Les imperfections des informations et des connaissance
On appelle information toute collection de symboles ou de signes produits soit par l’observation de phรฉnomรจnes naturels ou artificiels, soit par l’activitรฉ cognitive humaine, et destinรฉe ร comprendre le monde qui nous entoure, ร aider ร la prise de dรฉcision ou ร communiquer avec des individus [Dubois, 2006]. Alors, une distinction apparaรฎt pour deux sortes d’informations : objectives et subjectives. Les informations objectives sont issues de l’observation directe de phรฉnomรจnes, tandis que celles dites subjectives sont les informations exprimรฉes par des individus et conรงues sans le recours ร l’observation directe du rรฉel.
Une information peut prendre deux formes : numรฉrique et symbolique (qualitative). Les informations numรฉriques (gรฉnรฉralement objectives) peuvent saisir en diffรฉrentes formes : nombres, intervalles de nombres, etc. Par contre, les informations symboliques (subjectives) sont exprimรฉes en langage naturel et souvent codรฉes par des reprรฉsentations logiques ou graphiques. Nรฉanmoins, cette distinction nโest pas stricte ; autrement dit : une information subjective peut รชtre numรฉrique, et l’information objective peut รชtre symbolique.
Ainsi une autre distinction est prรฉsente entre deux types d’information: l’information contingente et l’information gรฉnรฉrique. L’information contingente concerne une situation particuliรจre, la rรฉponse ร une question sur l’รฉtat courant du monde, comme par exemple une observation, ou un tรฉmoignage. Ce type dโinformation est trรจs prรฉsent dans la description de la cible 1 de la HQEยฎ . L’information gรฉnรฉrique se rรฉfรจre ร une classe de situations, par exemple un modรจle statistique issu d’un ensemble reprรฉsentatif d’observations. Elle est trรจs prรฉsente dans les cibles techniques. Cette distinction est importante dรจs qu’on aborde les problรจmes d’infรฉrence ou de rรฉvision d’informations incertaines. De plus, une problรฉmatique comme l’apprentissage ou l’induction s’intรฉresse ร l’รฉlaboration de connaissances gรฉnรฉriques ร partir d’informations contingentes. Inversement, lโinfรฉrence statistique peut รชtre vue comme l’utilisation d’une connaissance gรฉnรฉrique sur la frรฉquence d’un รฉvรฉnement pour estimer un degrรฉ de confiance en l’occurrence contingente de cet รฉvรฉnement dans une situation particuliรจre. En gรฉnรฉrale, une information est parfaite si elle est prรฉcise et certaine. Mais chaque source dโinformation รฉtant en gรฉnรฉral imparfaite, les donnรฉes disponibles pour un systรจme d’informations sont souvent imparfaites. L’imperfection est due ร l’incertitude, l’imprรฉcision et l’inconsistance. Ces derniรจres notions reprรฉsentent les aspects majeurs des donnรฉes imparfaites [Bordat, 1986] [Dubois, 1988][Dubois, 2001][Dubois, 2006][BouchonMeunier, 2003][Smets, 1996]. Nous proposons les dรฉfinitions les plus connues de ces notions.
Information imprรฉciseย
Lโimprรฉcision selon [Boissier, 1993] : concerne des informations mal dรฉfinies; nous lui associons les qualificatifs de type environ, ร peu prรจs, dans lโintervalle, compris entre, approximativementโฆ, il reprรฉsente de la qualitรฉ de la connaissance que nous avons dโun phรฉnomรจne. Alors, une information est dite imprรฉcise si elle est insuffisante pour permettre de comprendre une situation donnรฉe.
Information incertaine
Lโincertitude; rรฉsulte essentiellement dโune รฉpreuve dont le rรฉsultat nโest pas connu a priori et pourrait changer si on la recommenรงait, il reprรฉsente la variabilitรฉ intrinsรจque dโun phรฉnomรจne. [Boissier, 1993]. On peut donc regarder lโincertitude comme le manque dโinformations suffisantes pour arriver ร des conclusions correctes. Il y a au moins deux causes de lโincertitude [Dubois, 2003]:
โ La variabilitรฉ des phรฉnomรจnes. Cโest-ร -dire, la rรฉponse probabiliste en fonction de la frรฉquence observรฉe.
โ Le caractรจre incomplet de lโinformation disponible ; oรน les rรฉponses sont, plus ou moins, prรฉcises en fonction de la connaissance dรฉtenue par les individus.
