LES IMPACTS DU TOURISME SUR LE LITTORAL
Dotée de 5 500 km de côtes littorales, dont 3 800 km bordant la façade atlantique et 1700km en façade méditerranéenne, la France dispose véritablement d’importantes potentialités touristiques balnéaires. Le littoral français s’avère être en effet l’un des principaux secteurs de l’économie touristique, puisqu’il constitue aujourd’hui la première destination touristique des français avec plus de 36% des nuitées et 25% des séjours réalisés par ces derniers sur l’ensemble de l’année.
L’engouement des touristes pour le bord de mer s’accompagne inévitablement d’un développement accru du secteur du tourisme sur le littoral, dont les conséquences sur le milieu naturel, économique et social de cet espace sont loin d’être négligeables.
Avant de poursuivre, il convient de préciser que nous entendrons par le terme ‘tourisme’ l’ensemble des « activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité ».
Il convient également de déterminer les différents modes de fréquentations touristiques, en distinguant le tourisme de passage du tourisme de séjour :
♦ Le tourisme de passage se caractérise par une fréquentation à la journée. Seront ainsi qualifié de visiteurs ou d’excursionnistes toute personne ne passant pas la nuit dans un moyen d’hébergement collectif ou privé sur les lieux visités.
♦ Quant au tourisme de séjour, en lieu fixe ou en circuit, il comprend au moins une nuit sur le lieu visité, et se décline sous quatre formes selon le mode d’hébergement: les séjours en campings, les séjours hôteliers et en location chez l’habitant, l’hébergement chez des amis ou de la famille, et les résidences secondaires.
Les impacts environnementaux
Dans cette étude, nous définirons l’environnement par les espaces non urbanisés, les milieux ruraux, les espaces naturels, les paysages, la faune, la flore, le sol et les ressources naturelles telles que l’eau.
Aspects négatifs
Les impacts sur l’environnement figurent souvent comme les plus évidents, ceux dont on évoque le plus les effets négatifs liés à l’activité touristique et ceux sur lesquels les estivants sont le plus sensibilisés. Tout d’abord, le développement du secteur touristique, tel qu’il apparaît aujourd’hui sur les côtes françaises, est révélateur d’une forte consommation en espaces naturels. En effet, sur les 5 500 km de côtes littorales françaises, 1 000 km s’avèrent être densément urbanisés tandis que 1 800 km se révèlent l’être de façon diffuse .
L’activité touristique se traduit par des besoins importants de foncier afin de réaliser les équipements nécessaires à l’accueil de vacanciers toujours plus exigeants, et de répondre aux demandes de résidences secondaires qui ne cessent d’augmenter. La croissance des pôles touristiques se fait au détriment des espaces périphériques de nature le plus souvent agricole (alors que l’agriculteur se voit reconnaître un rôle central dans la conservation des paysages qu’il a contribué à créer), mais également par le biais d’assèchements de zones humides ou de déboisements.
Par ailleurs, de nombreux espaces littoraux sont soumis à une large bétonisation issue, d’une part, d’une urbanisation massive et d’autre part, d’aménagements de sites aux activités de loisirs, telles que, par exemple, la création de ports de plaisance sur le domaine public maritime.
De plus, la surpopulation estivale dans les communes littorales entraîne une augmentation des rejets (déchets, eaux usées…) qui se traduit notamment par des pollutions des eaux littorales, entraînant ici encore des déséquilibres écologiques.
Plus largement, les nouveaux modes de fréquentations de sites littoraux, qui relèvent souvent d’un tourisme de masse, conduisent à la réalisation d’aménagements en adéquation avec ces dernières : multiplication des voies d’accès au rivage nécessitant une ouverture des massifs forestiers, création de zones de stationnement à proximité immédiate de la mer par aplanissement de dunes…. Autant d’aménagements qui là encore constituent une menace pour la préservation d’écosystèmes fragiles et la qualité des paysages.
Enfin, l’accès des vacanciers à des sites auparavant préservés et la surfréquentation des sites les plus populaires conduisent, par piétinement, à la disparition d’espèces végétales et à l’érosion rapide des sols. A la fois consommatrice d’espace, menace pour les écosystèmes, la biodiversité, et les particularismes paysagers, l’activité touristique est source de dégradations et de banalisation des espaces littoraux. Toutefois, les pressions exercées sur ces territoires initient, depuis plus de 20 ans déjà, des politiques fortes et volontaristes de protection des sites littoraux.
Aspects positifs
Le principal atout du tourisme vis-à-vis de l’environnement consiste en effet à générer des moyens d’action permettant de limiter les effets négatifs induits sur ce dernier.
Les moyens sont nombreux , et la politique de l’Etat, visant à réduire des aménagements irréversibles et à préserver ces espaces, peut être qualifiée de volontariste, avec d’une part la mise en place du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres (loi du 10 juillet 1975) et d’autre part, au travers de la loi de 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral (dite Loi Littoral).
Les outils de protections sont divers, qu’il s’agisse de protections conventionnelles ou contractuelles : mise en place de ZNIEFF (Zones Naturelles à Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique), d’ENS (Espaces Naturels Sensibles), de réserves naturelles, de parcs naturels régionaux, de parcs nationaux, de sites classés ou inscrits présentant un intérêt paysager particulier, d’arrêtés préfectoraux de biotope, de zones de protection spéciale pour les oiseaux sauvages, d’acquisition de foncier par le Conservatoire du littoral… Cependant, l’impact du tourisme qui peut être ici vu de manière positive reste à relativiser dans la mesure où de telles politiques de protection seraient moins nécessaires si les pressions exercées par l’activité touristique ne se révélaient pas aussi néfastes vis-àvis de l’environnement. Par ailleurs, la multitude d’outils mis à disposition des élus locaux pour préserver les zones littorales conduit, dans les espaces les plus sensibles, à superposer les différentes procédures et les différents zonages. Il en résulte alors une multiplication des acteurs, et finalement une difficulté dans la mise en place d’actions cohérentes et effectives sur les territoires concernés. « Ce ‘‘ trop plein’’ juridique en matière de protection des milieux ou de planification de l’espace […] traduit le désarroi des élus et des administrateurs face à une réalité que l’on arrive pas à maîtriser dans toutes ses composantes ».
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Table des matières
Introduction
CHAPITRE 1 : LES ILES FACE AU TOURISME
1. Les impacts du tourisme sur le littoral
2. La spécificité des territoires insulaires
3. Le déclin des activités traditionnelles des iles du ponant au profit
d’un tourisme estival
4. L’insularité : produit de développement touristique
5. Les mesures de protection sur les espaces insulaires
CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
1. Légitimité de l’étude d’impact
2. Présentation de la problématique de recherche
3. Le cas d’étude de cette recherche : l’Ile-aux-Moines
4. Méthodologie de travail
CHAPITRE 3 : IDENTITE ET TOURISME A L’ÎLE-AUX-MOINES
1. Une pression touristique évidente
2. Les caractéristiques de l’identite insulaire de l’Île-aux-Moines
3. Des relations complexes liant insulaires, tourisme et touristes
4. Quelque part entre perte et renforcement de l’identité insulaire
Conclusion
Table des matières
Tables des illustrations
Bibliographie
Annexes
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