes et de matières premières, ce qui incite au questionnement suivant : comment valoriser la création artistique contemporaine à Madagascar ? D’où le titre de notre mémoire : « Etude des impacts culturels de la médiation des graffiti à Antananarivo». Les recherches menées par Razoelinivo Lantoniaina Stella sur les problèmes de valorisation des arts plastiques, s’accent sur la situation de la peinture malgache contemporaine. Nous nous intéressons à son analyse du marché de l’art contemporain à Antananarivo, et à son utilisation de l’approche scientifique du « macroscope » dans l’évaluation des problèmes de la peinture actuelle . Dans ses études ethnomusicologiques, Randrianary Victor met en exergue les relations entre graffiti et répartition par classe socio-économique de la population dans l’espace urbain, il y développe également les liens des graffiti avec la culture hip hop .

La théorie de la médiologie de Régis Debray se fonde sur l’importance de la phase de transmission dans l’acte de communication, et nous oriente vers l’évaluation du phénomène de transfert d’information, de techniques et de connaissances mis en œuvre dans la pratique. La théorie de l’éthique du sens de Jean Caune énonce que les expériences fondent les formes et les langages de l’esthétique. Nous déduisons que l’expérience graphique permet de transmettre des sens esthétiques et des mémoires techniques communes aux sociétés traditionnelles et modernes, locales et mondiales. Leurs travaux rejoignent la théorie de la sémiotique des pratiques culturelles de Bernard Lamizet , qui présente un mode d’élucidation et de signification des faits culturels fondé sur l’articulation entre instances culturelles de production et de réception. En application : « il n’y a ni culture ni signification hors du lien social. ». Cette théorie se fonde sur l’utilisation des pratiques culturelles comme mode de lecture et d’interprétation des faits sociaux. Notre hypothèse de départ repose sur le fait que les graffiti sont des phénomènes de communication interculturelle, et par conséquent qu’ils véhiculent des sens et des valeurs dans l’espace public. Le questionnement est d’étudier les significations, les fondements et les impacts sociaux culturels de la pratique des graffiti dans la société moderne.

Les interférences entre les hommes et l’environnement 

Dans son sens archéologique, les graffiti se rapprochent des peintures rupestres et des épigraphes, et se présentent comme des témoignages écrits non littéraires de la présence et de la domination humaine dans l’environnement. Ils traduisent un comportement moteur d’affirmation identitaire par rapport aux individus, groupes, institutions, et au milieu naturel et bâti de cet entourage socio naturel. Ses interactions avec les différents acteurs sociaux et l’espace naturel matérialisent les sens des graffiti dans l’espace public. Les représentations réelles des acteurs de la création, les diffusions des acteurs institutionnels, et les prestations médiatiques des acteurs de la représentation favorisent cette situation. Les formes et les langages attribués à ces interactions socio-environnementales sont analysées par l’étude anthropologique des différentes catégories sociales incluses et ou environnant notre objet d’étude.

Grâce à l’immersion dans le quartier d’Ampefiloha l’importance des apports humains et socioculturels issus de ces interférences entre acteurs de la production et de la réception est évaluée. La complexité des modes de représentation des liens écologiques des graffiti et de ses utilisations du milieu urbain réclame l’analyse de son mode d’expression des désirs et de la société idéale.

Les graffiti, la société et la culture urbaine

Le graffiti intègre les arts appartenant à l’espace-temps urbain-contemporain, et s’axe sur le thème de l’exploitation de la ville par la sociabilité. Il nous conduit à choisir le terrain de la zone du centre-ville, jouant le rôle de premier pôle national d’urbanisme et identifié comme le foyer du phénomène à Antananarivo. Du fait de sa faible ampleur et de sa dispersion dans l’espace, nous nous limitons aux expositions urbaines des graffiti dans le 1er et le 3ème arrondissement. Nous y répertorions une diversité assez importante d’œuvres et d’artistes, et y remarquons également différents types de supports et d’expositions.

Les supports en ville

Etudier anthropologiquement les valeurs urbaines des graffiti relève d’une écologie symbolique des supports d’exposition et des matériaux utilisés. Nous tombons en plein dans une médiation artistique du travail de communication effectué par les artistes. Notre immersion participative dans le quartier populaire d’Ampefiloha, nous transmet leurs motivations et leurs contraintes. La valorisation de leurs démarches techniques passe également par l’analyse des représentations graphiques à travers les supports médiatiques de masse et les nouvelles technologies de l’information. La convention des sens pré établis et symbolique des médiums utilisés n’est pas oubliée.