Pour que nous jugions si lโinformation soit vraie ou fausse, nous devons รฉvaluer soit la probabilitรฉ, soit la possibilitรฉ ou la certitude dโune proposition qui est incertaine. Alors, une proposition peut รชtre incertaine si : lโinformation disponible est incomplรจte (imprรฉcise, vagueโฆ), ou elle est contradictoire (variabilitรฉ, conflit,..). Par contre, nous disons quโune proposition floue est incertaine si le calcul de son degrรฉ de vรฉritรฉ est non faisable [Dubois, 2003]. Dans ce contexte, nous pouvons diffรฉrencier clairement les concepts dโimprรฉcis et dโincertain : lโimprรฉcis concerne le contenu de lโinformation tandis que lโincertain est relatif ร sa vรฉritรฉ, entendue au sens de sa conformitรฉ ร une rรฉalitรฉ [Bouchon-Meunier, 1995]. Cela nous amรจne ร la notion de connaissance incomplรจte oรน l’incomplรฉtude est l’absence de connaissances, c’est-ร -dire l’impossibilitรฉ d’obtenir certains renseignements. Ces renseignements sont parfois chers ร obtenir ou demandent beaucoup de temps pour รชtre mesurรฉs. Cette connaissance incomplรจte est importante dans la logique dโintรฉgration des incertitudes dans lโanalyse de la HQE. Les imperfections dans les connaissances proviennent dโerreurs dues ร des instruments de mesure ou dโobservation, de difficultรฉs dans la perception de certains รฉlรฉments du systรจme, de lโexpression de lois gรฉnรฉrales auxquelles il existe รฉventuellement des exceptions [BouchonMeunier, 1996]. Ces imperfections sont appelรฉes de faรงon gรฉnรฉrale incertitudes, parce que leur prรฉsence conduit ร un doute sur la valeur dโune variable, sur une conclusion relative au systรจme รฉtudiรฉ, sur une dรฉcision ร prendre.
Lโincertitude dans le domaine du Bรขtimentย
Relativement au fonctionnement dโun systรจme, surtout dโun systรจme complexe comme le bรขtiment, deux domaines peuvent รชtre dรฉfinis [Desroches, 1995] dans [Lair, 2000] :
โค Un domaine de connaissance dans le quel il est possible de dรฉcrire tous les รฉtats de fonctionnement dโun systรจme et les relations entre le systรจme et lโenvironnement,
โค Un domaine dโinconnaissance sur les รฉtats de fonctionnement du systรจme ou sur son environnement. Il correspond essentiellement ร un changement, inconnu actuellement, de lโutilisation du produit.
La domaine de connaissance peut รชtre dรฉcomposรฉ en deux zones complรฉmentaires: la zone de certitude et la zone dโincertitude. La premiรจre est une zone de connaissance dรฉterministe de tous les รฉtats du systรจme. Quant ร la zone dโincertitude, elle correspond ร une connaissance qualitative des รฉtats du systรจme, associรฉe ร une connaissance alรฉatoire de chacun dโeux pour une situation donnรฉe. Dans cette zone, il y a ce que nous pourrions savoir mais qui est trop difficile ร obtenir (il nรฉcessite des connaissances รฉtrangรจres au domaine du bรขtiment), et aussi ce que nous savons mais qui est mal formalisรฉ. Dans notre cadre dโรฉtudes, celui du bรขtiment, nous nous bornerons au domaine de connaissance. Oรน la zone dโincertitude est trรจs รฉtendue, compte tenu de toutes les mรฉconnaissances auxquelles nous sommes confrontรฉs (mรฉconnaissance du systรจme, de lโenvironnement, des actions accidentellesโฆ. Etc.).
En gรฉnรฉral, les donnรฉes et les connaissances intervenant dans les indicateurs de performance dโun bรขtiment peuvent รชtre aussi bien prรฉcises quโimprรฉcises, certaines quโincertaines, numรฉriques que linguistiques ou objectives que subjectives. La nature de ces donnรฉes dรฉpend de plusieurs paramรจtres tels que le degrรฉ de flexibilitรฉ introduite dans les objectifs et les conditions de la prise de mesure [Essa, 2007]. En consรฉquence, les indicateurs de performance doivent inclure un mรฉcanisme homogรจne dโรฉvaluation en prenant en compte des aspects รฉventuels de nuance, dโimprรฉcision, dโincertitude et de subjectivitรฉ.
Lโincertitude dans lโรฉvaluation de la QEB
Lorsque lโimprรฉcision des donnรฉes croรฎt, lโimprรฉcision des rรฉsultats quโon en dรฉduit ne peut que croรฎtre [Dubois, 1987]. En consรฉquence, la reprรฉsentation des donnรฉes imparfaites et le raisonnement en prรฉsence dโincertitude devraient รชtre dรฉveloppรฉs dans le domaine de la QEB. Dโailleurs, le retour dโexpรฉrience joue un rรดle important dans lโรฉvaluation de lโincertitude sur la qualitรฉ environnementale des bรขtiments. Mais pour certaines raisons, ces expรฉriences ne sont pas faciles ร exploiter [Alhamwi, 2008]:
โข les projets ne se ressemblent pas.
