Soutenance mémoire
La terre est constituée d’une diversité d’écosystèmes ayant chacun une place spécifique dans l’environnement. La majorité renferme des espèces vivant en interaction et possédant une forte potentialité de production. L’une des zones les plus riches et productives se place au niveau des côtes. C’est dans ces zones que se trouve la mangrove (Rakotondrasoa, 2015). La plupart de ces écosystèmes à Madagascar se situe dans la partie Ouest entre Antsiranana et Horombe (Vary et al. 2016).
Depuis une dizaine d’années, des initiatives et des programmes internationaux ont été mis en place à travers différentes institutions, organisations, agences nationales, internationales et étatiques dans le but de promouvoir, d’assurer et de soutenir la conservation, ainsi que l’utilisation durable des mangroves et de leurs ressources (Roussel, 2001). En effet, cet écosystème est une forêt unique classée comme Zone Sensible rendant plusieurs services. L’une de ses fonctions principales est la protection de la bande côtière contre les perturbations atmosphériques aiguës (cyclones, ouragans). De plus, la mangrove est aussi radicale pour l’existence de nombreuses espèces d’animaux comme les poissons, les crustacés et les oiseauxqui l’utilisent comme refuge (Iandritiana, 2009). Plus de 80 % des poissons commerciaux et d’autres espèces aquatiques y passent la plupart de leur cycle de vie (ibid). L’ensemble de ces biens et de ces services procure à son tour des moyens de subsistance à de nombreuses communautés humaines habitant à proximité (Rakotomanana, 2012).
Méthodologies
Démarches de vérification commune aux hypothèses
Tout d’abord, le rapport de la conférence Alaotra Resilience Landscape (AlaReLa) zones humides de Madagascar au sein de l’École Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA) le 12 octobre 2016 a permis de mieux comprendre le concept de mangrove. Ensuite, des recherches documentaires sur la généralité des mangroves ont été faites au niveau du Centre de Documentation et d’Information de l’ESSA. Les mots clés étaient mangroves, exploitation des mangroves. Deux ouvrages ont été consultés :
◆ The botany of mangrove par Tomlinson P. B. sortie à Cambridge en 1986
◆ Aménagement des mangroves en Thaïlande, Malaisie et Indonésie par le FAO à Rome en 1985 .
Puis, des recherches sur Internet ont été menées sur la situation des mangroves de Madagascar et dans le monde. Les mots clés étaient : Mangroves, mangroves de Madagascar. Deux études ont été consultées :
◆ Cinquième Rapport National de la Convention sur la Diversité Biologique – Madagascar par le Ministère de l’Environnement et des Forêts en 2014
◆ Les mangroves de l’outre-mer française par Erwan Roussel en 2001 .
Conséquences de la dégradation des mangroves
Tout d’abord, une diminution des végétations des mangroves entraine une forte sédimentation et une apparition d’érosion. Ces dernières vont, d’une part, racler le sol. Ainsi, l’habitation des animaux sera fragmentée. À l’exemple de certaines espèces halieutiques comme les poissons qui se reproduisent et placent leur refuge au voisinage ; la régénération sera sous risque. De plus, selon Roussel (2001), le rendement en poissons et en coquillages serait, en moyenne, de 90 kg/ha dans les zones de mangroves, avec un maximum potentiel de 225 kg/ha. De ce fait, la productivité est menacée d’une diminution si la surface des mangroves est réduite. C’est le cas des mangroves dans le Menabe qui a connu une disparition d’environ 26% de sa superficie en l’espace de 4 ans. D’autre part, ces érosions peuvent également engendrer une augmentation de la turbidité d’origine tellurique . La turbidité, quelle que soit son origine, évite la pénétration de la lumière au fond (Roussel, 2001). Par conséquent, la végétation du fond ne se développe pas et un risque d’anoxie va se présenter. C’est le cas des mangroves du lagon Sud-Ouest de la Nouvelle-Calédonie.
Ensuite, l’absence de mangroves entrainera la pollution des eaux côtières (cas de Guadeloupe) car la filtration de l’eau et la rétention des polluants ne se feront plus à cause de la disparition des différents systèmes racinaires des palétuviers. En outre, la prévention contre l’arrivée des polluants dans les eaux côtières sera alors limitée. De plus, selon Roussel (2001), la disparition des mangroves provoque une acidification des eaux et des sols. Or, la majorité des crustacés et des faunes ichthyologiques ne tolère qu’un pH compris entre 7,5 et 8,5. Ce phénomène entraine alors une diminution des rendements en produits de pêche. Ceci provoque un impact direct sur l’économie de la zone parce que ces ressources sont considérées comme une source de richesse et un moteur de développement. C’est le cas du Cap Estérias sur la côte gabonaise.
