LES INDICES PHONÉTIQUES DANS LE DIALOGUE
L’INTENSITE
Après l’étude de la durée des pauses et celle de la fréquence fondamentale des tours, des énoncés et des voyelles finales, nous en venons maintenant à l’étude de l’intensité. Cet élément de notre recherche ne peut faire l’objet d’une analyse détaillée étant donnée la complexité du paramètre d’intensité en lui-même et des caractéristiques de notre corpus. Ce dernier a été enregistré en laboratoire, certes, mais n’a pas été enregistré dans les conditions rigoureuses qui permettent une analyse contrôlée de l’énergie. Les locuteurs, qui étaient en conversation sems dirigée, étaient relativement libres de bouger par rapport au microphone. Le son n’est alors pas constant et les valeurs d’intensité dont nous disposons sont celles qui ont été captées par Se microphone et non celles qui ont été réellement produites par les locuteurs.
LE TYPE D’ANALYSE
Nous savons également que ce paramètre, encore plus que les autres, est très influencé par la nature même de la voyelle prononcée ainsi que par sa durée. Encore une fois, les conditions d’enregistrement ne permettent pas de vérifier ces valeurs de façon précise. De plus, de par la nature de notre recherche, cette précision ne s’avère pas essentielle. Dans ces conditions, les analyses effectuées dans cette partie seront faites sur une base très générale et les résultats obtenus devront donc être considérés avec circonspection comme ayant simplement une valeur Indicative.Nous souhaitons aborder le phénomène de intensité dans notre recherche d’une façon plutôt globale. Nous proposons alors une analyse comparable à la descente de fréquence que nous avons faite préalablement, en cherchant à vérifier si! existe une descente générale de l’intensité tout au long du tour de parole, descente qui serait parallèle à la déclinaison observée pour la fréquence.
L’INTENSITÉ EN DISCOURS SPONTANÉ
Les recherches effectuées sur l’intensité dans un contexte de discours spontané sont assez rares. Étant donné son caractère particulier, {Intensité est le plus souvent étudiée dans un contexte très contrôlé. Les principaux travaux sur lesquels se base notre recherche sur le discours spontané, notamment ceux de Swerts (Swerts, 1993, 1997, 1998 ; Swerts et Collier, 1992 ; Swerts, Collier et Terken, 1994 ; Swerts, Bouwhuis, Collier, 1994 et Swerts et Geiuykens 1994), ne parient généralement pas de l’intensité. Quoique difficile à manipuler, ce paramètre a été tout de même abordé en spontané à l’échelle de l’énoncé par certains chercheurs, notamment par Laver (1994) ; certains travaux de l’équipe de Conrad Oueilon touchent aussi à cet aspect de la prosodie du discours spontané en français québécois. Dans son ouvrage intitulé Principles of phonetics, Laver (1994 : 505) décrit de façon assez simple le comportement de Hntensité dans l’énoncé spontané en faisant ressortir explicitement une certaine similarité avec la ligne de déclinaison de l’intonation :
Beyond the syllable, the linguistic use of loudness as a prosodie feature is comparable to that of pitch in some limited respects. As with pitch, it is reasonable to think of an utterance as having a Eoudness contour. In most types of utterances in most languages, the loudness declination not unlike that of pitch-declination, with a corresponding loudness baseline and topline.
II signale en outre que l’augmentation dintensité a une fonction paralingulstlque dans les situations de compétition pour prendre ou garder le tour de parole (Laver, 1994: 506). Dans leurs études sur la perception des frontières d’énoncé en français québécois spontané, Ouellon (1990 ; 1991), OueHon, Paradis et Duchesne (1991) et Duchesne (1991), observent une perte d’énergie Importante de la syllabe finale par rapport à la syllabe qui a la plus haute valeur d’énergie dans l’énoncé pour les fins d’énoncé qui sont les mieux perçues. OueSSon (1991 : 71) parle même directement de courbe d’énergie à l’intérieur de l’énoncé, mais sans envisager directement question de l’énergie dans le tour de parole.
L’utilisation de llntensité dans le tour de parole
Exploitant cette idée d’une descente de l’énergie en cours d’énoncé, nous avons donc cherché à voir si une pareille descente globaEe pouvait être observée du côté de l’unité plus grande que constitue le tour de parole. Une telle hypothèse n’est pas sans fondement physiologique, puisque l’on sait que c’est la pression d’air expulsé qui est responsable de llntensité du son, cette pression diminuant au fur et à mesure que l’émission s’allonge ; s’il ne fait pas de doute que la production d’un tour de parole s’accompagne de multiples inspirations qui constituent autant de « réinitialisations » potentielles de l’énergie, on peut néanmoins penser que cette capacité de réinitialisation diminue au fur et à mesure que le tour de parole s’allonge. De cette façon, la baisse graduelle de l’intensité pourrait constituer un indice global que le tour de parole progresse et par conséquent approche de sa fin. C’est pour vérifier cette hypothèse que nous allons examiner divers aspects du comportement de llntensité à l’intérieur du tour de parole.
L’Intensité moyenne
Dans la perspective d’une descente générale de l’intensité déjà signalée par tes chercheurs et parallèle à la déclinaison de fréquence, nous avons voulu vérifier si l’intensité moyenne des quatre voyelles cibles de S’énonce final ûu tour était inférieure à l’intensité moyenne des quatre voyelles cibles de chacun des énoncés du tour pris dans leur ensemble. Le Tableau 7 nous montre les résultats des moyennes des valeurs d’intensité des énoncés finals par rapport à la moyenne d’intensité du tour.