โข compte tenu de ce fait, les รฉquipes de projet ne sont pas motivรฉes pour construire la ยซย mรฉmoireย ยป du chantier.
โข il nโexiste pas de procรฉdure standard de recollement.
De cela, dans le cadre de lโรฉvaluation des bรขtiments, la construction de nโimporte quel modรจle implique lโutilisation des donnรฉes caractรฉristiques de ces bรขtiments ; celles-ci permettent de comprendre les fonctionnements de ces bรขtiments. Alors, lโรฉvaluation de la qualitรฉ environnementale des bรขtiments nรฉcessite trois types de donnรฉes :
โข Donnรฉes physiques : les donnรฉes dรฉcrivant le bรขtiment (les dimensions, les composants de ce bรขtimentโฆ). Les imprรฉcisions et les incertitudes de ces donnรฉes peuvent รชtre liรฉes ร lโaccessibilitรฉ et la disponibilitรฉ des donnรฉes. Oรน la fiabilitรฉ des techniques mises en ลuvre pour accรฉder ร ces donnรฉes est trรจs importante pour dรฉfinir la prรฉcision des valeurs.
โข Donnรฉes du fonctionnement de bรขtiment : si les mesures simples ne permettent pas dโรฉvaluer les sous cibles, des simulations sont nรฉcessaires pour effectuer cette รฉvaluation. (le cas de la consommation dโรฉnergie totale dโun bรขtiment par exemple). Les imprรฉcisions et les incertitudes de ces modรจles sont liรฉes ร la connaissance du fonctionnement du bรขtiment et ร lโexistence dโune thรฉorie fiable susceptible de les dรฉcrire [Karnib, 1996].
โข Donnรฉes dรฉcrites par des dรฉclarations linguistiques : la faรงon la plus simple dโacquรฉrir ce type de donnรฉes est de sโadresser directement aux experts. Dans le domaine du bรขtiment, il existe plusieurs typologies de rรฉponse comme par exemple (ร peu prรจs, environ, complet, โฆetc).
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Table des matiรจres
Introduction
Partie I
I.1 Le dรฉveloppement Durable
I.2. Le poids et lโimpact du secteur du bรขtiment sur lโenvironnement
I.3. La dรฉmarche Haute Qualitรฉ Environnementale (HQEยฎ )
I.3.1. Principes de la dรฉmarche HQEยฎ
I.3.2. Management environnemental
I.3.3. Le concept de la qualitรฉ environnementale des bรขtiments
I.3.3. a. Performance des bรขtiments
I.3.2. b. Le rรฉfรฉrentiel de la qualitรฉ environnementale des bรขtiments QEB
I.4. Schรฉma des certifications environnementales
Partie II
II. Reprรฉsentation de l’imperfection
i. Prรฉambule
II.1. Introduction
II.2. Les imperfections des informations et des connaissances
II.2.1 Information imprรฉcise
II.2.2 Information incertaine
II.2.3 Lโincertitude dans le domaine du Bรขtiment
II.2.4 Lโincertitude dans lโรฉvaluation de la QEB
II.3 Reprรฉsentation de lโimprรฉcision et de lโincertitude
II.3.1 Thรฉorie des probabilitรฉs
II.3.2 La logique floue
II.3.3 Thรฉorie des sous-ensembles flous
II.3.3.a La notion dโ ฮฑ-coupe
II.3.4 Thรฉorie des possibilitรฉs
II.3.4.a. Mesure de possibilitรฉ
II.3.4.b. Mesure de nรฉcessitรฉ
II.4. La construction dโune distribution de possibilitรฉ
II.5. La fusion des donnรฉes
Partie III
Le plan de la recherche
III. Analyse des opรฉrations certifiรฉes HQEยฎ
III.1. Les รฉtapes du travail
III.1.a. Classification selon la localisation en France
III.1.b. Classification selon le profil de performance environnementale
III.1.c. la rectification de profil environnemental
Conclusion
III.2. Analyser des cibles prioritaires
III.3. Le questionnaire
III.3.a. Construire le questionnaire et analyse des rรฉponses
Patie IV
IV. La rรฉglementation thermique
i. Prรฉambule
IV.1. Introduction
IV.2. Lโรฉvolution des rรฉglementations thermiques et les nouveautรฉs
IV.2.1. Entre 2000 et RT2005
IV.2.2. Entre RT2005 et RT2012
IV.2.3. Les รฉvolutions de la RT 2005 par rapport ร la RT 2000
IV.2.4. Les รฉvolutions de la RT 2012 par rapport ร la RT 2005
IV.3. Les mรฉthodes de calcul
IV.3.1. Lโoption ยซ Calculs ยป
IV.3.2. Le calcul de Cep [Th-CE]
IV.3.3. Le calcul de Ubรขt [Arrรชtรฉ 2006] [Th-CE]
IV.4. Les labels
IV.5. Conclusion
Conclusion