Les monuments publics

Les caractères de son exposition dans l’espace urbain témoignent des contextes spatiaux temporels d’élaboration des graffiti et des modalités de sa réception sociale. Cette exploitation des matériaux urbains et des médiums populaires révèle une stratégie de communication élargissant sa réception au niveau du grand public. Connaitre les valeurs symboliques des supports d’expositions des graffiti, nécessite des recherches sur les catégories, les types, et la nature des bâtiments et des quartiers les plus touchés. De plus, l’emplacement, l’usage social, l’historique, le degré de visibilité et la propriété juridique des supports choisis sont étudiés. Les facteurs sociaux et spatiaux qui influencent leurs choix, et dont les sens techniques et pratiques traduisent les caractères, les causes et les objectifs de l’exposition sont aussi déterminés. Notre analyse de l’exposition des graffiti se fonde sur les contextes de la répartition démographique et de ses interférences à l’environnement socio-naturel. L’évaluation des thèmes et des désirs représentés dans l’art graphique se rapportent surtout à ces changements socio-culturels issus des influences de la mondialisation.

Les techniques populaires 

Définir le caractère populaire des graffiti nous renvoie à la connaissance de la culture contemporaine et des moyens déployés dans sa diffusion et sa représentation médiatisée. Connaitre la valeur symbolique des images, des matériaux, des techniques picturales et orales graphiques participe à l’analyse de la culture et de la communication de masse. Il faut définir ce caractère populaire, pour en qualifier et y intégrer les conventions collectives et médiatisées utilisés. L’étude requiert une connaissance des thèmes médiatiques d’actualité et des images récurrentes de la culture populaire, afin d’en cerner l’usage symbolique dans la valorisation identitaires des médiums. L’attribution de ce caractère populaire relève également des contextes d’écarts socio-culturels entre instances d’émission et de réception. Ces divergences idéologiques et socio-culturelles mettent l’accent sur différentes conceptions sociales de la gestion efficace de l’espace naturel et de l’amélioration des conditions de vies humaines. C’est la raison pour laquelle, cette qualification populaire débouche sur les caractères dénonciateurs et contestataires des graffiti.

Des moyens symboliques

La représentation graphique inspire à symboliser les conceptions socioidentitaires locales, grâce à un choix de modèle socio-culturel fondé sur les propriétés à rallier la culture traditionnelle et moderne. Ces modélisations rattachent les matériaux, les médiums et les thèmes graphiques à une identité symbolique collective. Les adoptions et les rejets d’idées tirés des thèmes graphiques sont reliés aux sens identitaires et techniques dont ils sont porteurs. La valeur technique de ces médiums découle également de la connaissance des contraintes d’élaboration liées à la nature, à la société, et aux normes légales et morales.

Afin d’étudier cette association symbolique entre valeurs identitaires et écologiques, le degré d’élaboration et de compétences spécifique mis en œuvre est évalué. L’analyse anthropologique des conceptions graphiques sur les valeurs identitaires et éducatives des cercles de socialisation s’avère nécessaire pour mettre en exergue leurs intentions esthétiques. Les sens graphiques issus de cette médiation symbolique entre société actuelle et ancestrale traduisent des fonctions de construction, d’affirmation et de valorisation identitaire. Cette conceptualisation identitaire emprunte les techniques d’exploitation d’éléments culturels et naturels des modèles culturels mondiaux dans l’expression idéologique et sociopolitique.