La ligne dintensité globale
II apparaît alors intéressant de vérifier l’orientation de la ligne dintensité globale à partir des valeurs dintensité produites par les locuteurs pour chacun de leur tour. Le Graphique 1 présente pour chacun des 20 tours de parole la droite de régression obtenue à partir des valeurs dintensité en dB des 4 voyelles cibles. Ce graphique nous permet donc de visualiser l’existence d’une orientation giobaie des valeurs dintensité dans le tour de parole. Compte tenu des propriétés des valeurs des X, l’utilisation de la droite de régression et des valeurs de pente a ici une fonction illustrative plutôt que strictement statistique
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Table des matières
RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES GRAPHIQUE ET TABLEAUX
INTRODUCTION
CHAPITRE I PROBLÉMATIQUE
1.0 INTRODUCTION
1.1 LE TOUR DE PAROLE
1.2 UN TRAVAIL DE PRÉCURSEUR S DUNCAN (1972)
1.3 VERS UNE HYPOTHÈSE
CHAPITRE 2 : ÉTAT DE LA QUESTION
2.0 INTRODUCTION
2.1 LE TRAVAIL DE PRÉCURSEUR DE LEHISTE : DU DISCOURS LU AU SPONTANÉ
2.2 LES TRAVAUX PLUS RÉCENTS SUR LE SPONTANÉ
2.2.Î Les indices phonétiques i les travaux de Sweits
2.2.1.1 LES INDICES PHONÉTIQUES DANS LE MONOLOGUE
2.2.1.1.1 Le contour intonatsf des monologues d’Instructions
2.2.1.1.2 L’organisation en topiques
2.2.1.2 LES INDICES PHONÉTIQUES DANS LE DIALOGUE
2.2.2 Les indices non prosodiques
2.2.2.1 LES FACTEURS SYNTAXIQUES
2.2.2.2 LES FACTEURS SÉMANTICO-PRAGMATIQUES
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE
3.0 INTRODUCTION
3.1 PRÉSENTATION DU CORPUS
3.1.1 Choix du corpus
3.1.2 Constitution d’un corpus
3.2 SÉLECTION DES TOURS DE PAROLE LONGS
3.2.1 Le type de tours de parole
1 3.2.2 La longueur et ia durée
3.2.3 Les limites du tour de parole
3.2.4 Les signaux de badc-cnannel
3.2.5 La délimitation des énoncés
3.3 ANALYSE AUDITIVE
3.3.1 Les indices prosodiques
3.3.1.1 LES INDICES PROSODIQUES : LA PAUSE ET L’INTONATION
3.3.2 Les indices paradiscursifs
3.3.2.1 LES ÉLÉMENTS PHYSIOLOGIQUES
3.3.2.2 LES HÉSITATIONS
333 Les indices sffitaxic|y@s
3.3.4 Les indices sémafitie©«piBg|matSciues
3.3.4.1 LES INDICES DE NO?S-CONCLUSÏON
3.3.4.2 LES INDICES DE CONCLUSION
3.3.4.3 LES INDICES DE JUGEMENT DE VALEUR 5Î
3.3.4.4 LES INDICES DE REDONDANCE
3.3.4.5 LA PRÉSENCE DE SIGNAUX EXPLICITES DE FINALITÉ ET LES MOTS CLÉS
3.4 L’ANALYSE INSTRUMENTALE
3.4.1 La numérisation
3.4.2 La segmentation
3.4.2.1 LA DÉLIMITATION DES PAUSES
3.4.2.2 LES PROBLÈMES DE SEGMENTATION
3.4.3 Les mesures de fréquence et d’intensité
3.4.4 Les mesures de 8a durée
3.4.5 L’anaiyse des données
3.4.5.1 LES MOYENNES
3.4.5.2 LA CHUTE DE FRÉQUENCE ET D’INTENSITÉ
3.4.5.3 LES GRAPHIQUES ET LES TABLEAUX
CHAPITRE 4 ANALYSE DES RÉSULTATS
4.0 INTRODUCTION
4.Î LES INDICES PROSODIQUES
4.1.1 Les pauses
4.1.1.1 LES TYPES DE PAUSES
4.1.2 Lintonation
4.1.2.1 LES INDICES GLOBAUX
4.1.2.2 LES INDICES INTERMÉDIAIRES OU SECTORIELS
4.1.2.3 LES INDICES LOCAUX
4.1.2.3.1 La méthode de classement des schémas intonatifs
4.1.2.3.1.1 Les neuf schémas intonatifs
4.1.2.3.2 La comparaison en demi-tons de la fréquence des voyelles finales et pénultièmes
4.1.2.4 SOMMAIRE DES OBSERVATIONS SUR L’INTONATION
4.1.3 L’intensité
4.1.3.1 LE TYPE D’ANALYSE
4.1.3.2 L’INTENSITÉ EN DISCOURS SPONTANÉ
4.1.3.2.1 L’utilisation de l’intensité dans le tour de parole
4.1.3.2.1.1 L’intensité moyenne
4.1.3.2.1.2 La ligne d’intensité global
4.1.3.2.1.3 L’intensité de Sa voyelle finale
4.2 LES INDICES NON PROSODIQUES
4.2.1 Les indices syntaxiques
4.2.1.1 LA COMPLETION
4.2.1.2 LA LONGUEUR
4.2.2 Les indices semantico-pragmatiqiies
4.2.2.1 LA PRÉSENTATION DES INDICES
4.2.2.1.1 Les indices de non-conclusion
4.2.2.1.2 Les indices de conclusion
4.2.2.1.3 Les indices de jugement de valeur
4.2.2.1.4 Les indices de redondance 100
4.2.2.1.5 Les signaux explicites de finalité ou mots clés
4.2.2.2 Recensement des indices sémantico-pragmatiques
4.2.2.2.1 Les tours typiques et atypiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE A
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