Puis, les vies humaines et les constructions, qui se trouvent sur le littoral, ne seront plus protégées à plein temps car, en l’absence de mangroves, la capacité à briser la force des vagues va disparaitre. En effet, l’énergie d’une vague peut être réduite de 75 % lorsqu’elle passe à travers 200 mètres de mangrove si cette dernière est en bon état. De ce fait, sans mangroves, ces vagues vont facilement frapper les côtes et le risque de destruction sera très élevé. La dégradation des mangroves peut ainsi entraîner des dépenses pour mettre en place des installations qui protègent le littoral contre l’érosion marine. La République des Maldives (Océan Indien) a investi 10 millions de dollars par kilomètre dans un brise-lames artificiel, afin de protéger ses plages (CRNCDB, 2014). Finalement, le taux de carbone va s’accroître rapidement. Ceci aura un impact très important au niveau de l’environnement car les gaz à effet de serre vont augmenter et cela va entrainer un changement climatique.
Mesures prises à Madagascar face à la dégradation des mangroves
Jusqu’à maintenant, de nombreuses mesures ont été prises par différents acteurs face aux pressions que subit l’écosystème.
Financement
De par ses financements, la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM) contribue à préserver plus de 24 types d’écosystèmes : forêts denses humides (d’une superficie d’environ 800 000 hectares), forêts sèches (300 000 ha), forêts littorales (13 200 ha), lacs (95 960 ha), parcs marins (32 500 ha) comprenant des récifs coralliens, des herbiers phanérogames, et des mangroves (35 136 ha). Ainsi, ces Aires Protégées (AP) permettent à environ 972 400 personnes de demeurer. Pour le cas des mangroves, certaines sont converties en Nouvelles Aires Protégées (NAP), d’autres sont devenues des sites de recherches et le reste se contente de statut de mise en protection temporaire à cause de l’absence de financement. Par ailleurs, le financement des activités de recherche reste faible.
Cadre législatif
La mangrove est régie par le Décret MECIE (Décret nº 95.377 portant refonte du Décret nº92.926 du 21 octobre 1992) et l’Arrêté interministériel n°4355/97 en tant que Zone Sensible. De ce fait, les mangroves sont supposées être des zones protégées et la non délivrance de permis d’exploitation est utilisée par l’Administration Forestière (Direction Régionale des Eaux et Forêts (DREF), Circonscription Régionale des Eaux et Forêts (CIREF) et Cantonnement forestier). Le droit d’usage se limite à la pêche et la collecte de crabes. Toutefois, on remarque actuellement l’absence de processus d’Aménagement (Plan d’Aménagement et de Gestion) et le droit d’usage de la mangrove expliqué par un « libre accès » est la forme de gestion appliquée par la population locale. En effet, malgré les contrôles du Service Régional des Forêts (SRF) constitués de contrôles périodiques et contrôles inopinées avec le service de Cantonnement de l’Environnement et des Forêts et les forces de l’ordre (Gendarmerie locale), il leur est difficile de bloquer les activités d’exploitation. L’élément principal qui entre en jeu est le manque de moyens (humains et matériels) pour procéder aux contrôles et aux saisies. En 2009 – 2010, les problèmes de mise en œuvre des contrôles sont accentués par la fin du financement de la Banque Mondiale pour le Programme Environnemental 3 (PEIII) et l’impossibilité de paiement des indemnités des forces de l’ordre. Cette crise a donc un effet négatif pour la conservation de l’écosystème à cause du manque de financement (DREF Maintirano, 2011). En 2010, seulement 65 gaulettes issues de la mangrove ont fait l’objet de saisie de la part du service de contrôle de la DREF ce qui indique une difficulté à réaliser les contrôles. La dégradation des forêts de la mangrove est ainsi maintenue en laissant les exploitants exercer leur activité.
Stratégie de préservation des exploitants
Pour le cas d’Antrema, les villageois ont été surpris de voir l’ampleur de la dégradation de ces mangroves. Pour y faire face, les populations locales ont choisi d’adopter des activités pour la conservation des mangroves intactes et la restauration des mangroves dégradées. Les activités de conservation et de restauration dans les mangroves de la Station Forestière d’Antrema (SFA) sont :
● la protection et l’enrichissement en espèces autochtones des mangroves intactes de Bako dont le principal intervenant est l’association FIkambanana RAvinala BAko (FIRABA),
● la reforestation des mangroves dégradées d’Antrema Aranta occupée par l’association Antrema Miray et,
● la sensibilisation de la population en matière de protection et de gestion rationnelle et durable des ressources naturelles de la SFA. Les agents du Projet Pilote Bio-culturel d’Antrema (PBCA) agissent dans ce domaine (Ramamonjihasina, 2013).
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Table des matières
INTRODUCTION
1 MATÉRIELS ET MÉTHODES
1.1 Matériels
1.2 Méthodologies
2 RÉSULTATS
2.1 Importance des mangroves
2.2 Facteurs influençant la dégradation des mangroves
3 DISCUSSIONS
3.1 Conséquences de la dégradation des mangroves
3.2 Mesures prises à Madagascar face à la dégradation des mangroves
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES