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Table des matières

INTRODUCTION
1) LES INTERFERENCES ENTRE LES HOMMES ET L’ENVIRONNEMENT
1.1) Les graffiti, la société et la culture urbaine
1.11) Les supports en ville
1.111) Les monuments publics
1.112) Les techniques populaires
1.113) Des moyens symboliques
1.12) La mise en œuvre
1.121) Le monde oral
1.122) L’utilisation du visuel
1.123) Les modèles culturels
1.13) Les graffiti et l’art contemporain
1.131) La culture matérielle
1.132) Expression de résistance
1.133) L’esthétique des graffiti
1.2) Les approches théoriques
1.21) La communication interculturelle et interpersonnelle
1.211) Le modèle télégraphique
1.212) Le transfert à double réception
1.213) Valeurs de la transmission
1.22) La médiation culturelle
1.221) La sémiotique des faits culturels
1.222L’intégration dans l’art contemporain
1.223) Signifiant et Signifié des pratiques culturelles
1.23) Approche anthropologique
1.231) La vision de l’esthétique
1.232) La sublimation de l’appartenance collective
1.233) Les rôles de l’Etat et des ONG
1.3) La méthodologie adoptée
1.31) Les lectures entreprises
1.311) Contenu des ouvrages de base
1.312) Les fondements théoriques
1.313) Intérêts des articles de presse et archives
1.32) Le dépouillement des documents
1.321) Les archives communales
1.322) Les écrits muraux
1.323) Connaissances des rues d’Antananarivo
1.33) Descente sur terrain
1.331) Les graffiti à Ampefiloha
1.332) Des écrits diversifiés
1.333) Comment attirer la vue
CONCLUSION PARTIELLE
2) LA CULTURE GRAPHIQUE MALGACHE
2.1) L’art du graphisme à Antananarivo
2.11) Les Définitions adaptées aux réalités
2.111) Evolution dans les temps historiques
2.112) Les caractéristiques essentielles
2.113) Les différentes tendances
2.12) Les apports constatés
2.121) Les fondements identitaires
2.122) Harmonisation stratégique
2.123) La culture de la masse
2.13) La nouvelle conception malgache de l’art
2.131) Analyse des faits sociaux
2.132) Les thèmes et messages
2.133) Maîtrise de l’espace naturel et urbain
2.2) Rapports et interférences avec les actualités
2.21) Rétrospective des évènements
2.211) Les influences de la culture américaine
2.212) Aspects de la peinture contemporaine
2.213) Traduction de la linguistique sociale
2.22) La situation à Antananarivo
2.221) Matériaux et techniques d’élaboration
2.222) La vie politique
2.223) Une technologie très poussée
2.23) Les réseaux concepteurs
2.231) La psychologique des graffiti
2.232) « Air JP » : précurseur malgache
2.233) « Jamerla » : une association de graphistes
2.3) Marché et réception de l’art graphique
2.31) Publics et consommateurs des graffiti
2.311) Les secteurs et structures supporters
2.312) Attrait marketing et publicitaire
2.313) Le symbolisme et l’esthétique
2.32) Les relations afférentes aux graffiti
2.321) Une image contestataire du hip hop
2.322) La mode du street-wear
2.323) Le développement de l’audio-visuel
2.33) Les fils conducteurs
2.331) La loi sur les propriétés intellectuelles
2.332) Les lois sur la communication externe
2.333) Proposition de projet et de contrat avec la société
CONCLUSION PARTIELLE
3) LES ECHOS DANS TOUS LES ASPECTS DE LA CIVILISATION
3.1) Réussite de l’expressivité sociale et culturelle
3.11) Le développement artistique
3.111) Manifestation de la mémoire technique
3.112) L’appropriation populaire
3.113) Innovations des créations dans le domaine de l’art
3.12) Les transformations de la mentalité
3.121) L’intérêt pour la peinture
3.122) Acceptation des graffiti
3.123) Tissage des relations sociales
3.13) L’épanouissement économique
3.131) Le design : un nouvel essor
3.132) Les figures de représentations
3.133) Le rayonnement de l’art décoratif
3.2) Les inconvénients des pratiques des graffiti
3.21) Des problèmes de médiation de l’art
3.211) L’amélioration des infrastructures
3.212) Une reconnaissance difficile
3.213) Une réception approximative et hésitante
3.22) Les désavantages sociaux
3.221) La dégradation des bâtiments publics
3.222) Les expressions de la violence et de l’agressivité
3.223) Le désintérêt pour la production
3.23) Des lacunes à combler
3.231) L’insuffisance des rencontres et des médiations
3.232) Une politique culturelle à élaborer
3.233) Les difficultés du transfert technologique
3.3) Les solutions et les perspectives d’avenir
3.31) La mise en place effective d’une politique culturelle adéquate
3.311) L’engagement de l’Etat
3.312) L’amélioration des infrastructures
3.313) Nécessité d’une bonne éducation
3.32) Les solutions de médiation
3.321) La médiation public-concepteur à rénover
3.322) Collaboration avec les mécènes culturels
3.323) Le besoin du soutien de la masse
3.33) Les perspectives de développement
3.331) Internationalisation et mondialisation des méthodes
3.332) Partenariat avec la presse
3.333) Evocation des suggestions personnelles
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
CORPUS
ANNEXE

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